arpoma.com (art actualite histoire lieux)
home               retour
arpoma.com
N
lundi 25 novembre 2024 - 06h38rech / rep
(1 sur 2)   (liste)
























20060124DSCF81440365 moscou - traineau dans la foret
(taille reelle) (grd ecran)

POUCHKINE poemes

Rouslan et Ludmilla(Prologue)

Dans l'anse verdoie un grand chêne,
Autour de lui brille une chaîne
D'or, sur laquelle un chat savant
Marche jour et et nuit en tournant.
A gauche, il parle, il dit un conte;
A droite, c'est un chant qui monte.

C'est là que rôde le sylvain,
Que s'agrippe aux branches l'ondine,
Que d'étranges bêtes piétinent
Sur de mystérieux chemins.
On voit là-bas une chaumière,
Toute de guingois et qui n'a
Pas de fenêtres, de verrières,
Pas de portes,de cadenas,
Là, sur un rivage désert,
A l'aube, sortent de la mer
Trente guerriers;ils étincellent,
Et l'ainé modère leur zèle.
Là-bas, un beau prince royal
Fléchit la colère sauvage
D'un monarque ; et sur les nuages,
Devant tout un peuple féal,
Apparaît un sorcier qui porte
Un chevalier de bonne sorte;
Un loup est le seul serviteur
D'une princesse dans sa geôle
Et dans l'or un roi s'étiole.

Tout ça, c'est russe et reste tel;
J'y fus et j'y bus l'hydromel.
Dans cette anse où verdoie le chêne,
Je vis briller l'or d'une chaîne,
Et sur la chaîne, un chat savant
Marche, nuit et jour, en tournant.



La Fontaine de Bakchisarai (épilogue)

Quittant le Nord, laissant des fêtes,
Me trouvant à Bakchisarai,
J'entrai dans les salles muettes
Et dans les jardins du sérail.
J'errai là même où le Tartare,
Fléau des peuples, odieux,
Jouissait de délices rares
Après des combats furieux.
La volupté sommeille enclose
En ce palais, en ces jardins,
Parmi les clairs jets d'eau, les roses,
Les ceps alourdis de raisins.
L'or brille aux murs en abondance;
Derrière ces barreaux d'antan
les épouses dans leur printemps
Souvent soupiraient en silence...

Où sont les Khans et leurs harems ?
Tout semble triste et calme ici.
Je vois un fantôme imprécis,
Qu'évoquent le parfum des roses
Et le murmure des jets d'eau,
Seul un fantôme à moi s'impose,
Glissant dans cet eldorado...
Hélas! quelle est cette ombre pâle
Qui devant moi passe à l'instant,
Belle, irrésistible, fatale ...
Est-ce ton esprit rayonnant,
O Marie ? Est-ce toi, Zarème,
Ardente et jalouse à l'extrème,
Et qui dans ce lieu fascinant
Fut mise à mort en châtiment ?



Les Tziganes (Aleko parle,extrait)

Il n'est de bonheur sans amour !
J'ai quitté les fêtes urbaines,
Les femmes... oh, sois en certaine,
Tu es plus belle sans atours,
Plus belle sans colliers ni gemmes,
Ne change pas,reste la même !
Auprès de toi, mon seul désir
Est de goûter à l'avenir :
Amour, exil, choisi, plaisir ...
Deux ans passèrent ... La peuplade
Erre toujours sur les chemins.
Hôtes bienvenus, les nomades
Reçoivent un accueil humain.
En s'éloignant de la culture,
Aleko libre, insouciant,
Comme un Tzigane à l'aventure
Prend sans regret les jours fuyants.
Rien de changé dans l'existence
Des Tziganes et son passé
Est mort.Nouvelle accoutumance :
Il aime leurs bivouacs pressés,
La paresse qui les gouverne,
Leur parler pauvre et cadencé
Et, transfuge de la caverne,
L'hôte hirsute qu'il a dressé.
Devant la foule circonspecte,
Dans les hameaux ils font collecte ;
Rongeant sa chaîne, énorme et lourd,
L'ours gronde et danse au carrefour ;
Le vieux d'une main nonchalante,
Fait résonner le tambourin ;
Aleko montre l'ours et chante ;
Zemphira cueille le butin.
Quand vient la nuit, ils se rassemblent
Autour du grain non moissonné ;
Le vieillard sommeille et tout semble
Enfin au repos s'adonner.




Eugène Onéguine (lettre de Tatiana à Onéguine,extrait)

Je vous écris, est-ce assez clair ?
Que reste-t-il encore à dire ?
Il se pourrait que je m'attire
Ainsi votre dédain amer.
Pourtant si vous pouviez comprendre
Mon triste destin d'ici bas,
Vous ne m'abandonneriez pas.
D'abord j'ai pensé me défendre,
J'aurais voulu dissimuler,
Pour vous mes sentiments sincères.
Sachez que j'aurais su me taire
Si de vous voir, de vous parler,
J'avais l'espoir. J'eusse révé
Toujours, toujours à nos rencontres,
Mais dans ce pays isolé
Vous semblez être un exilé.
C'est trop distant que l'on vous montre,
Et bien qu'heureux vous accueillant,
Nous n'avons rien de très brillant.




Eugène Onéguine (avant le duel)

Vous avez fui, jours d'allégresse,
O jours dorés de ma jeunesse !
Hélàs ! que m'apprête demain ?
Il est baigné de brume épaisse,
De l'entrevoir j'essaie en vain,
Mais quel que soit pour moi le sort,
Que sa flèche me frappe à mort,
Ou passe au loin sans me blesser,
Veiller, dormir, tout est tracé ...
béni soit le jour, ses soucis !
Que la nuit soit bénie aussi !
Demain, lorsque l'aube aura lui,
Quand sonnera l'heure fatale,
Descendrai-je seul dans la nuit,
En ma demeure sépulcrale ?
Les flots rapides du Léthé
Emporteront mon souvenir !
Mais, ô toi, vierge de beauté,
Sur ma tombe vas-tu venir ?
Sur mon urne, chère pleureuse,
verser une larme en pensant :
Il m'aimait en me dédiant
L'aube de sa vie orageuse ?
Mon épouse, mon adorée,
Viens,viens à moi, ma désirée !




Le Cavalier d'Airain (prologue extrait)

Debout sur la grêve déserte
Il méditait ses hauts projets;
Des flots puissants portaient, alertes,
Un seul canot comme un jouet.
Il se disait : " A cette place
Une ville va se dresser
Comme une vivante menace
A qui voudrait nous abaisser.
Sur les ondes, pour eux nouvelles,
Vont accourir nos visiteurs,
Leurs galères, leurs caravelles;
Au large, nos navigateurs
Pourront déployer nos couleurs ! "

. . . . . . . . . .. . . . . . . . . . .

Ah, quelle ville a surgi là !
Et Moscou perd de son éclat ;
Veuve royale, elle s'incline
Devant la nouvelle tzarine!

O Pierre, j'aime ton ouvrage,
J'aime le cours majestueux
De la Néva, dans ses rivages,
Son air sévère, harmonieux ;
J'aime le dessin de ces grilles;
Ces rêves, ces nuits qui scintillent,
Quand dans une étrange clarté,
En son éclat nocturne brille
La flèche de l'Amirauté.
Je lis ou j'écris dans ma chambre
Comme à la lumière du jour,
Car desux aubes dans un ciel d'ambre
Et qui se suivent tour à tour,
Ne cèdent à la nuit leur place
Que pour quelques instants fugaces.