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dimanche 14 décembre 2025 - 22h19rech / rep
--09-missyhdjfpic04@x

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(taille reelle)
sirène (Lucie Delarue) ()
Jumelle de mon âme austère et sans plaisir,
Sirène de ma mer natale et quotidienne,
O sirène de mon perpétuel désir !
O chevelure ! Ô hanche enflée avec la mienne,
Seins arrondis avec mes seins au va-et-vient
De la mer, ô fards clairs, ô toi, chair neustrienne !
Quand pourrais-je sentir ton cœur contre le mien
Battre sous ta poitrine humide de marée
Et fermer mon manteau lourd sur ton corps païen,
Pour t'avoir nue ainsi qu'une aiguille effarée
A moi, dans le frisson mouillé des goëmons,
Et posséder enfin ta bouche désirée ?
Ou quel soir, descendue en silence des monts
Et des forêts vers toi, dans tes bras maritimes
Viendras-tu m'emporter pour, d'avals en amonts,
Balancer notre étreinte au remous des abîmes ?...






Elle est lasse, après tant d'épuisantes luxures.
Le parfum émané de ses membres meurtris
Est plein du souvenir des lentes meurtrissures.
La débauche a creusé ses yeux bleus assombris.

Et la fièvre des nuits avidement rêvées
Rend plus pâles encor ses pâles cheveux blonds.
Ses attitudes ont des langueurs énervées.
Mais voici que l'Amante aux cruels ongles longs

Soudain la ressaisit, et l'étreint, et l'embrasse
D'une ardeur si sauvage et si douce à la fois,
Que le beau corps brisé s'offre, en demandant grâce,
Dans un râle d'amour, de désirs et d'effrois.

Et le sanglot qui monte avec monotonie,
S'exaspérant enfin de trop de volupté,
Hurle comme l'on hurle aux moments d'agonie,
Sans espoir d'attendrir l'immense surdité.

Puis, l'atroce silence, et l'horreur qu'il apporte,
Le brusque étouffement de la plaintive voix,
Et sur le cou, pareil à quelque tige morte,
Blêmit la marque verte et sinistre des doigts.

Renée Vivien