![]() | 20000 LIEUES SOUS LES MERS Stuart Paton 1916 (aventure maritime)Les frères Williamson ayant mis au point pour ce film, à partir d'une invention de leur père, un système permettant de filmer sous l'eau, on a droit à quelques longues scènes de fonds marins où l'on aperçoit parfois quelques créatures aquatiques, des promenades en scaphandre et un combat avec une pieuvre gonflable géante (en plastique). | 20000 LIEUES SOUS LES MERS Stuart Paton 1916 (aventure maritime) (E) Les frères Williamson ayant mis au point pour ce film, à partir d'une invention de leur père, un système permettant de filmer sous l'eau, on a droit à quelques longues scènes de fonds marins o&ugrav ... |
![]() | A L OUEST RIEN DE NOUVEAU, Lewis Milestone 1930, Louis Wolheim, Lew Ayres, John Wray (guerre)@@1914, la guerre éclate en Allemagne. Paul Baumer et quelques camarades incités par leurs professeurs, s'enrôlent très vite dans l'armée, prêts à servir leur patrie. À peine engagés, l'esprit volontaire fait place aux désillusions : leur instructeur, le caporal Himmelstoss, fait preuve d'un sadisme sans faille et les premières images du champ de bataille leur jette la réalité de la guerre en plein visage. TELERAMA: La force du sujet emporte tout. Il faut montrer ce film aux enfants pour qu’ils y découvrent le mensonge de l’embrigadement, l’atrocité des mutilations, en un mot l’insoutenable horreur de la guerre. On a fait « mieux » depuis au cinéma en matière de réalisme rouge sang ; mais ce film garde sa force, peut-être parce qu’on sent confusément qu’il est presque contemporain du cauchemar qu’il décrit. Les scènes de combat sont frappantes — notamment par l’usage de la caméra qui se substitue à la mitrailleuse —, mais même les moments d’accalmie ont une intensité rare : ainsi, quand Albert découvre dans un miroir qu’il vient d’être amputé, ou lorsque Paul, de retour chez lui, est pris pour un lâche. Lewis Milestone a l’intelligence de montrer sans vouloir démontrer : si son film est un pamphlet, c’est seulement par la crudité des images… On n’oubliera pas la dernière scène, que le cinéaste tourna sans l’accord du studio. Conclusion inéluctable et dramatique de la tragédie… | A L OUEST RIEN DE NOUVEAU, Lewis Milestone 1930, Louis Wolheim, Lew Ayres, John Wray (guerre)@@ (E) 1914, la guerre éclate en Allemagne. Paul Baumer et quelques camarades incités par leurs professeurs, s'enrôlent très vite dans l'armée, prêts à servir leur patrie. À peine engagé ... |
![]() | AUTANT EN EMPORTE LE VENT, Victor Fleming 1939, Clark Gable, Vivien Leigh, Olivia de Havilland (saga)@@@En Georgie, en 1861, Scarlett O'Hara est une jeune femme fière et volontaire de la haute société sudiste. Courtisée par tous les bons partis du pays, elle n'a d'yeux que pour Ashley Wilkes malgré ses fiançailles avec sa douce et timide cousine, Melanie Hamilton. Scarlett est pourtant bien décidée à le faire changer d'avis, mais à la réception des Douze Chênes c'est du cynique Rhett Butler qu'elle retient l'attention... TELERAMA: Autant en emporte le vent fut une réussite commerciale sans précédent et continue d'avoir ses fans éperdus. Leigh et Gable sont parfaits, c'est vrai : impossible d'oublier Scarlett, ruinée, se faisant une robe avec les rideaux de Tara, sa chère propriété. Ni Rhett, lassé des caprices de sa bien-aimée, qui lui lance : « Frankly, my dear, I don't give a damn ! » (traduction : « Franchement, ma chère, j'en ai rien à cirer ! »). | AUTANT EN EMPORTE LE VENT, Victor Fleming 1939, Clark Gable, Vivien Leigh, Olivia de Havilland (saga)@@@ (E) En Georgie, en 1861, Scarlett O'Hara est une jeune femme fière et volontaire de la haute société sudiste. Courtisée par tous les bons partis du pays, elle n'a d'yeux que pour Ashley Wilkes malgré ses fian& ... |
![]() | CITIZEN KANE, Orson Welles 1941, Orson Welles, Joseph Cotten (thriller)@@@@Lorsqu'un journaliste est chargé de déchiffrer les derniers mots du magnat de la presse Charles Foster Kane, son enquête révèle peu à peu le portrait fascinant d'un homme complexe qui est passé de l'obscurité à des sommets vertigineux. TELERAMA C'est le film de tous les records, celui que tant de cinéastes et de critiques placent au plus haut : il fut tourné en 1940 par un jeune homme de 25 ans qui faisait ses débuts derrière la caméra : Orson Welles. Pour le centième anniversaire de sa naissance, qui va être célébré à Cannes, Citizen Kane est, pour la première fois, édité en haute définition dans le format Blu-ray, avec un livret plein de photos et de documents d'époque. Dans les bonus, on accède à un commentaire passionnant (mais non sous-titré) du réalisateur Peter Bogdanovich, qui s'exclame presque à chaque scène : « Personne n'avait jamais filmé comme ça avant ! », « Un tel cadrage n'avait jamais été fait ! »... Citizen Kane, c'est le cinéma pris d'assaut par un jeune prodige qui s'est rendu suffisamment célèbre au théâtre et à la radio pour décrocher un contrat en or à Hollywood : on lui accorde toutes les libertés, et il les prend. Acteur reconnu déjà, il s'offre un vrai cadeau en interprétant Kane, ambitieux patron de presse, de 25 à 75 ans. Et à cette saga qui raconte le pouvoir, la fortune, la solitude et le passage du temps, il donne une forme somptueuse et baroque, avec une mise en scène qui défie les règles et bouscule les spectateurs. Ceux de l'époque furent, d'ailleurs, décontenancés, et le film considéré comme un échec. Welles ne retrouva jamais le pouvoir qu'il avait eu pour son premier film. Le de | CITIZEN KANE, Orson Welles 1941, Orson Welles, Joseph Cotten (thriller)@@@@ (E) Lorsqu'un journaliste est chargé de déchiffrer les derniers mots du magnat de la presse Charles Foster Kane, son enquête révèle peu à peu le portrait fascinant d'un homme complexe qui est passé ... |
![]() | CORRESPONDANT 17, Alfred Hitchcock 1940, Joel Mac Crea, George Sanders (espionnage)@@Juste avant la guerre, Johnny Jones, un journaliste américain envoyé en Europe par sa rédaction rencontre un vieux politicien hollandais qui détient des informations top secrètes. Les nazis croient assassiner le vieil homme mais c'est un sosie qui meurt à sa place. Commence alors pour Johnny Jones une folle course-poursuite à travers l'Europe afin de retrouver le vieillard avant les nazis. TELERAMA Deux ans avant l’entrée des États-Unis dans le conflit mondial, Hitchcock fait œuvre de propagande. Récemment installé à Hollywood, il est plus que sarcastique avec ses nouveaux concitoyens, indifférents au conflit européen. Les journalistes sont présentés comme des incapables, grandes gueules, qui ne prennent la mesure des événements qu’en arrivant à Londres la civilisée… Mais, tout en réalisant un film politique, Hitchcock s’amuse surtout avec un scénario abracadabrant : « Je n’ai pas permis à la vraisemblance de montrer sa vilaine tête. » Un traité de paix belgo-néerlandais – que l’Histoire n’a pas retenu – est sur le point d’être signé. Mais son initiateur, le diplomate Van Meer, est abattu… Prétexte pour aller filmer en Hollande et détourner les clichés la concernant. Dans la filmographie hitchcockienne, il y aura la statue de la Liberté (Cinquième Colonne), le mont Rushmore (La Mort aux trousses), la corniche de la Riviera (La Main au collet)… Ici, ce sont les moulins à vent et les immenses plaines bataves. L’utilisation qui en est faite est d’une intelligence scénaristique exemplaire et annonce la fameuse séquence du champ de maïs de La Mort aux trousses. Hitchcock enchaîne les moments de bravoure et les scènes de fantaisie pure avec un dilettantisme très travaillé. | CORRESPONDANT 17, Alfred Hitchcock 1940, Joel Mac Crea, George Sanders (espionnage)@@ (E) Juste avant la guerre, Johnny Jones, un journaliste américain envoyé en Europe par sa rédaction rencontre un vieux politicien hollandais qui détient des informations top secrètes. Les nazis croient assassi ... |
![]() | DANGEROUS MOOLIGHT, Brian Desmond Hurst 1941, Anton Walbrook, (Concerto de Varsovie Richard Addinssell)@@Au début de la Seconde Guerre mondiale, un pianiste polonais, officier dans l'armée de l'air, échappe de peu à l'invasion allemande grâce à ses compagnons d'arme. Il se sert de son talent aux Etats-Unis, en organisant une tournée de concerts pour réunir des fonds pour la résistance polonaise.... TELERAMA | DANGEROUS MOOLIGHT, Brian Desmond Hurst 1941, Anton Walbrook, (Concerto de Varsovie Richard Addinssell)@@ (E) Au début de la Seconde Guerre mondiale, un pianiste polonais, officier dans l'armée de l'air, échappe de peu à l'invasion allemande grâce à ses compagnons d'arme. Il se sert de son talent aux Etats-U ... |
