Le général Sternwood engage le détective privé Philip Marlowe pour régler une affaire de chantage dont il est victime. Un dénommé Geiger possèderait des photos compromettantes de sa fille cadette, Carmen. Cependant, Marlowe découvre que le maître chanteur a été assassiné. Rapidement, les cadavres s'accumulent et l'intrigue se complique. De nombreux personnage entrent en scène, dont Vivian, la soeur aînée de Carmen.
TELERAMA
Le détective Philip Marlowe est sollicité par le général Sternwood pour débusquer le maître-chanteur de ses filles. Entre la sœur aînée, Vivian et l’enquêteur, le coup de foudre est immédiat... Et Howard Hawks signe un chef-d’œuvre.
Lanecdote est notoire : Howard Hawks avoua après la sortie du film n’avoir jamais bien compris l’histoire et ignorer qui était l’assassin de la énième victime. À dire vrai, il s’en moquait comme de l’an 40. Peu importe le(s) coupable(s), pourvu qu’il y ait l’ivresse du sentiment et de l’action. Il faut donc se préparer à être perdu dans les fils de cette intrigue particulièrement tortueuse, roman du grand Raymond Chandler adapté par le non moins grand William Faulkner et deux autres scénaristes.
Privé loyal et moral, Philip Marlowe (devenu mythique en même temps que Bogart lui-même) est recruté par un général à la retraite pour enquêter et confondre un maître chanteur qui extorque de l’argent à ses deux filles. La cadette est une femme-enfant nymphomane (grand numéro de Martha Vickers) que son aînée (Lauren Bacall, voix langoureuse, narine frémissante), hautaine et distante dans un premier temps, peine à protéger et éloigner des vices. Elle-même cache bien son jeu dans ce petit monde corrompu, où personne ne semble fiable. Chapeau et imper sanglé, Marlowe fume et boit beaucoup, se touche le lobe de l’oreille, prend des coups et attire à lui les nombreuses filles qu’il croise dans ses trajets incessants, où il retombe immanquablement sur la fatale Lauren Bacall (dans la vraie vie, ils se marièrent juste avant la sortie du film).
Le rythme est étourdissant, les dialogues brillent d’ironie et de malice (avec des allusions sexuelles). On se bat moins ici au revolver qu’à la parole : les scènes sont des duels où chacun lâche un minimum d’infos pour en obtenir de plus cruciales. C’est ainsi que le récit avance à la vitesse de l’éclair dans une suite d’intérieurs. Univers reclus. Dehors, il pleut. Les rares scènes d’extérieurs nous plongent dans une nuit moite. On ne voit jamais le ciel ni la lumière du jour. Le film porte bien son titre.