Alors Tobie, ayant poussé un soupir, commença à prier avec larmes,
en disant : « Vous êtes juste, Seigneur ; justes sont tous vos jugements, et toutes vos voies sont miséricorde, vérité et justice.
Et maintenant, Seigneur, souvenez-vous de moi ; ne tirez pas vengeance de mes péchés, et ne rappelez pas en votre mémoire mes offenses, ou celles de mes ancêtres.
Car nous n'avons pas obéi à vos préceptes ; c'est pourquoi nous avons été livrés au pillage, à la captivité, à la mort, à la risée et à l'opprobre parmi toutes les nations au sein desquelles vous nous avez dispersés.
Et maintenant, Seigneur, vos châtiments sont grands, parce que nous n'avons pas agi selon vos préceptes et que nous n'avons pas marché sincèrement devant vous.
Et maintenant, Seigneur, traitez-moi selon votre volonté, et commandez que mon esprit soit reçu en paix, car il est meilleur pour moi de mourir que de vivre. »
Il arriva en ce même jour, à Ecbatane, ville des Mèdes, que Sara, fille de Raguel, entendit, elle aussi, les injures d'une des servantes de son père.
Car elle avait été successivement donnée en mariage à sept maris, et un démon, nommé Asmodée, les avait fait mourir aussitôt qu'ils étaient venus auprès d'elle.
Comme elle reprenait donc cette servante pour quelque faute, celle-ci lui répondit en disant : « Que jamais nous ne voyions sur la terre ni fils ni fille de toi, meurtrière de tes maris. !
Veux-tu donc me donner aussi la mort, comme tu as déjà fait mourir sept maris ? » A cette parole, Sara monta dans la chambre haute de sa maison et y resta trois jours et trois nuits, sans boire ni manger.
Mais, persévérant dans la prière, elle suppliait Dieu avec larmes de la délivrer de cet opprobre.
Le troisième jour, elle acheva sa prière et bénit le Seigneur,
en disant : « Béni soit votre nom, ô Dieu de nos pères, qui, lors même que vous êtes irrité, faites miséricorde, et qui, au temps de la tribulation, pardonnez les péchés à ceux qui vous invoquent.
Vers vous, Seigneur, je tourne mon visage, vers vous j'élève mes yeux.
Je vous demande, Seigneur, de me délivrer des liens de cet opprobre ; sinon, de me retirer de cette terre.
Vous savez, Seigneur, que je n'ai jamais désiré un mari, et que j'ai conservé mon âme pure de toute concupiscence.
Jamais je n'ai fréquenté les jeux folâtres et n'ai eu de commerce avec les hommes de conduite légère.
C'est dans votre crainte, et non pour suivre ma passion, que j'ai consenti à prendre un mari.
Ou bien je n'étais pas digne d'eux, ou bien peut-être n'étaient-ils pas dignes de moi, car il se pourrait que vous m'ayez conservée pour un autre époux.
Il n'est pas au pouvoir de l'homme de pénétrer vos desseins.
Mais quiconque vous honore tient pour assuré que sa vie, si elle a été dans l'épreuve, sera couronnée, que s'il a été dans la tribulation, il sera délivré, et que si le châtiment est venu sur lui, il pourra obtenir votre miséricorde.
Car vous ne prenez point plaisir à notre perte, mais après la tempête vous ramenez le calme, et après les pleurs et les larmes vous répandez la joie.
Que votre nom, Dieu d'Israël, soit béni dans tous les siècles ! »
Ces deux supplications furent exaucées en même temps devant la gloire du Dieu souverain ;
et le saint ange du Seigneur, Raphaël, fut envoyé pour guérir Tobie et Sara, dont les prières avaient été prononcées en même temps en présence du Seigneur.