Mon approche était malhabile, imprégnée de désir et de timidité. Mais les yeux de Mathilde, d’habitude si discrets, reflétaient un encouragement à plus d’audace de ma part, une incitation à venir la sonder, repoussant les frontières des limites autorisées par cette morale qu’on m'avait inculqué.
Elle si volubile en début de soirée, s’avérait soudainement muette, dans l’attente discrète que je lui appose mes lèvres sur son sein puis sur ses lèvres intimes, émouvantes tant elles m'étaient offertes, insolentes, presque scandaleuses.
M’approchant doucement de son trésor, entre ses cuisses ouvertes, je m’étais délecté, sous la douceur de mes doigts fébriles de cette humidité signifiant « je te veux », alors même que Mathilde, déjà plissait ses yeux. Son bouton merveilleux, gorgé d’une impatience au plaisir, appelait au délit, à un viol consenti de sa troublante féminité. Comme une prière, elle m’avait invité, oubliant les manières et les civilités.
- Viens Benjamin. Je t'offre mon corps, je te désire tant, et, si tu savais, bien plus que ça !
- Combien de fois n’ai-je rêvé que tu caresse et ouvert mes cuisses pour venir t’y glisser et t’abreuver du plaisir que tu pourrais me donner.
Loin des inhibitions, Je m’étais évadé. De ma bouche, j'avais parcouru chaque parcelle de sa peau Sous les frémissements de sa peau inondée de codes érotiques. Au bord de la rupture, elle se voulait décadente, pour retrouver le goût des amours impudiques, j'avais écarté un peu plus grand ses cuisses, mon regard captivé par la louve attirante, ma bouche folle de désir pour son sexe licencieux.
La si respectable Mathilde, professeur de violoncelle, venait entre mes bras d'éveiller en moi un grand regret, celui de n’avoir pas osé plus tôt. Mon sexe, bandé à l’extrême, je m'apprêtais à lui faire l'amour, à la baiser et même plus encore tellement son abstinence se révélait à présent douloureusement stupide.
Son désir à elle était bien différent. Elle était femme à prendre son temps, elle était femme généreuse, tactile et envoûtante, mais aussi tendre amante, quémandant des mots d’amours et des baisers, tout aussi bien que des caresses plus audacieuses. Son goût prononcé pour la sensualité, lui avait valu bien des déboires. Son attirance pour l’érotisme l’avait poussée bien malgré elle, à se perdre dans des aventures aussi sensuelles qu’illusoires.
Elle aimait faire l’amour, elle aimait s’offrir en partage dans des étreintes aussi voluptueuses que censurées, mais elle aimait aussi désirer et être désirée car elle souffrait d’une grande carence affective, elle endurait le manque d’amour comme l’attribut de son destin. Alors, quand elle m'avait regardé, sa bouche dévorante, le plaisir au bleu de ses paupières, elle avait décidé instinctivement qu’elle allait m’aimer, moi ce jeune homme insolent qui l’avait détourné de ses vœux de chasteté, qu’elle allait m’adorer
Elle était sous mon charme. Avec délicatesse, mais aussi de la fébrilité dans ses gestes désordonnés, elle m'avait débarrassé de ma chemise trop sage. J'étais fort bien fait, une beauté presque rare.
- J'ai envie de te toucher, envie de te sentir, Benjamin. Viens près de moi.
Elle m’avait caressé, de la base de son cou jusque sous mon bas ventre, s’égarant longuement sur mon poitrail musclé, en baisers parfumés et morsures innovantes. J'avais aimé la regarder me caresser ainsi. Alors sans prévenir, tendrement, je m’étais allongé sur elle, la couvrant de baisers des pieds jusqu’à la tête, et en accord parfait avec les attentes discrètes de Mathilde, et je l’avais pénétrée. Mathilde avait gémi, puis, honorant l’érotique intrusion de spasmes et de frissons, elle avait presque inconsciemment enfoncé ses ongles dans mes fesses musclées, m’invitant, le souffle haletant, à la prendre plus violemment.
- Mathilde, Je veux me perdre en toi, lui avais-je murmuré, me noyer dans ta source, je veux t’aimer d’amour,
Au bord des yeux noirs de Mathilde deux perles s’épanchaient, deux larmes de plaisir délatrices d’émotion et de désillusion. Le souffle court, mon sexe bandé à l’extrême, moi, Benjamin, la baisait avec passion, envahissant sa fente des amours interdites, unissant Mathilde, ma maîtresse adorée à mon proche destin.
- Je t’aime Mathilde, j’ai tant besoin de toi.
