étreinte amoureuse (d'après Edmond Haraucourt - Guy de Maupassant - Alfred de Musset) ()
Les deux corps enlacés se fondèrent l'un dans l'autre. Ils se serraient, se tordaient, bondissaient. Les chairs en feu frottaient les chairs, s'électrisaient.Les veines se gonflaient. Les langues acérées cherchaient une morsure entre les dents serrées, des nerfs tendus et fous, des muscles contractés, des élans furieux, des bonds de volupté... Elle se renversa, râlant sous les caresses. Sa poitrine oppressée et dure haletait fortement avec de longs sanglots. Sa joie était brûlante et ses yeux demi-clos, et leurs bouches, et leurs sens, leurs soupirs se mêlèrent.
Plus fort ! Plus vite ! Leurs deux corps mélangés se mirent à vibrer au son de leurs soupirs. Ce fut enfin la suprême étreinte, le frison convulsif.... Un cri d'amour monta, si fort que des oiseaux effarés s'envolèrent. Comme une lame de fond amenant la vague ... Il sentirent petit à petit monter la puissante rivière rivière, comme la lave crachée d'un volcan déchaîné… Elle l'aspira fort pour le laisser jaillir sa chaude liqueur, fruit de leur orgasme. Les salves se succèderent irradiant leurs sens. Sous leurs baisers brûlants ils se sentirent défaillir, leurs corps agités d'une série de spasmes. Elle, superbe en son désordre, tombant, les seins nus, béante, se tordant, dans un baiser de rage, et mordant l'oreiller en criant des mots inconnus !
Il étouffa ses sanglots, elle avala ses cris, ils bloquerent dans leurs gorges d'agonisantes plaintes et, leurs corps agités par de violents frissons, ils se laissèrent mourir, foudroyés au sein du firmament... Alanguie, éteinte, elle se pâma en un soupir et fléchit sur ses reins ! Ses yeux chercherent le ciel ; son coeur battait sous ses seins. Son beau corps souple, frêle, et blanc comme la neige, s'arrondissait, s'abandonnait au bras protecteurs de l'amant.
Et ils resterent ainsi, confondus, emmêlés, collés, anéantis, du dernier de leurs souffles au plus petit frisson, accrochés l'un à l'autre jusqu'à l'apaisement. Lui, heureux et las, se coucha à son côté. Puis tous deux, lourds, le sein doucement agité, comme s'ils écoutaient de tendres harmonies, rêverent, dans la langueur des voluptés finies. Ainsi que deux forçats rivés aux mêmes fers, un lien les unissait, l'affinité des chairs.