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lundi 25 novembre 2024 - 03h53rech / rep
(9 sur 10)   (liste)
























meissonier @@@
(taille reelle) (grd ecran)

D'un petit format assez inhabituel pour une peinture d'histoire militaire, ce tableau renvoie plutôt au goût de Meissonier pour la peinture flamande et hollandaise du XVIIe siècle et témoigne de son savoir-faire habile et léché. Malgré les dimensions réduites, la vaste étendue de la plaine désolée et le lourd ciel gris donnent de l'ampleur à la scène, tout comme la perspective dilatée autour de la figure centrale de l'empereur, magnifié par un point de vue en léger contrebas.
Les moindres détails sont restitués avec minutie : la barbe naissante de Napoléon, les veines sur les jambes des chevaux, la neige souillée par la marche des troupes… Le directeur de l'Ecole des Beaux-Arts, Charles Blanc, disait de Meissonier qu'il "peint grandement en petit". Le peintre applique la même méticulosité, d'historien cette fois, dans ses recherches préparatoires : il rassemble une abondante documentation, interroge de multiples témoins oculaires et cherche, sans succès, à obtenir le prêt de la redingote grise de l'Empereur.

La démarche de Meissonier s'inscrit dans le mouvement de réalisme historique qui envahit peinture et sculpture sous le Second Empire. L'épisode choisi, s'il intervient après plusieurs victoires, annonce les défaites prochaines. Aucune action, pas d'événement, mais une atmosphère de solitude et d'accablement. Les doutes et la résignation des officiers comme de la troupe sont perceptibles et s'opposent à la détermination de Napoléon, isolé. Ces sentiments sont soulignés par la gamme colorée : toute la scène utilise des tons de bruns et de gris, des registres sourds et abattus. Les protagonistes ne foulent pas une neige vierge, mais un sol boueux.

Campagne de France, 1814 est en fait le premier tableau d'un cycle resté inachevé des conquêtes napoléoniennes, qui valut à Meissonier un immense succès.
peinture, france, huile sur bois (51,76)), Paris, Musee d'Orsay