Job 1 - Il y avait dans le pays de Hus un homme nommé Job (illustr: Bonnat)Il y avait dans le pays de Hus un homme nommé Job ; cet homme était intègre, droit, craignant Dieu et éloigné du mal. Il lui naquit sept fils et trois filles. Il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cent ânesses et un très grand nombre de serviteurs ; et cet homme était le plus grand de tous les fils de l’Orient. Ses fils avaient coutume d’aller les uns chez les autres et de se donner un festin, chacun à leur tour, et ils envoyaient inviter leurs trois sœurs à venir manger et boire avec eux. Et, quand le cercle des festins était fini, Job envoyait chercher ses fils et les purifiait ; puis il se levait de bon matin et offrait un holocauste pour chacun d’eux, car il se disait : « Peut-être mes fils ont-ils péché et offensé Dieu dans leur cœur !... » Et Job faisait ainsi chaque fois. Il arriva un jour que, les fils de Dieu étant venus se présenter devant Yahweh, Satan vint aussi au milieu d’eux. Et Yahweh dit à Satan : « D’où viens-tu ? » Satan répondit à Yahweh et dit : « De parcourir le monde et de m’y promener. » Yahweh dit à Satan : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a pas d’homme comme lui sur la terre, intègre, droit, craignant Dieu et éloigné du mal. » Satan répondit à Yahweh : « Est-ce gratuitement que Job craint Dieu ? Ne l’as-tu pas entouré comme une clôture, lui, sa maison et tout ce qui lui appartient ? Tu as béni l’œuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays. Mais étends la main, touche à tout ce qui lui appartient, et on verra s’il ne te maudit pas en face ! » Yahweh dit à Satan : « Voici, tout ce qui lui appartient est en ton pouvoir ; seulement ne porte pas la main sur lui. » Et Satan se retira de devant la face de Yahweh. Or un jour que ses fils et ses filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné, un messager vint dire à Job : « Les bœufs étaient à labourer et les ânesses paissaient autour d’eux ; tout à coup les Sabéens sont survenus et les ont enlevés. Ils ont passé les serviteurs au fil de l’épée, et je me suis échappé seul pour te l’annoncer. » Il parlait encore, lorsqu’un autre arriva et dit : « Le feu de Dieu est tombé du ciel ; il a embrasé les brebis et les serviteurs et les a dévorés, et je me suis échappé seul pour te l’annoncer. » Il parlait encore, lorsqu’un autre arriva et dit : « Les Chaldéens, partagés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux et les ont enlevés. Ils ont passé les serviteurs au fil de l’épée, et je me suis échappé seul pour te l’annoncer. Il parlait encore, lorsqu’un autre arriva et dit : « Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin chez leur frère aîné, et voilà qu’un grand vent s’est élevé de l’autre côté du désert et a saisi les quatre coins de la maison ; elle s’est écroulée sur les jeunes gens, et ils sont morts, et je me suis échappé seul pour te l’annoncer. » Alors Job se leva, il déchira son manteau et se rasa la tête ; puis, se jetant par terre, il adora et dit : « Nu je suis sorti du sein de ma mère, et nu j’y retournerai. Yahweh a donné, Yahweh a ôté ; que le nom de Yahweh soit béni ! » En tout cela, Job ne pécha point et ne dit rien d’insensé contre Dieu. | Job 1 - Il y avait dans le pays de Hus un homme nommé Job (illustr: Bonnat) (E) Il y avait dans le pays de Hus un homme nommé Job ; cet homme était intègre, droit, craignant Dieu et éloigné du mal. Il lui naquit sept fils et trois filles. Il possédait sept mille brebi ... |
Job 2 - Satan frappa Job d’une lèpre maligneIl arriva un jour que, les fils de Dieu étant venus se présenter devant Yahweh, Satan vint aussi au milieu d’eux se présenter devant Yahweh. Et Yahweh dit à Satan : « D’où viens-tu ? » Satan répondit à Yahweh et dit : « De parcourir le monde et de m’y promener. » Yahweh dit à Satan : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a pas d’homme comme lui sur la terre, intègre, droit, craignant Dieu et éloigné du mal. Il persévère toujours dans son intégrité, quoique tu m’aies provoqué à le perdre sans raison. » Satan répondit à Yahweh et dit : « Peau pour peau ! L’homme donne ce qu’il possède pour conserver sa vie. Mais étends ta main, touche ses os et sa chair, et on verra s’il ne te maudit pas en face. » Yahweh dit à Satan : « Voici que je le livre entre tes mains ; seulement épargne sa vie ! » Et Satan se retira de devant la face de Yahweh. Et il frappa Job d’une lèpre maligne depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête. Et Job prit un tesson pour gratter ses plaies et il s’assit sur la cendre. Et sa femme lui dit : « Tu persévère encore dans ton intégrité ! Maudis Dieu et meurs ! » Il lui dit : « Tu parles comme une femme insensée. Nous recevons de Dieu le bien, et nous n’en recevrions pas aussi le mal ? » En tout cela, Job ne pécha point par ses lèvres. Trois amis de Job, Eliphaz de Théman, Baldad de Suhé, et Sophar de Naama, apprirent tous les malheurs qui étaient venus sur lui ; ils partirent chacun de leur pays et se concertèrent pour venir le plaindre et le consoler. Ayant de loin levé les yeux, ils ne le reconnurent pas, et ils élevèrent la voix et pleurèrent ; ils se déchirèrent chacun leur manteau, et jetèrent de la poussière vers le ciel au-dessus de leurs têtes. Et ils se tinrent assis à terre auprès de lui sept jours et sept nuits, sans qu’aucun d’eux lui dit une parole, parce qu’ils voyaient combien sa douleur était excessive. | Job 2 - Satan frappa Job d’une lèpre maligne (E) Il arriva un jour que, les fils de Dieu étant venus se présenter devant Yahweh, Satan vint aussi au milieu d’eux se présenter devant Yahweh. Et Yahweh dit à Satan : « D’où viens-tu ? ... |
Job 3 - Job maudit le jour de sa naissanceAlors Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. Job prit la parole et dit : Périsse le jour où je suis né, et la nuit qui a dit : « Un homme est conçu ! » Ce jour, qu’il se change en ténèbres, que Dieu d’en haut n’en ait pas souci, que la lumière ne brille pas sur lui ! Que les ténèbres et l’ombre de la mort le revendiquent, qu’un nuage épais le couvre, que l’éclipse de sa lumière jette l’épouvante ! Cette nuit, que les ténèbres en fassent leur proie, qu’elle ne compte pas dans les jours de l’année, qu’elle n’entre pas dans la supputation des mois ! Que cette nuit soit un désert stérile, qu’on n’y entende pas de cri d’allégresse ! Que ceux-là la maudissent, qui maudissent les jours, qui savent évoquer Léviathan ! Que les étoiles de son crépuscule s’obscurcissent, qu’elle attende la lumière, sans qu’elle vienne, et qu’elle ne voie point les paupières de l’aurore, parce qu’elle ne m’a pas fermé les portes du sein, et n’a pas dérobé la souffrance à mes regards ! Que ne suis-je mort dès le ventre de ma mère, au sortir de ses entrailles que n’ai-je expiré ! Pourquoi ai-je trouvé deux genoux pour me recevoir, et pourquoi deux mamelles à sucer ? Maintenant je serais couché et en paix, je dormirais et je me reposerais avec les rois et les grands de la terre, qui se sont bâti des mausolées ; avec les princes qui avaient de l’or, et remplissaient d’argent leur demeures. Ou bien, comme l’avorton ignoré, je n’existerais pas, comme ces enfants qui n’ont pas vu la lumière. Là les méchants n’exercent plus leurs violences, là se repose l’homme épuisé de forces ; les captifs y sont tous en paix, ils n’entendent plus la voix de l’exacteur. Là se trouvent le petit et le grand, l’esclave affranchi de son maître. Pourquoi donner la lumière aux malheureux, et la vie à ceux dont l’âme est remplie d’amertume, qui espèrent la mort, et la mort ne vient pas, qui la cherchent plus ardemment que les trésors ; qui sont heureux, qui tressaillent d’aise et se réjouissent quand ils ont trouvé le tombeau ; à l’homme dont la route est cachée et que Dieu enferme de toutes parts ? Mes soupirs sont comme mon pain et mes gémissements se répandent comme l’eau. Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; ce que je redoute fond sur moi. Plus de tranquillité, plus de paix, plus de repos, et le trouble m’a saisi. | Job 3 - Job maudit le jour de sa naissance (E) Alors Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. Job prit la parole et dit : Périsse le jour où je suis né, et la nuit qui a dit : « Un homme est conçu ! » Ce jour, qu’i ... |
Job 4 - maintenant que le malheur vient à toi, tu faiblisAlors Eliphaz de Théman prit la parole et dit : Si nous risquons un mot, peut-être en seras-tu affligé ; mais qui pourrait retenir ses paroles ? Voilà que tu en as instruit plusieurs, que tu as fortifié les mains débiles, que tes paroles ont relevé ceux qui chancelaient, que tu as raffermi les genoux vacillants !... Et maintenant que le malheur vient à toi, tu faiblis ; maintenant qu’il t’atteint, tu perds courage !... Ta crainte de Dieu n’était-elle pas ton espoir ? Ta confiance n’était-elle pas dans la pureté de ta vie ? Cherche dans ton souvenir : quel est l’innocent qui a péri ? En quel lieu du monde les justes ont-ils été exterminés ? Pour moi, je l’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment l’injustice, en moissonnent les fruits. Au souffle de Dieu ils périssent, ils sont consumés par le vent de sa colère. Le rugissement du lion et sa voix tonnante sont étouffés, et les dents du jeune lion sont brisées ; le lion périt faute de proie, et les petits de la lionne se dispersent. Une parole est arrivée furtivement jusqu’à moi, et mon oreille en a saisi le léger murmure. Dans le vague des visions de la nuit, à l’heure où un sommeil profond pèse sur les mortels, une frayeur et un tremblement me saisirent, et agitèrent tous mes os. Un esprit passait devant moi... Les poils de ma chair se hérissèrent. Il se dressa, —je ne reconnus pas son visage,— comme un spectre sous mes yeux. Un grand silence, puis j’entendis une voix : L’homme sera-t-il juste vis-à-vis de Dieu ? Un mortel sera-t-il pur en face de son Créateur ? Voici qu’il ne se fie pas à ses serviteurs, et qu’il découvre des fautes dans ses anges : combien plus en ceux qui habitent des maisons de boue, qui ont leurs fondements dans la poussière, qui seront réduits en poudre, comme par la teigne ! Du matin au soir ils sont exterminés, et sans que nul y prenne garde, ils périssent pour jamais. La corde de leur tente est coupée, ils meurent avant d’avoir connu la sagesse. | Job 4 - maintenant que le malheur vient à toi, tu faiblis (E) Alors Eliphaz de Théman prit la parole et dit : Si nous risquons un mot, peut-être en seras-tu affligé ; mais qui pourrait retenir ses paroles ? Voilà que tu en as instruit plusieurs, que tu as fortifi&eac ... |
Job 5 - Appelle donc ! Y aura-t-il quelqu’un qui te réponde ?Appelle donc ! Y aura-t-il quelqu’un qui te réponde ? Vers lequel des saints te tourneras-tu ? La colère tue l’insensé, et l’emportement fait mourir le fou. J’ai vu l’insensé étendre ses racines, et soudain j’ai maudit sa demeure. Plus de salut pour ses fils ; on les écrase à la porte, et personne ne les défend. L’homme affamé dévore sa moisson, il franchit la haie d’épines et l’emporte ; l’homme altéré engloutit ses richesses. Car le malheur ne sort pas de la poussière, et la souffrance ne germe pas du sol, de telle sorte que l’homme naisse pour la peine, comme les fils de la foudre pour élever leur vol. A ta place, je me tournerais vers Dieu, c’est vers lui que je dirigerais ma prière. Il fait des choses grandes, qu’on ne peut sonder ; des prodiges qu’on ne saurait compter. Il verse la pluie sur la terre, il envoie les eaux sur les campagnes, il exalte ceux qui sont abaissés, et les affligés retrouvent le bonheur. Il déjoue les projets des perfides, et leurs mains ne peuvent réaliser leurs complots. Il prend les habiles dans leur propre ruse, et renverse les conseils des hommes astucieux. Durant le jour, ils rencontrent les ténèbres ; en plein midi, ils tâtonnent comme dans la nuit. Dieu sauve le faible du glaive de leur langue, et de la main du puissant. Alors l’espérance revient au malheureux ; et l’iniquité ferme la bouche. Heureux l’homme que Dieu châtie ! Ne méprise donc pas la correction du Tout-Puissant. Car il fait la blessure, et il la bande ; il frappe, et sa main guérit. Six fois il te délivrera de l’angoisse, et, à la septième, le mal ne t’atteindra pas. Dans la famine, il te sauvera de la mort ; dans le combat, des coups d’épée. Tu seras à l’abri du fouet de la langue, tu seras sans crainte quand viendra la dévastation. Tu te riras de la dévastation et de la famine, tu ne redouteras pas les bêtes de la terre. Car tu auras une alliance avec les pierres des champs, et les bêtes de la terre seront en paix avec toi. Tu verras le bonheur régner sous ta tente ; tu visiteras tes pâturages, et rien n’y manquera. Tu verras ta postérité s’accroître, et tes rejetons se multiplier comme l’herbe des champs. Tu entreras mûr dans le tombeau, comme une gerbe qu’on enlève en son temps. Voilà ce que nous avons observé : c’est la vérité ! Ecoute-le, et fais-en ton profit. | Job 5 - Appelle donc ! Y aura-t-il quelqu’un qui te réponde ? (E) Appelle donc ! Y aura-t-il quelqu’un qui te réponde ? Vers lequel des saints te tourneras-tu ? La colère tue l’insensé, et l’emportement fait mourir le fou. J’ai vu l’insensé ... |
Job 6 - Job prit la parole et dit : Oh ! S’il était possible de peser mon afflictionAlors Job prit la parole et dit : Oh ! S’il était possible de peser mon affliction, et de mettre toutes ensemble mes calamités dans la balance !... Elles seraient plus pesantes que le sable de la mer : voilà pourquoi mes paroles vont jusqu’à la folie. Car les flèches du Tout-Puissant me transpercent, et mon âme en boit le venin ; les terreurs de Dieu sont rangées en bataille contre moi. Est-ce que l’onagre rugit auprès de l’herbe tendre ? Est-ce que le bœuf mugit devant sa pâture ? Comment se nourrir d’un mets fade et sans sel, ou bien trouver du goût au jus d’une herbe insipide ? Ce que mon âme se refuse à toucher, c’est là mon pain, tout couvert de souillures. Qui me donnera que mon vœu s’accomplisse, et que Dieu réalise mon attente ! Que Dieu daigne me briser, qu’il laisse aller sa main et qu’il tranche mes jours ! Et qu’il me reste du moins cette consolation, que j’en tressaille dans les maux dont il m’accable : de n’avoir jamais transgressé les commandements du Saint ! Quelle est ma force, pour que j’attende ? Quelle est la durée de mes jours, pour que j’aie patience ? Ma force est-elle la force des pierres, et ma chair est-elle d’airain ? Ne suis-je pas dénué de tout secours, et tout espoir de salut ne m’est-il pas enlevé ? Le malheureux a droit à la pitié de son ami, eût-il même abandonné la crainte du Tout-Puissant. Mes frères ont été perfides comme le torrent, comme l’eau des torrents qui s’écoulent. Les glaçons en troublent le cours, la neige disparaît dans leurs flots. Au temps de la sécheresse, ils s’évanouissent ; aux premières chaleurs, leur lit est desséché. Dans des sentiers divers leurs eaux se perdent, elles s’évaporent dans les airs, et ils tarissent. Les caravanes de Théma comptaient sur eux ; les voyageurs de Saba espéraient en eux ; ils sont frustrés dans leur attente ; arrivés sur leurs bords, ils restent confondus. Ainsi vous me manquez à cette heure ; à la vue de l’infortune, vous fuyez épouvantés. Vous ai-je dit : « Donnez-moi quelque chose, faites-moi part de vos biens, délivrez-moi de la main de l’ennemi, arrachez-moi de la main des brigands ? » Instruisez-moi, et je vous écouterai en silence ; faites-moi voir en quoi j’ai failli. Qu’elles ont de force les paroles équitables ! Mais sur quoi tombe votre blâme ? Voulez-vous donc censurer des mots ? Les discours échappés au désespoir sont la proie du vent. Ah ! Vous jetez le filet sur un orphelin, vous creusez un piège à votre ami ! Maintenant, daignez vous retourner vers moi, et vous verrez si je vous mens en face. Revenez, ne soyez pas injustes ; revenez, et mon innocence apparaîtra. Y a-t-il de l’iniquité sur ma langue, ou bien mon palais ne sait-il pas discerner le mal ? | Job 6 - Job prit la parole et dit : Oh ! S’il était possible de peser mon affliction (E) Alors Job prit la parole et dit : Oh ! S’il était possible de peser mon affliction, et de mettre toutes ensemble mes calamités dans la balance !... Elles seraient plus pesantes que le sable de la mer : voil&agrav ... |
