Avant d’être soudain propulsés dans un ciel étoilé en 1968 grâce à la révolution copernicienne que fut, dans la gastronomie française, ce que Gault et Millau nommèrent « La nouvelle cuisine », les frères Troisgros, Jean et Pierre (que l’on vient d’entendre) furent d’abord les héritiers d’une solide tradition. Leurs parents, Marie aux fourneaux et Jean-Baptiste en salle et en cave, s’étaient installés en 1930 à Roanne, en face de la gare. Leur auberge, déjà réputée pour l’excellence de sa cuisine et la qualité de l’accueil, entama son ascension vers les sommets lorsque les frères, formés par Fernand Point, en prirent les rênes en 1957.
Aujourd’hui, alors que la quatrième génération de Troisgros arrive en cuisine, Michel, le fils de Pierre, règne sur l’ empire familial : le trois-étoiles et son café-épicerie voisin, « le Central », à Roanne, plus un restaurant à Moscou depuis 2001, plus la table cotée une étoile au Michelin de l’Hotel Lancaster à Paris, plus celle de l’hôtel Hyatt de Tokyo. A cela s’ajoute sa gamme de produits frais, surgelés et d’épicerie. Et voici que sort un fort beau livre aux éditions du Rouergue avec des photos de Marie-Pierre Morel et des textes de Bénédict Beaugé consacré à La Colline du Colombier, l’hotel-restaurant qu’il a ouvert avec sa femme Marie Pierre à Inguerande, à une vingtaine de kms de Roanne en 2008. Un petit coin de paradis.