LE CHATEAU DE MA MERE, Yves Robert 1990, (saga)@@ ()
Le jeune Marcel Pagnol passe ses vacances d'enfance en famille, à la Bastide Neuve de La Treille, dans les collines du Garlaban, au-dessus de Marseille. Cependant, le trajet est long et Joseph, le père de Marcel, décide de passer illégalement par les berges du canal pour raccourcir la marche de plusieurs kilomètres. La famille Pagnol se fait surprendre dans les propriétés privées et Marcel s'éprend de la prétentieuse Isabelle Cassignol, fille d'un soi-disant riche poète.
TELERAMA
On pénètre dans l'univers du petit Marcel comme on feuillette d'un doigt taché d'encre ces livres d'images qui invitent à frotter la page pour y découvrir une senteur. Romarin, thym, laurier et poussière cramée sur les sentiers plombés de soleil. Odeur de craie et de savon à barbe de Joseph, le père instituteur bouffeur de curé. Parfum d'eau de Cologne, d'amidon et de dessert vanillé de « Maman », prononcé avec la majuscule et l'accent d'un amour débordant.
Tous les bruits qui composent les vacances d'un minot y sont aussi : le bavardage assourdissant des cigales, le grondement de l'orage qui force à courir et se cacher, le cri de la bartavelle, oiseau de gloire paternelle, le crissement des sarments sous les croquenots d'écolier, et l'écho dans la garrigue des premiers serments d'amitié. Avec ces deux films humbles et tendres comme une fougasse à l'huile d'olive, Yves Robert braconne sur la pointe des pieds dans les collines de l'enfance et piège les souvenirs les plus fugaces. D'un fragile bouquet de sourires maternels, il fait un herbier. Ajoute dans sa gibecière une poignée de larmes et quelques figues sèches. Et brandit le tout à la gloire de Pagnol.