Depuis que je te connais, toutes les nuits, sans exception, tu es ma dernière pensée. Mon coeur bat pour tes yeux clairs. Leur voile se dépose sur mon corps nu. Allongée sur mon lit blanc, auréolé de bleu, fraîcheur de mon innocence, je renais alors pour toi. Pour tout ce que tu m'as offert. Oh, mon soleil ! Ma plus belle image, Celle de ces nuits inoubliables.
Ah, mon ami ! Tu m'a fait tant de choses inedites, pour une immense joie,.. Je revois encore nos ébats. Dabord discret, tu l'étais à la peine, Je retrouve encore ton premier baiser, sur mes lèvres. Celui au plus intime de mon être.
Je ressens tes cheveux gris sur mon ventre, tandis que nous parlions de notre hotel de Guérande. Tu te reposais alors, sur le dos, au travers du lit, des misères de ta vie. J'étais, réellement, ton soutien. après mille baisers d'amour.
Comment ai-je pu douter, en te relisant, que tu m'aies aimée ? Impossible maintenant. Je te revois me poursuivre de caresses, autour de la table, et malgré l'étroitesse de ta cuisine. Nous n'étions, alors, plus seuls dans notre antre et je te fuyais, riante. Après le repas, un baiser offert, langoureux à souhait. En fermant les yeux, je ressens encore mes doigts qui écrivent ton nom, libre, partout à mes côtés. Sur le moelleux oreiller, Sur la porte entrebâillée, Sur mon ventre dénudé, T'en souviens-tu ? C'était avant notre toute première rencontre... La sensation, lèvres et langue, de tes baisers entourant mes doigts, mains, pieds, est toujours là.
Souvent, je m'allonge à nouveau, les bras en croix, et de larmes point. Avec délicatesse, tu me recueillais... mon puits d'amour, se remplissait toujours, pour toi. Ton sirop au parfum d'embruns... Ton nom est aussi doux, que ta Corse d'origine, à l'ombre du soleil.
L'ascenseur me manque, et ta vue aussi, A l'époque, je me trémoussais en tenues d'hiver, évaluant d'un œil fier les regards des passants. Ils n'étaient pas toi. mais étaient des regards d'hommes. Vois comme tu m'as rendue heureuse, presque orgueilleuse, devant ces dames, et midinettes...! J'étais heureuse de t'aimer et fière que tu m'aimes, fière de t'avoir attiré vers moi, comme aucune d'entre elles n'auraient pu, ou voulu, le faire. L'amour tel un doux aveuglement. Le mien fut trop puissant...
J'aimerais écrire ta dédicace, pour moi. Elle orne ton petit, et seul livre, un recueil de plaisirs, "Pour A---, Incomparable délice, Ma tendresse." Elle est enveloppée parmi l'échantillon de feuilles d'automne 2017, ramassées pour moi. La feuille de figuier fleure toujours le safran... Ta pochette verte, forêt, préservée telle un secret. Elle l'est, chaque jour à mes côtés, ta première surprise... Je revois surtout, pour la fin ma plus forte pensée, nos deux corps réchauffés, sous la tour Montparnasse.
Nous étions tels deux frégates, selon toi, oui, comme deux oiseaux, épanouis parmi Paris... Puis, nous avancions par les boulevards, moi devant, toi, "comme une biche" avec un sac rempli de livres, non ouverts. Nous avions alors passé cinq heures unis par des caresses, par des baisers, au creux de ton lit, et souvent près d'en tomber... Puis, tu m'avais offert, suite au tardif déjeuner, bien des carrés de chocolat noir. Mes dents les recueillaient et ma lèvre léchait, suçait, tes deux doigts délicats. Ton regard bleu, plié de bonheur. Deux précieuses perles, perdues parmi les cernes, de ta dure existence...
Tu m'appelais "miracle", tandis que je m'émerveillais pour chacun de tes gestes qui te, et me rhabillait. La première fois, pressée, parmi les rires. La seconde, et dernière, enchantée par nos poèmes, par ceux que je te récitais en pliant ma jupe. J'ai adoré te reboutonner en appelant l'ascenseur.
Dedans, ce ne fut qu'étreinte, baiser, et séparation, à cause du monde, qui n'aurait pas supporté de nous voir ensemble. Plus pudique, mal à l'aise, peut-être, j'en étais plus gênée que toi. Mais, sache, après tous ces soupirs, après tous ces mots, très peu nombreux, mais qui ont peinés à s'écrire... Sache que ce ne sont pas nos actes en eux-mêmes qui m'ont fait le plus d'effet. Chauds, ils l'étaient. Frissonnants, un peu moins, sauf à la toute fin, lorsque tu m'embrassais le bas du dos et que j'osais me caresser, pour toi, juste là, à cet endroit si sensible de moi... Non, ce ne sont pas tes actes, mais bien tes poèmes, dans un premier temps, et depuis toujours, qui m'ont chavirés pour toi.
Si aucun train n'avait existé, si tu avais continué ton chemin, là où tu savais que c'était bon, alors, sans doute, que j'aurais joui pour toi. Sans doute que je t'aurais amené, pour la première fois, jusqu'à mon clitoris, jusqu'alors introuvable pour ta langue enivrée. Oh, ces baisers-là échangés, tes yeux dans les miens, et tes mordillements d'amour (traces de croissants rouges, entre mes cuisses), pendant que tu te raccrochais à chacun de mes seins... La douceur de mon visage, celle de ma peau, que tu as chanté, et nos deux corps qui s'enroulaient sur ton lit ... Pour tout cela, pour tous mes mots, ici désordonnés, et les nôtres entremêlés, pour, aussi, la gousse de vanille et le carré de chocolat juste à mon endroit, et que tu as savouré.
Pour tout ce que nous avons vécu, mon tendre chéri, et pour tout ce que nous vivons encore, fort différemment, alors moi, ta lumière du jour, ton étoile de la nuit, ta douce , je te remercie.