Job 7 - Quand finira la nuit ? je suis rassasié d’angoisses jusqu’au jour.La vie de l’homme sur la terre est un temps de service, et ses jours sont comme ceux du mercenaire. Comme l’esclave soupire après l’ombre, comme l’ouvrier attend son salaire, ainsi j’ai eu en partage des mois de douleur, pour mon lot, des nuits de souffrance. Si je me couche, je dis : « Quand me lèverai-je ? Quand finira la nuit ? » et je suis rassasié d’angoisses jusqu’au jour. Ma chair se couvre de vers et d’une croûte terreuse, ma peau se gerce et coule. Mes jours passent plus rapides que la navette, ils s’évanouissent : plus d’espérance ! O Dieu, souviens-toi que ma vie n’est qu’un souffle ! Mes yeux ne verront pas le bonheur. L’œil qui me regarde ne m’apercevra plus ; ton œil me cherchera, et je ne serai plus. Le nuage se dissipe et passe ; ainsi celui qui descend au schéol ne remontera plus ; il ne retournera plus dans sa maison ; le lieu qu’il habitait ne le reconnaîtra plus. C’est pourquoi je ne retiendrai pas ma langue, je parlerai dans l’angoisse de mon esprit, j’exalterai mes plaintes dans l’amertume de mon âme. Suis-je la mer ou un monstre marin, pour que tu poses une barrière autour de moi ? Quand je dis : « Mon lit me soulagera, ma couche calmera mes soupirs, » alors tu m’effraies par des songes, tu m’épouvantes par des visions. Ah ! Mon âme préfère la mort violente, mes os appellent le trépas. Je suis en proie à la dissolution, la vie m’échappe pour jamais. Laisse-moi, car mes jours ne sont qu’un souffle. Qu’est-ce que l’homme, pour que tu en fasses tant d’estime, que tu daignes t’occuper de lui, que tu le visites chaque matin, et qu’à chaque instant tu l’éprouves ? Quand cesseras-ru d’avoir le regard sur moi ? Quand me laisseras-tu le temps d’avaler ma salive ? Si j’ai péché, que puis-je te faire, ô Gardien des hommes ? Pourquoi me mettre en butte à tes traits, et me rendre à charge à moi-même ? Que ne pardonnes-tu mon offense ? Que n’oublies-tu mon iniquité ? Car bientôt je dormirai dans la poussière ; tu me chercheras, et je ne serai plus. | Job 7 - Quand finira la nuit ? je suis rassasié d’angoisses jusqu’au jour. (E) La vie de l’homme sur la terre est un temps de service, et ses jours sont comme ceux du mercenaire. Comme l’esclave soupire après l’ombre, comme l’ouvrier attend son salaire, ainsi j’ai eu en par ... |
Job 8 - si tu es droit et pur, alors il veillera sur toiAlors Baldad de Suhé prit la parole et dit : Jusques à quand tiendras-tu ces discours, et tes paroles seront-elles comme un souffle de tempête ? Est-ce que Dieu fait fléchir le droit, ou bien le Tout-Puissant renverse-t-il la justice ? Si tes fils ont péché contre lui, il les a livrés aux mains de leur iniquité. Pour toi, si tu as recours à Dieu, si tu implores le Tout-Puissant, si tu es droit et pur, alors il veillera sur toi, il rendra le bonheur à la demeure de ta justice ; ton premier état semblera peu de chose, tant le second sera florissant. Interroge les générations passées, sois attentif à l’expérience des pères : car nous sommes d’hier, et nous ne savons rien, nos jours sur la terre passent comme l’ombre ; ne vont-ils pas t’enseigner, te parler, et de leur cœur tirer des sentences : « Le papyrus croît-il en dehors des marais ? Le jonc s’élève-t-il sans eau ? Encore tendre, sans qu’on le coupe, il sèche avant toute herbe. Telles sont les voies de tous ceux qui oublient Dieu ; l’espérance de l’impie périra. Sa confiance sera brisée ; son assurance ressemble à la toile de l’araignée. Il s’appuie sur sa maison, et elle ne tient pas ; il s’y attache, et elle ne reste pas debout. Il est plein de vigueur, au soleil, ses rameaux s’étendent sur son jardin, ses racines s’entrelacent parmi les pierres, il plonge jusqu’aux profondeurs du roc. Si Dieu l’arrache de sa place, sa place le renie : Je ne t’ai jamais vu. C’est là que sa joie se termine, et du même sol d’autres s’élèveront après lui. » Non, Dieu ne rejette pas l’innocent, il ne prend pas la main des malfaiteurs. Il remplira ta bouche d’éclats de rire, et mettra sur tes lèvres des chants d’allégresse. Tes ennemis seront couverts de honte, et la tente des méchants disparaîtra. | Job 8 - si tu es droit et pur, alors il veillera sur toi (E) Alors Baldad de Suhé prit la parole et dit : Jusques à quand tiendras-tu ces discours, et tes paroles seront-elles comme un souffle de tempête ? Est-ce que Dieu fait fléchir le droit, ou bien le Tout-Puiss ... |
Job 9 - Voici qu’il passe près de moi, et je ne le vois pasAlors Job prit la parole et dit : Je sais bien qu’il en est ainsi : comment l’homme serait-il juste vis-à-vis de Dieu ? S’il voulait contester avec lui, sur mille choses il ne pourrait répondre à une seule. Dieu est sage en son cœur, et puissant en force qui lui a résisté, et est demeuré en paix ? Il transporte les montagnes, sans qu’elles le sachent, il les renverse dans sa colère ; Il secoue la terre sur sa base, et ses colonnes sont ébranlées. Il commande au soleil, et le soleil ne se lève pas ; il met un sceau sur les étoiles. Seul, il étend les cieux, il marche sur les hauteurs de la mer. Il a créé la Grande Ourse, Orion, les Pléiades, et les régions du ciel austral. Il fait des merveilles qu’on ne peut sonder, des prodiges qu’on ne saurait compter. Voici qu’il passe près de moi, et je ne le vois pas il s’éloigne, sans que je l’aperçoive. S’il ravit une proie, qui s’y opposera, qui lui dira : « Que fais-tu ? » Dieu ! Rien ne fléchit sa colère : devant lui s’inclinent les légions d’orgueil. Et moi je songerais à lui répondre, à choisir mes paroles pour discuter avec lui ! Aurais-je pour moi la justice, je ne répondrais pas. J’implorerais la clémence de mon juge. Même s’il se rendait à mon appel, je ne croirais pas qu’il eût écouté ma voix : lui qui me brise comme dans un tourbillon, et multiplie mes blessures sans motif ; qui ne me laisse point respirer, et me rassasie d’amertume. S’agit-il de force, voici qu’il est fort, s’agit-il de droit, il dit : « Qui m’assigne ? » Serais-je irréprochable, ma bouche même me condamnerait ; serais-je innocent, elle me déclarerait pervers. Innocent ! Je le suis ; je ne tiens pas à l’existence, et la vie m’est à charge. Il m’importe après tout ; c’est pourquoi j’ai dit : « Il fait périr également le juste et l’impie. » Si du moins le fléau tuait d’un seul coup ! Hélas ! Il se rit des épreuves de l’innocent ! La terre est livrée aux mains du méchant, Dieu voile la face de ses juges : si ce n’est pas lui, qui est-ce donc ? Mes jours sont plus rapides qu’un courrier, ils fuient sans avoir vu le bonheur ; ils passent comme la barque de jonc, comme l’aigle qui fond sur sa proie. Si je dis : « Je veux oublier ma plainte, quitter mon air triste, prendre un air joyeux, » je tremble pour toutes mes douleurs, je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent. Je serai jugé coupable : pourquoi prendre une peine inutile ? Quand je me laverais dans la neige, quand je purifierais mes mains avec le bore, tu me plongerais dans la fange, et mes vêtements m’auraient en horreur. Dieu n’est pas un homme comme moi, pour que je lui réponde, pour que nous comparaissions ensemble en justice. Il n’y a pas entre nous d’arbitre qui pose sa main sur nous deux. Qu’il retire sa verge de dessus moi, que ses terreurs cessent de m’épouvanter : alors je parlerai sans le craindre ; autrement, je ne suis point à moi-même. | Job 9 - Voici qu’il passe près de moi, et je ne le vois pas (E) Alors Job prit la parole et dit : Je sais bien qu’il en est ainsi : comment l’homme serait-il juste vis-à-vis de Dieu ? S’il voulait contester avec lui, sur mille choses il ne pourrait répondre &agrav ... |
Job 10 - Trouves-tu du plaisir à opprimer, à repousser l’œuvre de tes mainsMon âme est lasse de la vie ; je donnerai libre cours à ma plainte, je parlerai dans l’amertume de mon cœur. Je dis à Dieu : Ne me condamne point ; apprends-moi sur quoi tu me prends à partie. Trouves-tu du plaisir à opprimer, à repousser l’œuvre de tes mains, à faire luire ta faveur sur le conseil des méchants ? As-tu des yeux de chair, ou bien vois-tu comme voient les hommes ? Tes jours sont-ils comme les jours de l’homme, ou bien tes années comme les années d’un mortel, pour que tu recherches mon iniquité, pour que tu poursuives mon péché, quand tu sais que je ne suis pas coupable, et que nul ne peut me délivrer de ta main ? Tes mains m’ont formé et façonné, tout entier, et tu voudrais me détruire ! Souviens-toi que tu m’as pétri comme l’argile : et tu me ramènerais à la poussière ! Ne m’as-tu pas coulé comme le lait, et coagulé comme le fromage ? Tu m’as revêtu de peau et de chair, tu m’as tissé d’os et de nerfs. Avec la vie, tu m’as accordé ta faveur, et ta providence a gardé mon âme. Et pourtant, voilà ce que tu cachais dans ton cœur : Je vois bien ce que tu méditais. Si je pèche, tu m’observes, tu ne me pardonnes pas mon iniquité. Suis-je coupable, malheur à moi ! Suis-je innocent, je n’ose lever la tête, rassasié de honte, et voyant ma misère. Si je me relève, tu me poursuis comme un lion, tu recommences à me tourmenter étrangement, tu m’opposes de nouveaux témoins ; tu redoubles de fureur contre moi, des troupes de rechange viennent m’assaillir. Pourquoi m’as-tu tiré du sein de ma mère ? Je serais mort, et aucun œil ne m’aurait vu. Je serais comme si je n’eusse jamais été, du sein maternel j’aurais été porté au sépulcre. Mes jours ne sont-ils pas bien courts ? Qu’il me laisse ! Qu’il se retire et que je respire un instant, avant que je m’en aille, pour ne plus revenir, dans la région des ténèbres et de l’ombre de la mort, morne et sombre région, où règnent l’ombre de la mort et le chaos, où la clarté est pareille aux ténèbres. | Job 10 - Trouves-tu du plaisir à opprimer, à repousser l’œuvre de tes mains (E) Mon âme est lasse de la vie ; je donnerai libre cours à ma plainte, je parlerai dans l’amertume de mon cœur. Je dis à Dieu : Ne me condamne point ; apprends-moi sur quoi tu me prends à partie. ... |
Job 11 - Prétends-tu sonder les profondeurs de Dieu, atteindre la perfection du Tout-Puissant ?Alors Sophar de Naama prit la parole et dit : La multitude des paroles restera-t-elle sans réponse, et le bavard aura-t-il raison ? Tes vains propos feront-ils taire les gens ? Te moqueras-tu, sans que personne ne te confonde ? Tu as dit à Dieu : « Ma pensée est la vraie, et je suis irréprochable devant toi. » Oh ! Si Dieu voulait parler, s’il ouvrait les lèvres pour te répondre ; s’il te révélait les secrets de sa sagesse, les replis cachés de ses desseins, tu verrais alors qu’il oublie une part de tes crimes. Prétends-tu sonder les profondeurs de Dieu, atteindre la perfection du Tout-Puissant ? Elle est haute comme les cieux : que feras-tu ? Plus profonde que le séjour des morts : que sauras-tu ? Sa mesure est plus longue que la terre, elle est plus large que la mer. S’il fond sur le coupable, s’il l’arrête, s’il convoque le tribunal, qui s’y opposera ? Car il connaît les pervers, il découvre l’iniquité avant qu’elle s’en doute. A cette vue, le fou même comprendrait, et le petit de l’onagre deviendrait raisonnable. Pour toi, si tu diriges ton cœur vers Dieu, et que tu étendes vers lui tes bras, si tu éloignes l’iniquité qui est dans tes mains, et que tu ne laisses pas l’injustice habiter sous ta tente, alors tu lèveras ton front sans tache, tu seras inébranlable et tu ne craindras plus. Tu oublieras alors tes souffrances, tu t’en souviendras comme des eaux écoulées ; L’avenir se lèvera pour toi plus brillant que le midi, les ténèbres se changeront en aurore. Tu seras plein de confiance, et ton attente ne sera pas veine ; tu regarderas autour de toi, et tu te coucheras tranquille. Tu reposeras, sans que personne t’inquiète, et plusieurs caresseront ton visage. Mais les yeux des méchants se consumeront : pour eux, point de refuge ; leur espérance est le souffle d’un mourant. | Job 11 - Prétends-tu sonder les profondeurs de Dieu, atteindre la perfection du Tout-Puissant ? (E) Alors Sophar de Naama prit la parole et dit : La multitude des paroles restera-t-elle sans réponse, et le bavard aura-t-il raison ? Tes vains propos feront-ils taire les gens ? Te moqueras-tu, sans que personne ne te confonde ... |
Job 12 - Je suis la risée de mes amis, moi qui invoquais Dieu, moi le juste, l’innocent !Alors Job prit la parole et dit : Vraiment vous êtes aussi sages que tout un peuple, et avec vous mourra la sagesse ! Moi aussi, j’ai de l’intelligence comme vous, je ne vous le cède en rien, et qui ne sait les choses que vous dites ? Je suis la risée de mes amis, moi qui invoquais Dieu et à qui Dieu répondait ; leur risée, moi le juste, l’innocent !... Honte au malheur ! C’est la devise des heureux ; le mépris attend celui dont le pied chancelle. La paix cependant règne sous la tente des brigands, la sécurité pour ceux qui provoquent Dieu, et qui n’ont d’autres dieu que leur bras. Mais, de grâce, interroge les bêtes, et elles t’instruiront, les oiseaux du ciel, et ils te l’apprendront ; ou bien parle à la terre, et elle t’enseignera ; les poissons même de la mer te le raconteront. Qui ne sait, parmi tous ces êtres, que la main de Yahweh a fait ces choses, qu’il tient dans sa main l’âme de tout ce qui vit, et le souffle de tous les humains ? L’oreille ne discerne-t-elle pas les paroles, comme le palais savoure les aliments ? Aux cheveux blancs appartient la sagesse, la prudence est le fruit des longs jours. En Dieu résident la sagesse et la puissance, à lui le conseil et l’intelligence. Voici qu’il renverse et l’on ne rebâtit pas ; il ferme la porte sur l’homme, et on le lui ouvre pas. Voici qu’il arrête les eaux, elles tarissent ; il les lâche, elles bouleversent la terre. A lui la force et la prudence, à lui celui qui est égaré et celui qui égare. Il emmène captifs les conseillers des peuples, et il ôte le sens aux juges. Il délie la ceinture des rois, et ceint leurs reins d’une corde. Il traîne les prêtres en captivité, et renverse les puissants. Il ôte la parole aux hommes les plus habiles, et il enlève le jugement aux vieillards. Il verse le mépris sur les nobles, et il relâche la ceinture des forts. Il met à découvert les choses cachées dans les ténèbres, et produit à la lumière l’ombre de la mort. Il fait croître les nations, et il les anéantit ; il les étend et il les resserre. Il ôte l’intelligence aux chefs des peuples de la terre, et les égare dans des déserts sans chemin ; ils tâtonnent dans les ténèbres, loin de la lumière ; il les fait errer comme un homme ivre. | Job 12 - Je suis la risée de mes amis, moi qui invoquais Dieu, moi le juste, l’innocent ! (E) Alors Job prit la parole et dit : Vraiment vous êtes aussi sages que tout un peuple, et avec vous mourra la sagesse ! Moi aussi, j’ai de l’intelligence comme vous, je ne vous le cède en rien, et qui ne sait ... |
Job 13 - je veux parler au Tout-Puissant, je veux plaider ma cause avec DieuVoilà que mon œil a vu tout cela, mon oreille l’a entendu et compris. Ce que vous savez, moi aussi je le sais, je ne vous suis en rien inférieur. Mais je veux parler au Tout-Puissant, je veux plaider ma cause avec Dieu. Car vous n’êtes que des charlatans, vous êtes tous des médecins inutiles. Que ne gardiez-vous le silence ! Il vous eût tenu lieu de sagesse. Ecoutez, je vous prie, ma défense, soyez attentifs au plaidoyer de mes lèvres. Parlerez-vous mensonge en faveur de Dieu, pour lui, parlerez-vous tromperie ? Ferez-vous pour Dieu acception de personnes, vous constituerez-vous avocats ? Vous en saura-t-il gré, s’il sonde vos cœurs ? Le tromperez-vous comme on trompe un homme ? Certainement il vous condamnera, si vous faites en secret acception de personnes. Oui, sa majesté vous épouvantera, ses terreurs tomberont sur vous. Vos arguments sont des raisons de poussière, vos forteresses sont des forteresses d’argile. Taisez-vous, laissez-moi, je veux parler ; il m’en arrivera ce qu’il pourra. Je veux prendre ma chair entre les dents, je veux mettre mon âme dans ma main. Quand il me tuerait, que je n’aurais rien à espérer, je défendrai devant lui ma conduite. Mais il sera mon salut, car l’impie ne saurait paraître en sa présence. Ecoutez donc mes paroles, prêtez l’oreille à mon discours. Voici que j’ai préparé ma cause, je sais que je serai justifié. Est-il quelqu’un qui veuille plaider contre moi ? A l’instant même je veux me taire et mourir. Seulement épargne-moi deux choses, ô Dieu, et je ne me cacherai pas devant ta face : éloigne ta main de dessus moi, et que tes terreurs ne m’épouvantent plus. Après cela, appelle, et je répondrai ; ou bien je parlerai d’abord, et tu me répondras. Quel est le nombre de mes iniquités et de mes péchés ? Fais-moi connaître mes transgressions et mes offenses. Pourquoi cacher ainsi ton visage, et me regarder comme ton ennemi ! Veux-tu donc effrayer une feuille agitée par le vent, poursuivre une paille desséchée, pour que tu écrives contre moi des choses amères, pour que tu m’imputes les fautes de ma jeunesse, pour que tu mettes mes pieds dans les ceps, que tu observes toutes mes démarches, que tu traces une limite à la plante de mes pieds, alors que mon corps se consume comme un bois vermoulu, comme un vêtement que dévore la teigne. | Job 13 - je veux parler au Tout-Puissant, je veux plaider ma cause avec Dieu (E) Voilà que mon œil a vu tout cela, mon oreille l’a entendu et compris. Ce que vous savez, moi aussi je le sais, je ne vous suis en rien inférieur. Mais je veux parler au Tout-Puissant, je veux plaider ma cau ... |
