Le soleil excitait les puissances du corps,
Il entrait tout entier jusqu’au fond de mon être,
Et je sentais en moi bouillonner ces transports
Que le premier soleil au coeur d’Adam fit naître.
Une femme passait ; elle me regarda.
Je ne sais pas quel feu son oeil sur moi darda,
De quel emportement mon âme fut saisie,
Mais il me vint soudain comme une frénésie
De me jeter sur elle, un désir furieux
De l’étreindre en mes bras et de baiser sa bouche !
Un nuage de sang, rouge, couvrit mes yeux,
Et je crus la presser dans un baiser farouche.
Je la serrais, je la ployais, la renversant.
Puis, l’enlevant soudain par un effort puissant,
Je rejetais du pied la terre, et dans l’espace
Ruisselant de soleil, d’un bond, je l’emportais.
Nous allions par le ciel, corps à corps, face à face.
Et moi, toujours, vers l’astre embrasé je montais,
La pressant sur mon sein d’une étreinte si forte
Que dans mes bras crispés je vis qu’elle était morte…
Guy de Maupassant
ROSLIN - la Dame au voile
La Dame à la voile est le plus connu des tableaux d'Alexandre Roslin; Le modèle est son épouse. Elle était un peintre pastel et son nom était Marie-Suzanne Giroust. Elle est vêtue à la manière des femmes de Bologne en Italie. Une partie de la fascination de ce portrait est le regard du modèle, en partie secrète et cachée derrière son voile.