L'archange Gabriel s'avance avec dynamisme. Sous sa tunique légère qui, flottant dans l'air, rappelle sa nature céleste et incorporelle, il porte un vêtement vert, couleur de vie et de fécondité.
La scène est représentée à l'extérieur des architectures compliquées qui lui sert de cadre. La perspective est inversée et s'ouvre sur le spectateur qui devient en quelque sorte un protagoniste de l'événement. Un voile rouge, qui servait à tamiser la lumière, signifie en fait que l'événement à lieu à l'intérieur. Mais les constructions, en iconographie, ne doivent pas enfermer la scène. Le sens des événements que montrent les icônes ne se limite pas à leur lieu historique, ni au temps qui les a vu naître. Il embrasse tout lieu et tout temps. L'événement est toujours actuel.
La main droite de l'archange est levée en un geste de bénédiction et dirige notre regard vers la main de la Vierge qui esquisse un geste d'étonnement.
Du haut du ciel, symbolisé par un demi-cercle bleuté, jaillit l'Esprit Saint sous la forme d'une colombe. Alors, la main de Marie, qui devant l'ange marquait son étonnement ; devient tout accueil pour l'Esprit Saint qui vient vers elle.
Tempera sur bois, 94,5 x 80, 3 cm, légende en grec, début du XIV°, Ohrid. Galerie des icônes de l'église Saint-Clément.
Les deux faces datent de la même époque mais le revers n'a pas été revêtu d'argent.
Avec ses personnages en mouvement, l'effet pathétique de l'architecture, les couleurs sombres du premier plan et la luminosité du fond, la douceur de dégradé des nuances, cette œuvre compte parmi les fleurs de l'art du temps des empereurs paléologues.
Après la ruine de l'empire byzantin (1204), Ohrid est une ville du Royaume de Thessalonique, un des États latins d'Orient mis en place par les Croisés. Elle devient une ville serbe en 1346. Elle fut sous domination turque du XIV° siècle jusqu'à la première guerre mondiale.