Job 14 - Un arbre a de l’espérance : coupé, il peut verdir encoreL’homme né de la femme vit peu de jours, et il est rassasié de misères. Comme la fleur, il naît, et on le coupe ; il fuit comme l’ombre, sans s’arrêter. Et c’est sur lui que tu as l’œil ouvert, lui que tu amènes en justice avec toi ! Qui peut tirer le pur de l’impur ? Personne. Si les jours de l’homme sont comptés, si tu as fixé le nombre de ses mois, si tu as posé un terme qu’il ne doit pas franchir, détourne de lui tes yeux pour qu’il se repose, jusqu’à ce qu’il goûte, comme le mercenaire, la fin de sa journée. Un arbre a de l’espérance : coupé, il peut verdir encore, il ne cessera pas d’avoir des rejetons. Que sa racine ait vieilli dans la terre, que son tronc soit mort dans la poussière, dès qu’il sent l’eau, il reverdit, il pousse des branches comme un jeune plant. Mais l’homme meurt, et il reste étendu ; quand il a expiré, où est-il ? Les eaux du lac disparaissent, le fleuve tarit et se dessèche : ainsi l’homme se couche et ne se relève plus, il ne se réveillera pas tant que subsistera le ciel, on ne le fera pas sortir de son sommeil. Oh ! Si tu voulais me cacher dans le séjour des morts, m’y tenir à couvert jusqu’à ce que ta colère ait passé, me fixer un terme où tu te souviendrais de moi ! Si l’homme une fois mort pouvait revivre ! Tout le temps de mon service j’attendrais qu’on vînt me relever. Tu m’appellerais alors, et moi je te répondrais ; tu languirais après l’ouvrage de tes mains. Mais hélas ! Maintenant, tu comptes mes pas, tu as l’œil ouvert sur mes péchés ; mes transgressions sont scellées dans une bourse, et tu mets un enduit sur mes iniquités. La montagne s’écroule et s’efface ; le rocher est transporté hors de sa place ; les eaux creusent la pierre, leurs flots débordés entraînent la poussière du sol : ainsi tu anéantis l’espérance de l’homme. Tu l’abats sans retour, et il s’en va ; tu flétris son visage, et tu le congédies. Que ses enfants soient honorés, il n’en sait rien ; qu’ils soient dans l’abaissement, il l’ignore. Sa chair ne sent que ses propres souffrances, son âme ne gémit que sur elle-même. | Job 14 - Un arbre a de l’espérance : coupé, il peut verdir encore (E) L’homme né de la femme vit peu de jours, et il est rassasié de misères. Comme la fleur, il naît, et on le coupe ; il fuit comme l’ombre, sans s’arrêter. Et c’est sur lui que t ... |
Job 15 - Ce n’est pas moi, c’est ta bouche qui te condamneAlors Eliphaz de Théman prit la parole et dit : Le sage répond-il par une science vaine ? Se gonfle-t-il la poitrine de vent ? Se défend-il par de futiles propos, par des discours qui ne servent à rien ? Toi, tu détruis même la crainte de Dieu, tu anéantis toute piété envers Dieu. Ta bouche révèle ton iniquité, et tu prends le langage les fourbes. Ce n’est pas moi, c’est ta bouche qui te condamne, ce sont tes lèvres qui déposent contre toi. Es-tu né le premier des hommes ? As-tu été enfanté avant les collines ? As-tu assisté au conseil de Dieu ? As-tu dérobé pour toi seul la sagesse ? Que sais-tu, que nous ne sachions ? Qu’as-tu appris, qui ne nous soit familier ? Nous avons aussi parmi nous des cheveux blancs, des vieillards plus riches de jours que ton père. Tiens-tu pour peu de chose les consolations de Dieu et les douces paroles que nous t’adressons ? Où ton cœur t’emporte-t-il, et que signifie ce roulement de tes yeux ? Quoi ! C’est contre Dieu que tu tournes ta colère, et que de ta bouche tu fais sortir de tels discours ? Qu’est-ce que l’homme, pour qu’il soit pur, le fils de la femme, pour qu’il soit juste ? Voici que Dieu ne se fie pas même à ses saints, et les cieux ne sont pas purs devant lui : combien moins cet être abominable et pervers, l’homme qui boit l’iniquité comme l’eau ! Je vais t’instruire, écoute-moi ; je raconterai ce que j’ai vu, ce que les sages enseignent, — ils ne le cachent pas, l’ayant appris de leurs pères ; à eux seuls avait été donné le pays, et parmi eux jamais ne passa l’étranger.— « Le méchant, durant tous ses jours, est rongé par l’angoisse ; un petit nombre d’années sont réservées à l’oppresseur. Des bruits effrayants retentissent à ses oreilles ; au sein de la paix, le dévastateur fond sur lui. Il n’espère pas échapper aux ténèbres, il sent qu’il est guetté pour le glaive. Il erre pour chercher son pain ; il sait que le jour des ténèbres est prêt, à ses côtés. La détresse et l’angoisse tombent sur lui ; Elles l’assaillent comme un roi armé pour le combat. Car il a levé sa main contre Dieu, il a bravé le Tout-Puissant, il a couru sur lui le cou raide, sous le dos épais de ses boucliers. Il avait le visage couvert de graisse, et les flancs chargés d’embonpoint. Il occupait des villes qui ne sont plus, des maisons qui n’ont plus d’habitants, vouées à devenir des monceaux de pierre. Il ne s’enrichira plus, sa fortune ne tiendra pas, ses possessions ne s’étendront plus sur la terre. Il n’échappera pas aux ténèbres ; la flamme desséchera ses rejetons, et il sera emporté par le souffle de la bouche de Dieu. Qu’il n’espère rien du mensonge, il y sera pris ; le mensonge sera sa récompense. Elle arrivera avant que ses jours soient pleins, et son rameau ne verdira plus. Il secouera, comme la vigne, son fruit à peine éclos il laissera tomber sa fleur, comme l’olivier. Car la maison de l’impie est stérile, et le feu dévore la tente du juge corrompu. Il a conçu le mal, et il enfante le malheur, dans son sein mûrit un fruit de déception. » | Job 15 - Ce n’est pas moi, c’est ta bouche qui te condamne (E) Alors Eliphaz de Théman prit la parole et dit : Le sage répond-il par une science vaine ? Se gonfle-t-il la poitrine de vent ? Se défend-il par de futiles propos, par des discours qui ne servent à rien ? ... |
Job 16 - vous êtes tous d’insupportables consolateursAlors Job prit la parole et dit : J’ai souvent entendu de semblables harangues ; vous êtes tous d’insupportables consolateurs. Quand finiront ces vains discours ? Quel aiguillon t’excite à répliquer ? Moi aussi, je saurais parler comme vous, si vous étiez à ma place ; j’arrangerais de beaux discours à votre adresse, je secouerais la tête sur vous ; je vous encouragerais de la bouche, et vous auriez pour soulagement l’agitation de mes lèvres. Si je parle, ma douleur n’est pas adoucie ; si je me tais, en est-elle soulagée ? Aujourd’hui, hélas ! Dieu a épuisé mes forces... ô Dieu, tu as moissonné tous mes proches. Tu me garrottes... c’est un témoignage contre moi !... ma maigreur se lève contre moi, en face elle m’accuse. Sa colère me déchire et me poursuit, il grince des dents contre moi ; mon ennemi darde sur moi ses regards. Ils ouvrent leur bouche pour me dévorer, ils me frappent la joue avec outrage, ils se liguent tous ensemble pour me perdre. Dieu m’a livré au pervers, il m’a jeté entre les mains des méchants. J’étais en paix, et il m’a secoué, il m’a saisi par la nuque, et il m’a brisé. Il m’a posé en but à ses traits, ses flèches volent autour de moi ; il perce mes flancs sans pitié, il répand mes entrailles sur la terre ; il me fait brèche sur brèche, il fond sur moi comme un géant. J’ai cousu un sac sur ma peau, et j’ai roulé mon front dans la poussière. Mon visage est tout rouge de larmes, et l’ombre de la mort s’étend sur mes paupières, quoiqu’il n’y ait pas d’iniquités dans mes mains, et que ma prière soit pure. O terre, ne couvre point mon sang, et que mes cris s’élèvent librement ! A cette heure même, voici que j’ai mon témoin dans le ciel, mon défenseur dans les hauts lieux. Mes amis se moquent de moi, c’est vers Dieu que pleurent mes yeux. Qu’il juge lui-même entre Dieu et l’homme, entre le fils de l’homme et son semblable ! Car les années qui me sont comptés s’écoulent, et j’entre dans un sentier d’où je ne reviendrai pas. | Job 16 - vous êtes tous d’insupportables consolateurs (E) Alors Job prit la parole et dit : J’ai souvent entendu de semblables harangues ; vous êtes tous d’insupportables consolateurs. Quand finiront ces vains discours ? Quel aiguillon t’excite à répli ... |
Job 17 - Mon souffle s’épuise, mes jours s’éteignentMon souffle s’épuise, mes jours s’éteignent, il ne me reste plus que le tombeau. Je suis environné de moqueurs, mon œil veille au milieu de leurs outrages. O Dieu, fais-toi auprès de toi-même ma caution : quel autre voudrait me frapper dans la main ? Car tu as fermé leur cœur à la sagesse ; ne permets donc pas qu’ils s’élèvent. Tel invite ses amis au partage, quand défaillent les yeux de ses enfants. Il a fait de moi la risée des peuples ; je suis l’homme à qui l’on crache au visage. Mon œil est voilé par le chagrin, et tous mes membres ne sont plus qu’une ombre. Les hommes droits en sont stupéfaits, et l’innocent s’irrite contre l’impie. Le juste néanmoins demeure ferme dans sa voie, et qui a les mains pures redouble de courage. Mais vous tous, revenez, venez donc ; ne trouverai-je pas un sage parmi vous ? Mes jours sont écoulés, mes projets anéantis, ces projets que caressait mon cœur. De la nuit ils font le jour ; en face des ténèbres, ils disent que la lumière est proche ! J’ai beau attendre, le schéol est ma demeure ; dans les ténèbres j’ai disposé ma couche. J’ai dit à la fosse : « Tu es mon père ; » aux vers : « Vous êtes ma mère et ma sœur ! » Où est donc mon espérance ? Mon espérance, qui peut la voir ? Elle est descendue aux portes du schéol, si du moins dans la poussière on trouve du repos !... | Job 17 - Mon souffle s’épuise, mes jours s’éteignent (E) Mon souffle s’épuise, mes jours s’éteignent, il ne me reste plus que le tombeau. Je suis environné de moqueurs, mon œil veille au milieu de leurs outrages. O Dieu, fais-toi auprès de toi ... |
Job 18 - Toi qui te déchires dans ta fureur, veux-tu qu’à cause de toi la terre devienne déserte ?Alors Baldad de Suhé prit la parole et dit : Quand donc mettrez-vous un terme à ces discours ? Ayez de l’intelligence, puis nous parlerons. Pourquoi nous regardez-vous comme des brutes, et sommes-nous stupides à vos yeux ? Toi qui te déchires dans ta fureur, veux-tu qu’à cause de toi la terre devienne déserte, que le rocher soit transporté hors de sa place ? Oui, la lumière du méchant s’éteindra, et la flamme de son foyer cessera de briller. Le jour s’obscurcira sous sa tente, sa lampe s’éteindra au-dessus de lui. Ses pas si fermes seront à l’étroit, son propre conseil précipite sa chute. Ses pieds le jettent dans les rets, il marche sur le piège. Le filet saisit ses talons ; il est serré dans ses nœuds. Pour lui les lacs sont cachés sous terre, et la trappe est sur son sentier. De tous côtés des terreurs l’assiègent, et le poursuivent pas à pas. La disette est son châtiment, et la ruine est prête pour sa chute. La peau de ses membres est dévorée ; ses membres sont dévorés par le premier-né de la mort. Il est arraché de sa tente, où il se croyait en sûreté ; on le traîne vers le Roi des frayeurs. Nul des siens n’habite dans sa tente, le soufre est semé sur sa demeure. En bas, ses racines se dessèchent, en haut, ses rameaux sont coupés. Sa mémoire a disparu de la terre, il n’a plus de nom dans la contrée. On le chasse de la lumière dans les ténèbres, on le bannit de l’univers. Il ne laisse ni descendance ni postérité dans sa tribu ; aucun survivant dans son séjour. Les peuples de l’Occident sont stupéfaits de sa ruine, et ceux de l’Orient en sont saisis d’horreur. Telle est la demeure de l’impie, telle est la place de l’homme qui ne connaît pas Dieu. | Job 18 - Toi qui te déchires dans ta fureur, veux-tu qu’à cause de toi la terre devienne déserte ? (E) Alors Baldad de Suhé prit la parole et dit : Quand donc mettrez-vous un terme à ces discours ? Ayez de l’intelligence, puis nous parlerons. Pourquoi nous regardez-vous comme des brutes, et sommes-nous stupides &a ... |
Job 19 - Jusques à quand affligerez-vous mon âme ?Alors Job prit la parole et dit : Jusques à quand affligerez-vous mon âme, et m’accablerez-vous de vos discours ? Voilà dix fois que vous m’insultez, que vous m’outragez sans pudeur. Quand même j’aurais failli, c’est avec moi que demeure ma faute. Mais vous, qui vous élevez contre moi, qui invoquez mon opprobre pour me convaincre, sachez enfin que c’est Dieu qui m’opprime, et qui m’enveloppe de son filet. Voici que je crie à la violence, et nul ne me répond ! J’en appelle, et point de justice ! Il m’a barré le chemin, et je ne puis passer : il a répandu les ténèbres sur mes sentiers. Il m’a dépouillé de ma gloire, il a enlevé la couronne de ma tête. Il m’a sapé tout à l’entour, et je tombe ; il a déraciné, comme un arbre, mon espérance. Sa colère s’est allumée contre moi ; il m’a traité comme ses ennemis. Ses bataillons sont venus ensemble, ils se sont frayés un chemin jusqu’à moi, ils font le siège de ma tente. Il a éloigné de moi mes frères ; mes amis se sont détournés de moi. Mes proches m’ont abandonné, mes intimes m’ont oublié. Les hôtes de ma maison et mes servantes me traitent comme un étranger ; je suis un inconnu à leurs yeux. J’appelle mon serviteur, et il ne me répond pas je suis réduit à le supplier de ma bouche. Ma femme a horreur de mon haleine, je demande grâce aux fils de mon sein. Les enfants eux-mêmes me méprisent ; si je me lève, ils me raillent. Tous ceux qui étaient mes confidents m’ont en horreur, ceux que j’aimais se tournent contre moi. Mes os sont attachés à ma peau et à ma chair, je me suis échappé avec la peau de mes dents. Ayez pitié, ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis, car la main de Dieu m’a frappé ! Pourquoi me poursuivez-vous, comme Dieu me poursuit ? Pourquoi êtes-vous insatiables de ma chair ? Oh ! Qui me donnera que mes paroles soient écrites ! Qui me donnera qu’elles soient consignées dans un livre, qu’avec un burin de fer et du plomb, elles soient pour toujours gravées dans le roc ! Je sais que mon vengeur est vivant, et qu’il se lèvera le dernier sur la poussière. Alors de ce squelette, revêtu de sa peau, de ma chair je verrai Dieu. Moi-même je le verrai ; mes yeux le verront, et non un autre ; mes reins se consument d’attente au-dedans de moi. Vous direz alors : « Pourquoi le poursuivions-nous ? » et la justice de ma cause sera reconnue. Ce jour-là, craignez pour vous le glaive : terribles sont les vengeances du glaive ! Et vous saurez qu’il y a une justice. | Job 19 - Jusques à quand affligerez-vous mon âme ? (E) Alors Job prit la parole et dit : Jusques à quand affligerez-vous mon âme, et m’accablerez-vous de vos discours ? Voilà dix fois que vous m’insultez, que vous m’outragez sans pudeur. Quand m ... |
Job 20 - J’ai entendu des reproches qui m’outragentAlors Sophar de Naama prit la parole et dit : C’est pourquoi mes pensées me suggèrent une réponse, et, à cause de mon agitation, j’ai hâte de la donner, J’ai entendu des reproches qui m’outragent ; dans mon intelligence, mon esprit trouvera la réplique. Sais-tu bien que, de tout temps, depuis que l’homme a été placé sur la terre, le triomphe des méchants a été court, et la joie de l’impie d’un moment ? Quand il porterait son orgueil jusqu’au ciel, et que sa tête toucherait aux nues, comme une ordure, il périt toujours ; ceux qui le voyaient disent : « Où est-il ? » Il s’envole comme un songe, et on ne le trouve plus ; il s’efface comme une vision de la nuit. L’œil qui le voyait ne le découvre plus ; sa demeure ne l’apercevra plus. Ses enfants imploreront les pauvres, de ses propres mains il restituera ses rapines. Ses os étaient pleins de ses iniquités cachées ; elles dormiront avec lui dans la poussière. Parce que le mal a été doux à sa bouche, qu’il l’a caché sous sa langue, qu’il l’a savouré sans l’abandonner, et l’a retenu au milieu de son palais : sa nourriture tournera en poison dans ses entrailles, elle deviendra dans son sein le venin de l’aspic. Il a englouti des richesses, il les vomira ; Dieu les retirera de son ventre. Il a sucé le venin de l’aspic, la langue de la vipère le tuera. Il ne verra jamais couler les fleuves, les torrents de miel et de lait. Il rendra ce qu’il a gagné et ne s’en gorgera pas, dans la mesure de ses profits, et il n’en jouira pas. Car il a opprimé et délaissé les pauvres, il a saccagé leur maison, et ne l’a point rétablie : son avidité n’a pu être rassasiée, il n’emportera pas ce qu’il a de plus cher. Rien n’échappait à sa voracité ; aussi son bonheur ne subsistera pas. Au sein de l’abondance, il tombe dans la disette ; tous les coups du malheur viennent sur lui. Voici pour lui remplir le ventre : Dieu enverra sur lui le feu de sa colère, elle pleuvra sur lui jusqu’en ses entrailles. S’il échappe aux armes de fer, l’arc d’airain le transperce. Il arrache le trait, il sort de son corps, l’acier sort étincelant de son foie ; les terreurs de la mort tombent sur lui. Une nuit profonde engloutit ses trésors ; un feu que l’homme n’a pas allumé le dévore, et consume tout ce qui restait dans sa tente. Les cieux révéleront son iniquité, et la terre s’élèvera contre lui. L’abondance de sa maison sera dispersée, elle disparaîtra au jour de la colère. Telle est la part que Dieu réserve au méchant, et l’héritage que lui destine Dieu. | Job 20 - J’ai entendu des reproches qui m’outragent (E) Alors Sophar de Naama prit la parole et dit : C’est pourquoi mes pensées me suggèrent une réponse, et, à cause de mon agitation, j’ai hâte de la donner, J’ai entendu des reproches ... |
