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HALS, bouffon au luth 1623

MARAIS, folies d espagne 1690
date de publication: jeudi 26 mars 2020

C'est le vertige d'amour qui fait tournoyer les sphères

Shafique KESHAVJEE - Le roi, le sage et le bouffon


Bouffon jouant du luth (Frans HALS 1623)
S'agit-il d'un simple musicien en représentation ? Tient-il le rôle d'un bouffon comme a pu le faire croire son extrême jovialité ? Ou bien est-il une figure de théâtre comme l'indiquerait son élégant et archaïsant costume de fantaisie (du XVIe siècle) ? En fait ces tableaux, qui appartiennent à ce que l'on nomme le portrait de genre, étaient bien souvent le support d'une réflexion morale sur les plaisirs des sens et leurs dangers. Ainsi ce luthiste pourrait-il être une allégorie de l'ouïe ou bien encore une leçon sur la vanité de la musique, éphémère par essence.


Cette oeuvre, qui peut être datée de 1624-1626, au début de la brillante période utrechto-caravagesque de l'artiste, est une allusion au monde du théâtre (costume à l'ancienne) et une possible allégorie de l'ouïe ou de la vanité (vanité de la musique et des plaisirs). Il en existe une copie longtemps célèbre mais d'une réputation usurpée, au Rijksmuseum d'Amsterdam.
La physionomie du luthiste est traitée avec une grande vivacité. Un ample sourire malicieux, peut-être ironique, anime l'ensemble du visage. La spontanéité naturelle qui émane du tableau s'inspire incontestablement de l'étude d'un homme bien réel, modèle que l'on retrouve d'ailleurs dans plusieurs autres oeuvres du maître. La mise en scène de personnages du "petit peuple", paysans, joyeux buveurs ou filles de joie, n'avait évidemment pas du tout le même but de reconnaissance sociale. En fait ces tableaux, qui appartiennent à ce que l'on nomme le portrait de genre, étaient bien souvent le support d'une réflexion morale sur les plaisirs des sens et leurs dangers. Ainsi ce luthiste pourrait-il être une allégorie de l'ouïe ou bien encore une leçon sur la vanité de la musique, éphémère par essence.
Ce portrait de genre, mi-réaliste mi-allégorique, est proche de sujets semblables traités par les caravagesques d'Utrecht. La façon d'éclairer le personnage par une lumière latérale puissante qui modèle les volumes est en effet caractéristique du courant caravagesque. Cependant rien n'autorise à penser que le Maître de Haarlem ait eu un contact direct avec des artistes comme Hendrick ter Brugghen (1588-1629) ou Gerrit van Honthorst (1590-1656). Sans doute cette parenté stylistique s'explique-t-elle par la vogue de ce type de tableaux qui circulaient dans toute l'Europe. Mais Hals s'écarte de ces représentations un peu stéréotypées par un traitement pictural particulièrement fougueux. En grand coloriste, il rehausse le jeu sur les noirs et les rouges d'éclats dorés. Ce luthiste, par son dynamisme, annonce cette liberté de touche qui culmine avec la célèbre Bohémienne (musée du Louvre, M.I. 926). Cette période caravagesque, courte (de 1620 à 1625 environ) mais si brillante, a assuré la prodigieuse renommée de Hals au XIXe siècle, considéré comme un Édouard Manet avant la lettre.

illustr musicale:
Marin MARAIS - folies d'Espagne
La Folía est l'une des mélodies européennes les plus anciennes et les plus reconnaissables. Elle a été créée au XVIIe siècle. Les Couplets de Marin Marais sur le thème, trente-deux variations pour solo de viole de gambe, fournissent un travail approfondi à la fois au matériau musical et à l’instrument (dont le virtuose du Marais).

La Folia est une danse d’origine portugaise du 15ème siècle qui se répandit en Italie puis en France sous le nom de « Folie d’Espagne ». Parmi un certain nombre de thèmes, émergea la mélodie de base :
Elle est basée sur la suite d’accords : réM/La7/réM/do/fa/do/réM/la7
Apparue aux alentours de 1650 puis publiée en 1672 par Lully, cette mélodie devint le thème d'innombrables variations dont les plus célèbres furent celles de Corelli parues en 1700, ainsi que de Marin Marais, Scarlatti, Vivaldi, Pasquini, Pergolèse, … Elle sera encore utilisée par des compositeurs du 19ème et du 20ème siècle, tels que Grétry (l'Amant jaloux), Cherubini (ouverture de l'Hôtellerie portugaise), Liszt (Rhapsodie espagnole), Rachmaninov (Variations sur un thème de Corelli, ce titre étant donc musicologiquement inexact).

Marin Marais écrivit près de 600 pièces pour viole, réparties en cinq livres, chacun comprenant, entre autres, une quarantaine de Suites, avec parfois des pièces de caractère comme le Tombeau pour Monsieur de Sainte-Colombe, le Tombeau pour Monsieur de Lully, Le Tableau de l’Opération de la Taille, etc.
Marin Marais, baptisé à Paris le 31 mai 1656, date possible mais non certaine de sa naissance (le 31 mai est donné pour sa date de naissance par Évrard Titon du Tillet) et mort le 15 août 1728 à Paris également est un violiste ou gambiste et compositeur français de la période baroque.


autres:
www.youtube.com/embed/FaK4VAytBdM

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