![]() | HATARI, Howard Hawks 1962, John Wayne (western)@@En Tanzanie, un groupe hétéroclite mais soudé de chasseurs d'animaux pour les zoos mènent leur vie. À leur tête, Sean Mercer, un personnage bourru dont va bientôt s'éprendre Dallas, une ravissante photographe qui vient d'arriver dans la réserve. Peu habituée à la vie sauvage, cette dernière va vivre une succession de situations inédites. TELERAMA Quand une partie de chasse devient une puissante réflexion sur les rapports humains. Un grand film d’aventure généreux et bourré d’humour, où transparaît toute la tendresse d’Howard Hawks pour ses personnages. Sean, Kurt, Pockets, Luis et l’Indien ont pour mission de capturer, en Afrique, des animaux sauvages destinés aux zoos. L’Indien, blessé, est remplacé par Chips, un jeune Français. Anna Maria, reporter-photographe, rejoint le petit groupe et s’éprend de Sean… Le danger — hatari, en swahili —, l’amour et l’amitié : trois thèmes porteurs de l’œuvre de Howard Hawks. Mais dans ce film d’aventures partageur, l’humour aussi est central. Comme Rio Bravo, Hatari ! possède un charme inimitable : ce qui aurait pu n’être qu’une banale partie de chasse devient une passionnante réflexion sur les rapports humains. Une nouvelle fois, le cinéaste se plaît à jouer sur l’insolence des relations entre ses héros et ses héroïnes. Elsa Martinelli entretient avec John Wayne des rapports qui rappellent ceux de ce dernier avec Angie Dickinson dans Rio Bravo. La tendresse portée aux personnages éclate tout au long de ce récit ample et chaleureux, véritable hymne à la vie. La suprême décontraction de la mise en scène est la marque d’un style splendidement maîtrisé. Rien n’est laissé au hasard. | HATARI, Howard Hawks 1962, John Wayne (western)@@ (E) En Tanzanie, un groupe hétéroclite mais soudé de chasseurs d'animaux pour les zoos mènent leur vie. À leur tête, Sean Mercer, un personnage bourru dont va bientôt s'éprendre Dallas, une ... |
![]() | LA JOYEUSE DIVORCEE, Mark Sandrich, 1934, Fred Astaire, Ginger Rogers (musical danse)@@Une jeune femme souhaitant divorcer simule un adultère en engageant par correspondance un homme qui se fera passer pour son amant. Elle rencontre à la douane Guy Holden, un danseur, et est persuadée qu'il s'agit de son homme de paille. | LA JOYEUSE DIVORCEE, Mark Sandrich, 1934, Fred Astaire, Ginger Rogers (musical danse)@@ (E) Une jeune femme souhaitant divorcer simule un adultère en engageant par correspondance un homme qui se fera passer pour son amant. Elle rencontre à la douane Guy Holden, un danseur, et est persuadée qu'il s'agit de son ... |
![]() | LA RUE ROUGE, Fritz Lang 1945, Edward Robinson, Joan Bennett (policier)@@Petit caissier sans histoires, Christopher Cross rencontre, suite à une soirée arrosée, une jeune femme du nom de Kitty dans une rue de Greenwich Village. Elle le prend pour un riche artiste, lui qui n'est qu'un peintre amateur, tandis qu'il tombe amoureux d'elle. Motivée par Johnny, son amant, Kitty décide alors de profiter de l'affection de Christopher afin de lui soutirer de l'argent. | LA RUE ROUGE, Fritz Lang 1945, Edward Robinson, Joan Bennett (policier)@@ (E) Petit caissier sans histoires, Christopher Cross rencontre, suite à une soirée arrosée, une jeune femme du nom de Kitty dans une rue de Greenwich Village. Elle le prend pour un riche artiste, lui qui n'est qu'un peintre ... |
![]() | LA VIE EST BELLE, Frank Capra 1946, James Stewart, Donna Reed (societe)@@@Le décès de son père oblige un homme à reprendre l'entreprise familiale de prêts à la construction, qui permet aux plus déshérités de se loger. Il entre en conflit avec l'homme le plus riche de la ville, qui tente de ruiner ses efforts. Au moment où il approche de la victoire, il égare les 8 000 dollars qu'il devait déposer en banque. Le soir de Noël, désespéré, il songe au suicide. TELERAMA Le soir de Noël, un homme veut se suicider. Un ange est envoyé sur Terre pour le sauver. Cette fable chaleureuse mêlant réalisme social et merveilleux, boudée à sa sortie, a depuis trouvé son public jusqu’à devenir culte. Un soir de Noël, George Bailey, au bord de la faillite, songe au suicide. Clarence, ange de seconde classe, est dépêché sur Terre pour l’en empêcher… Première production de la compagnie de Frank Capra, Liberty Films, créée pour échapper au joug des majors, ce film suscita d’abord peu d’enthousiasme. Pour le public de l’après-guerre, cette fable chaleureuse et optimiste paraissait appartenir à un autre temps, désuet et naïf. Puis les spectateurs d’outre-Atlantique y ont reconnu les bases de leur propre idéologie. Ils se sont retrouvés dans cette vision démocratique et chrétienne de la société, hymne à l’individu. Et le film est devenu culte. L’histoire de George Bailey ressemble à une démonstration : en Amérique, les faibles et les petits, s’ils sont courageux, peuvent résister aux excès des puissants. S’ils n’y arrivent pas, Dieu vient leur donner un coup de pouce. Au-delà de son aspect bien-pensant et conservateur, La vie est belle est un chef-d’œuvre de tendresse et d’humanisme, mêlant simplement le réalisme social au merveilleux. Un concentré de tous les thèmes dits « capraesques » : solidarité, innocence, bonté rédemptrice. Pour le cinéaste, la vie vaut toujours d’être vécue, miracle ou pas. | LA VIE EST BELLE, Frank Capra 1946, James Stewart, Donna Reed (societe)@@@ (E) Le décès de son père oblige un homme à reprendre l'entreprise familiale de prêts à la construction, qui permet aux plus déshérités de se loger. Il entre en conflit avec l'homme l ... |
![]() | LAURA, Otto Preminger 1944, Gene Tierney, Dana AndrewsQui a tué Laura Hunt, une ravissante jeune femme qui doit une partie de sa notoriété au chroniqueur Waldo Lydecker ? L'inspecteur Mark McPherson mène l'enquête et interroge notamment Lydecker, qui considère Laura non seulement comme sa création, mais aussi comme un être lui appartenant. TELERAMA: Attention, chef-d’œuvre mythique. D’abord parce qu’il reste un des plus somptueux exemples du film noir hollywoodien, mais aussi parce que, plus que tout autre dans la filmographie de Gene Tierney, il est à l’origine du véritable culte que certains cinéphiles vouent à l’actrice — encore adolescent, Claude Chabrol vit Laura quinze fois d’affilée après être littéralement tombé amoureux de son interprète. Ne dévoilons pas le rebondissement majeur, qui fait glisser la femme fantasme vers la réalité… Classique vénéneux, implacable suspense policier, le film de Preminger interroge surtout, dans une mise en scène d’une maîtrise obsessionnelle, la figure de la femme fatale contre son gré. Et l’emprise masculine, du rêve amoureux à la possession névrotique et assassine. Aussi riche dans son esthétique que dans ses rouages psychologiques, Laura restera fascinant jusqu’à la nuit des temps, et l’aura de Gene Tierney définitivement aveuglante. | LAURA, Otto Preminger 1944, Gene Tierney, Dana Andrews (E) Qui a tué Laura Hunt, une ravissante jeune femme qui doit une partie de sa notoriété au chroniqueur Waldo Lydecker ? L'inspecteur Mark McPherson mène l'enquête et interroge notamment Lydecker, qui consid&eg ... |
![]() | LE CAVALIER DU DESERT William Wyler 1940 Gary Cooper, Walter Brennan@@Cole Hardin, un jeune cow-boy, est accusé de vol de chevaux. Il est amené au saloon de Vinegarroon, qui sert de prétoire au juge corrompu Roy Bean. Pendant la délibération des jurés présents, Cole constate que le juge est un fervent admirateur de la ravissante Lily Langtry, surnommée Jersey Lily. Pour sauver sa peau, l'accusé prétend connaître cette femme dont le juge est éperdument amoureux. | LE CAVALIER DU DESERT William Wyler 1940 Gary Cooper, Walter Brennan@@ (E) Cole Hardin, un jeune cow-boy, est accusé de vol de chevaux. Il est amené au saloon de Vinegarroon, qui sert de prétoire au juge corrompu Roy Bean. Pendant la délibération des jurés présents, ... |