Alors que nous nous étions rejoints dans la jouissance primaire, puissante, animale, mes mots résonnaient dans la tête de Mathilde. Une voix intérieure lui ordonnait de fuir cet amour impossible, mais son côté anarchiste entrouvrait une brèche dans cette sagesse l’empêchant d’écouter la voix de la raison. La sensibilité de moi, son jeune amant dépourvu des vices dont ses autres partenaires l’avaient accablée, elle avait insidieusement dessiné l’ébauche d’une aventure peu ordinaire, une passion certainement dévastatrice, mais bien plus belle en sensation qu’une relation conventionnelle.
Moi, son jeune élève quelques heures auparavant, avait franchi allégrement dans l’insouciance de ma jeunesse, toutes les barrières dont elle avait jalonné sa truculente sexualité dérobée. Savais-je, combien cette femme enrobée de mystère derrière ses tenues sévères, combien cette femme désirait que moi, le jeune trublion redonne le jour à ses dérives. Diablesse de la première heure, elle n’était en vérité tombée que sur des amants médiocrement érotisés. Mais dans l’instant, elle était en train de succomber sous mes caresses affectives, qui inlassablement couvrait chaque parcelle de son corps, exprimant sur sa peau encore moite de plaisir, des frissons désordonnés et convulsifs. Il était bien encore trop tôt pour me dévoiler quelle maîtresse abusive elle pouvait être quand elle aimait, quand elle aimait vraiment.
Elle avait compris les sentiments que j'éprouvais dans ma manière de la dévorer, un mélange de pudeur et de voracité, cet amalgame épicé qui transforme la montée du plaisir en un véritable sacerdoce, une distinction épidermique et sensuelle en matière d’érotisme. Elle s’était prêtée totalement en abandon au jeu suave de mes lèvres, sur sa poitrine généreuse, sur ses tétons langoureusement frissonnants, jusqu’à ne plus pouvoir résister à ses pulsions, ses désirs réprimés. S’arrachant à ma voracité voluptueuse, elle s’était saisie du premier vêtement à portée de sa main, par pudeur ou par magie, enveloppant sa nudité d’une tendancieuse provocation.
Elle avait enveloppé son exquise féminité d’une chemise masculine, dévoilant entre pudicité et incitation, la peau satinée de ses seins blancs Lorsqu’elle avait quitté la couche, décor feutré de nos ébats, j'avais vu se défiler la silhouette d’une femme que j' adorais, mais ma vision s’était floutée sur la nouvelle apparence qu’elle m'offrait. Ses cheveux ébouriffés, ses yeux cernés de bleu, ce bleu que l’on attribut à l’image des amoureux les plus fougueux, m’avait ému, m’avait troublé, tant Mathilde se révélait bien plus amante que je n’y croyais.
Cette apparente sérénité qu’elle dégageait après l’amour m’avait incité à plus d’ardeur, mais aussi à plus de respect, plus d’estime pour son autorité de femme dévorante de passion réprimée. Les pans de la chemise recouvrant presque impudiquement la naissance de ses délicieuses petites fesses exhortant à la débauche, au dépassement des convenances, lui donnait l’élégance d’une amante qui vient de faire l’amour en ne songeant qu’à recommencer.
- Benjamin, regarde moi, et maintenant que va-t-il advenir de nous ?
- Je ne sais pas, je t’aime Mathilde.
- Ne dis pas des choses que tu pourrais regretter
Sur ces mots elle s’était levée, nous avait servi deux verres de vin, puis avait déposé sur la platine un CD dont je soupçonnais le genre musical. Sa passion pour la musique, notre goût commun pour le violoncelle, nous avaient rapprochés, il était comme évident, qu’elle allait sceller notre rencontre par un morceau que nous affectionnions particulièrement. J'étais loin d’imaginer que quelques secondes plus tard, j'allais découvrir Janis Joplin, dans un de ses morceaux les plus mythiques « Summertime ».
J'avais regardé Mathilde écouter le morceau, écouter était un piètre mot pour décrire avec quelle émotion, elle s’était imprégnée de la voix si particulière de Janis. Puis elle s’était perdue en explication, s’abreuvant entre deux détails sur l’éphémère existence, mais non moins riche de la chanteuse, d’une gorgée de bordeaux.
Puis, elle m’avait embrassé, ôté ma chemise, s’était allongée sur moi comme une prédatrice...
- Benjamin, Je vais te faire l’amour, peut être t’aimer, et alors toi aussi tu auras peut être envie d’écrire une musique pour moi
Avant que de me rejoindre sous les draps, elle avait recherché le morceau de Leonard Cohen, elle l’avait posé sur la platine. elle savait qu’elle allait se perdre dans cette aventure, mais pour l’instant le souffle court et le regard brillant, elle allait prendre un plaisir insensé à se vautrer impunément entre les bras de son jeune amant. Elle avait mordu mes lèvres jusqu’au sang .La vie était bien trop courte pour passer à côté. Alors qu’elle s’appliquait à se confondre en délicates caresses sur mon poitrail totalement dépourvu de poil, qu’elle posait de doux baisers mouillés sur ma peau, la pluie s’était mise à tambouriner sur le velux entrouvert. Cette averse soudaine l’avait faite frissonner privant tout à coup de toute spontanéité son entreprenant périple sensoriel. Sans compter sur Mozart, de retour de son escapade nocturne bien trop humide pour un chat, qui sans aucune invitation était venu se réfugier contre le corps de sa maîtresse.
