La scène est resserrée autour de trois hommes, dont deux disputent une partie de cartes ; ils sont coupés à mi-corps et assemblés autour d'une table de jeu, devant un fond uni dont la neutralité fait ressortir les attitudes et les allures des personnages. Le personnage de gauche est celui qui reçoit prioritairement la lumière ; dans son habit sombre et élégant, il se concentre sur son jeu et ne voit pas les manipulations des deux autres. Le jeune homme face à lui, son adversaire, l'observe attentivement tout en manipulant dans son dos des cartes dissimulées dans sa ceinture. Son comparse au centre examine sans vergogne le jeu du jeune homme naïf, et semble envoyer des signes de la main pour indiquer ce qu'il y voit.
Les Tricheurs est un tableau de Caravage, peint vers 1594-15951 et conservé au musée d'art Kimbell de Fort Worth depuis sa redécouverte à la fin du xixe siècle. Ce tableau fait partie des premières œuvres à avoir assuré la renommée de Caravage. Il fait originellement partie de la collection du cardinal Francesco del Monte, son mécène et son premier protecteur.
Une copie de ce tableau fait l'objet d'une controverse depuis les années 2000, car elle est considérée par de nombreux experts (dont Denis Mahon, un des plus grands spécialistes de l'art baroque, qui en fait l'acquisition à Sotheby's en 2006) comme étant de la main de Caravage lui-même, tandis que d'autres contestent cette attribution. Ce second tableau est exposé au musée de l'ordre de Saint Jean (en) à Londres.
Le cadrage, les couleurs, le thème même de la naïveté trompée : tous ces éléments renvoient à d'autres œuvres de Caravage, mais notamment à La Diseuse de bonne aventure, tableau contemporain des Tricheurs dans lequel un autre jeune homme crédule (et d'allure très semblable à celui-ci) se fait dérober sa bague en croyant s'entendre dire son avenir dans les lignes de la main.