![]() | LE CORBEAU, Henri-Georges Clouzot 1943, Pierre Fresnay, Ginette Leclerc (thriller)@@@Le docteur Germain, médecin d'hôpital dans une ville de province, commence à recevoir des lettres anonymes, signées le Corbeau, l'accusant de pratiquer des avortements. D'autres lettres suivent, prétendant qu'il est l'amant de Laura Vorzet, la femme du psychiatre de l'hôpital. Le Corbeau arrose toute la ville de ses lettres, la rumeur enfle. Un malade, atteint d'un cancer, se suicide. TELERAMA Le bien et le mal dans un village français empoisonné par une série de lettres anonymes, sous l’Occupation. Le chef-d’œuvre d’Henri-Georges Clouzot, pessimiste et lucide. Tellement moderne… Il pleut des lettres anonymes sur Saint-Robin, « un petit village, ici ou ailleurs », et comme l’annonce le narquois Dr Vorzet : « Quand ces saloperies se déclarent, on ne sait pas où elles s’arrêtent… » Tourné en 1943 pour la Continental, dirigée par l’occupant allemand, le deuxième film de Clouzot fut honni de tous. Cette foire délétère à la délation ne pouvait que déplaire aux résistants et fut condamnée à la Libération. Très loin de célébrer le travail, la famille et la patrie, elle n’était pas non plus du goût de Vichy. Clouzot, trop misanthrope pour être propagandiste, ne fait qu’explorer la noirceur de l’âme humaine, noir corbillard, avec quelques zones de lumière. Comme dans la grande scène expressionniste (qu’admirait Hitchcock) où le balancement d’une ampoule illustre la notion relative, alternative, du bien et du mal. Les lettres anonymes lui servent d’alibis pour traiter d’avortement, de drogue ou d’adultère, avec une liberté incroyable. Les seuls personnages sauvés, dans ce chef-d’œuvre de méchanceté ? Une infirme aux mœurs légères (Ginette Leclerc, vulgaire à cœur) et un type fâché avec la vie (Pierre Fresnay, superbe) qu’elle réussit à ébranler en le traitant de « bourgeois ». Pour Clouzot, la pire insulte qui soit. Après la mort de Lenore, sa femme adorée, Erasmus Craven, magicien anglais du XVe siècle, décide de se retirer du monde. Il reçoit un soir la visite d'un corbeau doué de parole qui affirme être un magicien, Adolphus Bedlo, changé en oiseau pour avoir osé défier Scarabus, un puissant maître sorcier. Craven, d'abord réticent, accepte de faire tout son possible pour délivrer le malheureux. Ce dernier lui apprend une étonnante nouvelle : la maîtresse de Scarabus ressemble étrangement à Lenore. Fou de douleur et d'espoir à la fois, Craven décide d'en avoir le coeur net. En compagnie de Bedlo, il se rend dans la demeure de Scarabus où il tombe droit dans un piège... | LE CORBEAU, Henri-Georges Clouzot 1943, Pierre Fresnay, Ginette Leclerc (thriller)@@@ (E) Le docteur Germain, médecin d'hôpital dans une ville de province, commence à recevoir des lettres anonymes, signées le Corbeau, l'accusant de pratiquer des avortements. D'autres lettres suivent, prétendant ... |
![]() | LE DICTATEUR, Charlie Chaplin 1945, Paulette Godard (comique)@@@En 1918, un humble soldat de Tomania devient amnésique après avoir sauvé la vie de Schultz, un aviateur. Enfermé dans un hôpital psychiatrique, il s'enfuit et regagne sa boutique de barbier, dans le ghetto juif. Il ignore tout des événements politiques et s'en prend à des gardes de Hynkel, le dictateur au pouvoir. Hannah, une voisine, le tire d'affaire. Devenu un personnage puissant, Schultz le protège de l'antisémitisme. TELERAMA Les mésaventures d’un petit barbier juif, sosie d’un dictateur à la moustache tristement célèbre, dans un pamphlet humaniste. En pleine préparation du Dictateur, Charlie Chaplin étudie les bandes d’actualité du Führer, et constate : « Ce type est l’un des plus grands acteurs que je connaisse. » Il filme alors, avant tout, un monde déréglé. Lorsque, après des années d’amnésie, un petit barbier revient chez lui, il constate qu’on a tracé des lettres sur sa boutique : JEW (« juif »). Il se fait molester dès qu’il entreprend de les effacer. Et lorsqu’il fait appel à la police du régime, sur qui tape-t-elle ? Sur lui… Chaplin se déchaîne. Ses gags deviennent des obus chargés de détruire le tyran Hynkel et ses sbires. La mappemonde du dictateur lui explose à la figure ; le train de son ami Napaloni (Mussolini) ne cesse de s’arrêter et de repartir, forçant Hynkel à courir à droite et à gauche comme un clown… Lors d’un souper, les deux dictateurs se battent comme des chiffonniers à coups de spaghettis élastiques et incassables. On est fasciné devant la perfection d’un comique qui jamais, pourtant, n’efface la terreur diffuse. La peur rôde sous le rire. | LE DICTATEUR, Charlie Chaplin 1945, Paulette Godard (comique)@@@ (E) En 1918, un humble soldat de Tomania devient amnésique après avoir sauvé la vie de Schultz, un aviateur. Enfermé dans un hôpital psychiatrique, il s'enfuit et regagne sa boutique de barbier, dans le ghetto ... |
![]() | LE POISON, Billy Wilder 1945, Ray Milland, Jane Wyman (thriller)@@Incapable d'écrire une ligne depuis des années, Don Birman noie son désespoir d'écrivain raté dans l'alcool. Au quotidien, son frère Wick et sa fiancée Helen veillent tant bien que mal sur lui. Alors qu'il n'a pas bu une goutte de whisky depuis dix jours, Don fait tout son possible pour échapper au week-end à la campagne qu'ils ont organisé pour lui. TELERAMA Un chef-d’œuvre noir des années 1940, toujours brûlant d’actualité. Oublions le personnage de la fiancée : cette Américaine type — digne, courageuse, opiniâtre —, dont les qualités mêmes rendraient alcoolique n’importe qui. Mais, hormis cette forte dose de bons sentiments que la malheureuse Jane Wyman est chargée, à elle seule, de rendre émouvants (elle n’y parvient pas !), le film, quatre-vingts ans après, n’a rien perdu de sa force. Célèbres à l’époque (elles permirent à Billy Wilder de remporter les Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur), les « grandes scènes spectaculaires », à savoir l’hôpital pour alcoolos et le delirium tremens, importent moins aujourd’hui que les moments ordinaires subis par Don, écrivain raté et alcoolique, perdu dans un New York que Wilder filme comme un cauchemar sans fin. Moment superbe : la longue errance de Ray Milland dans des rues aux stridences éprouvantes, où il se heurte à des boutiques de spiritueux obstinément closes… Le film regorge d’idées : lors d’une représentation de La traviata, Don, en manque, ne fait qu’observer les maîtres d’hôtel qui, sur scène, apportent force verres aux convives. Et encore le plan génial où l’ombre d’une bouteille se reflète sur le plafond de la chambre, échappée du lustre où Don avait caché ses dernières réserves… Le happy end — obligatoire, à l’époque — est d’une ironie totale : le héros promet, une fois encore, de se remettre à écrire, alors même qu’un mouvement de caméra nous signifie que tout ce que nous venons de voir ne pourra que recommencer. SYNOPSIS Ecrivain raté, Don Birnam a lentement sombré dans l'alcool. A peine sorti d'une cure de désintoxication, il se met frénétiquement en quête d'une bouteille et ne se calme pas avant d'en avoir trouvé une, dans l'appartement de son frère, Wick. Helen St James, sa fiancée, a beau l'aimer tendrement, elle ne peut lutter contre les démons qui le hantent. Don a décidé de se détruire, tout simplement. Un long week-end commence : comment Don va-t-il l'occuper ? Il n'est pas seul, il pourrait aller à l'opéra avec Helen, ou faire une virée avec Wick. Mais en a-t-il envie ? La bouteille qui pend au bout d'une corde au bord de sa fenêtre n'est-elle pas une compagnie plus tentante ?... | LE POISON, Billy Wilder 1945, Ray Milland, Jane Wyman (thriller)@@ (E) Incapable d'écrire une ligne depuis des années, Don Birman noie son désespoir d'écrivain raté dans l'alcool. Au quotidien, son frère Wick et sa fiancée Helen veillent tant bien que mal sur lu ... |
![]() | LE TROISIEME HOMME, Carol Reed 1949, Orson Welles, Joseph Cotten, Alida Valli (palme d or)(thriller)@@@L'écrivaine américaine Holly Martins veut rendre visite à son vieil ami Harry Lime dans la ville occupée. Mais le jour de son arrivée, Lime est enterré. Holly apprend d'un officier britannique que Lime était un marchand noir sans scrupules. Holly n'y croit pas et fait ses propres recherches. TELERAMA Ce point de départ mystérieux (Harry est-il vraiment mort ?) sert de prétexte à Carol Reed et à son illustre scénariste, le romancier Graham Greene, pour peindre, après Auschwitz et Hiroshima, un monde où tout est inversé. C’est l’enfer qui trône au ciel. Les cadrages, presque toujours penchés, la photo fantomatique et la musique, obsédante et ironique, accentuent l’épouvante de ce monde nouveau, où les morts, comme Harry Lime, font semblant de l’être, mais le sont plus qu’ils ne le croient, puisque ne subsiste plus en eux la moindre parcelle d’humanité. C’est l’ère des monstres froids, intelligents, fascinants par l’ampleur de leur cynisme. Face à son copain qui croit encore, l’imbécile, que la vie est un roman, il grince, dans un sourire : « L’Italie des Borgia a connu trente ans de terreur, de sang, mais en sont sortis Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. La Suisse a connu la fraternité et cinq cents ans de démocratie. Et ça a donné quoi ? Le coucou ! » La réplique n’a pas été écrite par Greene mais par Welles lui-même. | LE TROISIEME HOMME, Carol Reed 1949, Orson Welles, Joseph Cotten, Alida Valli (palme d or)(thriller)@@@ (E) L'écrivaine américaine Holly Martins veut rendre visite à son vieil ami Harry Lime dans la ville occupée. Mais le jour de son arrivée, Lime est enterré. Holly apprend d'un officier britannique que L ... |
