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GOYA, Maja et celestina au balcon

FERRE (Leo), avec le temps
date de publication: mardi 02 février 2021

Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix

Leo FERRE - avec le temps


Francisco de GOYA - maja et Celestine au balcon
une belle maja est accoudée au balcon et regarde le spectateur en souriant. Dans son dos, et dans la pénombre se trouve la vieille Célestine qui la surveille avec envie.
À l’époque, une femme à son balcon était appelée venterana (femme à la fenêtre), surnom associé à la prostitution. À côté de la maja, la vieille mégère est sinistre et obscure. À côté de la beauté, sont évoqués le mal, le sexe, la profanation et mis côte-à-côte, en comparaison directe. L’opposition des styles entre les deux personnages est telle qu’ils semblent représenter deux états de la même personne, à la manière de docteur Jekyll et de M. Hyde, De l’obscurité, Goya ne revint jamais vers la pleine lumière.

Illustration musicale: Leo FERRE - avec le temps

Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix
Le cœur, quand sa bat plus, c'est pas la peine d'aller
Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien

Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit

Avec le temps, va, tout s'en va
Même les plus chouettes souvenirs, ça, t'as une de ces gueules
À la galerie, j'farfouille dans les rayons d'la mort
Le samedi soir quand la tendresse s'en va toute seule

Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rien
L'autre à qui l'on donnait du vent et des bijoux
Pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
Devant quoi, l'on s'traînait comme traînent les chiens
Avec le temps, va, tout va bien

Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie les passions et l'on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid

Avec le temps, va, tout s'en va
Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et l'on se sent floué par les années perdues, alors vraiment
Avec le temps on n'aime plus