Dans L'Enfant malade, d'Amsterdam, datant du début des années 1660, son style s'approche de celui de Johannes Vermeer, avec une lumière limpide, des ombres discrètes et des zones colorées fraîches et unies.
Sur le tableau, une jeune femme est assise et tient sur ses genoux un enfant d'environ trois ans. Le visage de la femme est penché en direction de l'enfant et ses paupières sont étrangement baissées. L'enfant, au teint blême et à la mine triste, regarde devant lui dans le vague ; il semble adresser sa peine au spectateur. À droite des personnages se trouve une chaise sur laquelle sont posés un bonnet et ce qui semble être un manteau. À gauche, on peut voir, sur un tabouret, un pot en grès ; le manche d'une cuillère en dépasse. Le mur est décoré d'une carte déroulée et d'un petit tableau représentant la crucifixion du Christ.
Bien qu'il s'agisse d'une peinture de genre, la position de l'enfant sur les genoux de sa mère rappelle certaines représentations de l'Enfant Jésus sur les genoux de la Vierge Marie (cfr. ill. de gauche). Cet aspect est souligné par la peinture accrochée au mur et représentant la crucifixion. Le visage que la femme dirige vers l'enfant semble exprimer un salut respecteux, une méditation, une prière, plutôt que de l'inquiétude. Il est possible que la mère symbolise l'une des trois vertus théologales : la Charité (Caritas). Il se dégage de l'œuvre, avec cette connotation religieuse, une fascination vague, puis, progressivement, un sentiment de profonde humanité : l'humain, dont toute l'existence est évoquée en un saisissant raccourci (la mère et, au bout, au loin, la mort – la crucifixion), est, dans sa souffrance, rapproché de la Divinité.
Les effets de lumière et la combinaison de bleu, jaune et rouge rappellent Vermeer – voir par exemple La Dentellière (v. 1670) –, mais le pinceau est moins sec et le traitement plus lisse. L'expression du visage de l'enfant et l'attitude de la mère sont rendues avec délicatesse.