![]() | LE VIEUX FUSIL, Robert Enrico 1975, Romy Schneider, Philippe Noire (guerre drame)@@@Peu après le débarquement de juin 1944, l'histoire d'un médecin vengeant la mort de sa femme et de sa fille, sauvagement assassinées par un détachement de soldats SS stationnés dans le château du petit hameau où elles s'étaient réfugiées. TELERAMA 1944 : Julien a mis sa femme à l’abri des Allemands. En fait d’abri, c’est le lieu d’un carnage perpétré par les SS. Le martyre et la douleur au présent, le bonheur saccagé en flash-back. Couronné trois fois aux César de 1976 puis par le César des Césars en 1985, ce totem du cinéma français aurait mérité de recevoir également un prix du meilleur flash-back. Tout se raconte en effet au passé dans l’histoire du chirurgien Julien Dandieu, qui, en 1944, éloigne sa femme et sa fille de Montauban, croyant les mettre à l’abri dans le vieux château familial, où elles vont être tuées par les Allemands. Lorsqu’il les trouve là, il deviendra un justicier impitoyable. Si la violence du film fut parfois jugée dérangeante, elle se mêle à une nostalgie mélancolique pour composer une atmosphère unique. Dans le salon du château, un miroir sans tain fait vivre ce contraste : d’un côté, la douceur de vivre, de l’autre, la mort… Philippe Noiret joue à la fois la douleur, la fureur et l’amour magnifique pour sa femme, incarnée par Romy Schneider. Leur rencontre, à La Closerie des lilas, est un grand moment de cinéma. | LE VIEUX FUSIL, Robert Enrico 1975, Romy Schneider, Philippe Noire (guerre drame)@@@ (E) Peu après le débarquement de juin 1944, l'histoire d'un médecin vengeant la mort de sa femme et de sa fille, sauvagement assassinées par un détachement de soldats SS stationnés dans le château ... |
![]() | LE VOYAGE DANS LA LUNE, Georges Melies 1904 @@Six savants, membres du club des astronomes, entreprennent un voyage dans la lune. Installés dans un obus, ils sont propulsés par un canon géant vers leur lieu de destination. Ils assistent sur la lune à un coucher de terre. TELERAMA Une image a longtemps résumé le film le plus célèbre de Georges Méliès : une fusée-obus s'écrase sur l'oeil de la Lune, planète-visage qui grimace de dépit. En découvrant Le Voyage dans la Lune dans des conditions optimales — restauration numérique de ses couleurs d'origine, peintes à la main —, on mesure à quel point ce plan mémorable est une idée de génie, une trouvaille limpide et poétique. Il illustre la nature duelle du travail de Méliès, appliquant au cinéma naissant ses tours de magicien professionnel : un va-et-vient permanent entre illusion et réalité. L'illusion d'une expédition de savants croquignolets sur l'astre voisin ; la réalité d'une troupe de saltimbanques, danseuses en tenue légère comprises, s'incrustant dans des décors en trompe-l'oeil inspirés de Gustave Doré. Avec une oeuvre du muet, mieux vaut musique contemporaine que composition d'époque : la partition écrite par le duo électro Air dynamise ces images d'un autre âge. Elle contribue à la grande pagaille temporelle du film : se mêlent théâtre du XIXe, art cinématographique du siècle suivant, tempos électriques d'aujourd'hui. Le déplacement dans l'espace devient ainsi un voyage dans le temps. Pour introduire ce manifeste rétro-futuriste, Serge Bromberg, qui a mené à bien la restauration, a concocté avec Eric Lange un documentaire passionné et érudit, Le Voyage extraordinaire (diffusé juste avant, à 21h). Une fois qu'on sait (presque) tout sur Méliès, on est paré pour l'expérience : un objet vieux de plus d'un siècle peut en mettre plein les yeux autant que la plus sophistiquée des images numériques... — Aurélien Ferenczi Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d'un article, sans l'autorisation écrite préalable de Telerama, est strictement interdite. Pour plus d'informations, consultez nos Conditions Générales d'Utilisation. Pour toute demande d'autorisation, contactez droitsdauteur@telerama.fr. Fan de Méliès, Serge Bromberg a restauré “Le Voyage dans la Lune” de 1902. Diffusion sur Ciné+ Classic puis France 3 dans la case “Retour de Flamme”. Par Propos recueillis par Anne Dessuant Publié le 02 décembre 2011 à 00h00 Mis à jour le 08 décembre 2020 à 04h47 Partager Favoris C'est grâce à Serge Bromberg et à sa société Lobster Films que Le Voyage dans la Lune, de George Méliès, connaît une seconde naissance, dans une version en couleurs restaurée. A l'occasion du 150e anniversaire de la naissance de Méliès (le 8 décembre), triple programmation sur Ciné+ Classic, Paris Première et France 3. Serge Bromberg lui dédie son magazine, Retour de flamme. Pourquoi Le Voyage dans la Lune est-il considéré comme un chef-d'oeuvre ? Serge Bromberg : Méliès lui-même n'a jamais considéré Le Voyage comme son chef-d'oeuvre. Ce qui en a fait la particularité, c'est le succès phénoménal qu'il a rencontré à l'époque. Au début du siècle, la Lune faisait rêver. Il faut imaginer qu'en 1902 les spectateurs qui allaient voir Le Voyage avaient lu Jules Verne (De la Terre à la Lune est publié en 1865) et peut-être vu l'opéra d'Offenbach (Le Voyage dans la Lune, 1875). La force de l'image de l'obus planté dans l'oeil de la Lune a aussi énormément contribué à son succès. Un film comme Le Royaume des fées, qui, selon moi, est encore plus poétique, ne contient pas une telle image symbolique. De plus les gens savaient que les fées n'existent pas, alors qu'ils pensaient vraiment avoir affaire à des images prises sur la Lune. Les spectateurs du film de Méliès furent les premiers hommes à avoir marché sur la Lune ! Dans le documentaire Le Voyage extraordinaire, qui raconte la restauration du film de Méliès, vous demandez aux restaurateurs de laisser quelques défauts. Pourquoi ? Il faut qu'on comprenne d'où le film vient. A l'époque du Voyage dans la Lune, les cameramen tournaient avec des systèmes primitifs. L'image était instable, les couleurs bavaient... Aujourd'hui, quand on restaure, on peut tout stabiliser et rendre le film aseptisé. Il y a, dans l'imprécision des images du début du siècle dernier, une magie qui disparaît dès qu'on veut tout stériliser. Ces défauts font partie de la poésie de l'époque. Ciné+ Classic organise un cycle de films ayant pour thème les voyages dans la Lune. Voyez-vous en eux une filiation avec Méliès ? Les Premiers Hommes dans la Lune (1964), de l'Américain d'origine autrichienne Nathan Juran, marque la rencontre entre le cinéma fantastique des années 1950 à la Ed Wood et les effets spéciaux de Ray Harryhausen, un grand maître de l'animation. Les scènes sur la Lune mélangent plusieurs sources d'inspiration : Méliès bien sûr, H.G. Wells -dont le film s'inspire - et Offenbach. L'Arche de M. Servadac (1970) est réalisé par le Tchèque Karel Zeman, roi du trucage et héritier direct de Méliès dans sa façon de penser. Comme lui, il n'avait pas peur d'inventer. La plupart des scénarios de films de science-fiction sont assez conventionnels. Karel Zeman était un poète, et ses films sont de vrais délires visuels et narratifs. Comme Méliès, il a fait s'envoler les esprits. | LE VOYAGE DANS LA LUNE, Georges Melies 1904 @@ (E) Six savants, membres du club des astronomes, entreprennent un voyage dans la lune. Installés dans un obus, ils sont propulsés par un canon géant vers leur lieu de destination. Ils assistent sur la lune à un couch ... |
