Venant tout juste de terminer sa collaboration sur la Statue de la Liberté, Gustave Eiffel est au sommet de sa carrière. Le gouvernement français veut qu'il crée quelque chose de spectaculaire pour l'Exposition Universelle de 1889 à Paris, mais Eiffel ne s'intéresse qu'au projet de métropolitain. Tout bascule le jour où il recroise son amour de jeunesse. Leur relation interdite l'inspire à changer l'horizon de Paris pour toujours.
TELERAMA
Eiffel s’est érigé sur une ambition XXL : créer un film romanesque et populaire autour de la construction de la tour parisienne qui symbolise la France aux yeux du monde. Le projet a mis plus de vingt ans à se monter, passant entre mille mains ici et aux États-Unis, subissant mille rafistolages, au point qu’on aurait pu le croire maudit. Fallait-il s’obstiner ? Il est permis d’en douter à la vue de ce roman-photo calibré pour l’export.
« Inspiré de faits réels », comme le précise un carton, le long métrage finalement réalisé par Martin Bourboulon ( Papa ou maman 1 et 2) brode sa trame au fil d’une hypothèse romantique : Gustave Eiffel (Romain Duris), au faîte de sa gloire, concourt à l’Exposition universelle de 1889 pour les beaux yeux d’un amour de jeunesse, perdu puis retrouvé mais toujours impossible. La belle s’appelant Adrienne, le constructeur lui dédie secrètement son monument en forme de A — et pourquoi pas ?
Les histoires de cœurs en fusion, sur le papier, on est pour. Hélas, malgré la présence d’Emma Mackey, transfuge inattendue de la série Sex Education, la passion fait long feu dans cette histoire rebattue et bourrée de clichés malgré un vague ripolinage féministe — derrière la volonté de faire « moderne », les vieilles habitudes perdurent : Duris, 47 ans, joue Eiffel sur plusieurs décennies face à une partenaire de 25 ans, quand Gustave et Adrienne n’avaient en réalité que dix ans d’écart.
Pis, ce film patapouf et soporifique néglige son héroïne, la vraie, la Dame de fer conçue par un génie de l’ingénierie. Filmer le travail, forcément, c’est plus ingrat, et à quelques exceptions près — l’inondation des fondations de la tour, la pose du premier rivet… — Eiffel passe à côté de l’essentiel, focalisé sur les plans iconiques et plombé par des effets spéciaux au rendu archi factice.