Elle s’était absentée un instant, puis sous le clapotement des dernières gouttes de l’averse sur le verre, elle avait murmuré fièrement et autoritairement
- Ferme les yeux, Benjamin
Comme un enfant sage, ou un élève à son instructeur, j'avais obéi, ne songeant même pas à poser une question, la plus anodine soit-elle. Elle m’avait rejoint, l’air interdit, se glissant sur le lit. A cet endroit très précis qu’elle avait quitté quelques instants auparavant, le lit était frais .Mathilde avait ressenti la douceur de la couette sur sa peau nue, elle s’y était blottie, toute proche de moi dont elle sentait la chaleur corporelle l’irradier. Le silence s’était installé entre nous, un silence lourd presque oppressant, que je m’étais empressé de rompre persuadé qu’elle était en train de me regarder.
- Que fais-tu Mathilde ?
- Je te regarde...Tu es beau !
- J’en étais sûr, puis je ouvrir les yeux maintenant ?
Je l’avais entendu sourire, un sourire gai presque enjoué, souligné d’une respiration lente et cadencée. Je m'étais rapproché tant et tant de Mathilde que j'avais senti son souffle contre mon cou, chaud, envoûtant. Elle avait posé un baiser mouillé sur mes lèvres puis m’avait définitivement plongé dans le noir en me barrant les yeux d’un bandeau profondément opaque.
Je m’étais soudainement assis au bord du lit essayant de capturer une silhouette proche ou lointaine. Mathilde me sentait plus fébrile, à la limite de l’affolement. Elle avait creusé un écart entre nous, ponctué d’un calme troublant.
Puis se saisissant de mes doigts, elle s’en était amusée sur le rebord de ses lèvres avant que d’en engloutir un, le pouce, l’enrobant de sa langue, l’emprisonnant entre ses lèvres, l’aspirant dans une chaude humidité. Bien que me sentant observé, scruté, je n’avais pu réprimer une érection de plus en plus évidente.
J'avais su la trouver dans le noir, elle avait posé sa main sur ma bouche m'interdisant la continuation d’explications que je ne voulais plus entendre.
Je m’étais abattu sur elle, la projetant sur lit devenu plus chaud, puis je m’étais étendu contre elle, flanc contre flanc, le feu de mon haleine contre le cou de Mathilde, ma joue râpeuse contre sa joue. Puis comme une brebis à son agneau, je m’étais appliqué à lui lécher le museau à l’aveuglette, la dévorant de petits baisers gloutons, la lapant d’une langue gourmande. L’effluve capiteux du sexe de Mathilde était en train de m’irradier, alors que ses narines au même instant captaient l’odeur mouillée de mon rameau de chair se soulevant puissamment. Cette complicité charnelle et olfactive avait soudainement mis à mal tous les projets élaborés par Mathilde. Follement excitée par le contact de ma hampe ferme contre sa cuisse, elle s’était libérée de l’étreinte, pour, de ses lèvres et de sa bouche, s’emparer de ce butin grandiose que je lui offrais. La voracité des ses lèvres m'avait surprit, totalement isolé dans les ténèbres du masque de satin noir.
- Non pas maintenant, nous avons tout le temps, comprends moi bien, je te veux, oui je te veux Benjamin, mais je te veux longtemps, laisse moi croire que tu es à moi
Alors même que sa phrase s’effilochait dans le silence de la pièce Mathilde avait soudain pris conscience de la portée de sa déclaration. Elle venait de se refuser le droit de résister à sa folie d’aimer un jeune homme.
Je n’étais plus son élève, j'étais autre, si émouvant, une passion aussi surprenante qu’inespérée, une énergie flamboyante qui m’arracherait à l’ombre derrière laquelle elle s’était enfermée.
- Mathilde que fais-tu, je ne t’entends plus, ne me laisse pas ainsi.
L’instant d’après, le regard toujours barré par le bandeau, j'avais senti l’haleine de Mathilde me pénétrer et le charme de sa langue mélanger nos salive dans un long baiser. Sa bouche s’était faite amoureuse . Puis elle avait délacé le bandeau mortifère. Enfin débarrassé de mon carcan visuel, j'avais longuement caressé la poitrine de Mathilde, mon regard la scrutant intensément au point de lui faire baisser le regard.