![]() | LES ENCHAINES, Alfred Hitchcock 1946, Gary Grant, Ingrid Bergman (espionnage)@@@Alicia, fille d'un espion nazi, mène une vie dépravée. Devlin lui propose de travailler pour les Etats Unis afin de réhabiliter son nom. Elle épouse donc un ancien ami de son père afin de l'espionner. Devlin et elle s'aiment sans oser se l'avouer, attendant chacun que l'autre fasse le premier pas. Lorsque le rôle qu'elle tient est découvert, son mari décide de l'empoisonner. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Devlin, un agent du gouvernement américain, propose à Alicia, la fille d’un espion nazi condamné au début du film, d’infiltrer le réseau d’Alexander Sebastian, un ami de son père qui vit à Rio. La manœuvre réussit si bien qu’Alicia doit épouser Sebastian, alors qu’elle forme déjà presque un couple avec Devlin… TELERAMA Cary Grant et Ingrid Bergman font durer le baiser qui les “enchaîne”. Mais elle doit épouser un ancien nazi (terrifiant Claude Rains) et se meurt d’amour… Un film magnifique, entré dans la légende hitchcockienne. Les Enchaînés, c’est la quintessence de Hitchcock », déclarait François Truffaut dans son fameux livre d’entretiens avec le maître. On ne saurait mieux dire. Acteurs, mise en scène, maniement de l’intrigue : chaque pierre de ce monument est devenue mythique. Tout comme les personnages, qui ont suscité force commentaires. Sur le thème de l’amour et du devoir, qui rendent l’un et l’autre les hommes cruels, Hitchcock construit un suspense sentimental aux airs de film d’espionnage classique. La bombe atomique, que semblent vouloir mettre au point les nazis de Rio, intrigue au fond moins que les manœuvres de séduction et d’emprise des trois personnages principaux, prisonniers de leurs masques. Mais ces deux plans du récit sont sans cesse liés par les prouesses de la caméra, qui fait naître une tension toute d’élégance et de légèreté. C’est visiblement Ingrid Bergman qui inspire cet état de grâce hitchcockien — et comme on a pour elle les yeux de Cary Grant, tout est vraiment parfait. | LES ENCHAINES, Alfred Hitchcock 1946, Gary Grant, Ingrid Bergman (espionnage)@@@ (E) Alicia, fille d'un espion nazi, mène une vie dépravée. Devlin lui propose de travailler pour les Etats Unis afin de réhabiliter son nom. Elle épouse donc un ancien ami de son père afin de l'espionne ... |
![]() | LES LUMIERES DE LA VILLE, Charlie Chaplin 1931 (societe)@@@.Après une série de coups du sort, Charlie le vagabond rencontre une jeune fleuriste aveugle. La détresse et le charme de la jeune fille l'émeuvent. Il lui donne le peu d'argent qui lui reste en échange d'une fleur. La jeune fille le prend pour un riche promeneur ; il se garde bien de la détromper. Peu après, par le plus grand des hasards, il sauve la vie d'un millionnaire excentrique qui, sous l'effet de l'alcool, lui donne sa voiture ainsi qu'une grosse somme d'argent. TELERAMA Alors que le cinéma sonore prenait son essor, Chaplin décida, lui, de tourner le “film muet idéal”, avec uniquement un accompagnement musical. Entre le petit clochard et la marchande de fleurs, cela aurait pu être l’amour au premier regard. Mais voilà, si le sentiment est d’emblée réciproque, le regard, lui, est à sens unique : la belle est aveugle. Point de départ d’une mélo-comédie des apparences. Un claquement de portière, et la jeunette croit riche son bienfaiteur. De cette illusion classique ou de la vibration tactile ressentie face au galant fauché, laquelle va l’emporter, et à quel prix, quand la fille aux fleurs aura recouvré la vue ? On se doute du résultat et on le souhaite. Mais tout l’art de Chaplin, inextricablement tissé de délicatesse et de grossièreté, consiste à nous mener en bateau jusqu’au climax romantique. Avant cette étreinte finale, qui d’ailleurs n’a pas lieu, le clochard cordial aux manières tout à la fois frustes et efféminées doit passer par d’autres embrassades, plus rudes. Il se heurte, en effet, à deux archétypes de la virilité : le richard pochetron, qui ne fraternise qu’en état d’ivresse ; et le boxeur tout bonnement bestial, que Charlot affronte en combat (d’anthologie) pour les yeux de sa dulcinée. Les petites fleurs, la suavité des blancs pétales, ça se gagne. Pour Chaplin, c’est sûr, l’amour n’est pas seulement aveugle, il est féminin. | LES LUMIERES DE LA VILLE, Charlie Chaplin 1931 (societe)@@@. (E) Après une série de coups du sort, Charlie le vagabond rencontre une jeune fleuriste aveugle. La détresse et le charme de la jeune fille l'émeuvent. Il lui donne le peu d'argent qui lui reste en échange d'u ... |
![]() | LES PETROLEUSES, Christian-Jaque 1971, Claudia Cardinale, Brigitte Bardot (western)@@La bande des `Frenchie King', cinq sœurs hors-la-loi, a décidé de se ranger. Elles prennent alors possession du ranch de Little P. à la place de Doc Miller, mais leur arrivée fait sensation et se heurte à l'hostilité de Maria Sarrazin qui fait pression sur le shérif pour qu'il les chasse. TELERAMA Louise King et ses quatre énergiques demi-soeurs forment une bande de hors-la-loi qui perpétue la tradition familiale. Leur père fut le célèbre bandit Frenchie King. Au cours de l'attaque d'un train où elles dépouillent un homme de ses titres de propriétés, elles découvrent une carte indiquant un gisement de pétrole qui se trouverait à Bougival Junction, une petite ville dont les habitants sont tous d'origine française et dont seul le shérif parle anglais. Mais Maria Sarrazin et ses quatre frères, qui forment un gang rival et non moins redoutable, convoitent également ce trésor. S'ensuit une lutte sans merci entre les deux clans... | LES PETROLEUSES, Christian-Jaque 1971, Claudia Cardinale, Brigitte Bardot (western)@@ (E) La bande des `Frenchie King', cinq sœurs hors-la-loi, a décidé de se ranger. Elles prennent alors possession du ranch de Little P. à la place de Doc Miller, mais leur arrivée fait sensation et se heurte &ag ... |
![]() | LES PLUS BELLES ANNEES DE NOTRE VIEFred, Al et Homer sont trois vétérans de la Seconde Guerre mondiale confrontés à des difficultés alors qu'ils réintègrent la vie civile. Fred est un héros de guerre qui, incapable de rivaliser avec des travailleurs plus qualifiés, doit retourner à son travail de soda jerk à bas salaire. | LES PLUS BELLES ANNEES DE NOTRE VIE (E) Fred, Al et Homer sont trois vétérans de la Seconde Guerre mondiale confrontés à des difficultés alors qu'ils réintègrent la vie civile. Fred est un héros de guerre qui, incapable de r ... |
![]() | M LE MAUDIT, Fritz Lang 1931 (horreur)@@Toute la presse ne parle que de ça : le maniaque tueur d'enfants, qui terrorise la ville depuis quelques temps, vient de faire une nouvelle victime. Chargé de l'enquête, le commissaire Lohmann multiplie les rafles dans les bas-fonds. Gênée par toute cette agitation la pègre décide de retrouver elle-même le criminel : elle charge les mendiants et les sans-abris de surveiller la ville. TELERAMA Peinture métaphorique de l’Allemagne se donnant au nazisme, réflexions sur la culpabilité, leçon de mise en scène : chef-d’œuvre. On raconte qu’à la sortie du film, Joseph Goebbels nota dans son journal : « Fantastique. Pour la peine de mort. Fritz Lang sera notre réalisateur… » Contresens total. Poursuivi par la police comme par les criminels, le tueur sadique de petites filles a du souci à se faire, mais c’est la loi qui, paradoxalement, peut le sauver. Voir la dernière séquence, libératrice, à disserter en cours de philo. De ce film stupéfiant, on retient la maîtrise immédiate qu’a Fritz Lang du parlant. Il réussit à inventer un mode d’illustration sonore qui lui est propre. Il dissocie fréquemment la bande-son de l’image ou prolonge un dialogue pour le transformer en commentaire off… La première séquence — l’assassinat d’Elsie Beckmann — est une leçon de mise en scène, un montage alterné qui fait monter l’angoisse. Le tueur n’est d’abord qu’une ombre sur l’affiche, qui offre une prime pour sa capture, puis une voix d’une absolue douceur. Peter Lorre, génial, sifflote un refrain — le thème est tiré des suites de Peer Gynt, de Grieg, et il est sifflé par Lang lui-même. L’horreur se passera hors champ. Le film distille aussi la curieuse prescience d’un noir fléau qui pourrait être assimilé au nazisme. Le cinéaste, convoqué par Goebbels, préféra, finalement, rejoindre Paris en train, et ne pas être « leur » réalisateur. | M LE MAUDIT, Fritz Lang 1931 (horreur)@@ (E) Toute la presse ne parle que de ça : le maniaque tueur d'enfants, qui terrorise la ville depuis quelques temps, vient de faire une nouvelle victime. Chargé de l'enquête, le commissaire Lohmann multiplie les rafles dans l ... |
