Vienne, novembre 1823. Antonio Salieri, compositeur italien, se tranche la gorge en s'accusant d'avoir tué Wolfgang Amadeus Mozart. Enfermé dans un asile, ce vieil homme égaré se confesse au père Vogler. Trente-deux ans plus tôt, en 1781, Antonio Salieri a la faveur de l'empereur mélomane Joseph II. Musicien réputé, il est le compositeur officiel de la Cour.
TELERAMA:
Le film de Forman est chargé en dorures, candélabres, perruques poudreuses à faire passer la cour de l’empereur pour un troupeau de moutons. Mais ce n’est pas ce qu’on lui a reproché. Ce Mozart-là chamboule la dignité des gravures. Tom Hulce lui donne tout ce qu’il peut et, illustre inconnu en 1984, n’a pas été revu depuis. Il saute, glousse, joue du piano debout, à l’envers… C’est Elton John en brodequins ! Et il y a son rire. Un rire de gosse, de fou. Amadeus est rythmé par la musique de Mozart, mais c’est ce rire obscène qui le ponctue, le griffe, le signe.
Raconter l’histoire d’un génie solaire par le biais de la jalousie d’un rival obscur (Salieri) était une assez riche idée. Ne rien cacher de la « mauvaise vie » qui sous-tendait sa belle musique : pas mal non plus, quitte à choquer. Mais le grand truc d’Amadeus, n’est-ce pas ce rire idiot, la perpétuelle touche de ridicule qui ramène au genre humain ce type habitué depuis des lustres à loger parmi les dieux ?