Job 21 - Permettez-moi de parler, et, quand j’aurai parlé, vous pourrez vous moquerAlors Job prit la parole et dit : Ecoutez, écoutez mes paroles, que j’aie, du moins, cette consolation de vous. Permettez-moi de parler à mon tour, et, quand j’aurai parlé, vous pourrez vous moquer. Est-ce contre un homme que se porte ma plainte ? Comment donc la patience ne m’échapperait elle pas ? Regardez-moi et soyez dans la stupeur, et mettez la main sur votre bouche. Quand j’y pense, je frémis ; et un frissonnement saisit ma chair. Pourquoi les méchants vivent-ils, et vieillissent-ils, accroissant leur force ? Leur postérité s’affermit autour d’eux, leurs rejetons fleurissent à leurs yeux. Leur maison est en paix, à l’abri de la crainte ; la verge de Dieu ne les touche pas. Leur taureau est toujours fécond, leur génisse enfante et n’avorte pas. Ils laissent courir leurs enfants comme un troupeau, leurs nouveau-nés bondissent autour d’eux. Ils chantent au son du tambourin et de la cithare, ils se divertissent au son du chalumeau. Ils passent leurs jours dans le bonheur, et ils descendent en un instant au schéol. Pourtant ils disaient à Dieu : « Retire-toi de nous ; nous ne désirons pas connaître tes voies. Qu’est-ce que le Tout-Puissant, pour que nous le servions ? Que gagnerions-nous à le prier ? » Leur prospérité n’est-elle pas dans leur main ? — Toutefois, loin de moi le conseil de l’impie ! — Voit-on souvent s’éteindre la lampe des impies, la ruine fondre sur eux, et Dieu leur assigner un lot dans sa colère ? Les voit-on comme la paille emportée par le vent, comme la glume enlevée par le tourbillon ? « Dieu, dites-vous, réserve à ses enfants son châtiment !... » Mais que Dieu le punisse lui-même pour qu’il le sente, qu’il voie de ses yeux sa ruine, qu’il boive lui-même la colère du Tout-Puissant ! Que lui importe, en effet, sa maison après lui, une fois que le nombre de ses mois est tranché ? Est-ce à Dieu qu’on apprendra la sagesse, à lui qui juge les êtres les plus élevés ? L’un meurt au sein de sa prospérité, parfaitement heureux et tranquille, les flancs chargés de graisse, et la moelle des os remplie de sève. L’autre meurt, l’amertume dans l’âme, sans avoir goûté le bonheur. Tous deux se couchent également dans la poussière, et les vers les couvrent tous deux. Ah ! Je sais bien quelles sont vos pensées, quels jugements iniques vous portez sur moi. Vous dites : « Où est la maison de l’oppresseur ! Qu’est devenue la tente qu’habitaient les impies ? » N’avez-vous donc jamais interrogé les voyageurs, et ignorez-vous leurs remarques ? Au jour du malheur, le méchant est épargné ; au jour de la colère, il échappe au châtiment. Qui blâme devant lui sa conduite ? Qui lui demande compte de ce qu’il a fait ? On le porte honorablement au tombeau ; et on veille sur son mausolée. les glèbes de la vallée lui sont légères, et tous les hommes y vont à sa suite, comme des générations sans nombre l’y ont précédé. Que signifient donc vos vaines consolations ? De vos réponses il ne reste que perfidie. | Job 21 - Permettez-moi de parler, et, quand j’aurai parlé, vous pourrez vous moquer (E) Alors Job prit la parole et dit : Ecoutez, écoutez mes paroles, que j’aie, du moins, cette consolation de vous. Permettez-moi de parler à mon tour, et, quand j’aurai parlé, vous pourrez vous moquer. ... |
Job 22 - Le sage n’est utile qu’à lui-même. Qu’importe au Tout-Puissant que tu sois juste ?Alors Eliphaz prit la parole et dit : L’homme peut-il être utile à Dieu ? Le sage n’est utile qu’à lui-même. Qu’importe au Tout-Puissant que tu sois juste ? Si tu es intègre dans tes voies, qu’y gagne-t-il ? Est-ce à cause de ta piété qu’il te châtie, qu’il entre en jugement avec toi ? Ta malice n’est-elle pas immense, tes iniquités sans mesure ? Tu prenais sans motif des gages à tes frères, tu enlevais les vêtements à ceux qui étaient nus. Tu ne donnais point d’eau à l’homme épuisé, à l’affamé tu refusais le pain. La terre était au bras le plus fort, et le protégé y établissait sa demeure. Tu renvoyais les veuves les mains vides, et les bras des orphelins étaient brisés. Voilà pourquoi tu es entouré de pièges, et troublé par des terreurs soudaines, au sein des ténèbres, sans voir, et submergé par le déluge des eaux. Dieu n’est-il pas dans les hauteurs du ciel ? Vois le front des étoiles : comme il est élevé ! Et tu disais : « Qu’en sait Dieu ? Pourra-t-il juger à travers les nues profondes ? Les nues lui forment un voile, et il ne voit pas, il se promène sur le cercle du ciel. » Gardes-tu donc les voies anciennes, où marchèrent les hommes d’iniquité, qui furent emportés avant le temps, dont les fondements ont été arrachés par les eaux. Eux qui disaient à Dieu : « Retire-toi de nous ! Que pourrait nous faire le Tout-Puissant ? » C’était lui pourtant qui avait rempli leurs maisons de richesses.—Loin de moi le conseil des méchants ! — Les justes voient leur chute et s’en réjouissent, les innocents se moquent d’eux : « Voilà nos ennemis anéantis ! Le feu a dévoré leurs richesses ! » Réconcilie-toi donc avec Dieu et apaise-toi ; ainsi le bonheur te sera rendu. Reçois de sa bouche l’enseignement, et mets ses paroles dans ton cœur. Tu te relèveras, si tu reviens au Tout-Puissant, si tu éloignes l’iniquité de ta tente. Jette les lingots d’or dans la poussière, et l’or d’Ophir parmi les cailloux de torrent. Et le Tout-Puissant sera ton or, il sera pour toi un monceau d’argent. Alors tu mettras tes délices dans le Tout-Puissant, et tu lèveras vers lui ta face. Tu le prieras, et il t’écoutera, et tu t’acquitteras de tes vœux. Si tu formes un dessein, il te réussira, sur tes sentiers brillera la lumière. A des fronts abattus tu crieras : « En haut ! » et Dieu secourra celui dont les yeux sont abaissés. Il délivrera même le coupable, sauvé par la pureté de tes mains. | Job 22 - Le sage n’est utile qu’à lui-même. Qu’importe au Tout-Puissant que tu sois juste ? (E) Alors Eliphaz prit la parole et dit : L’homme peut-il être utile à Dieu ? Le sage n’est utile qu’à lui-même. Qu’importe au Tout-Puissant que tu sois juste ? Si tu es intègre d ... |
Job 23 - Ne jetterait-il pas au moins les yeux sur moi ?Alors Job prit la parole et dit : Oui, aujourd’hui ma plainte est amère, et pourtant ma main retient mes soupirs. Oh ! Qui me donnera de savoir où le trouver, d’arriver jusqu’à son trône ! Je plaiderais ma cause devant lui, et je remplirais ma bouche d’arguments. Je saurais les raisons qu’il peut m’opposer, je verrais ce qu’il peut avoir à me dire. M’opposerait-il la grandeur de sa puissance ? Ne jetterait-il pas au moins les yeux sur moi ? Alors l’innocent discuterait avec lui, et je m’en irais absous pour toujours par mon juge. Mais si je vais à l’orient, il n’y est pas ; à l’occident, je ne l’aperçois pas. Est-il occupé au septentrion, je ne le vois pas ; se cache-t-il au midi, je ne puis le découvrir. Cependant il connaît les sentiers où je marche ; qu’il m’examine, je sortirai pur comme l’or. Mon pied a toujours foulé ses traces ; je me suis tenu dans sa voie sans dévier. Je ne me suis pas écarté des préceptes de ses lèvres ; j’ai fait plier ma volonté aux paroles de sa bouche. Mais il a une pensée : qui l’en fera revenir ? Ce qu’il désire, il l’exécute. Il accomplira donc ce qu’il a décrété à mon sujet, et de pareils desseins, il en a beaucoup. Voilà pourquoi je me trouble en sa présence ; quand j’y pense, j’ai peur de lui. Dieu fait fondre mon cœur ; le Tout-Puissant me remplit d’effroi. Car ce ne sont pas les ténèbres qui me consument, ni l’obscurité dont ma face est voilée. | Job 23 - Ne jetterait-il pas au moins les yeux sur moi ? (E) Alors Job prit la parole et dit : Oui, aujourd’hui ma plainte est amère, et pourtant ma main retient mes soupirs. Oh ! Qui me donnera de savoir où le trouver, d’arriver jusqu’à son trône ... |
Job 24 -Pourquoi n’y a-t-il pas de temps réservés par le Tout-Puissant, et ceux qui le servent ne voient-ils pas son jour ? On voit des hommes qui déplacent les bornes, qui font paître le troupeau qu’ils ont volé. Ils poussent devant eux l’âne de l’orphelin, et retiennent en gage le bœuf de la veuve. Ils forcent les pauvres à se détourner du chemin ; tous les humbles du pays sont réduits à se cacher. Comme l’onagre dans la solitude, ils sortent pour leur travail, dès le matin, cherchant leur nourriture. Le désert leur fournit la subsistance de leurs enfants ; ils coupent les épis dans les champs, ils maraudent dans la vigne de leur oppresseur. Nus, ils passent la nuit, faute de vêtements, sans couverture contre le froid. La pluie des montagnes les pénètre ; à défaut d’abri, ils se blottissent contre le rocher. Ils arrachent l’orphelin à la mamelle, ils prennent des gages sur les pauvres. Ceux-ci, tout nus, sans vêtements, portent, affamés, les gerbes du maître ; Ils expriment l’huile dans ses celliers. Ils foulent sa vendange, et ils ont soif. Du sein des villes s’élèvent les gémissements des hommes, et l’âme des blessés crie ; et Dieu ne prend pas garde à ces forfaits ! D’autres sont parmi les ennemis de la lumière, ils n’en connaissent pas les voies, ils ne se tiennent pas dans ses sentiers. L’assassin se lève au point du jour ; il tue le pauvre et l’indigent, il rôde la nuit comme un voleur. L’œil de l’adultère épie le crépuscule ; « Personne ne me voit, » dit-il, et il jette un voile sur son visage. La nuit, d’autres forcent les maisons, le jour, ils se tiennent cachés : ils ne connaissent pas la lumière. Pour eux, le matin est comme l’ombre de la mort, car les horreurs de la nuit leur sont familières. Ah ! L’impie glisse comme un corps léger sur la face des eaux, il n’a sur la terre qu’une part maudite, il ne se dirige pas sur le chemin des vignes ! Comme la sécheresse et la chaleur absorbent l’eau des neiges, ainsi le schéol engloutit les pécheurs ! Ah ! Le sein maternel l’oublie, les vers en font leurs délices ; on ne se souvient plus de lui, et l’iniquité est brisée comme un arbre. Il dévorait la femme stérile et sans enfants, il ne faisait pas de bien à la veuve !... Mais Dieu par sa force ébranle les puissants, il se lève, et ils ne comptent plus sur la vie ; il leur donne la sécurité et la confiance, et ses yeux veillent sur leurs voies. Ils se sont élevés, et en un instant ils ne sont plus ; ils tombent, ils sont moissonnés comme tous les hommes ; ils sont coupés comme la tête des épis. S’il n’en est pas ainsi, qui me convaincra de mensonge ? Qui réduira mes paroles à néant ? | Job 24 - (E) Pourquoi n’y a-t-il pas de temps réservés par le Tout-Puissant, et ceux qui le servent ne voient-ils pas son jour ? On voit des hommes qui déplacent les bornes, qui font paître le troupeau qu’ils o ... |
Job 25 - l’homme, ce vermisseau, le fils de l’homme, ce vil insecte !Alors Baldad de Suhé prit la parole et dit : A lui appartiennent la domination et la terreur ; il fait régner la paix dans ses hautes demeures. Ses légions ne sont-elles pas innombrables ? Sur qui ne se lève pas sa lumière ? Comment l’homme serait-il juste devant Dieu ? Comment le fils de la femme serait-il pur ? Voici que la lune même est sans clarté, les étoiles ne sont pas pures à ses yeux : combien moins l’homme, ce vermisseau, le fils de l’homme, ce vil insecte ! | Job 25 - l’homme, ce vermisseau, le fils de l’homme, ce vil insecte ! (E) Alors Baldad de Suhé prit la parole et dit : A lui appartiennent la domination et la terreur ; il fait régner la paix dans ses hautes demeures. Ses légions ne sont-elles pas innombrables ? Sur qui ne se lè ... |
Job 26 - de qui est l’esprit qui sort de ta bouche ?Alors Job prit la parole et dit : Comme tu sais venir en aide à la faiblesse, prêter secours au bras sans force ! Comme tu conseilles bien l’ignorant ! Quelle abondance de sagesse tu fais paraître ! A qui adresses-tu des paroles ? Et de qui est l’esprit qui sort de ta bouche ? Devant Dieu, les ombres tremblent sous les eaux et leurs habitants. Le schéol est à nu devant lui, et l’abîme n’a point de voile. Il étend le septentrion sur le vide, il suspend la terre sur le néant. Il renferme les eaux dans ses nuages, et les nues ne se déchirent pas sous leur poids. Il voile la face de son trône, il étend sur lui ses nuées. Il a tracé un cercle à la surface des eaux, au point de division de la lumière et des ténèbres. Les colonnes du ciel s’ébranlent, et s’épouvantent à sa menace. Par sa puissance il soulève la mer, par sa sagesse il brise l’orgueil. Par son souffle le ciel devient serein, sa main a formé le serpent fuyard. Tels sont les bords de ses voies, le léger murmure que nous en percevons ; mais le tonnerre de sa puissance, qui pourra l’entendre ? | Job 26 - de qui est l’esprit qui sort de ta bouche ? (E) Alors Job prit la parole et dit : Comme tu sais venir en aide à la faiblesse, prêter secours au bras sans force ! Comme tu conseilles bien l’ignorant ! Quelle abondance de sagesse tu fais paraître ! A qu ... |
Job 27 - Jusqu’à ce que j’expire, je défendrai mon innocenceJob reprit son discours et dit : Par le Dieu vivant qui me refuse justice, par le Tout-Puissant qui remplit mon âme d’amertume : aussi longtemps que j’aurai la respiration, que le souffle de Dieu sera dans mes narines, mes lèvres ne prononceront rien d’inique, ma langue ne proférera pas le mensonge. Loin de moi la pensée de vous donner raison ! Jusqu’à ce que j’expire, je défendrai mon innocence. J’ai entrepris ma justification, je ne l’abandonnerai pas ; mon cœur ne condamne aucun de mes jours. Que mon ennemi soit traité comme le méchant ! Que mon adversaire ait le sort de l’impie ! Quel sera l’espoir de l’impie quand Dieu le retranchera, quand il retirera son âme ? Est-ce que Dieu écoutera ses cris, au jour où l’angoisse viendra sur lui ? Trouve-t-il ses délices dans le Tout-Puissant ? Adresse-t-il en tout temps ses prières à Dieu ? Je vous enseignerai la conduite de Dieu, et je ne vous cacherai pas les desseins du Tout-Puissant. Voici que vous-mêmes, vous avez tous vu ; pourquoi donc discourez-vous en vain ? Voici la part que Dieu réserve au méchant, l’héritage que les violents reçoivent du Tout-Puissant. S’il a des fils en grand nombre, c’est pour le glaive ; ses rejetons ne seront pas rassasiés de pain. Ses survivants seront ensevelis dans la mort, leurs veuves ne les pleureront pas. S’il amasse l’argent comme la poussière, s’il entasse les vêtements comme la boue, c’est lui qui entasse, mais c’est le juste qui les porte, c’est le juste qui hérite de ton argent. Sa maison est comme celle que bâtit la teigne, comme la hutte que se construit le gardien des vignes. Le riche se couche, c’est pour la dernière fois ; il ouvre les yeux, il n’est plus. Les terreurs fondent sur lui comme des eaux, un tourbillon l’enlève au milieu de la nuit. Le vent d’orient l’emporte, et il disparaît ; il l’arrache violemment de sa demeure. Dieu lance sur lui ses traits sans pitié, il fuit éperdu loin de sa main ; on bat des mains à son sujet, de sa demeure on siffle sur lui. | Job 27 - Jusqu’à ce que j’expire, je défendrai mon innocence (E) Job reprit son discours et dit : Par le Dieu vivant qui me refuse justice, par le Tout-Puissant qui remplit mon âme d’amertume : aussi longtemps que j’aurai la respiration, que le souffle de Dieu sera dans mes nari ... |