![]() | METROPOLIS Fritz Lang 1927 vers angl sous titre fr (science fiction)@@ (film complet)Au XXIe siècle, une métropole à l'architecture fantastique vit sous le joug d'un groupe de tyrans. Les aristocrates se prélassent et se divertissent dans de somptueuses demeures et de luxuriants jardins, tandis que la grande masse de la population travaille, dort et survit durement dans les profondeurs de la terre. Un savant invente une femme-robot qui doit détourner les opprimés de la révolte qui gronde. | METROPOLIS Fritz Lang 1927 vers angl sous titre fr (science fiction)@@ (film complet) (E) Au XXIe siècle, une métropole à l'architecture fantastique vit sous le joug d'un groupe de tyrans. Les aristocrates se prélassent et se divertissent dans de somptueuses demeures et de luxuriants jardins, tandis q ... |
![]() | NAPOLEON, Abel Gance 1927, Albert Dieudonné (histoire bio saga)@@@L’épopée napoléonienne d’Abel Gance dans sa « Grande Version » inédite et définitive. Après 16 ans d’une aventure collective sans précédent dans l’histoire de La Cinémathèque française, le public est enfin invité à venir juger sur pièce un film que nul n’a jamais vu depuis 1927. Une reconstruction exemplaire menée par Georges Mourier, et dotée d'une partition inédite due au talent de Simon Cloquet-Lafollye, enregistrée par les musiciens des orchestres de Radio France. TELERAMA Le film de tous les records est enfin restauré dans sa « grande version » de sept heures. L’occasion de mesurer combien Abel Gance, cinéaste habité, était aussi visionnaire. Il y a quelque chose de vertigineux, de très émouvant, aussi, à redécouvrir aujourd’hui un classique du cinéma muet qui n’était plus visible depuis près d’un siècle dans la version voulue par son auteur. Napoléon vu par Abel Gance a connu bien des avatars depuis sa toute première séance publique au palais Garnier, le 7 avril 1927, dans une version « courte » de trois heures quarante-sept. Un mois plus tard, le cinéaste de J’accuse présente au Théâtre Apollo une version longue de neuf heures. Puis retourne à nouveau en salle de montage pour aboutir à une « grande version » de sept heures destinée aux salles qui, en raison de sa durée hors normes, verra son exploitation réduite à néant. Ne pouvant se résoudre à l’invisibilisation de son grand œuvre, Gance va lui-même le mutiler à plusieurs reprises, allant jusqu’à le sonoriser et à tourner de nouvelles scènes pour espérer conquérir un plus large public. En quatre-vingt-dix-sept années d’existence, Napoléon va ainsi cumuler une vingtaine de versions différentes (parfois très éloignées du projet originel) et faire l’objet de cinq restaurations. La sixième, que vient d’achever le réalisateur et chercheur Georges Mourier pour la Cinémathèque française, est assurément la plus ambitieuse par son ampleur. Il aura fallu plus de quinze ans de travail, de nombreuses innovations numériques et 4,5 millions d’euros (ce qui en fait la « reconstruction » la plus chère de l’histoire du cinéma) pour faire renaître la « grande version » chère à Abel Gance : sept heures, découpées en deux époques, qui couvrent dix-sept années de la vie de Napoléon Bonaparte, de son passage à l’école militaire de Brienne jusqu’à la campagne d’Italie, en passant par la chute de la royauté ou l’assassinat de Marat (joué par Antonin Artaud). Film de guerre, western, comédie romantique… Il y a de quoi être intimidé devant un tel monument. Même si certaines séquences, plombées par le jeu outrancier de certains comédiens, accusent le poids des ans. Même si les quatre-vingts minutes consacrées – semblent durer le double. Même si la vision hagiographique du grand homme, présenté comme le sauveur de la Révolution française, tourne à l’imagerie sulpicienne – Napoléon mis en scène par Abel Gance et incarné par un Albert Dieudonné habité, c’est à la fois Dieu le Père, le Christ et le Saint-Esprit (l’aigle impérial remplaçant évidemment la colombe)… Dans un discours de 1891 resté célèbre, Georges Clemenceau invitait les députés à considérer la Révolution française comme « un bloc dont on ne peut rien distraire » : on l’accepte dans son intégralité (exécutions de masse de la Terreur incluses), ou on la rejette. Un point de vue d’autant plus partagé par Abel Gance que la formule pourrait s’appliquer à son film lui-même : la « grande version » de Napoléon est bien un « bloc », dont les excès, les maladresses, l’emphase sont indissociables de son audace créatrice, de sa splendeur, de son lyrisme digne des plus belles pages de Victor Hugo. Un exemple, rare, de cinéma total, qui brasse tous les genres : film de guerre, bien sûr, pour célébrer les premiers exploits militaires du jeune Bonaparte ; mais aussi western à la John Ford quand Napoléon fuit à cheval ses rivaux paolistes dans le maquis corse ; comédie romantique, à travers la rencontre, savoureuse, du général mal dégrossi et de la séductrice Joséphine de Beauharnais ; et comédie tout court, le tout flirtant, parfois, avec le fantastique. La narration, elle aussi, fait preuve d’originalité avec de longues digressions historiques et la mise en avant de personnages fictifs « ordinaires » qui sont à la fois les témoins du destin napoléonien et ceux qui veillent sur lui. Tristan Fleuri (le formidable acteur russe Nicolas Koline), tour à tour commis de cuisine à Brienne, aubergiste à Toulon, greffier indulgent du tribunal révolutionnaire et fidèle grognard de l’armée d’Italie, est l’incarnation bienveillante, humoristique du peuple, quand sa fille Violine (la future star Annabella) en représente la dimension tragique, sacrificielle. Gance invente le split-screen avant la lettre Mais la sidération est, d’abord, d’ordre esthétique. Pionnier de l’avant-garde, Abel Gance semble avoir voulu repousser toutes les limites, techniques et formelles, de son art. Ça commence dès l’emballant prologue à Brienne, où une bataille de boules de neige est filmée en caméra subjective (comme si l’appareil était fixé sur les projectiles) avant que l’écran ne se transforme en damier lors d’un autre affrontement entre les aspirants officiers, à coups de polochons cette fois. Un peu plus loin, Gance fait un montage parallèle somptueux entre deux tempêtes : celle, littérale, qu’affronte Napoléon sur un frêle voilier au large de la Corse et, celle, métaphorique, à la Convention, qui oppose les Girondins au parti de Robespierre. Et que dire de ce travail sur les surimpressions (jusqu’à seize dans le même plan !) qui emmène la représentation cinématographique aux limites de l’abstraction… Le film se conclut en apothéose avec vingt-cinq minutes de campagne d’Italie en « polyvision » : l’écran s’élargit, se détriple, pour accueillir trois images tournées par trois caméras différentes. Plus encore que le procédé technique en lui-même, c’est son utilisation inventive qui éblouit, à la fois tournée vers le futur et nourrie par la tradition. Gance ne se contente pas de formats panoramiques pour insérer des centaines de figurants dans le même plan : il invente le split-screen avant la lettre (trois images, trois actions ou points de vue différents) ; et, à d’autres moments, retrouve la grâce des retables mystiques du Moyen Âge dans des triptyques stupéfiants de beauté où, entre autres merveilles, le futur empereur à cheval se dédouble pour encadrer un simple soldat marchant vers la victoire. Le bouquet final d’un feu d’artifice visuel. France, 1927 (deux époques, 3h47 et 3h27). En ciné-concert à la Scène musicale, Boulogne-Billancourt (92), les 4 et 5 juillet, à 18h. En intégralité à la Cinémathèque française les samedis et dimanches, à 14h30, jusqu’au 21 juillet. En salles le 10 juillet (cinémas Pathé). Et au Festival Radio France Occitanie Montpellier (Le Corum, Opéra Berlioz), les 18 et 19 juillet à 20h. UNE PARTITION HORS NORMES Film de tous les superlatifs, Napoléon vu par Abel Gance l’est aussi par son accompagnement musical : sept heures de partition d’une traite… Simon Cloquet-Laffolye, le compositeur chargé de cette tâche herculéenne, a pioché dans le répertoire symphonique pour tricoter, façon patchwork, 148 extraits puisés chez 48 auteurs différents, du baroque (Haydn) au contemporain (Penderecki). Avec des pièces très célèbres (la « Barcarolle » des Contes d’Hoffmann, d’Offenbach, la Sixième de Malher) et d’autres (signées Philippe Gaubert, Anatoli Liadov ou Guy Ropartz) qui le sont beaucoup moins. Malgré quelques fautes de goût (« La Mort de Siegfried », de Wagner, qui rajoute du grandiloquent à la grandiloquence pour illustrer le siège de Toulon), le résultat, interprété par les orchestres et le chœur de Radio France, est bluffant. | NAPOLEON, Abel Gance 1927, Albert Dieudonné (histoire bio saga)@@@ (E) L’épopée napoléonienne d’Abel Gance dans sa « Grande Version » inédite et définitive. Après 16 ans d’une aventure collective sans précédent dans l’h ... |
