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17 2-macchabees 03 ()    (agrandir)


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Pendant que les habitants de la ville sainte jouissaient d’une paix entière, et que les lois étaient encore exactement observées, grâce à la piété du grand prêtre Onias et à sa haine du mal,
il arrivait que les rois eux-mêmes honoraient le saint lieu et ornaient le temple de dons magnifiques,
au point que Séleucus, roi d’Asie, fournissait de son revenu toute la dépense nécessaire au service des sacrifices.
Mais un certain Simon de la tribu de Benjamin, constitué administrateur du temple, entra en lutte avec le grand prêtre au sujet de l’intendance du marché de la ville.
Comme il ne pouvait l’emporter sur Onias, il alla trouver Apollonius, fils de Thrasée, le gouverneur militaire, à cette époque, de la Coelé-Syrie et de la Phénicie.
Il lui rapporta que le trésor sacré de Jérusalem était rempli de sommes énormes, d’une quantité incalculable de richesses, nullement en rapport avec la dépense nécessaire pour les sacrifices, et qu’il était possible de faire passer tout ce trésor entre les mains du roi.
Dans un entretien avec le roi, Apollonius lui donna avis des richesses qu’on lui avait signalées, et celui-ci choisit Héliodore, qui était préposé aux affaires de l’État et l’envoya avec ordre d’exécuter l’enlèvement des susdites richesses.
Héliodore se mit aussitôt en route, sous le prétexte d’inspecter les villes de Coelé-Syrie et de Phénicie mais en réalité pour exécuter le dessein du roi.
Arrivé à Jérusalem, Héliodore fut reçu amicalement par le grand prêtre de la ville ; puis il raconta ce qu’on lui avait appris et exposa le but de sa présence, en demandant si vraiment les choses étaient ainsi.
Alors le grand prêtre lui représenta que le trésor renfermait les dépôts des veuves et des orphelins ;
qu’une partie de l’argent appartenait à Hircan, fils de Tobie, homme très considérable ; que la situation n’était pas ce que disait le calomniateur impie, Simon, mais que toutes ces richesses se réduisaient à quatre cents talents d’argent et deux cents talents d’or ;
que d’ailleurs il était tout à fait impossible de dépouiller ceux qui s’étaient confiés à la sainteté de ce lieu, à la majesté inviolable d’un temple vénéré dans tout l’univers.
Mais lui, en vertu des ordres qu’il avait reçus du roi, soutenait absolument que cet argent devait être porté dans le trésor royal.
Ayant donc fixé un jour, il allait entrer pour inspecter ces richesses avant d’en disposer, ce qui causa dans la ville entière une grande perturbation.
Les prêtres se prosternèrent devant l’autel, revêtus de leurs habits sacerdotaux, et, se tournant vers le ciel, ils priaient Celui qui avait fait la loi sur les dépôts de conserver ces biens intacts à ceux qui les avaient déposés.
En voyant le visage du grand Prêtre, on se sentait blessé jusqu’au plus intime de l’âme ; car sa figure et l’altération de son teint attestaient l’agonie de son âme.
La consternation peinte dans toute sa personne et le frisson de son corps révélaient à tous les regards l’affliction de son cœur.
Les habitants se précipitaient par troupes hors de leurs maisons et priaient tous ensemble pour que le saint lien ne fût pas livré à l’opprobre.
Les femmes, la poitrine couverte de sacs, remplissaient les rues ; celles des jeunes filles qui étaient renfermées, couraient les unes aux portes, les autres vers les murailles ; quelques-unes regardaient par les fenêtres ;
toutes, les mains étendues vers le ciel, faisaient entendre des supplications.
L’abattement de cette foule confuse et l’attente pleine d’angoisse du grand prêtre excitaient la pitié.
Pendant que les Juifs suppliaient le Seigneur Tout-Puissant de garder intacts, en toute sûreté, les dépôts à ceux qui les avaient confiés,
Héliodore exécutait son dessein. Déjà il était là avec ses satellites près du trésor,
lorsque le Seigneur des esprits, le Dominateur de toute puissance, fit une grande manifestation, de sorte que tous ceux qui avaient osé venir là, atteints par la force de Dieu, furent frappés d’impuissance et d’épouvante.
A leurs yeux apparut un cheval monté par un cavalier terrible, et richement caparaçonné ; s’élançant avec impétuosité, il agita sur Héliodore ses pieds de devant ; le cavalier paraissait avoir une armure d’or.
En même temps, lui apparurent deux autres jeunes hommes, pleins de force, brillants d’un vif éclat et vêtus d’habits magnifiques ; s’étant placés l’un d’un côté, l’autre de l’autre, ils le flagellaient sans relâche, lui portant une multitude de coups.
Héliodore tomba subitement par terre, environné de profondes ténèbres ; on le ramassa, pour le mettre dans une litière ;
et cet homme qui venait d’entrer dans la chambre du susdit trésor avec une suite nombreuse de coureurs et de satellites armés, on l’emporta incapable de s’aider lui-même et ayant visiblement éprouvé la puissance de Dieu.
Pendant qu’il était là, sous le coup de la force divine, étendu muet, privé de toute espérance et de tout secours,
les Juifs bénissaient le Seigneur qui avait glorifié son saint lieu, et le temple, qui était un instant auparavant plein d’épouvante et de trouble, fut, grâce à la manifestation du Seigneur tout-puissant, rempli de joie et d’allégresse.
Aussitôt quelques-uns des compagnons d’Héliodore demandèrent à Onias de prier le Très-Haut et d’accorder la vie à celui qui gisait n’ayant plus qu’un souffle.
Et le grand prêtre, dans la crainte que le roi ne s’imaginât qu’un attentat avait été commis par les Juifs contre Héliodore, offrit pour la vie de cet homme un sacrifice.
Pendant que le grand prêtre offrait le sacrifice expiatoire, les mêmes jeunes hommes apparurent de nouveau à Héliodore, revêtus des mêmes habits et, se tenant debout, lui dirent : « Rends de grandes actions de grâces au grand prêtre Onias, car c’est à cause de lui que le Seigneur te donne la vie sauve.
Pour toi, ainsi châtié par lui, annonce à tous la grande puissance de Dieu. » Ayant dit ces mots, ils disparurent.
Héliodore offrit au Seigneur un sacrifice et fit de grands vœux à Celui qui lui avait accordé la vie ; puis, ayant assuré Onias de son amitié, il retourna avec ses troupes vers le roi.
Et il rendait témoignage à tous des œuvres du grand Dieu qu’il avait vues de ses yeux.
Le roi ayant demandé à Héliodore quel homme lui paraissait propre à être envoyé de nouveau à Jérusalem, celui-ci lui répondit :
« Si tu as quelque ennemi ou un adversaire de ton gouvernement, envoie-le là-bas, et il te reviendra déchiré de coups, si toutefois il en réchappe, car il y a vraiment en ce lieu une force divine.
Celui qui a sa demeure dans le ciel veille sur ce lieu et le protège ; ceux qui y viennent avec de mauvais desseins, il les frappe et les fait périr. »
C’est ainsi que se passèrent les choses concernant Héliodore et la conservation du trésor sacré.