Job 28 - la Sagesse, on ne la rencontre pas sur la terre des vivants.Il y a pour l’argent un lieu d’où on l’extrait, pour l’or un lieu où on l’épure. Le fer se tire de la terre, et la pierre fondue donne le cuivre. L’homme met fin aux ténèbres, il explore, jusqu’au fond des abîmes, la pierre cachée dans les ténèbres et l’ombre de la mort. Il creuse, loin des lieux habités, des galeries, qu’ignore le pied des vivants ; suspendu, il vacille, loin des humains. La terre, d’où sort le pain, est bouleversée dans ses entrailles comme par le feu. Ses roches sont le lieu du saphir, et l’on y trouve de la poudre d’or. L’oiseau de proie n’en connaît pas le sentier, l’œil du vautour ne l’a point aperçu. Les animaux sauvages ne l’ont point foulé, le lion n’y a jamais passé. L’homme porte sa main sur le granit, il ébranle les montagnes dans leurs racines. Il perce des galeries dans les rochers ; rien de précieux n’échappe à son regard. Il sait arrêter le suintement des eaux, il amène à la lumière tout ce qui était caché. Mais la Sagesse, où la trouver ? Où est le lieu de l’Intelligence ? L’homme n’en connaît pas le prix, on ne la rencontre pas sur la terre des vivants. L’abîme dit : « Elle n’est pas dans mon sein ; » la mer dit : « Elle n’est pas avec moi. » Elle ne se donne pas contre de l’or pur, elle ne s’achète pas au poids de l’argent. On ne la met pas en balance avec de l’or d’Ophir, avec l’onyx précieux et avec le saphir. L’or et le verre ne peuvent lui être comparés, on ne l’échange pas pour un vase d’or fin. Qu’on ne fasse pas mention du corail et du cristal : la possession de la sagesse vaut mieux que les perles. La topaze d’Ethiopie ne l’égale pas, et l’or pur n’atteint pas sa valeur. D’où vient donc la sagesse ? Où est lieu de l’Intelligence ? Elle est cachée aux yeux de tous les vivants, elle se dérobe aux oiseaux du ciel. L’enfer et la mort disent : « Nous en avons entendu parler. » C’est Dieu qui connaît son chemin, c’est lui qui sait où elle réside. Car il voit jusqu’aux extrémités de la terre, il aperçoit tout ce qui est sous le ciel. Quand il réglait le poids des vents, qu’il mettait les eaux dans la balance, quand il donnait des lois à la pluie, qu’il traçait la route aux éclairs de la foudre, alors il l’a vue et l’a décrite, il l’a établie et en a sondé les secrets. Puis il a dit à l’homme : La crainte du Seigneur, voilà la sagesse ; fuir le mal, voilà l’intelligence. | Job 28 - la Sagesse, on ne la rencontre pas sur la terre des vivants. (E) Il y a pour l’argent un lieu d’où on l’extrait, pour l’or un lieu où on l’épure. Le fer se tire de la terre, et la pierre fondue donne le cuivre. L’homme met fin aux té ... |
Job 29 - Qui me rendra les jours où Dieu veillait à ma garde ?Job reprit encore son discours et dit : Oh ! Qui me rendra les mois d’autrefois, les jours où Dieu veillait à ma garde ; quand sa lampe brillait sur ma tête, et que sa lumière me guidait dans les ténèbres ! Tel que j’étais aux jours de mon âge mûr, quand Dieu me visitait familièrement dans ma tente, quand le Tout-Puissant était encore avec moi, et que mes fils m’entouraient ; quand je lavais mes pieds dans le lait, et que le rocher me versait des flots d’huile ! Lorsque je sortais pour me rendre à la porte de la ville, et que j’établissais mon siège sur la place publique, en me voyant, les jeunes gens se cachaient, les vieillards se levaient et se tenaient debout. Les princes retenaient leurs paroles, et mettaient leur main sur la bouche. La voix des chefs restait muette, leur langue s’attachait à leur palais. L’oreille qui m’entendait me proclamait heureux, l’œil qui me voyait me rendait témoignage. Car je sauvais le pauvre qui implorait du secours, et l’orphelin dénué de tout appui. La bénédiction de celui qui allait périr venait sur moi, je remplissais de joie le cœur de la veuve. Je me revêtais de la justice comme d’un vêtement, mon équité était mon manteau et mon turban. J’étais l’œil de l’aveugle, et le pied du boiteux. J’étais le père des pauvres, j’examinais avec soin la cause de l’inconnu. Je brisais la mâchoire de l’injuste, et j’arrachais sa proie d’entre les dents. Je disais : « Je mourrai dans mon nid, j’aurai des jours nombreux comme le sable. Mes racines s’étendent vers les eaux, la rosée passe la nuit dans mon feuillage. Ma gloire reverdira sans cesse, et mon arc reprendra sa vigueur dans ma main. » On m’écoutait et l’on attendait, on recueillait en silence mon avis. Après que j’avais parlé, personne n’ajoutait rien ; ma parole coulait sur eux comme la rosée. Ils m’attendaient comme on attend la pluie ; ils ouvraient la bouche comme aux ondées de printemps. Si je leur souriais, ils ne pouvaient le croire ; ils recueillaient avidement ce signe de faveur. Quand j’allais vers eux, j’avais la première place, je siégeais comme un roi entouré de sa troupe, comme un consolateur au milieu des affligés. | Job 29 - Qui me rendra les jours où Dieu veillait à ma garde ? (E) Job reprit encore son discours et dit : Oh ! Qui me rendra les mois d’autrefois, les jours où Dieu veillait à ma garde ; quand sa lampe brillait sur ma tête, et que sa lumière me guidait dans les t&e ... |
Job 30 - La nuit perce mes os, les consume, le mal qui me ronge ne dort pasEt maintenant, je suis la risée d’hommes plus jeunes que moi, dont je n’aurais pas daigné mettre les pères parmi les chiens de mon troupeau. Qu’aurais-je fait de la force de leurs bras ? Ils sont privés de toute vigueur. Desséchés par la misère et la faim, ils broutent le désert, un sol depuis longtemps aride et désolé. Ils cueillent sur les buissons des bourgeons amers, ils n’ont pour pain que la racine des genêts. On les écarte de la société des hommes, on crie après eux comme après le voleur. Ils habitent dans d’affreuses vallées, dans les cavernes de la terre et les rochers. On entend leurs cris sauvages parmi les broussailles, ils se couchent ensemble sous les ronces : gens insensés, race sans nom, bannis avec mépris de la terre habitée ! Et maintenant je suis l’objet de leurs chansons, je suis en butte à leurs propos. Ils ont horreur de moi, ils me fuient, ils ne détournent pas leur crachat de mon visage. Ils se donnent libre carrière pour m’outrager, ils rejettent tout frein devant moi. Des misérables se lèvent à ma droite, ils cherchent à ébranler mes pieds, ils frayent jusqu’à moi leurs routes meurtrières. Ils ont bouleversé mes sentiers, ils travaillent à ma ruine, eux à qui personne ne porterait secours. Ils fondent sur moi, comme par une large brèche, ils se précipitent parmi les décombres. Les terreurs m’assiègent, ma prospérité est emportée comme un souffle, mon bonheur a passé comme un nuage. Et maintenant, mon âme s’épanche en moi, les jours d’affliction m’ont saisi. La nuit perce mes os, les consume, le mal qui me ronge ne dort pas. Par sa violence, mon vêtement a perdu sa forme, il me serre comme une tunique. Dieu m’a jeté dans la fange, je suis comme la poussière et la cendre. Je crie vers toi, et tu ne me réponds pas ; je me tiens debout, et tu me regardes avec indifférence, Tu deviens cruel à mon égard, tu m’attaques avec toute la force de ton bras. Tu m’enlèves, tu me fais voler au gré du vent, et tu m’anéantis dans le fracas de la tempête. Car, je le sais, tu me mènes à la mort, au rendez-vous de tous les vivants. Cependant celui qui va périr n’étendra-t-il pas les mains et, dans sa détresse, ne poussera-t-il pas un cri ? N’avais-je pas des larmes pour l’infortuné ? Mon cœur ne s’est-il pas attendri sur l’indigent ? J’attendais le bonheur, et le malheur est arrivé ; j’espérais la lumière, et les ténèbres sont venues. Mes entrailles bouillonnent sans relâche, les jours d’affliction ont fondu sur moi. Je marche dans le deuil, sans soleil ; si je me lève dans l’assemblée, c’est pour pousser des cris. Je suis devenu le frère des chacals, le compagnon des filles de l’autruche. Ma peau livide tombe en lambeaux, mes os sont brûlés par un feu intérieur. Ma cithare ne rend plus que des accords lugubres, mon chalumeau que des sons plaintifs. | Job 30 - La nuit perce mes os, les consume, le mal qui me ronge ne dort pas (E) Et maintenant, je suis la risée d’hommes plus jeunes que moi, dont je n’aurais pas daigné mettre les pères parmi les chiens de mon troupeau. Qu’aurais-je fait de la force de leurs bras ? Ils sont p ... |
Job 31 - Dieu ne connaît-il pas mes voies, ne compte-t-il pas tous mes pas ?J’avais fait un pacte avec mes yeux, et comment aurais-je arrêté mes regards sur un vierge. Quelle part, me disais-je, Dieu me réserverait-il d’en haut ? Quel sort le Tout-Puissant me ferait-il de son ciel ? La ruine n’est-elle pas pour le méchant, et le malheur pour les artisans d’iniquité ? Dieu ne connaît-il pas mes voies, ne compte-t-il pas tous mes pas ? Si j’ai marché dans le sentier du mensonge, si mon pied a couru après la fraude, que Dieu me pèse dans de justes balances, et il reconnaîtra mon innocence ! Si mes pas se sont écartés du droit chemin, si mon cœur a suivi mes yeux, si quelque souillure s’est attachée à mes mains, que je sème, et qu’un autre mange, que mes rejetons soient déracinés ! Si mon cœur a été séduit par une femme, si j’ai fait le guet à la porte de mon prochain, que ma femme tourne la meule pour un autre, que des étrangers la déshonorent ! Car c’est là un crime horrible, un forfait que punissent les juges ; un feu qui dévore jusqu’à la ruine, qui aurait détruit tous mes bien. Si j’ai méconnu le droit de mon serviteur ou de ma servante, quand ils étaient en contestation avec moi : Que faire, quand Dieu se lèvera ? Au jour de sa visite, que lui répondrai-je ? Celui qui m’a fait dans le sein de ma mère ne l’a-t-il pas fait aussi ? Un même Créateur ne nous a-t-il pas formés ? Si j’ai refusé aux pauvres ce qu’ils désiraient, si j’ai fait languir les yeux de la veuve, si j’ai mangé seul mon morceau de pain, sans que l’orphelin en ait eu sa part : dès mon enfance il m’a gardé comme un père ; dès ma naissance il a guidé mes pas. Si j’ai vu le malheureux périr sans vêtements, l’indigent manquer de couverture, sans que ses reins m’aient béni, sans que la toison de mes agneaux l’ait réchauffé ; si j’ai levé la main contre l’orphelin, parce que je me voyais un appui dans les juges, que mon épaule se détache du tronc, que mon bras soit arraché de l’humérus. Car je crains la vengeance de Dieu, et devant sa majesté je ne puis subsister. Si j’ai mis dans l’or mon assurance, si j’ai dit à l’or pur : « Tu es mon espoir ; » si je me suis réjoui de l’abondance de mes biens, des trésors amassés par mes mains ; si, en voyant le soleil jeter ses feux, et la lune s’avancer dans sa splendeur, mon cœur s’est laissé séduire en secret, si ma main s’est portée à ma bouche, c’est là encore un crime que punit le juge ; j’aurais renié le Dieu très-haut. Si j’ai été joyeux de la ruine de mon ennemi, si j’ai tressailli d’allégresse quand le malheur l’a frappé : Non, je n’ai pas permis à ma langue de pécher, en demandant sa mort avec imprécation !... Si les gens de ma tente ne disaient pas : « Où trouver quelqu’un qui ne soit pas rassasiés de sa table ? » si l’étranger passait la nuit en dehors, si je n’ouvrais pas la porte au voyageur !... Si j’ai, comme font les hommes, déguisé mes fautes, et renfermé mes iniquités dans mon sein, par peur de la grande assemblée, par crainte du mépris des familles, au point de me taire, et de n’oser franchir le seuil de ma porte !... Oh ! Qui me fera trouver quelqu’un qui m’écoute ? Voilà ma signature : que le Tout-Puissant me réponde ! Que mon adversaire écrive aussi sa cédule ! On verra si je ne la mets pas sur mon épaule, si je n’en ceins pas mon front comme d’un diadème ! je rendrai compte à mon juge de tous mes pas, je m’approcherai de lui comme un prince. Si ma terre crie contre moi, si j’ai fait pleurer ses sillons ; si j’ai mangé ses produits sans l’avoir payée, si je l’ai arrachée à ses légitimes possesseurs, qu’au lieu de froment il y naisse des épines, et de l’ivraie au lieu d’orge ! | Job 31 - Dieu ne connaît-il pas mes voies, ne compte-t-il pas tous mes pas ? (E) J’avais fait un pacte avec mes yeux, et comment aurais-je arrêté mes regards sur un vierge. Quelle part, me disais-je, Dieu me réserverait-il d’en haut ? Quel sort le Tout-Puissant me ferait-il de son cie ... |
Job 32 - les trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu’il persistait à se regarder comme justeCes trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu’il persistait à se regarder comme juste. Alors s’alluma la colère d’Eliu, fils de Barachel le Bouzite, de la famille de Ram. Sa colère s’alluma contre Job, parce qu’il se prétendait plus juste que Dieu. Elle s’alluma aussi contre ses trois amis, parce qu’ils n’avaient pas trouvé de bonnes réponse à lui faire et que néanmoins ils condamnaient Job. Comme ils étaient plus âgés que lui, Eliu avait attendu pour parler à Job. Mais voyant qu’il n’y avait plus de réponse dans la bouche de ces trois hommes, il s’enflamma de colère. Alors Eliu, fils de Barachel le Bouzite, prit la parole et dit : Je suis jeune et vous êtes des vieillards ; c’est pourquoi j’étais effrayé et je redoutais de vous faire connaître mon sentiment. Je me disais : « Les jours parleront, les nombreuses années révéleront la sagesse. » Mais c’est l’esprit mis dans l’homme, le souffle du Tout-Puissant qui lui donne l’intelligence. Ce n’est pas l’âge qui donne la sagesse, ce n’est pas la vieillesse qui discerne la justice. Voilà pourquoi je dis : « Écoutez-moi ; je vais, moi aussi, exposer ma pensée. » J’ai attendu tant que vous parliez, j’ai prêté l’oreille à vos raisonnements, jusqu’à la fin de vos débats. Je vous ai suivis attentivement, et nul n’a convaincu Job, nul d’entre vous n’a réfuté ses paroles. Ne dites pas : « Nous avons trouvé la sagesse ; c’est Dieu qui le frappe, et non pas l’homme. » Il n’a pas dirigé contre moi ses discours, mais ce n’est pas avec vos paroles que je lui répondrai. Les voilà interdits ; ils ne répondent rien ; la parole leur fait défaut. J’ai attendu qu’ils eussent fini de parler, qu’ils restassent muets et sans réponse. C’est à mon tour de parler à présent ; je veux dire aussi ce que je pense. Car je suis plein de discours, l’esprit qui est en moi m’oppresse. Mon cœur est comme un vin renfermé, comme une outre remplie de vin nouveau qui va éclater. Que je parle donc, afin de respirer à l’aise, que mes lèvres s’ouvrent pour répondre ! Je ne veux faire acception de personne, je ne flatterai qui que ce soit. Car je ne sais pas flatter ; autrement mon Créateur m’enlèverait sur-le-champ. | Job 32 - les trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu’il persistait à se regarder comme juste (E) Ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu’il persistait à se regarder comme juste. Alors s’alluma la colère d’Eliu, fils de Barachel le Bouzite, de la famille de Ram. Sa ... |
Job 33 - tu as dit Je suis pur, exempt de tout péché. Je te répondrai qu’en cela tu n’as pas été justeMaintenant donc, Job, écoute mes paroles, prête l’oreille à tous mes discours. Voilà que j’ouvre la bouche, ma langue forme des mots dans mon palais, mes paroles partiront d’un cœur droit, c’est la vérité pure qu’exprimeront mes lèvres. L’esprit de Dieu m’a créé, le souffle du Tout-Puissant me donne la vie. Si tu le peux, réponds-moi ; dispose tes arguments devant moi, tiens-toi ferme. Devant Dieu je suis ton égal, comme toi j’ai été formé du limon. Ainsi ma crainte ne t’épouvantera pas, et le poids de ma majesté ne peut t’accabler. Oui, tu as dit à mes oreilles, et j’ai bien entendu le son de tes paroles ; « Je suis pur, exempt de tout péché ; je suis irréprochable, il n’y a point d’iniquité en moi. Et Dieu invente contre moi des motifs de haine, il me traite comme son ennemi. Il a mis mes pieds dans les ceps, il surveille tous mes pas. » Je te répondrai qu’en cela tu n’as pas été juste, car Dieu est plus grand que l’homme. Pourquoi disputer contre lui, parce qu’il ne rend compte de ses actes à personne ? Pourtant Dieu parle tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et l’on n’y fait pas attention. Il parle par des songes, par des visions nocturnes, quand un profond sommeil pèse sur les mortels, quand ils dorment sur leur couche. A ce moment, il ouvre l’oreille des hommes, et y scelle ses avertissements, afin de détourner l’homme de ses œuvres mauvaises, et d’écarter de lui l’orgueil, afin de sauver son âme de la mort, sa vie des atteintes du dard. Par la douleur aussi l’homme est repris sur sa couche, quand une lutte continue agite ses os. Alors il prend en dégoût le pain, et il a horreur des mets exquis, Sa chair s’évanouit aux regards, ses os qu’on ne voyait pas sont mis à nu. Il s’approche de la fosse, sa vie est en proie aux horreurs du trépas. Mais s’il trouve pour intercesseur, un ange entre mille, qui fasse connaître à l’homme son devoir, L’ange a pitié de lui et dit à Dieu : « Epargne-lui de descendre dans la fosse, j’ai trouvé la rançon de sa vie. » Sa chair alors a plus de fraîcheur qu’au premier âge, il revient aux jours de sa jeunesse. Il prie Dieu, et Dieu lui est propice ; il contemple sa face avec allégresse, et le Très-Haut lui rend son innocence. Il chante parmi les hommes, il dit : « J’ai péché, j’ai violé la justice, et Dieu ne m’a pas traité selon mes fautes. Il a épargné à mon âme de descendre dans la fosse, et ma vie s’épanouit à la lumière ! » Voilà, Dieu fait tout cela, deux fois, trois fois, pour l’homme, afin de le ramener de la mort, de l’éclairer de la lumière des vivants. Sois attentif, Job, écoute-moi ; garde le silence, que je parle. Si tu as quelque chose à dire, réponds-moi ; parle, car je voudrais te trouver juste. Si tu n’as rien à dire, écoute-moi ; fais silence, et je t’enseignerai la sagesse. | Job 33 - tu as dit Je suis pur, exempt de tout péché. Je te répondrai qu’en cela tu n’as pas été juste (E) Maintenant donc, Job, écoute mes paroles, prête l’oreille à tous mes discours. Voilà que j’ouvre la bouche, ma langue forme des mots dans mon palais, mes paroles partiront d’un cœur ... |