![]() | NAPOLEON, Abel Gance 1927, Albert Dieudonné, Alexandre Koubitzky, Vladimir Roudenko, Marguerite Gance, Antonin Artaud (histoire)@@Le film retrace le parcours de Napoléon Bonaparte, de son enfance à l'école de Brienne jusqu'au début de la première campagne d'Italie, en passant par le Club des Cordeliers, où il rencontre Danton et Rouget de l'Isle, puis par la Corse, d'où il s'enfuit pourchassé par les paolistes, ainsi que par le siège de Toulon, les journées de Thermidor et de Vendémiaire durant lesquelles, grâce à l'intervention de Barras, il devient général d'infanterie, et le mariage avec Joséphine de Beauharnais. TELERAMA Cest une histoire qui n’est pas faite pour se terminer un jour. Le Napoléon d’Abel Gance est un mythe qui ne cesse de se construire, mais le chapitre en cours, en écriture depuis quinze ans, voit venir son point final. Mercredi 13 décembre, de 10h30 à 12h30, quelques centaines de cinéphiles sont revenus cent ans en arrière : ils ont découvert les deux premières heures (sur sept) de l’œuvre restaurée par la Cinémathèque sur le modèle de celle projetée en 1927 au cinéma Apollo (que d’innombrables modifications rendirent ensuite invisible). Pour les cinq autres, il faudra attendre début juillet. Verdict : ce n’est pas un simple remède au naufrage de Ridley Scott, c’est une merveille. On est familier de ces images déjà vues sous une forme ou une autre, à commencer par la mythique bataille de boules de neige en ouverture ; les voir éclater sur la toile de la Cinémathèque procure une émotion subtile, douce exaltation du voyage dans le temps, d’une beauté qui renaît. Manque un million d’euros au budget Restaurateur en chef, Georges Mourier a consacré quatorze années de sa vie à retrouver, nettoyer, assembler ces photogrammes. La partie corse (où Napoléon revient en permission en 1792) est un extraordinaire récit d’aventures, tourné en décors naturels, où l’art du cinéma muet trouve son épiphanie : travellings, surimpressions, plans très larges et très serrés, le maquis brûle et l’horizon scintille, on cligne des yeux. Le tout sur une vaste partition constituée de classiques du répertoire tissés les uns aux autres, interprétée par les orchestres de Radio France. Si les sept heures de film sont déjà quasi prêtes, il reste encore un peu de travail sur la musique. Et à trouver un lieu pour les projections monstres prévues les 4 et 5 juillet. À quelques jours des jeux Olympiques, ce n’est pas facile : il faut 30 mètres de large pour les parties en triptyque, sans compter l’espace pour les quatre-vingts musiciens et le chœur. Enfin, Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque, n’a pas manqué de préciser qu’il manquait toujours un million d’euros pour boucler le budget de ce projet pharaonique (évalué à plus de quatre). La légende, c’est sûr, est encore en mouvement. | NAPOLEON, Abel Gance 1927, Albert Dieudonné, Alexandre Koubitzky, Vladimir Roudenko, Marguerite Gance, Antonin Artaud (histoire)@@ (E) Le film retrace le parcours de Napoléon Bonaparte, de son enfance à l'école de Brienne jusqu'au début de la première campagne d'Italie, en passant par le Club des Cordeliers, où il rencontre Danton ... |
![]() | ON THE TOWN Leonard Bernstein 1944Ozzie, Chip et Gabey sont trois marins en permission de 24 heures. Leur journée commence dans le métro, où Gabey tombe amoureux d'une starlette, Ivy Smith, à la vue d'une affiche la présentant comme "Miss Turnstiles". Décidé à la trouver, il persuade ses deux compères de l'aider dans ses recherches (l'affiche donnant des indices). Chip rencontre ainsi une chauffeuse de taxi délicieusement vindicative, 'Hildy' Esterhazy. De son côté, Ozzie fait la connaissance, au Museum d'histoire naturelle où l'un des indices le conduit, d'une séduisante anthropologue, Claire DeLoone. C'est finalement Gabey lui-même qui retrouve Ivy au Carnegie Hall, où elle étudie la danse et le chant avec Madame Dilyovska. Les uns et les autres prennent rendez-vous pour le soir, mais les flirts vont être contrariés... | ON THE TOWN Leonard Bernstein 1944 (E) Ozzie, Chip et Gabey sont trois marins en permission de 24 heures. Leur journée commence dans le métro, où Gabey tombe amoureux d'une starlette, Ivy Smith, à la vue d'une affiche la présentant comme " ... |
![]() | ONODA, Arthur Harari 1944, Yûya Endô, Kanji Tsuda (guerre)@@Fin 1944. Le Japon est en train de perdre la guerre. Sur ordre du mystérieux Major Taniguchi, le jeune Hiroo Onoda est envoyé sur une île des Philippines juste avant le débarquement américain. La poignée de soldats qu'il entraîne dans la jungle découvre bientôt la doctrine inconnue qui va les lier à cet homme : la Guerre Secrète. Pour l'Empire, la guerre est sur le point de finir. Pour Onoda, elle s'achèvera 10 000 nuits plus tard. | ONODA, Arthur Harari 1944, Yûya Endô, Kanji Tsuda (guerre)@@ (E) Fin 1944. Le Japon est en train de perdre la guerre. Sur ordre du mystérieux Major Taniguchi, le jeune Hiroo Onoda est envoyé sur une île des Philippines juste avant le débarquement américain. La poign&eacu ... |
![]() | QUAI DES ORFEVRES, Georges CLOUZOT 1947, Louis Jouvet, Bernard Blier (policier)@@@Dans le Paris d'après-guerre, Jenny Lamour, chanteuse de music-hall douée, ne manque pas d'ambition. Elle accepte l'invitation à dîner de Georges Brignon, homme riche et puissant qui peut l'aider dans sa carrière malgré l'opposition de Maurice Martineau, son époux. Jaloux et se croyant trompé, Maurice se précipite chez Brignon pour découvrir son rival assassiné. L'inspecteur Antoine va mener une enquête qui va l'amener à impliquer Martineau dont l'alibi ne tient plus. TELERAMA L’assassinat d’un vieux dégueulasse permet à Clouzot de parler d’amour en trucidant la censure. L’inspecteur (Louis Jouvet) sait que le monde est poisseux, que les sentiments poussent au crime et excusent ceux qui les commettent. Orfèvrerie d’une noire tendresse. « Rien n’est sale quand on s’aime », fera dire Clouzot à l’un des personnages de son film Manon. Dans Quai des Orfèvres, déjà, tout poisse, s’encrasse, sauf l’amour, qu’il soit filial, conjugal ou lesbien. En effet, il n’y a pas que Brignon, le vieux cochon, qui est assassiné dans ce chef-d’œuvre. Pendant qu’on s’interroge sur l’identité du coupable, Clouzot trucide tranquillement la censure. Il faut entendre l’inspecteur Antoine (Jouvet, prodigieux) dire à Dora, la blonde cérébrale : « Vous êtes un type dans mon genre… » Car si Dora veille sur Jenny Lamour, la Mimi Pinson ambitieuse, et sur Maurice, le pauvre bougre de mari, c’est par amour pour la seule Jenny. L’énigme regorge de fausses pistes et de faux témoignages parce que chacun, si veule qu’il puisse paraître, est prêt à se sacrifier pour l’être aimé. Magnifique hommage aux petites gens du cabaret, le film est aussi une peinture de mœurs d’une grande tendresse cafardeuse : même si le cœur a ses raisons, la loi lui donne tort. Clouzot le regrette et met cette réplique, à la fin, dans la bouche d’un chauffeur de taxi : « Je vous fais bien mes excuses, mais on n’est pas les plus forts. » | QUAI DES ORFEVRES, Georges CLOUZOT 1947, Louis Jouvet, Bernard Blier (policier)@@@ (E) Dans le Paris d'après-guerre, Jenny Lamour, chanteuse de music-hall douée, ne manque pas d'ambition. Elle accepte l'invitation à dîner de Georges Brignon, homme riche et puissant qui peut l'aider dans sa carri&egr ... |
