arpoma.com (art actualite histoire lieux)
home               retour
arpoma.com
N
mardi 16 décembre 2025 - 10h30rech / rep
cpt-w2-148@ prty-13x-miss

cpt-w2-148@ prty-13x-miss
(taille reelle)
Gamiani (Alfred de Musset) ()
La bouche de la comtesse se promenait lascive, ardente, sur le corps de Fanny. Interdite, tremblante, Fanny laissait tout faire et ne comprenait pas. C’était bien un couple délicieux de volupté, de grâce, d’abandon lascif, de pudeur craintive. On eût dit une vierge, un ange, aux bras d’une bacchante en fureur. Que de beautés livrées à mon regard, quel spectacle à soulever mes sens.
Vainement l’enfant se débattait, les baisers étouffaient ses cris. Pressée, enlacée, sa résistance était inutile. La comtesse, dans son étreinte fougueuse, l’emportait sur son lit, l’y jetait comme une proie à dévorer. Et des baisers plus vifs, plus pressés répondaient à ses cris. Les bras enlaçaient plus fort, les deux corps n’en faisaient qu’un.
Ce fut alors un spectacle étrange. La comtesse, l’œil en feu, les cheveux épars, se ruait, se tordait sur sa victime, que les sens agitaient à son tour. Toutes deux se renvoyaient leurs bonds, leurs élans, étouffaient leurs cris, leurs soupirs dans des baisers de feu. Le lit craquait aux secousses furieuses de la comtesse.
Bientôt épuisée, abattue, Fanny laissa tomber ses bras. Pâle, elle restait immobile comme une belle morte.
La comtesse délirait. Le plaisir la tuait et ne l’achevait pas. Furieuse, bondissante, elle s’élança au milieu de la chambre, se roula sur le tapis, s’excitant par des poses lascives, bien follement lubriques, provoquant avec ses doigts tout l’excès des plaisirs.

Un instant, le dégoût, l’indignation m’avaient dominé ; je voulais me montrer à la comtesse ; l’accabler du poids de mon mépris. Les sens furent plus forts que la raison. La chair triompha, superbe, frémissante. J’étais étourdi, comme fou. Je m’élançai sur la belle Fanny, nu, tout en feu, pourpre, terrible.
Elle eut à peine le temps de comprendre cette nouvelle attaque que, déjà triomphant, je sentais son corps souple et frêle trembler, s’agiter sous le mien, répondre à chacun de mes coups. Nos langues se croisaient brûlantes, acérées, nos âmes se fondaient dans une seule. À ses mots, la belle se raidit, soupire et puis retombe en m’inondant de ses faveurs. À mon tour je crus rendre toute ma vie. Anéanti, perdu dans les bras de Fanny, je n’avais rien senti des attaques terribles de la comtesse.
Rappelée à elle par nos cris, nos soupirs, transportée de fureur et d’envie, elle s’était jetée sur moi pour m’arracher à son amie. Ses bras m’étreignaient en me secouant, ses doigts creusaient ma chair, ses dents mordaient. Ce double contact de deux corps suant le plaisir, tout brûlant de luxure, me ravivait encore, redoublait mes désirs.
Le feu me touchait partout. Je demeurai ferme, victorieux, au pouvoir de Fanny ; puis, sans rien perdre de ma position, dans ce désordre étrange de trois corps se mêlant, se croisant, s’enchevêtrant l’un dans l’autre, je parvins à saisir fortement les cuisses de la comtesse, à les tenir écartées au-dessus de ma tête. Gamiani me comprit, et je pus à loisir poser ma langue active, dévorante, sur sa partie en feu. Fanny, insensée, éperdue, caressait amoureusement la gorge palpitante qui se mouvait au-dessus d’elle. En un instant, la comtesse fut vaincue, achevée. Le corps de la comtesse retomba lourdement de côté comme une masse morte. Fanny, plus exaltée encore, jette ses bras à mon cou, m’enlace, me serre, croise ses jambes sur mes reins. Et nous restâmes l’un sur l’autre étendus, raides, sans mouvement, nos bouches entr’ouvertes, mêlées, se renvoyaient à peine nos haleines presque éteintes.