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dimanche 24 novembre 2024 - 17h53rech / rep
17 2-macchabees 06

17 2-macchabees 06
(taille reelle)
2-Macchabees 6 - ()
Peu de temps après, le roi envoya un vieillard d’Athènes pour contraindre les Juifs à abandonner le culte de leurs pères et les empêcher de vivre selon les lois de Dieu,
et pour profaner le temple de Jérusalem et le dédier à Jupiter Olympien, et celui de Garizim à Jupiter Hospitalier, conformément au caractère des habitants du lieu.
L’invasion de ces maux fut, même pour la masse du peuple, bien pénible et difficile à supporter ;
car le temple était rempli d’orgies et de débauches par des Gentils dissolus et des courtisanes, des hommes ayant commerce avec des femmes dans les saints parvis et y apportant des choses défendues.
L’autel lui-même était couvert de victimes impures que la loi interdisait.
Il n’était plus possible de célébrer les sabbats ni les fêtes des pères, ni simplement de confesser que l’on était Juif.
Une amère nécessité amenait les Juifs aux sacrifices qui se faisaient chaque mois le jour de la naissance du roi ; aux fêtes des Bacchanales, on les contraignait de se promener par les rues couronnés de lierre en l’honneur de Bacchus.
Un édit fut rendu, à l’instigation de Ptolémée, pour que, dans les villes grecques du voisinage, on prît les mêmes mesures contre les Juifs et que l’on fit des sacrifices,
avec ordre de mettre à mort ceux qui refuseraient d’adopter les coutumes grecques. On avait donc partout sous les yeux des scènes de désolation.
Ainsi deux femmes, pour avoir circoncis leurs enfants, furent amenées ; on suspendit leurs enfants à leurs mamelles, on les traîna publiquement par la ville, et on les précipita du haut des remparts.
D’autres s’étant rendus ensemble dans des cavernes voisines pour célébrer en secret le jour du sabbat, furent dénoncés à Philippe, et on les brûla tous sans qu’ils osassent se défendre, par respect pour la sainteté du jour.
Je supplie ceux entre les mains de qui ce livre tombera de ne pas se laisser déconcerter à cause de ces calamités, et de croire que ces persécutions ont eu lieu, non pour la ruine, mais pour la punition de notre race.
Quand Dieu ne laisse pas longtemps les pécheurs impunis, mais qu’il fait tomber sur eux un prompt châtiment, c’est une marque de grande bonté.
En effet, le souverain Maître, pour punir les autres nations, attend avec patience qu’elles aient comblé la mesure des iniquités ; ce n’est pas ainsi qu’il a jugé à propos d’en agir avec nous,
afin de n’avoir pas à exercer sur nous sa vengeance, quand nos péchés auraient atteint leur pleine mesure.
Aussi ne retire-t-il jamais de nous sa miséricorde ; en le châtiant par l’adversité, il n’abandonne pas son peuple.
Qu’il nous suffise d’avoir rappelé cette vérité ; après ce peu de mots, il faut revenir à notre récit.
Éléazar, un des premiers docteurs de la loi, homme déjà avancé en âge et du plus noble extérieur, était contraint, la bouche violemment ouverte, de manger de la chair de porc.
Mais lui, préférant une mort glorieuse à une vie criminelle, marchait volontairement au supplice, ayant craché cette viande,
comme doivent y marcher ceux qui ont le courage de rejeter ce qu’il n’est pas permis de manger par amour de la vie.
Les préposés à ce sacrifice impie, depuis longtemps liés avec Eléazar, le prirent à part et l’engagèrent à faire apporter des viandes dont il était permis de faire usage et préparées par lui, et à feindre de manger des chairs de la victime, comme le roi l’avait ordonné,
afin que, cela fait, il fût préservé de la mort et profitât de cette humanité due à sa vieille amitié pour eux.
Mais lui, faisant de sages réflexions, dignes de son âge, de la haute considération que lui donnait sa vieillesse et les nobles cheveux blancs qui s’y ajoutaient, de la vie très belle qu’il avait menée depuis l’enfance, et surtout de la législation sainte établie par Dieu même, il répondit en conséquence, disant qu’on l’envoyât sans tarder au séjour des morts.
« A notre âge, en effet, il ne convient pas de feindre ; de peur que beaucoup de jeunes gens ne soupçonnent Eléazar d’avoir, à quatre-vingt-dix ans, embrassé des mœurs étrangères.
Eux-mêmes, alors, à cause de ma dissimulation, et pour un reste de vie périssable, seraient égarés par moi, et j’attirerais sur ma vieillesse la honte et l’opprobre.
Et quand j’échapperais pour le présent au châtiment des hommes, je n’éviterais pas, vivant ou mort, les mains du Tout-Puissant.
C’est pourquoi, si maintenant je quitte cette vie avec courage, du moins je me montrerai digne de ma vieillesse,
et je laisserai aux jeunes gens le noble exemple d’une mort volontaire et généreuse pour les vénérables et saintes lois. » Ayant ainsi parlé, il marcha droit vers l’instrument du supplice.
Ceux qui l’y conduisaient changèrent en dureté la bienveillance qu’ils lui avaient montrée un moment auparavant, regardant comme insensées les paroles qu’il venait de prononcer.
Lorsqu’il fut près de mourir sous les coups, il poussa un soupir et dit : « Le Seigneur qui a la science sainte voit que, pouvant échapper à la mort, j’endure sous les bâtons des douleurs cruelles selon la chair, mais qu’en mon âme je les souffre avec joie, par respect pour lui. »
C’est ainsi qu’il quitta la vie, faisant de sa mort, non seulement pour la jeunesse, mais pour tout le peuple, un exemple de courage et un mémorial de vertu.