![]() | REBECCA, Alfred Hitchkok 1939, Laurence Olivier, Joan Fontaine@.Tandis que le riche Maxim de Winter pleure sa femme disparue, il rencontre sur la Côte d'Azur une jeune dame de compagnie. Il l'épouse et l'emmène dans sa demeure anglaise de Manderley, que hante le souvenir de la défunte, Rebecca. TELERAMA D’apparence plus classique que les fameux “Psychose” ou “Fenêtre sur cour”, ce séjour chez une châtelaine se révèle pourtant bien troublant… Sous le raffinement aristocratique couve une fièvre des sens haletante. Quand elle épouse Maxim de Winter, aristocrate veuf, la jeune ingénue pense vivre un conte de fées. Mais Manderley, la demeure ancestrale de Max, ne semble tolérer qu’une châtelaine : Rebecca, la précédente épouse de Winter, disparue en mer. Son souvenir hante chaque pièce, jalousement entretenu par la gouvernante… À partir du roman gothique de Daphné Du Maurier, c’est « Alice au pays des cauchemars ». Mi-héroïne de Lewis Carroll, mi-femme de Barbe-Bleue, Joan Fontaine oscille entre innocence et curiosité morbide. Le suspense se construit sur un vide, une absence. Un chien mélancolique, une brosse à cheveux, un rideau gonflé par le vent dessinent en creux l’obsédante présence de la défunte épouse. Comme dans Psychose ou Les Oiseaux, Hitchcock joue avec le fantastique. Cette ambiguïté culmine dans la fixité hantée du regard de la gouvernante. Elle ne tourmente pas la tendre Joan Fontaine par hasard : à travers elle, Hitchcock parle de perversité. Il multiplie les métaphores suggestives. La prude jeune femme traque l’ombre de sa voluptueuse devancière comme on cherche à identifier son propre désir. Un pur chef-d’œuvre. | REBECCA, Alfred Hitchkok 1939, Laurence Olivier, Joan Fontaine@. (E) Tandis que le riche Maxim de Winter pleure sa femme disparue, il rencontre sur la Côte d'Azur une jeune dame de compagnie. Il l'épouse et l'emmène dans sa demeure anglaise de Manderley, que hante le souvenir de la d&eacu ... |
![]() | RETOUR VERS L ENFER, Ted Kotcheff 1983, Gene Hackman, Patrick Swayze, Robert Stack (guerre)@@Vietnam, 1972. Les opérations de sauvetage de troupes par l'armée américaine s'effectuent dans des conditions terribles sous les tirs vietcongs et laissent des soldats sur place. Parmi eux, Franck Rhodes, un des 2.500 soldats Missing in action dénombrés par le Pentagone. TELERAMA 1972. Au plus fort des combats au Viêtnam, les hélicoptères américains sont contraints d'abandonner des soldats dans la jungle. Parmi eux, un jeune GI, Frank Rhodes. Un an plus tard, certains prisonniers américains sont renvoyés dans leur pays, mais Frank ne figure pas sur la liste des hommes libérés. Onze ans ont passé et son père, le colonel Rhodes, reste persuadé que Frank est toujours vivant, retenu en captivité dans un camp. Grâce à des renseignements officieux, il repère la geôle de son fils. L'aide financière de MacGregor, un milliardaire dont le fils est également porté disparu, lui permet d'organiser une expédition pour libérer Frank... | RETOUR VERS L ENFER, Ted Kotcheff 1983, Gene Hackman, Patrick Swayze, Robert Stack (guerre)@@ (E) Vietnam, 1972. Les opérations de sauvetage de troupes par l'armée américaine s'effectuent dans des conditions terribles sous les tirs vietcongs et laissent des soldats sur place. Parmi eux, Franck Rhodes, un des 2.500 s ... |
![]() | ROME VILLE OUVERTE, Roberto Rosselini 1945, Anna Magnani, Aldo Fabrizi (histoire)@@Dans Rome déclarée "'ville ouverte", les Allemands perquisitionnent l'immeuble où vit Giorgio Manfredi, une des figures du Comité de libération nationale. Ce dernier parvient à s'enfuir par les toits et se réfugie chez son ami Francesco, un typographe qui travaille notamment pour la presse clandestine. TELERAMA Peu de films ont joué un rôle aussi important dans l’histoire du cinéma : en retraçant, dès 1945, un moment particulièrement tragique de l’occupation allemande à Rome, Roberto Rossellini ouvrait la voie au néoréalisme. Ce cinéma qui, rompant avec les artifices du studio, descendit dans la rue avec l’ambition de parler de la vie dans ce qu’elle a de plus crucial. Après la libération de Rome, c’est l’histoire du prêtre don Morosini, exécuté par les Allemands, que Rossellini juge importante à raconter. Le destin de ce curé entré en résistance reflète l’esprit de sacrifice de ceux qui ont lutté contre la barbarie avec les armes de la foi en la liberté. Dans Rome, ville ouverte, don Morosini devient don Pietro, interprété par Aldo Fabrizi, célèbre à l’époque pour ses talents comiques. Son visage jovial donne au personnage une franche bonhomie. Avec l’aide de Fellini, qui collabore au scénario, ce don Pietro a même parfois une certaine drôlerie. Rossellini ne sanctifie pas ses personnages, il les montre dans leur humanité simple, leur grandeur familière. C’est vrai aussi, et de manière exemplaire, de Pina, la femme à la fois meurtrie par la vie et toujours vaillante jouée par Anna Magnani. Figure du sacrifice elle aussi, Pina incarne d’abord le courage, l’élan généreux de la rébellion. Un film d’une humanité sublime. | ROME VILLE OUVERTE, Roberto Rosselini 1945, Anna Magnani, Aldo Fabrizi (histoire)@@ (E) Dans Rome déclarée "'ville ouverte", les Allemands perquisitionnent l'immeuble où vit Giorgio Manfredi, une des figures du Comité de libération nationale. Ce dernier parvient à s'enfuir pa ... |
![]() | ROME VILLE OUVERTE, Roberto Rossellini 1945, Ana Magnani, ldo Fabrizi (histoire guerre)@@@Dans Rome déclarée "'ville ouverte", les Allemands perquisitionnent l'immeuble où vit Giorgio Manfredi, une des figures du Comité de libération nationale. Ce dernier parvient à s'enfuir par les toits et se réfugie chez son ami Francesco, un typographe qui travaille notamment pour la presse clandestine. TELERAMA Peu de films ont joué un rôle aussi important dans l’histoire du cinéma : en retraçant, dès 1945, un moment particulièrement tragique de l’occupation allemande à Rome, Roberto Rossellini ouvrait la voie au néoréalisme. Ce cinéma qui, rompant avec les artifices du studio, descendit dans la rue avec l’ambition de parler de la vie dans ce qu’elle a de plus crucial. Après la libération de Rome, c’est l’histoire du prêtre don Morosini, exécuté par les Allemands, que Rossellini juge importante à raconter. Le destin de ce curé entré en résistance reflète l’esprit de sacrifice de ceux qui ont lutté contre la barbarie avec les armes de la foi en la liberté. Dans Rome, ville ouverte, don Morosini devient don Pietro, interprété par Aldo Fabrizi, célèbre à l’époque pour ses talents comiques. Son visage jovial donne au personnage une franche bonhomie. Avec l’aide de Fellini, qui collabore au scénario, ce don Pietro a même parfois une certaine drôlerie. Rossellini ne sanctifie pas ses personnages, il les montre dans leur humanité simple, leur grandeur familière. C’est vrai aussi, et de manière exemplaire, de Pina, la femme à la fois meurtrie par la vie et toujours vaillante jouée par Anna Magnani. Figure du sacrifice elle aussi, Pina incarne d’abord le courage, l’élan généreux de la rébellion. Un film d’une humanité sublime. | ROME VILLE OUVERTE, Roberto Rossellini 1945, Ana Magnani, ldo Fabrizi (histoire guerre)@@@ (E) Dans Rome déclarée "'ville ouverte", les Allemands perquisitionnent l'immeuble où vit Giorgio Manfredi, une des figures du Comité de libération nationale. Ce dernier parvient à s'enfuir pa ... |
![]() | THE GENERAL Buster Keaton 1927Géorgie, 1861. Johnnie nourrit un amour sans borne pour la sublime Annabelle et pour sa locomotive, la Générale. Arrive la guerre de Sécession. Jugé plus utile en tant que mécanicien, Johnnie n'est pas recruté pour combattre les nordistes. Annabelle et sa famille le croient lâche et le rejettent. Un an plus tard, les nordistes pénètrent en territoire sudiste et subtilisent un train, avec Annabelle à son bord et la Générale à sa tête. TELERAMA Johnny Gray chérit autant la General, sa locomotive, qu'Annabelle, sa bien-aimée. Quand éclate la guerre de Sécession, il veut s'engager dans l'armée. Buster Keaton a toujours avoué un petit faible pour ce film en forme d'autoportrait paradoxal. Fini les allusions aux numéros de voltige que son père lui imposa dès le plus jeune âge. Buster Keaton prouve qu'il est devenu adulte et livre sa réflexion sur la guerre. Le Mécano de la General s'inspire d'un fait réel. En 1862, des espions nordistes prirent d'assaut une locomotive, à la gare de Big Shanty, près d'Atlanta. Avec une minutie déontologique et dépensière (le plan de l'effondrement du train, tourné en grandeur nature, fut l'un des plus chers du cinéma muet américain), Buster Keaton a reconstitué la guerre de Sécession dans ses détails, en décors réels, dans l'Oregon. Devant cette toile de fond grouillante et incroyablement réaliste, il offre un one-man-show exceptionnel, qui n'est autre qu'un appel au droit à l'individualité, même en temps de crise, où le suivisme est roi. — Marine Landrot | THE GENERAL Buster Keaton 1927 (E) Géorgie, 1861. Johnnie nourrit un amour sans borne pour la sublime Annabelle et pour sa locomotive, la Générale. Arrive la guerre de Sécession. Jugé plus utile en tant que mécanicien, Johnnie n'est ... |
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