Job 34 - Ecoutez-moi donc, hommes sensés : Loin de Dieu l’iniquité !Eliu reprit et dit : Sages, écoutez mes discours ; hommes intelligents, prêtez-moi l’oreille. Car l’oreille juge les paroles, comme le palais discerne les aliments. Tâchons de discerner ce qui est juste ; cherchons entre nous ce qui est bon. Job a dit : « Je suis innocent, et Dieu me refuse justice. Quand je soutiens mon droit, je passe pour menteur, ma plaie est douloureuse, sans que j’aie péché. » Y a-t-il un homme semblable à Job ? Il boit le blasphème comme l’eau ! Il s’associe aux artisans d’iniquité, il marche avec les hommes pervers. Car il a dit : « Il ne sert de rien à l’homme de chercher la faveur de Dieu. » Ecoutez-moi donc, hommes sensés : Loin de Dieu l’iniquité ! Loin du Tout-Puissant l’injustice ! Il rend à l’homme selon ses œuvres, il rétribue chacun selon ses voies. Non, certes, Dieu ne commet pas l’iniquité, le Tout-Puissant ne viole pas la justice. Qui lui a remis le gouvernement de la terre ? Qui lui a confié l’univers ? S’il ne pensait qu’à lui-même, s’il retirait à lui son esprit et son souffle, toute chair expirerait à l’instant, et l’homme retournerait à la poussière. Si tu as de l’intelligence, écoute ceci, prête l’oreille au son de mes paroles : Un ennemi de la justice aurait-il le suprême pouvoir ? Oses-tu condamner le Juste, le Puissant, qui dit à un roi : « Vaurien ! » aux princes : « Pervers ! » qui ne fait point acception de la personne des grands, qui ne regarde pas le riche plus que le pauvre, parce que tous sont l’ouvrage de ses mains ? En un instant ils périssent, au milieu de la nuit, les peuples chancellent et disparaissent ; le puissant est emporté sans main d’homme. Car les yeux de Dieu sont ouverts sur les voies de l’homme, il voit distinctement tous ses pas. Il n’y a ni ténèbres ni ombre de la mort, où puissent se cacher ceux qui commettent l’iniquité. Il n’a pas besoin de regarder un homme deux fois, pour l’amener au jugement avec lui. Il brise les puissants sans enquête, et il en met d’autres à leur place. Il connaît donc leurs œuvres ; il les renverse de nuit, et ils sont écrasés. Il les frappe comme des impies, en un lieu où on les regarde, parce qu’en se détournant de lui, en refusant de connaître toutes ses voies, ils ont fait monter vers lui le cri du pauvre, ils l’ont rendu attentif au cri des malheureux. S’il accorde la paix, qui le trouvera mauvais ; s’il cache son visage, qui pourra le contempler, qu’il soit peuple ou homme celui qu’il traite ainsi, pour mettre fin au règne de l’impie, pour qu’il ne soit plus un piège pour le peuple ? Or avait-il dit à Dieu : « J’ai été châtié, je ne pécherai plus ; montre-moi ce que j’ignore ; si j’ai commis l’iniquité, je ne le ferai plus ? » Est-ce d’après ton avis que Dieu doit rendre la justice de sorte que tu puisses rejeter son jugement ? Choisis à ton gré, et non pas moi ; ce que tu sais, expose-le. Les gens sensés me diront, ainsi que l’homme sage qui m’écoute : « Job a parlé sans intelligence, et ses discours sont dépourvus de sagesse. Eh bien, que Job soit éprouvé jusqu’au bout, puisque ses réponses sont celles d’un impie ! Car à l’offense il ajoute la révolte ; il bat des mains au milieu de nous, il multiplie ses propos contre Dieu. » | Job 34 - Ecoutez-moi donc, hommes sensés : Loin de Dieu l’iniquité ! (E) Eliu reprit et dit : Sages, écoutez mes discours ; hommes intelligents, prêtez-moi l’oreille. Car l’oreille juge les paroles, comme le palais discerne les aliments. Tâchons de discerner ce qui est ... |
Job 35 - Si tu es juste, que lui donnes-tu ? Que reçoit-il de ta main ?Eliu prit de nouveau la parole et dit : Crois-tu que ce soit là de la justice, de dire : « J’ai raison contre Dieu ? » Car tu as dit : « Que me sert mon innocence, qu’ai-je de plus que si j’avais péché ? » Moi, je vais te répondre, et à tes amis en même temps. Considère les cieux et regarde ; vois les nuées : elles sont plus hautes que toi !... Si tu pèches, quel tort lui causes-tu ? Si tes offenses se multiplient, que lui fais-tu ? Si tu es juste, que lui donnes-tu ? Que reçoit-il de ta main ? Ton iniquité ne peut nuire qu’à tes semblables, ta justice n’est utile qu’au fils de l’homme. Des malheureux gémissent sous la violence des vexations, et crient sous la main des puissants. Mais nul ne dit : « Où est Dieu, mon Créateur, qui donne à la nuit des chants de joie, qui nous a faits plus intelligents que les animaux de la terre, plus sages que les oiseaux du ciel. » Ils crient alors, sans être exaucés, sous l’orgueilleuse tyrannie des méchants. Dieu n’exauce pas les discours insensés, le Tout-Puissant ne les regarde pas. Quand tu lui dis : « Tu ne vois pas ce qui se passe, » ta cause est devant lui ; attends son jugement. Mais, parce que sa colère ne sévit pas encore, et qu’il semble ignorer sa folie, Job prête sa bouche à de vaines paroles, et se répand en discours insensés. | Job 35 - Si tu es juste, que lui donnes-tu ? Que reçoit-il de ta main ? (E) Eliu prit de nouveau la parole et dit : Crois-tu que ce soit là de la justice, de dire : « J’ai raison contre Dieu ? » Car tu as dit : « Que me sert mon innocence, qu’ai-je de plus que si j&rsquo ... |
Job 36 - Dieu est puissant, mais il ne dédaigne personneEliu reprit encore une fois et dit : Attends un peu, et je t’instruirai, car j’ai des paroles encore pour la cause de Dieu ; je prendrai mes raisons de haut, et je montrerai la justice de mon Créateur. Sois-en sûr, mes discours sont exempts de mensonge ; devant toi est un homme sincère en ses jugements. Voici que Dieu est puissant, mais il ne dédaigne personne ; il est puissant par la force de son intelligence. Il ne laisse pas vivre le méchant, et il fait justice aux malheureux. Il ne détourne pas ses yeux des justes, il les fait asseoir sur le trône avec les rois, il les établit pour toujours, et ils sont exaltés. Viennent-ils à tomber dans les fers, sont-ils pris dans les liens du malheur, il leur dénonce leurs œuvres, leurs fautes causées par l’orgueil. Il ouvre leur oreille à la réprimande, il les exhorte à se détourner du mal. S’ils écoutent et se soumettent, ils achèvent leurs jours dans le bonheur, et leurs années dans les délices. Mais s’ils n’écoutent pas, ils périssent par le glaive, ils meurent dans leur aveuglement. Les cœurs impies se livrent à la colère, ils ne crient pas vers Dieu quand il les met dans les chaînes. Aussi meurent-ils dans leur jeunesse, et leur vie se flétrit comme celle des infâmes. Mais Dieu sauve le malheureux dans sa misère, il l’instruit par la souffrance. Toi aussi, il te retirera de la détresse, pour te mettre au large, en pleine liberté, et ta table sera dressée et chargée de mets succulents. Mais si tu combles la mesure de l’impie, tu en porteras la sentence et la peine. Crains que Dieu irrité ne t’inflige un châtiment, et que tes riches offrandes ne t’égarent. Tes cris te tireront-ils de la détresse, et même toutes les ressources de la force ? Ne soupire pas après la nuit, durant laquelle les peuples sont anéantis sur place. Prends garde de te tourner vers l’iniquité, car tu la préfères à l’affliction. Vois : Dieu est sublime dans sa puissance ! Quel maître est semblable à lui ? Qui lui trace la voie qu’il doit suivre ? Qui peut lui dire : « Tu as mal fait ? » Songe plutôt à glorifier ses œuvres, que les hommes célèbrent dans leurs chants. Tout homme les admire, le mortel les contemple de loin. Dieu est grand au-dessus de toute science, le nombre de ses années est impénétrable. Il attire les gouttes d’eau, qui se répandent en pluie sous leur poids. Les nuées la laissent couler, et tomber sur la masse des hommes. Qui comprendra l’expansion des nuages, et le fracas de la tente du Très-Haut ? Tantôt il étend autour de lui sa lumière, Tantôt il se cache comme au fond de la mer. C’est ainsi qu’il exerce sa justice sur les peuples, et qu’il donne la nourriture avec abondance. Il prend la lumière dans ses mains, et lui marque le but à atteindre. Son tonnerre l’annonce, l’effroi des troupeaux annonce son approche. | Job 36 - Dieu est puissant, mais il ne dédaigne personne (E) Eliu reprit encore une fois et dit : Attends un peu, et je t’instruirai, car j’ai des paroles encore pour la cause de Dieu ; je prendrai mes raisons de haut, et je montrerai la justice de mon Créateur. Sois-en ... |
Job 37 - Job, sois attentif à ces choses ; arrête-toi, et considère les merveilles de DieuA ce spectacle, mon cœur est tout tremblant, il bondit hors de sa place. Ecoutez, écoutez le fracas de sa voix, le grondement qui sort de sa bouche ! Il lui donne libre carrière sous l’immensité des cieux, et son éclair brille jusqu’aux extrémités de la terre. Puis éclate un rugissement, il tonne de sa voix majestueuse ; il ne retient plus les éclairs, quand on entend sa voix ; Dieu tonne de sa voix, d’une manière merveilleuse. Il fait de grandes choses que nous ne comprenons pas. Il dit à la neige : « Tombe sur la terre ; » il commande aux ondées et aux pluies torrentielles. Il met un sceau sur la main de tous les hommes, afin que tout mortel reconnaisse son Créateur. Alors l’animal sauvage rentre dans son repaire, et demeure dans sa tanière. L’ouragan sort de ses retraites cachées, l’aquilon amène les frimas. Au souffle de Dieu se forme la glace, et la masse des eaux est emprisonnée. Il charge de vapeurs les nuages, il disperse ses nuées lumineuses. On les voit, selon ses décrets, errer en tous sens, pour exécuter tout ce qu’il leur commande, sur la face de la terre habitée. C’est tantôt pour le châtiment de sa terre, et tantôt en signe de faveur qu’il les envoie. Job, sois attentif à ces choses ; arrête-toi, et considère les merveilles de Dieu. Sais-tu comment il les opère, et fait briller l’éclair dans la nue ? Comprends-tu le balancement des nuages, les merveilles de celui dont la science est parfaite, toi dont les vêtements sont chauds, quand la terre se repose au souffle du midi ? Peux-tu, comme lui, étendre les nuées, et les rendre solides comme un miroir d’airain ? Fais-nous connaître ce que nous devons lui dire : nous ne saurions lui parler, ignorants que nous sommes. Ah ! Qu’on ne lui rapporte pas mes discours ! Un homme a-t-il jamais dit qu’il désirait sa perte ? On ne peut voir maintenant la lumière du soleil, qui luit derrière les nuages ; qu’un vent passe, il les dissipe. L’or vient du septentrion ; mais Dieu, que sa majesté est redoutable ! Le Tout-Puissant, nous ne pouvons l’atteindre : il est grand en force, et en droit, et en justice, il ne répond à personne ! Que les hommes donc le révèlent ! Il ne regarde pas ceux qui se croient sages. | Job 37 - Job, sois attentif à ces choses ; arrête-toi, et considère les merveilles de Dieu (E) A ce spectacle, mon cœur est tout tremblant, il bondit hors de sa place. Ecoutez, écoutez le fracas de sa voix, le grondement qui sort de sa bouche ! Il lui donne libre carrière sous l’immensité des ... |
Job 38 - Quel est celui qui obscurcit ainsi le plan divin, par des discours sans intelligence ?Alors Yahweh répondit à Job du sein de la tempête, et dit : Quel est celui qui obscurcit ainsi le plan divin, par des discours sans intelligence ? Ceins tes reins, comme un homme : je vais t’interroger, et tu m’instruiras. Où étais-tu quand je posais les fondements de la terre ? Dis-le, si tu as l’intelligence. Qui en a fixé les dimensions ? Le sais-tu ? Qui a tendu sur le cordeau ? Sur quoi ses bases reposent-elles, ou qui en a posé la pierre angulaire, quand les astres du matin chantaient en chœur, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris d’allégresse ? Qui a fermé la mer avec des portes, lorsqu’elle sortit impétueuse du sein maternel ; quand je lui donnai les nuages pour vêtements, et pour langes d’épais brouillards ; quand je lui imposai ma loi, que je lui mis des portes et des verrous, et que je lui dis : « Tu viendras jusqu’ici, non au delà ; ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots » ? As-tu, depuis que tu existes, commandé au matin ? As-tu indiqué sa place à l’aurore, pour qu’elle saisisse les extrémités de la terre et qu’elle en secoue les méchants ; pour que la terre prenne forme, comme l’argile sous le cachet, et qu’elle se montre parée comme d’un vêtement ; pour que les malfaiteurs soient privés de leur lumière, et que le bras levé pour le crime soit brisé ? Es-tu descendu jusqu’aux sources de la mer, t’es-tu promené dans les profondeurs de l’abîme ? Les portes de la mort se sont-elles ouvertes devant toi, as-tu vu les portes du sombre séjour ? As-tu embrassé l’étendue de la terre ? Parle, si tu sais toutes ces choses. Où est le chemin qui conduit au séjour de la lumière, et où se trouve la demeure des ténèbres ? Tu pourrais les saisir en leur domaine, tu connais les sentiers de leur séjour !... Tu le sais sans doute, puisque tu étais né avant elles ; le nombre de tes jours est si grand ! Es-tu entré dans les trésors de la neige ? As-tu vu les réservoirs de la grêle, que je tiens prêtes pour le temps de la détresse, pour les jours de la guerre et du combat ? Par quelle voie la lumière se divise-t-elle, et le vent d’orient se répand-il sur la terre ? Qui a ouvert des canaux aux ondées, et tracé une route aux feux du tonnerre, afin que la pluie tombe sur une terre inhabitée, sur le désert où il n’y a point d’hommes ; pour qu’elle arrose la plaine vaste et vide, et y fasse germer l’herbe verte ! La pluie a-t-elle un père ? Qui engendre les gouttes de la rosée ? De quel sein sort la glace ? Et le givre du ciel, qui l’enfante, pour que les eaux durcissent comme la pierre, et que la surface de l’abîme se solidifie ? Est-ce toi qui serres les liens des Pléiades, ou pourrais-tu relâcher les chaînes d’Orion ? Est-ce toi qui fais lever les constellations en leur temps, qui conduis l’Ourse avec ses petits ? Connais-tu les lois du ciel, règles-tu ses influences sur la terre ? Elèves-tu ta voix jusque dans les nues, pour que des torrents d’eau tombent sur toi ? Est-ce toi qui lâches les éclairs pour qu’ils partent, et te disent-ils : « Nous voici ! » Qui a mis la sagesse dans les nuées, ou qui a donné l’intelligence aux météores ? Qui peut exactement compter les nuées, incliner les urnes du ciel, pour que la poussière se forme en masse solide et que les glèbes adhèrent ensemble ? Est-ce toi qui chasses pour la lionne sa proie, qui rassasies la faim des lionceaux, quand ils sont couchés dans leur tanière, qu’ils se tiennent en embuscade dans le taillis ? Qui prépare au corbeau sa pâture, quand ses petits crient vers Dieu, qu’ils errent çà et là, sans nourriture ? | Job 38 - Quel est celui qui obscurcit ainsi le plan divin, par des discours sans intelligence ? (E) Alors Yahweh répondit à Job du sein de la tempête, et dit : Quel est celui qui obscurcit ainsi le plan divin, par des discours sans intelligence ? Ceins tes reins, comme un homme : je vais t’interroger, et ... |
