En 2044, aux États-Unis, la crise économique a favorisé l'essor du crime organisé pendant que certaines personnes ont développé des pouvoirs surnaturels. C'est dans ce contexte qu'opère Joe, tueur à gages pour le compte de la Mafia. Il est chargé d'éliminer ceux que la technologie de 2074 permet d'envoyer dans le passé, là où plus personne ne retrouvera leur trace. Un jour, alors qu'il se prépare à remplir un nouveau contrat, Joe réalise que l'homme envoyé du futur n'est autre que lui-même.
TELERAMA
Dans l’Amérique de 2044, les voyages temporels confrontent un tueur à gages à l’homme qu’il deviendra. Tout est original dans ce film de science-fiction ambitieux, doublé d’une belle rêverie sur l’enfance.
Bienvenue dans l’Amérique du futur, figurée par… un champ de maïs. Si Rian Johnson s’aventure dans la science-fiction, c’est moins pour filmer quelques motos volantes que pour libérer son séduisant imaginaire de conteur. Au coin du champ de maïs, un tueur attend. C’est Joe (Joseph Gordon-Levitt), un « looper » : il gagne sa vie en flinguant des types que la mafia lui envoie. Ils arrivent d’un futur lointain et il les fait disparaître en 2044, pour ne laisser aucune trace d’eux. La boucle (loop, en anglais) est bouclée. Mais le jour où Joe se retrouve face à lui-même âgé de trente ans de plus, il n’arrive pas à tuer ce Joe vieillissant, incarné par Bruce Willis…
Looper mêle avec esprit deux aspects du cinéma d’anticipation. Il y a du spectacle pétaradant, le futur comme fantaisie : la tendance Bruce Willis en quelque sorte. Il y a aussi du raffinement, un plaisir plus cérébral, le futur comme trip qui a du style : la tendance Joseph Gordon-Levitt. Rian Johnson réunit le tout au fil d’une rêverie sur l’enfance pleine d’étrangeté, sombre et brillante. Entre les deux Joe, un enfant fait le lien. L’un veut le tuer pour changer l’avenir, l’autre reconnaît en lui le gamin abandonné qui hante son passé. Les élucubrations les plus audacieuses débouchent ici sur des émotions vives, directes, mélancoliques parfois.