Tous deux s’étonnaient de tant de différence Dans les formes du corps et les tons de la peau. Adam la trouvait belle ; Ève le trouvait beau. Adam la questionna: « Comme vous êtes blanche ! Pourquoi Dieu vous-a-t-il mis des cheveux si longs ? Les miens sont courts et noirs et les vôtres tout blonds. Et ces machines rondes, Là, sur votre poitrine, à quoi cela sert-il ? Et moi dites-vous, au-dessous de mon nombril, dans cette touffe noire, je m’en sers… après boire. Oui vous pouvez toucher. C’est tout rouge au bout. On dirait une rave !".
Et les mignons doigts roses Allaient, couraient, venaient, faisaient de courtes poses, Comme des papillons voltigeant sur des fleurs. « Oh mais, regardez donc. Il a pris des couleurs. Comme c’est drôle ! ll est plus grand que tout à l’heure. Il se dresse, il frémit. Ciel ! une larme : il pleure ! » Ève essuya la larme à ses cheveux dorés. Oh, monsieur Adam ! il est énorme, Maintenant ! Il n’a plus du tout la même forme, C’est très raide et très dur… A quoi peut-il servir ? »
Adam lui répondit, dans un profond soupir : « Est-ce que vous croyez qu’il sert à quelque chose ? Eve lui rétorqua " Moi, je n’ai que la place. Voyez ... Ici… Regardez bien. La fosse est toute fraîche… Diable ! C’est bien étroit ! »
Adam glissa sous la femme une main caressante...Eve bondit, l'oeil clos, la croupe frémissante, Les seins tendus, les poings crispés dans ses cheveux. Tout son être frémit d'un long frisson nerveux, soupirant des "Encore !" Elle entr'ouvrit ses deux cuisses cambrées, et omme il croisait ses mains sous deux épaules blanches, Adam sentit deux pieds se croiser sur ses hanches. Leurs membres innocents s'enlaçaient, s'emmêlaient.
S'ils avaient pu savoir, au moins, ce qu'ils voulaient ! Alors, presque sans le comprendre, Tous deux en même temps, d'une voix faible et tendre, s'avouerent leur amour. Et le premier baiser vint, en papillonnant, se poser sur leurs lèvres unies. Puis, comme le serpent, Adam s'élanca, recula, avanca; à la recherche d'un trou, un asile où faire jaillir sa sève bouillonante. Il chercha, il trouva enfin, Il entra et ne sortit plus. Adam avait trouvé ! Un cri, puis des soupirs : l'homme avait compris la femme.
Les deux corps enlacés semblaient n'avoir qu'une âme. Ils se serraient, ils se tordaient, ils bondissaient. Les chairs en feu frottaient les chairs, s'électrisaient. Les veines se gonflaient. Les langues acérées cherchaient une morsure entre les dents serées, Des nerfs tendus et fous, des muscles contractés, Des élans furieux, des bonds de voluptés... Plus fort ! Plus vite ! Enfin, c'est la suprême étreinte, Le frisson convulsif...
Eve, alanguie, éteinte, Se pâme en un soupir et fléchit sur ses reins ;Ses yeux cherchent le ciel ; son coeur bat sous ses seins. Son beau corps souple, frêle, et blanc comme la neige, S'arrondit, s'abandonne au bras qui la protège. Adam, heureux et las, se couche à son côté. Puis, tous deux, lourds, le sein doucement agité Comme s'ils écoutaient de tendres harmonies, Rêvent, dans la langueur des voluptés finies. Mais Eve : "Dieu, vois-tu, ne fait rien sans raison, Dieu fait bien ce qu'il fait... Viens là ! Recommençons..."