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LES FILLES DE BIRKENAU, David Teboul (documentaire)@@ ()    (agrandir)


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2024. Que reste-t-il 80 ans après avoir survécu à l'enfer d'Auschwitz ? Cette parole qui a mis tant d'années à émerger, se délie-t-elle plus facilement auprès de celles qui en partagent le vécu ? Encore faut-il trouver le temps et l'espace d'une rencontre. David Teboul lance les invitations. Deux déjeuners réunissent pour la première fois quatre des toutes dernières survivantes françaises des camps de la mort. La table est dressée, et les "filles de Birkenau" se racontent comme jamais elles ne l'ont fait. Judith Elkan, Ginette Kolinka, Esther Senot et Isabelle Choko trouvent les mots pour tout exprimer et faire entendre une parole inédite. Qui n'exclue pas la légèreté, la violence, une parole partagée qui nous embarque dans leur histoire et c'est aussi la nôtre, celle des filles, des dernières "filles de Birkenau".

TELERAMA
De ces quatre vieilles dames réunies par David Teboul, on connaît déjà l’histoire, du moins pour l’essentiel. Celle de la déportation, parce qu’elles étaient juives. De la survie dans les camps, au milieu des proches qui disparaissent. Puis du retour sans parole, parce qu’elles n’avaient pas envie de raconter ou que personne, alors, ne voulait les entendre. Pourquoi les filmer encore, confronter leur rapport au passé et à la mémoire ? Le dialogue est difficile, et le réalisateur (dont on a déjà salué les productions sur Simone Veil) n’en cache rien, assumant des scènes embarrassantes de récits en concurrence et d’échanges peu aimables — ce qui évoque, tel un reflet inversé, le film La mémoire est-elle soluble dans l’eau, de Charles Najman.

Ce sont, à vrai dire, d’autres instants qu’on retiendra. Quand Ginette Kolinka lâche sa légendaire joie de vivre pour évoquer, dans sa petite cuisine, la mécanique de déshumanisation du camp. Ou quand elle entonne le « chant des déportés », qui l’émeut aux larmes. Puissant, le film l’est encore parce qu’on y découvre Judith Elkan, la moins médiatisée des quatre (la seule à n’avoir pas signé de livre), qui frappe par son élégance, son recul, sa vivacité. Enfin, dans le dernier quart d’heure, une séquence à elle seule vaut qu’on visionne l’ensemble : le témoignage de Marie Chafir, extrait d’archives de l’USC Shoah Fondation (créée par Steven Spielberg), qui évoque ses souvenirs auprès d’Esther Sénot… Par la grâce du montage, les mots de l’une, exhumés du passé, et le visage de l’autre, filmé aujourd’hui, bâtissent un moment quasi cinématographique, assez bouleversant.