Ce soir, mon amant, me donneras tu ta bouche,
aux fumets de tourbe celtique, de fjord profond
et habité de monstres, d'embruns, de vents du Nord ?
Ce soir, mon amant, me donneras tu ton cou,
aux effluves de mousse, de lichens ténébreux,
d'écorces, de châtaignes, d'automne ?
Ce soir, mon amant, me donneras tu tes épaules
aux essences de pierre, de marbre davidien,
de grès lisse et rond, à lécher ?
Ce soir, mon amant, me donneras tu, tes bras,
aux bouquets de soieries, d'indiennes,
de pampres capiteux, et rassurant, de nid ?
Ce soir mon amant, me donneras tu, ton ventre,
d'où s'exhale la vie, le rouge des furies,
la chaleur enfiévrée de l'envie, le tison ?
Ce soir, mon amant, me donneras tu tes mains,
au parfum d'encre noire, de papier raturé,
de poudre de fusain, de pigments sur vélin ?
Ce soir, mon amant, me donneras tu ton sexe,
aux odeurs de rebelle, de blouson noir,
de cuivre saxophoniste, de cri ?
Ce soir, mon amant, donneras tu ton sexe
aux arômes du mien ?