Job 39 -Connais-tu le temps où les chèvres sauvages font leurs petits ? As-tu observé les biches quand elles mettent bas ? As-tu compté les mois de leur portée, et connais-tu l’époque de leur délivrance ? Elles se mettent à genoux, déposent leurs petits, et sont quittes de leurs douleurs. Leurs faons se fortifient et grandissent dans les champs ; ils s’en vont, et ne reviennent plus. Qui a lâché l’onagre en liberté, qui a brisé les liens de l’âne sauvage, à qui j’ai donné le désert pour maison, pour demeure la plaine salée ? Il méprise le tumulte des villes, il n’entend pas les cris d’un maître. Il parcourt les montagnes pour trouver sa pâture, il y poursuit les moindres traces de verdure. Le buffle voudra-t-il te servir, ou bien passera-t-il la nuit dans son étable ? L’attacheras-tu avec une corde au sillon, ou bien hersera-t-il derrière toi dans les vallées ? Te fieras-tu à lui parce qu’il est très fort, lui laisseras-tu faire tes travaux ? Compteras-tu sur lui pour rentrer ta moisson, pour recueillir le blé dans ton aire ? L’aile de l’autruche bat joyeusement ; elle n’a ni l’aile pieuse ni le plumage de la cigogne. Elle abandonne ses œufs à la terre, et les laisse chauffer sur le sable. Elle oublie que le pied peut les fouler, la bête des champs les écraser. Elle est dure pour ses petits, comme s’ils n’étaient pas siens ; que son travail soit vain, elle ne s’en inquiète pas. Car Dieu lui a refusé la sagesse, et ne lui a pas départi l’intelligence. Mais quand elle se bat les flancs et prend son essor, elle se rit du cheval et du cavalier. Est-ce toi qui donnes au cheval la vigueur, qui revêts son cou d’une crinière flottante, qui le fais bondir comme la sauterelle ? Son fier hennissement répand la terreur. Il creuse du pied la terre, il est fier de sa force, il s’élance au-devant du combat. Il se rit de la peur ; rien ne l’effraie ; il ne recule pas devant l’épée. Sur lui résonne le carquois, la lance étincelante et le javelot. Il frémit, il s’agit, il dévore le sol ; il ne se contient plus quand la trompette sonne. Au bruit de la trompette, il dit : « Allons ! » De loin il flaire la bataille, la voix tonnante des chefs et les cris des guerriers. Est-ce par ta sagesse que l’épervier prend son vol et déploie ses ailes vers le midi ? Est-ce à ton ordre que l’aigle s’élève, et fait son nid sur les hauteurs ? Il habite les rochers, il fixe sa demeure dans les dents de la pierre, sur les sommets. De là, il guette sa proie, son regard perce au loin. Ses petits s’abreuvent de sang ; partout où il y a des cadavres, on le trouve. | Job 39 - (E) Connais-tu le temps où les chèvres sauvages font leurs petits ? As-tu observé les biches quand elles mettent bas ? As-tu compté les mois de leur portée, et connais-tu l’époque de leur d&ea ... |
Job 40 - Job: J’ai parlé une fois, je ne répliquerai pasYahweh s’adressant à Job, dit : Le censeur du Tout-Puissant veut-il encore plaider contre lui ? Celui qui dispute avec Dieu peut-il répondre ? Job répondit à Yahweh, en disant : Chétif que je suis, que te répondrai-je ? Je mets la main sur ma bouche. J’ai parlé une fois, je ne répliquerai pas ; deux fois, je n’ajouterai rien. Yahweh parla encore à Job du sein de la tempête et dit : Ceins tes reins, comme un homme ; Je vais t’interroger, et tu m’instruiras. Veux-tu donc anéantir ma justice, me condamner afin d’avoir droit ? As-tu un bras comme celui de Dieu, et tonnes-tu de la voix comme lui ? Pare-toi de grandeur et de magnificence, revêts-toi de gloire et de majesté ; épanche les flots de ta colère, d’un regard abaisse tout superbe. D’un regard fais plier tout superbe, écrase sur place les méchants ; cache-les tous ensemble dans la poussière, enferme leur visage dans les ténèbres. Alors, moi aussi, je te rendrai l’hommage, que ta droite peut te sauver. Vois Béhémoth, que j’ai créé comme toi : il se nourrit d’herbe, comme le bœuf. Vois donc, sa force est dans ses reins, et sa vigueur dans les muscles de ses flancs ! Il dresse sa queue comme un cèdre ; les nerfs de ses cuisses forment un solide faisceau. Ses os sont des tubes d’airain, ses côtes sont des barres de fer. C’est le chef-d’œuvre de Dieu ; son Créateur l’a pourvu d’un glaive. Les montagnes produisent pour lui du fourrage, autour de lui se jouent toutes les bêtes des champs. Il se couche sous les lotus, dans le secret des roseaux et des marécages. Les lotus le couvrent de leur ombre, les saules du torrent l’environnent. Que le fleuve déborde, il ne craint pas ; il serait calme, si le Jourdain montait à sa gueule. Est-ce en face qu’on pourra le saisir, avec des filets, et lui percer les narines ? Tireras-tu Léviathan avec un hameçon, et lui serreras-tu la langue avec une corde ? Lui passeras-tu un jonc dans les narines, et lui perceras-tu la mâchoire avec un anneau ? T’adressera-t-il d’ardentes prières, te dira-t-il de douces paroles ? Fera-t-il une alliance avec toi, le prendras-tu toujours à ton service ? Joueras-tu avec lui comme avec un passereau, l’attacheras-tu pour amuser tes filles ? Les pêcheurs associés en font-ils le commerce, le partagent-ils entre les marchands ? Cribleras-tu sa peau de dards, perceras-tu sa tête du harpon ? Essaie de mettre la main sur lui : souviens-toi du combat, et tu n’y reviendras plus. | Job 40 - Job: J’ai parlé une fois, je ne répliquerai pas (E) Yahweh s’adressant à Job, dit : Le censeur du Tout-Puissant veut-il encore plaider contre lui ? Celui qui dispute avec Dieu peut-il répondre ? Job répondit à Yahweh, en disant : Chétif qu ... |
Job 41 -Voici que le chasseur est trompé dans son attente ; la vue du monstre suffit à le terrasser. Nul n’est assez hardi pour provoquer Léviathan : qui donc oserait me résister en face ? Qui m’a obligé, pour que j’aie à lui rendre ? Tout ce qui est sous le ciel est à moi. Je ne veux pas taire ses membres, sa force, l’harmonie de sa structure. Qui jamais a soulevé le bord de sa cuirasse ? Qui a franchi la double ligne de son râtelier ? Qui a ouvert les portes de sa gueule ? Autour de ses dents habite la terreur. Superbes sont les lignes de ses écailles, comme des sceaux étroitement serrés. Chacune touche sa voisine ; un souffle ne passerait pas entre elles. Elles adhèrent l’une à l’autre, elles sont jointes et ne sauraient se séparer. Ses éternuements font jaillir la lumière, ses yeux sont comme les paupières de l’aurore. Des flammes jaillissent de sa gueule, il s’en échappe des étincelles de feu. Une fumée sort de ses narines, comme d’une chaudière ardente et bouillante. Son souffle allume les charbons, de sa bouche s’élance la flamme. Dans son cou réside la force, devant lui bondit l’épouvante. Les muscles de sa chair tiennent ensemble ; fondus sur lui, inébranlables. Son cœur est dur comme la pierre, dur comme la meule inférieure. Quand il se lève, les plus braves ont peur, l’épouvante les fait défaillir. Qu’on l’attaque avec l’épée, l’épée ne résiste pas, ni la lance, ni le javelot, ni la flèche. Il tient le fer pour de la paille, l’airain comme un bois vermoulu. La fille de l’arc ne le fait pas fuir, les pierres de la fronde sont pour lui un fétu, la massue, un brin de chaume ; il se rit du fracas des piques. Sous son ventre sont des tessons aigus : on dirait une herse qu’il étend sur le limon. Il fait bouillonner l’abîme comme une chaudière, il fait de la mer un vase de parfums. Il laisse après lui un sillage de lumière, on dirait que l’abîme a des cheveux blancs. Il n’a pas son égal sur la terre, il a été créé pour ne rien craindre. Il regarde en face tout ce qui est élevé, il est le roi des plus fiers animaux. | Job 41 - (E) Voici que le chasseur est trompé dans son attente ; la vue du monstre suffit à le terrasser. Nul n’est assez hardi pour provoquer Léviathan : qui donc oserait me résister en face ? Qui m’a obl ... |
Job 42 - Oui, j’ai parlé sans intelligence de merveilles qui me dépassent et que j’ignoreJob répondit à Yahweh et dit : Je sais que tu peux tout, et que pour toi aucun dessein n’est trop difficile. « Quel est celui qui obscurcit le plan divin, sans savoir ? » Oui, j’ai parlé sans intelligence de merveilles qui me dépassent et que j’ignore. « Ecoute-moi, je vais parler ; je t’interrogerai, réponds-moi. » Mon oreille avait entendu parler de toi ; mais maintenant mon œil t’a vu. C’est pourquoi je me condamne et me repens, sur la poussière et sur la cendre. Après que Yahweh eut adressé ces paroles à Job, il dit à Eliphaz de Théman : « Ma colère est allumée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n’avez pas parlé de moi selon la vérité, comme l’a fait mon serviteur Job. Maintenant, prenez sept jeunes taureaux et sept béliers ; puis venez trouver mon serviteur Job, et offrez pour vous un holocauste. Job, mon serviteur, priera pour vous, et c’est par égard pour lui que je ne vous traiterai point selon votre folie ; car vous n’avez pas parlé de moi selon la vérité, comme l’a fait mon serviteur Job. » Eliphaz de Théman, Baldad de Suhé et Sophar de Naaman allèrent donc et firent comme Yahweh leur avait dit ; et Yahweh eut égard à la prière de Job. Yahweh rétablit Job dans son premier état, pendant que Job intercédait pour ses amis, et Yahweh rendit à Job le double de tous ses biens. Ses frères, ses sœurs et ses anciens amis vinrent tous le visiter et mangèrent avec lui dans sa maison. Ils le plaignirent et le consolèrent de tous les malheurs que Yahweh avait fait venir sur lui ; et ils lui firent don chacun d’une késita et d’un anneau d’or. Et Yahweh bénit les derniers temps de Job plus encore que les premiers, et il posséda quatorze mille brebis, six mille chameaux, mille paires de bœufs et mille ânesses. Il eut sept fils et trois filles ; il nomma la première Jémima, la deuxième Ketsia et la troisième Kéren-Hapouk. On ne trouvait pas dans toute la terre d’aussi belles femmes que les filles de Job, et leur père leur donna une part d’héritage parmi leurs frères. Job vécut après cela cent quarante ans, et il vit ses fils et les fils de ses fils jusqu’à la quatrième génération. Et Job mourut vieux et rassasié de jours. | Job 42 - Oui, j’ai parlé sans intelligence de merveilles qui me dépassent et que j’ignore (E) Job répondit à Yahweh et dit : Je sais que tu peux tout, et que pour toi aucun dessein n’est trop difficile. « Quel est celui qui obscurcit le plan divin, sans savoir ? » Oui, j’ai parlé ... |
la Bible - Job 1 a 10 (illustr: Bonnat)Job 1 1. Il y avait dans le pays d'Uts un homme qui s'appelait Job. Et cet homme était intègre et droit; il craignait Dieu, et se détournait du mal. 2 Il lui naquit sept fils et trois filles. 3 Il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de boeufs, cinq cents ânesses, et un très grand nombre de serviteurs. Et cet homme était le plus considérable de tous les fils de l'Orient. 4. Ses fils allaient les uns chez les autres et donnaient tour à tour un festin, et ils invitaient leurs trois soeurs à manger et à boire avec eux. 5 Et quand les jours de festin étaient passés, Job appelait et sanctifiait ses fils, puis il se levait de bon matin et offrait pour chacun d'eux un holocauste; car Job disait: Peut-être mes fils ont-ils péché et ont-ils offensé Dieu dans leur coeur. C'est ainsi que Job avait coutume d'agir. 6. Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux. 7 L'Éternel dit à Satan: D'où viens-tu? Et Satan répondit à l'Éternel: De parcourir la terre et de m'y promener. 8 L'Éternel dit à Satan: As-tu remarqué mon serviteur Job? Il n'y a personne comme lui sur la terre; c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. 9 Et Satan répondit à l'Éternel: Est-ce d'une manière désintéressée que Job craint Dieu? 10 Ne l'as-tu pas protégé, lui, sa maison, et tout ce qui est à lui? Tu as béni l'oeuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays. 11 Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu'il te maudit en face. 12 L'Éternel dit à Satan: Voici, tout ce qui lui appartient, je te le livre; seulement, ne porte pas la main sur lui. Et Satan se retira de devant la face de l'Éternel. 13. Un jour que les fils et les filles de Job mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné, 14 il arriva auprès de Job un messager qui dit: Les boeufs labouraient et les ânesses paissaient à côté d'eux; 15 des Sabéens se sont jetés dessus, les ont enlevés, et ont passé les serviteurs au fil de l'épée. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle. 16 Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit: Le feu de Dieu est tombé du ciel, a embrasé les brebis et les serviteurs, et les a consumés. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle. 17 Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit: Des Chaldéens, formés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux, les ont enlevés, et ont passé les serviteurs au fil de l'épée. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle. 18 Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit: Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné; 19 et voici, un grand vent est venu de l'autre côté du désert, et a frappé contre les quatre coins de la maison; elle s'est écroulée sur les jeunes gens, et ils sont morts. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle. 20. Alors Job se leva, déchira son manteau, et se rasa la tête; puis, se jetant par terre, il se prosterna, 21 et dit: Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L'Éternel a donné, et l'Éternel a ôté; que le nom de l'Éternel soit béni! 22 En tout cela, Job ne pécha point et n'attribua rien d'injuste à Dieu. Job 2 1. Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux se présenter devant l'Éternel. 2 L'Éternel dit à Satan: D'où viens-tu? Et Satan répondit à l'Éternel: De parcourir la terre et de m'y promener. 3 L'Éternel dit à Satan: As-tu remarqué mon serviteur Job? Il n'y a personne comme lui sur la terre; c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. Il demeure ferme dans son intégrité, et tu m'excites à le perdre sans motif. 4 Et Satan répondit à l'Éternel: Peau pour peau! tout ce que possède un homme, il le donne pour sa vie. 5 Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair, et je suis sûr qu'il te maudit en face. 6 L'Éternel dit à Satan: Voici, je te le livre: seulement, épargne sa vie. 7. Et Satan se retira de devant la face de l'Éternel. Puis il frappa Job d'un ulcère malin, depuis la plante du pied jusqu'au sommet de la tête. 8 Et Job prit un tesson pour se gratter et s'assit sur la cendre. 9 Sa femme lui dit: Tu demeures ferme dans ton intégrité! Maudis Dieu, et meurs! 10 Mais Job lui répondit: Tu parles comme une femme insensée. Quoi! nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal! En tout cela Job ne pécha point par ses lèvres. 11. Trois amis de Job, Éliphaz de Théman, Bildad de Schuach, et Tsophar de Naama, apprirent tous les malheurs qui lui étaient arrivés. Ils se concertèrent et partirent de chez eux pour aller le plaindre et le consoler! 12 Ayant de loin porté les regards sur lui, ils ne le reconnurent pas, et ils élevèrent la voix et pleurèrent. Ils déchirèrent leurs manteaux, et ils jetèrent de la poussière en l'air au-dessus de leur tête. 13 Et ils se tinrent assis à terre auprès de lui sept jours et sept nuits, sans lui dire une parole, car ils voyaient combien sa douleur était grande. Job 3 1. Après cela, Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. 2 Il prit la parole et dit: 3 Périsse le jour où je suis né, Et la nuit qui dit: Un enfant mâle est conçu! 4 Ce jour! qu'il se change en ténèbres, Que Dieu n'en ait point souci dans le ciel, Et que la lumière ne rayonne plus sur lui! 5 Que l'obscurité et l'ombre de la mort s'en emparent, Que des nuées établissent leur demeure au-dessus de lui, Et que de noirs phénomènes l'épouvantent! 6 Cette nuit! que les ténèbres en fassent leur proie, Qu'elle disparaisse de l'année, Qu'elle ne soit plus comptée parmi les mois! 7 Que cette nuit devienne stérile, Que l'allégresse en soit bannie! 8 Qu'elle soit maudite par ceux qui maudissent les jours, Par ceux qui savent exciter le léviathan! 9 Que les étoiles de son crépuscule s'obscurcissent, Qu'elle attende en vain la lumière, Et qu'elle ne voie point les paupières de l'aurore! 10 Car elle n'a pas fermé le sein qui me conçut, Ni dérobé la souffrance à mes regards. 11. Pourquoi ne suis-je pas mort dans le ventre de ma mère? Pourquoi n'ai-je pas expiré au sortir de ses entrailles? 12 Pourquoi ai-je trouvé des genoux pour me recevoir, Et des mamelles pour m'allaiter? 13 Je serais couché maintenant, je serais tranquille, Je dormirais, je reposerais, 14 Avec les rois et les grands de la terre, Qui se bâtirent des mausolées, 15 Avec les princes qui avaient de l'or, Et qui remplirent d'argent leurs demeures. 16 Ou je n'existerais pas, je serais comme un avorton caché, Comme des enfants qui n'ont pas vu la lumière. 