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jeudi 28 novembre 2024 - 12h40rech / rep
DON T WORRY he won t get far on foot, Gus Van Sant 2018 (societe)@

DON T WORRY he won t get far on foot, Gus Van Sant 2018 (societe)@
(taille reelle)
DON T WORRY he won t get far on foot, Gus Van Sant 2018 ()

Même après avoir failli mourir dans un accident de la route lors d'une nuit de beuverie avec son ami Dexter, John Callahan n'a pas la moindre intention d'arrêter de boire. Il finit pourtant par suivre une cure de désintoxication, soutenu par sa compagne et un mentor charismatique, et se découvre alors un don inattendu. Il crée des dessins à l'humour noir, satirique et insolent, qui lui vaudront un succès international dès leur publication dans la presse.

TELERAMA
L’histoire vraie d’un dessinateur satirique passé par tous les drames. Van Sant, en petite forme, est porté par ses acteurs, dont l’inattendu Jonah Hill.
Peu de spectateurs ont vu, et c’est mieux ainsi, le précédent film de Gus Van Sant, Nos souvenirs (2016), une catastrophe imprévisible pour un cinéaste d’un tel niveau (Palme d’or à Cannes en 2003 avec Elephant). Il semble depuis en convalescence artistique. Voilà pourquoi, peut-être, il a exhumé et réalisé ce projet datant des années 1990 : une histoire de résilience, de renaissance. Une histoire vraie. Le héros, John Callahan (mort en 2010), alcoolique à 20 ans, puis gravement accidenté, a passé la plus grande partie de sa vie en fauteuil roulant, dans la ville de Portland, Oregon, qui est aussi celle du réalisateur. En fréquentant un groupe de parole d’anciens alcooliques, Callahan s’est reconstruit, a découvert en lui une créativité qui l’a sauvé. Il est devenu un dessinateur satirique reconnu, caractérisé par l’absence de tabous et le sens de la provocation.

Rien de tel, pourtant, dans le style du film, doux, légèrement anesthésié, un peu trop proche de la neutralité bienveillante chère aux psychanalystes. Y compris lorsqu’il s’agit des pires moments de déraison et de désespoir. Même si le cinéaste alterne des époques distinctes de la vie de son personnage, le chemin de la renaissance est fléché d’emblée, et les longues séances de thérapie de groupe se révèlent souvent atones. Rien dans la mise en scène ne rappelle les sommets formels d’Elephant et de Paranoid Park (2007), ni la cruauté et l’ironie de Prête à tout (1995). Ce film-ci se rapprocherait plutôt de Will Hunting (1997), avec Robin Williams, à qui le rôle de Callahan fut longtemps destiné. Joaquin Phoenix s’en est d’ailleurs fait la tête et, relativement sobre (dans son jeu), il se sort avec les honneurs d’un rôle chargé. Mais la révélation du film est Jonah Hill. Lui qui a, jusqu’ici, été filmé comme un corps grotesque ou vaguement repoussant acquiert une délicatesse et un magnétisme sidérants en gourou fortuné (et malade) du groupe de parole fréquenté par le héros. Par lui seul revient, de loin en loin, cette magie du regard que Gus Van Sant portait, naguère, sur tous ses acteurs.