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FRIEDRICH (Caspar) coucher de soleil

SCHUBERT, Winterreise, gute nacht
date de publication: vendredi 30 juillet 2021

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir,
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Charles BAUDELAIRE - harmonie du soir


Caspar David Friedrich FRIEDRICH - femme devant le coucher de soleil 1818
Une femme vue de dos, les bras ouverts, regardant ce paysage et lui faisant face. Là encore, au milieu de l’image, un personnage aux lignes verticales, contrastant avec l’horizontalité du paysage vallonné. Une silhouette sombre au premier plan et le paysage au second. Les couleurs chaudes apportent au tableau une touche de grâce. Une femme en contemplation devant ce paysage : geste d’ouverture et d’accueil, image d’une nature apaisée et tranquille, malgré l’impression de distance et d’immensité, un procédé de Caspar David Friedrich que l'on peut retrouver dans son œuvre Voyageur contemplant une mer de nuages.

Illustration musicale: Franz SCHUBERT - Winterreise - Gute Nacht
Winterreise (Voyage d'hiver en français), D.911, est un cycle de 24 lieder pour piano et voix, composé par Franz Schubert en 1827, un an avant sa mort, sur des poèmes de Wilhelm Müller. C'est l'un des cycles les plus bouleversants de toute l'histoire de la musique ». La sobriété du discours musical, son intériorité douloureuse, son impression d'immobilité emportent l'auditeur du premier au dernier lied, qui ne conclut pas, s'arrêtant juste au bout de la solitude, « au seuil de la démence » (Einstein).
Les poèmes de Müller correspondent parfaitement à l'état d'esprit du compositeur à ce moment-là : fatigué, découragé, il se reconnaît dans le narrateur dès qu'il découvre les poèmes. Voyage et solitude sont les thèmes principaux et ce qui appartient au bonheur n'apparaît que sous forme de souvenir et d'illusion. Schubert mêle dans ce cycle à parts égales le duo instrumentiste et chanteur, anticipant Schumann.

Fremd bin ich eingezogen Fremd zieh' ich wieder aus / Étranger je suis arrivé, Étranger je repars.
Der Mai war mir gewogen Mit manchem Blumenstrauß / Le mois de mai M’avait bercé de maints bouquets de fleurs.
Das Mädchen sprach von Liebe Die Mutter gar von Eh' / La jeune fille parlait d’amour, La mère même de mariage,
Nun ist die Welt so trübe Der Weg gehüllt in Schnee / Aujourd’hui le monde est si gris, Le chemin recouvert de neige.

Ich kann zu meiner Reisen Nicht wählen mit der Zeit / De mon départ en voyage Je ne peux choisir le moment,
Muss selbst den Weg mir weisen In dieser Dunkelheit / Je dois moi-même trouver le chemin En cette obscurité.
Es zieht ein Mondenschatten Als mein Gefährte mit / Une ombre lunaire me suit Comme mon compagnon,
Und auf den weißen Matten Such' ich des Wildes Tritt / Et sur le blanc manteau Je cherche les traces d’animaux.

Was soll ich länger weilen Bis man mich trieb hinaus? / Pourquoi devrais-je attendre encore Que l’on me mette dehors ?
Lass ihre Hunde heulen Vor ihres Herren Haus / Laissez les chiens fous hurler Devant la maison de leurs maîtres;
Die Liebe liebt das Wandern Gott hat sie so gemacht / L’amour aime à cheminer - Dieu l’a ainsi fait -
Die Liebe liebt das Wandern Mein Liebchen, gute Nacht / De l’un à l’autre. Douce bien-aimée, bonne nuit !

Will dich im Traum nicht stören Wär schad' um deine Ruh' / En tes rêves je ne te dérangerai point, Ce serait dommage, en ton repos,
Sollst meinen Tritt nicht hören Sacht, sacht die Türe zu / Tu ne devrais pas entendre mes pas, Doucement, doucement, les portes sont fermées!
Schreib im Vorübergehen Ans Tor dir: Gute Nacht / En passant, j’écris seulement* Bonne nuit sur le portail,
Damit du mögest sehen An dich hab' ich gedacht / Pour que tu puisses voir, Que j’ai pensé à toi.