17 Là ne s'agitent plus les méchants, Et là se reposent ceux qui sont fatigués et sans force; 18 Les captifs sont tous en paix, Ils n'entendent pas la voix de l'oppresseur; 19 Le petit et le grand sont là, Et l'esclave n'est plus soumis à son maître. 20. Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui souffre, Et la vie à ceux qui ont l'amertume dans l'âme, 21 Qui espèrent en vain la mort, Et qui la convoitent plus qu'un trésor, 22 Qui seraient transportés de joie Et saisis d'allégresse, s'ils trouvaient le tombeau? 23 A l'homme qui ne sait où aller, Et que Dieu cerne de toutes parts? 24 Mes soupirs sont ma nourriture, Et mes cris se répandent comme l'eau. 25 Ce que je crains, c'est ce qui m'arrive; Ce que je redoute, c'est ce qui m'atteint. 26 Je n'ai ni tranquillité, ni paix, ni repos, Et le trouble s'est emparé de moi. Job 4 1. Éliphaz de Théman prit la parole et dit: 2 Si nous osons ouvrir la bouche, en seras-tu peiné? Mais qui pourrait garder le silence? 3 Voici, tu as souvent enseigné les autres, Tu as fortifié les mains languissantes, 4 Tes paroles ont relevé ceux qui chancelaient, Tu as affermi les genoux qui pliaient. 5 Et maintenant qu'il s'agit de toi, tu faiblis! Maintenant que tu es atteint, tu te troubles! 6 Ta crainte de Dieu n'est-elle pas ton soutien? Ton espérance, n'est-ce pas ton intégrité? 7. Cherche dans ton souvenir: quel est l'innocent qui a péri? Quels sont les justes qui ont été exterminés? 8 Pour moi, je l'ai vu, ceux qui labourent l'iniquité Et qui sèment l'injustice en moissonnent les fruits; 9 Ils périssent par le souffle de Dieu, Ils sont consumés par le vent de sa colère, 10 Le rugissement des lions prend fin, Les dents des lionceaux sont brisées; 11 Le lion périt faute de proie, Et les petits de la lionne se dispersent. 12. Une parole est arrivée furtivement jusqu'à moi, Et mon oreille en a recueilli les sons légers. 13 Au moment où les visions de la nuit agitent la pensée, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, 14 Je fus saisi de frayeur et d'épouvante, Et tous mes os tremblèrent. 15 Un esprit passa près de moi... Tous mes cheveux se hérissèrent... 16 Une figure d'un aspect inconnu était devant mes yeux, Et j'entendis une voix qui murmurait doucement: 17 L'homme serait-il juste devant Dieu? Serait-il pur devant celui qui l'a fait? 18 Si Dieu n'a pas confiance en ses serviteurs, S'il trouve de la folie chez ses anges, 19 Combien plus chez ceux qui habitent des maisons d'argile, Qui tirent leur origine de la poussière, Et qui peuvent être écrasés comme un vermisseau! 20 Du matin au soir ils sont brisés, Ils périssent pour toujours, et nul n'y prend garde; 21 Le fil de leur vie est coupé, Ils meurent, et ils n'ont pas acquis la sagesse. Job 5 1. Crie maintenant! Qui te répondra? Auquel des saints t'adresseras-tu? 2 L'insensé périt dans sa colère, Le fou meurt dans ses emportements. 3 J'ai vu l'insensé prendre racine; Puis soudain j'ai maudit sa demeure. 4 Plus de prospérité pour ses fils; Ils sont foulés à la porte, et personne qui les délivre! 5 Sa moisson est dévorée par des affamés, Qui viennent l'enlever jusque dans les épines, Et ses biens sont engloutis par des hommes altérés. 6. Le malheur ne sort pas de la poussière, Et la souffrance ne germe pas du sol; 7 L'homme naît pour souffrir, Comme l'étincelle pour voler. 8 Pour moi, j'aurais recours à Dieu, Et c'est à Dieu que j'exposerais ma cause. 9 Il fait des choses grandes et insondables, Des merveilles sans nombre; 10 Il répand la pluie sur la terre, Et envoie l'eau sur les campagnes; 11 Il relève les humbles, Et délivre les affligés; 12 Il anéantit les projets des hommes rusés, Et leurs mains ne peuvent les accomplir; 13 Il prend les sages dans leur propre ruse, Et les desseins des hommes artificieux sont renversés: 14 Ils rencontrent les ténèbres au milieu du jour, Ils tâtonnent en plein midi comme dans la nuit. 15 Ainsi Dieu protège le faible contre leurs menaces, Et le sauve de la main des puissants; 16 Et l'espérance soutient le malheureux, Mais l'iniquité ferme la bouche. 17. Heureux l'homme que Dieu châtie! Ne méprise pas la correction du Tout Puissant. 18 Il fait la plaie, et il la bande; Il blesse, et sa main guérit. 19 Six fois il te délivrera de l'angoisse, Et sept fois le mal ne t'atteindra pas. 20 Il te sauvera de la mort pendant la famine, Et des coups du glaive pendant la guerre. 21 Tu seras à l'abri du fléau de la langue, Tu seras sans crainte quand viendra la dévastation. 22 Tu te riras de la dévastation comme de la famine, Et tu n'auras pas à redouter les bêtes de la terre; 23 Car tu feras alliance avec les pierres des champs, Et les bêtes de la terre seront en paix avec toi. 24 Tu jouiras du bonheur sous ta tente, Tu retrouveras tes troupeaux au complet, 25 Tu verras ta postérité s'accroître, Et tes rejetons se multiplier comme l'herbe des champs. 26 Tu entreras au sépulcre dans la vieillesse, Comme on emporte une gerbe en son temps. 27 Voilà ce que nous avons reconnu, voilà ce qui est; A toi d'entendre et de mettre à profit. Job 6 1. Job prit la parole et dit: 2 Oh! s'il était possible de peser ma douleur, Et si toutes mes calamités étaient sur la balance, 3 Elles seraient plus pesantes que le sable de la mer; Voilà pourquoi mes paroles vont jusqu'à la folie! 4 Car les flèches du Tout Puissant m'ont percé, Et mon âme en suce le venin; Les terreurs de Dieu se rangent en bataille contre moi. 5 L'âne sauvage crie-t-il auprès de l'herbe tendre? Le boeuf mugit-il auprès de son fourrage? 6 Peut-on manger ce qui est fade et sans sel? Y a-t-il de la saveur dans le blanc d'un oeuf? 7 Ce que je voudrais ne pas toucher, C'est là ma nourriture, si dégoûtante soit-elle! 8. Puisse mon voeu s'accomplir, Et Dieu veuille réaliser mon espérance! 9 Qu'il plaise à Dieu de m'écraser, Qu'il étende sa main et qu'il m'achève! 10 Il me restera du moins une consolation, Une joie dans les maux dont il m'accable: Jamais je n'ai transgressé les ordres du Saint. 11 Pourquoi espérer quand je n'ai plus de force? Pourquoi attendre quand ma fin est certaine? 12 Ma force est-elle une force de pierre? Mon corps est-il d'airain? 13 Ne suis-je pas sans ressource, Et le salut n'est-il pas loin de moi? 14. Celui qui souffre a droit à la compassion de son ami, Même quand il abandonnerait la crainte du Tout Puissant. 15 Mes frères sont perfides comme un torrent, Comme le lit des torrents qui disparaissent. 16 Les glaçons en troublent le cours, La neige s'y précipite; 17 Viennent les chaleurs, et ils tarissent, Les feux du soleil, et leur lit demeure à sec. 18 Les caravanes se détournent de leur chemin, S'enfoncent dans le désert, et périssent. 19 Les caravanes de Théma fixent le regard, Les voyageurs de Séba sont pleins d'espoir; 20 Ils sont honteux d'avoir eu confiance, Ils restent confondus quand ils arrivent. 21 Ainsi, vous êtes comme si vous n'existiez pas; Vous voyez mon angoisse, et vous en avez horreur! 22. Vous ai-je dit: Donnez-moi quelque chose, Faites en ma faveur des présents avec vos biens, 23 Délivrez-moi de la main de l'ennemi, Rachetez-moi de la main des méchants? 24 Instruisez-moi, et je me tairai; Faites-moi comprendre en quoi j'ai péché. 25 Que les paroles vraies sont persuasives! Mais que prouvent vos remontrances? 26 Voulez-vous donc blâmer ce que j'ai dit, Et ne voir que du vent dans les discours d'un désespéré? 27 Vous accablez un orphelin, Vous persécutez votre ami. 28 Regardez-moi, je vous prie! Vous mentirais-je en face? 29 Revenez, ne soyez pas injustes; Revenez, et reconnaissez mon innocence. 30 Y a-t-il de l'iniquité sur ma langue, Et ma bouche ne discerne-t-elle pas le mal? Job 7 1. Le sort de l'homme sur la terre est celui d'un soldat, Et ses jours sont ceux d'un mercenaire. 2 Comme l'esclave soupire après l'ombre, Comme l'ouvrier attend son salaire, 3 Ainsi j'ai pour partage des mois de douleur, J'ai pour mon lot des nuits de souffrance. 4 Je me couche, et je dis: Quand me lèverai-je? quand finira la nuit? Et je suis rassasié d'agitations jusqu'au point du jour. 5 Mon corps se couvre de vers et d'une croûte terreuse, Ma peau se crevasse et se dissout. 6 Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand, Ils s'évanouissent: plus d'espérance! 7. Souviens-toi que ma vie est un souffle! Mes yeux ne reverront pas le bonheur. 8 L'oeil qui me regarde ne me regardera plus; Ton oeil me cherchera, et je ne serai plus. 9 Comme la nuée se dissipe et s'en va, Celui qui descend au séjour des morts ne remontera pas; 10 Il ne reviendra plus dans sa maison, Et le lieu qu'il habitait ne le connaîtra plus. 11 C'est pourquoi je ne retiendrai point ma bouche, Je parlerai dans l'angoisse de mon coeur, Je me plaindrai dans l'amertume de mon âme. 12 Suis-je une mer, ou un monstre marin, Pour que tu établisses des gardes autour de moi? 13 Quand je dis: Mon lit me soulagera, Ma couche calmera mes douleurs, 14 C'est alors que tu m'effraies par des songes, Que tu m'épouvantes par des visions. 15 Ah! je voudrais être étranglé! Je voudrais la mort plutôt que ces os! 16 Je les méprise!... je ne vivrai pas toujours... Laisse-moi, car ma vie n'est qu'un souffle. 17. Qu'est-ce que l'homme, pour que tu en fasses tant de cas, Pour que tu daignes prendre garde à lui, 18 Pour que tu le visites tous les matins, Pour que tu l'éprouves à tous les instants? 19 Quand cesseras-tu d'avoir le regard sur moi? Quand me laisseras-tu le temps d'avaler ma salive? 20 Si j'ai péché, qu'ai-je pu te faire, gardien des hommes? Pourquoi me mettre en butte à tes traits? Pourquoi me rendre à charge à moi-même? 21 Que ne pardonnes-tu mon péché, Et que n'oublies-tu mon iniquité? Car je vais me coucher dans la poussière; Tu me chercheras, et je ne serai plus. Job 8 1. Bildad de Schuach prit la parole et dit: 2 Jusqu'à quand veux-tu discourir de la sorte, Et les paroles de ta bouche seront-elles un vent impétueux? 3 Dieu renverserait-il le droit? Le Tout Puissant renverserait-il la justice? 4 Si tes fils ont péché contre lui, Il les a livrés à leur péché. 5 Mais toi, si tu as recours à Dieu, Si tu implores le Tout Puissant; 6 Si tu es juste et droit, Certainement alors il veillera sur toi, Et rendra le bonheur à ton innocente demeure; 7 Ton ancienne prospérité semblera peu de chose, Celle qui t'est réservée sera bien plus grande. 8. Interroge ceux des générations passées, Sois attentif à l'expérience de leurs pères. 9 Car nous sommes d'hier, et nous ne savons rien, Nos jours sur la terre ne sont qu'une ombre. 10 Ils t'instruiront, ils te parleront, Ils tireront de leur coeur ces sentences: 11 Le jonc croît-il sans marais? Le roseau croît-il sans humidité? 12 Encore vert et sans qu'on le coupe, Il sèche plus vite que toutes les herbes. 13 Ainsi arrive-t-il à tous ceux qui oublient Dieu, Et l'espérance de l'impie périra. 14 Son assurance est brisée, Son soutien est une toile d'araignée. 15 Il s'appuie sur sa maison, et elle n'est pas ferme; Il s'y cramponne, et elle ne résiste pas. 16 Dans toute sa vigueur, en plein soleil, Il étend ses rameaux sur son jardin, 17 Il entrelace ses racines parmi les pierres, Il pénètre jusque dans les murailles; 18 L'arrache-t-on du lieu qu'il occupe, Ce lieu le renie: Je ne t'ai point connu! 19 Telles sont les délices que ses voies lui procurent. Puis sur le même sol d'autres s'élèvent après lui. 20. Non, Dieu ne rejette point l'homme intègre, Et il ne protège point les méchants. 21 Il remplira ta bouche de cris de joie, Et tes lèvres de chants d'allégresse. 22 Tes ennemis seront couverts de honte; La tente des méchants disparaîtra. Job 9 1. Job prit la parole et dit: 2 Je sais bien qu'il en est ainsi; Comment l'homme serait-il juste devant Dieu? 3 S'il voulait contester avec lui, Sur mille choses il ne pourrait répondre à une seule. 4 A lui la sagesse et la toute-puissance: Qui lui résisterait impunément? 5 Il transporte soudain les montagnes, Il les renverse dans sa colère. 6 Il secoue la terre sur sa base, Et ses colonnes sont ébranlées. 7 Il commande au soleil, et le soleil ne paraît pas; Il met un sceau sur les étoiles. 8 Seul, il étend les cieux, Il marche sur les hauteurs de la mer. 9 Il a créé la Grande Ourse, l'Orion et les Pléiades, Et les étoiles des régions australes. 10 Il fait des choses grandes et insondables, Des merveilles sans nombre. 11 Voici, il passe près de moi, et je ne le vois pas, Il s'en va, et je ne l'aperçois pas. 12 S'il enlève, qui s'y opposera? Qui lui dira: Que fais-tu? 13 Dieu ne retire point sa colère; Sous lui s'inclinent les appuis de l'orgueil. 14. Et moi, comment lui répondre? Quelles paroles choisir? 15 Quand je serais juste, je ne répondrais pas; Je ne puis qu'implorer mon juge. 16 Et quand il m'exaucerait, si je l'invoque, Je ne croirais pas qu'il eût écouté ma voix, 17 Lui qui m'assaille comme par une tempête, Qui multiplie sans raison mes blessures, 18 Qui ne me laisse pas respirer, Qui me rassasie d'amertume. 19 Recourir à la force? Il est Tout Puissant. A la justice? Qui me fera comparaître? 20 Suis-je juste, ma bouche me condamnera; Suis-je innocent, il me déclarera coupable. 21 Innocent! Je le suis; mais je ne tiens pas à la vie, Je méprise mon existence. 22. Qu'importe après tout? Car, j'ose le dire, Il détruit l'innocent comme le coupable. 23 Si du moins le fléau donnait soudain la mort!... Mais il se rit des épreuves de l'innocent. 24 La terre est livrée aux mains de l'impie; Il voile la face des juges. Si ce n'est pas lui, qui est-ce donc? 25. Mes jours sont plus rapides qu'un courrier; Ils fuient sans avoir vu le bonheur; 26 Ils passent comme les navires de jonc, Comme l'aigle qui fond sur sa proie. 27 Si je dis: Je veux oublier mes souffrances, Laisser ma tristesse, reprendre courage, 28 Je suis effrayé de toutes mes douleurs. Je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent. 29 Je serai jugé coupable; Pourquoi me fatiguer en vain? 30 Quand je me laverais dans la neige, Quand je purifierais mes mains avec du savon, 31 Tu me plongerais dans la fange, Et mes vêtements m'auraient en horreur. 32 Il n'est pas un homme comme moi, pour que je lui réponde, Pour que nous allions ensemble en justice. 33 Il n'y a pas entre nous d'arbitre, Qui pose sa main sur nous deux. 34 Qu'il retire sa verge de dessus moi, Que ses terreurs ne me troublent plus; 35 Alors je parlerai et je ne le craindrai pas. Autrement, je ne suis point à moi-même. Job 10 1. Mon âme est dégoûtée de la vie! Je donnerai cours à ma plainte, Je parlerai dans l'amertume de mon âme. 2 Je dis à Dieu: Ne me condamne pas! Fais-moi savoir pourquoi tu me prends à partie! 3 Te paraît-il bien de maltraiter, De repousser l'ouvrage de tes mains, Et de faire briller ta faveur sur le conseil des méchants? 4 As-tu des yeux de chair, Vois-tu comme voit un homme? 5 Tes jours sont-ils comme les jours de l'homme, Et tes années comme ses années, 6 Pour que tu recherches mon iniquité, Pour que tu t'enquières de mon péché, 7 Sachant bien que je ne suis pas coupable, Et que nul ne peut me délivrer de ta main? 8. Tes mains m'ont formé, elles m'ont créé, Elles m'ont fait tout entier... Et tu me détruirais! 9 Souviens-toi que tu m'as façonné comme de l'argile; Voudrais-tu de nouveau me réduire en poussière? 10 Ne m'as-tu pas coulé comme du lait? Ne m'as-tu pas caillé comme du fromage? 11 Tu m'as revêtu de peau et de chair, Tu m'as tissé d'os et de nerfs; 12 Tu m'as accordé ta grâce avec la vie, Tu m'as conservé par tes soins et sous ta garde. 13 Voici néanmoins ce que tu cachais dans ton coeur, Voici, je le sais, ce que tu as résolu en toi-même. 14. Si je pèche, tu m'observes, Tu ne pardonnes pas mon iniquité. 15 Suis-je coupable, malheur à moi! Suis-je innocent, je n'ose lever la tête, Rassasié de honte et absorbé dans ma misère. 16 Et si j'ose la lever, tu me poursuis comme un lion, Tu me frappes encore par des prodiges. 17 Tu m'opposes de nouveaux témoins, Tu multiplies tes fureurs contre moi, Tu m'assailles d'une succession de calamités. 18 Pourquoi m'as-tu fait sortir du sein de ma mère? Je serais mort, et aucun oeil ne m'aurait vu; 19 Je serais comme si je n'eusse pas existé, Et j'aurais passé du ventre de ma mère au sépulcre. 20 Mes jours ne sont-ils pas en petit nombre? Qu'il me laisse, Qu'il se retire de moi, et que je respire un peu, 21 Avant que je m'en aille, pour ne plus revenir, Dans le pays des ténèbres et de l'ombre de la mort, 22 Pays d'une obscurité profonde, Où règnent l'ombre de la mort et la confusion, Et où la lumière est semblable aux ténèbres. | la Bible - Job 1 a 10 (illustr: Bonnat) (E) Job 1 1. Il y avait dans le pays d'Uts un homme qui s'appelait Job. Et cet homme était intègre et droit; il craignait Dieu, et se détournait du mal. 2 Il lui naquit sept fils et trois filles. < ... |