Le manuscrit connu sous le nom des Très Riches Heures du duc de Berry est certainement l'un des plus célèbres manuscrits enluminés au monde. Il constitue « le trésor » le plus connu et le plus admiré parmi les collections du Château de Chantilly. Aboutissement d’un travail échelonné sur plus de 80 ans de 1412 à 1489 ce manuscrit est une œuvre chorale. Sur ce temps long trois artistes, ou groupes d’artistes se sont succédés. Les frères Limbourg, Paul, Jean, Herman, commandités par le duc de Berry alors au sommet de leur art produisent les premières enluminures. D’autres artistes poursuivent l’œuvre qui échappe de la sorte à l’échelle humaine : Barthélemy d’Eyck vers 1440, Jean Colombe de 1485 à 1489. Le duc d’Aumale lorsqu’il en prend possession un soir d’hiver de 1856, connaît peu de chose quant à sa provenance, son importance. Seul son goût très sûr, – c’est le plus grand bibliophile de son temps – ainsi que certains conseils l’ont aiguillé vers cette acquisition. Il ne sera formellement identifié que trente ans plus tard. Repéré dans l’inventaire après décès du duc de Berry en 1416 comme non relié, il se présente en volume lors de l’achat d’Aumale. Etudié par les savants les plus éminents, nombre d’interrogations demeurent encore quant à sa réalisation, sa cohérence, son histoire. Seule sa beauté irradiante émerge au dessus d’un mystère encore imparfaitement dissipé. Manuscrit du XVe siècle, sur parchemin. Composé de 206 feuillets, à deux colonnes. 66 grandes et 65 petites enluminures. Reliure en maroquin rouge, aux armes des familles Spinola et Serra. Le manuscrit est conservé dans une boîte recouverte d’une plaque très richement décorée en argent ciselée exécutée par Antoine Vechte (1799-1868). Cette enluminure entre dans la composition de la première partie du manuscrit, la plus célèbre, le calendrier illustrant les douze mois de l’année. Mois de Mai. Folio 5 verso : le mois de mai figure les signes astrologiques du taureau et des gémeaux, accompagnant le char solaire. Le thème retenu pour ce mois est la cavalcade traditionnelle du premier mai, où sont représentés des cavaliers richement habillés, des jeunes femmes vêtues de vert précédés par des sonneurs de trompes. Derrière la forêt se profilent les toits d’une cité tantôt identifiée comme Riom en Auvergne, ou Paris mais plus sûrement imaginaire.