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llach (luis) - l estaca (chanson esp)(hymne) 1970



llach (luis) - l estaca (chanson esp)(hymne) 1970
(taille reelle)
Lluis LLACH - l'estaca (1970)


Siset, ne vois-tu pas le pieu
Où nous sommes tous attachés ?
Si nous ne pouvons nous en défaire
Jamais nous ne pourrons nous échapper

Les paroles évoquent, en prenant la métaphore d'une corde attachée à un pieu (estaca en catalan), le combat des hommes pour la liberté.
L'Estaca (trad. litt. : « le pieu ») est une chanson catalane composée par le chanteur Lluís Llach en 1968.
Composée durant la dictature du général Franco en Espagne, c'est un cri à l'unité d'action pour se libérer de l'oppression, pour atteindre la liberté. D'abord symbole de la lutte contre l'oppression franquiste en Catalogne, elle est devenue un symbole de la lutte pour la liberté.
Extrêmement populaire en Catalogne aujourd'hui, au point d'être considérée comme partie du folklore populaire, elle a aussi connu un destin international. Elle a eu plusieurs interprétations différentes et a été traduite en plus de cinquante langues — français, occitan, basque, corse, allemand, polonais, espéranto, etc.

La scène se passe à l'aube, tandis que le narrateur de la chanson se remémore les paroles d'une conversation entre grand-père Siset (avi Siset) et lui. Il demande au grand-père Siset : « Ne voyez-vous pas le pieu auquel nous sommes tous liés ? Si nous ne pouvons pas nous en défaire, nous ne pourrons jamais avancer » (No veus l'estaca a on estem tots lligats? Si no podem desfer-la mai no podrem caminar). D'après Siset, seule une action commune peut apporter la liberté : « Si nous tirons tous, il va tomber, si je tire fort vers ici, et que tu tires fort par là, il est certain qu'il tombe, tombe, tombe, et nous pourrons nous libérer » (Si estirem tots, ella caurà, si jo estiro fort per aquí i tu l'estires fort per allà, segur que tomba, tomba, tomba, i ens podrem alliberar).

L'interlocuteur de grand-père Siset insiste sur la difficulté du combat pour la liberté, qui ne demande pas de répit et des efforts : « Mais, Siset, ça fait longtemps déjà, mes mains à vif sont écorchées, et alors que mes forces me quittent, il est plus large et plus haut » (Però, Siset, fa molt temps ja, les mans se'm van escorxant, i quan la força se me'n va ella és més ampla i més gran).

L'idée d'une nécessaire prise de conscience collective pour obtenir la liberté clôt la chanson. Dans la dernière strophe, une fois grand-père Siset mort, son interlocuteur devient responsable de la diffusion des idées de liberté et de lutte auprès des nouvelles générations : « Et quand passent d'autres valets, je lève la tête pour chanter le dernier chant de Siset, le dernier qu'il m'ait appris » (I mentre passen els nous vailets, estiro el coll per cantar el darrer cant d'en Siset, el darrer que em va ensenyar).

Avi Siset
Le grand-père Siset, personnage principal de la chanson, est inspiré d'un personnage réel, Narcís Llansa i Tubau, surnommé avi Llansa (« papi Llansa »), vell Llansa (« le vieux Llansa ») ou Siset Llansa. Originaire de Tortellà, dans le nord de la province de Gérone, il était barbier à Besalú.
Ne cachant pas ses opinions, il était connu pour être républicain, catalaniste et anticlérical, et faire de sa boutique un lieu de débat politique. Lorsque la république fut proclamée en 1931, il fut élu conseiller municipal sous l'étiquette d'ERC, la gauche républicaine catalane1. À la suite de la guerre civile, il fut soumis à diverses humiliations : forcé à nettoyer les églises et à assister aux messes. Il n'échappa finalement à ses obligations qu'en prétextant que le dimanche était le jour où il était le plus chargé de travail comme barbier.

En 1968, Lluís Llach écrivit les paroles de la chanson, s'inspirant des conversations qu'il avait eues avec Siset. Il dit par ailleurs de lui : « Siset me parlait toujours avec le regard droit et les yeux lumineux d'un homme bon ».

L'avi Siset em parlava
De bon mati al portal
Mentre el sol esperavem
I els carros veiem passar
Siset, que no veus l'estaca
On estem tots lligats ?
Si no podem desfer-nos-en
Mai no podrem caminar !

[Refrany][Refrain]
Si estirem tots, ella caurà
I molt de temps no pot durar
Segur que tomba, tomba, tomba
Ben corcada deu ser ja.
Si tu l'estires fort per acqui
I jo l'estiro fort per alla
Segur que tomba, tomba, tomba,
I ens podrem alliberar.

Pero Siset fa molt temps ja
Les mans se'm van escorxant !
I quan la força se me'n va
Ella és més ample i més gran.

Ben cert sé que està podrida,
Pero és que, Siset, costa tant !
Que a cops la força m'oblida
Tornem a dir el teu cant :

[Refrany][Refrain]

Grand-père Siset ne dit plus rien
Mal vent que se'l va emportar
Un mauvais vent l'a emporté
Ell qui sap cap a quin indret
Lui seul sait vers quel lieu
I jo a sota el portal
Et moi, je reste sous le porche

I quan passem els nous vailets
Et quand passent d'autres gens
Estiro el col per cantar
Je lève la tête pour chanter
El darrer cant d'en Siset,
Le dernier chant de Siset,
Lo darrer que em va ensenyar
Le dernier qu'il m'a appris :

TRADUCTION

Grand-père Siset me parlait ainsi
De bon matin sous le porche
Tandis qu'en attendant le soleil
Nous regardions passer les charettes
Siset, ne vois-tu pas le pieu
Où nous sommes tous attachés ?
Si nous ne pouvons nous en défaire
Jamais nous ne pourrons nous échapper !

[Refrany]
[Refrain]
Si nous tirons tous, il tombera
Cela ne peut durer plus longtemps
C'est sûr il tombera, tombera, tombera
Bien vermoulu il doît être déjà.
Si tu le tires fort par ici
Et que je le tire fort par là
C'est sûr, il tombera, tombera, tombera,
Et nous pourrons nous libérer.

Mais Siset, ça fait déjà bien longtemps
Mes mains à vif sont écorchées !
Et alors que les forces me quittent
Il est plus large et plus haut.
Bien sûr, je sais qu'il est pourri,
Mais, aussi, Siset, il est si lourd !
Que parfois les forcent me manquent
Reprenons donc ton chant :

[Refrany]
[Refrain]

Grand-père Siset ne dit plus rien
Un mauvais vent l'a emporté
Lui seul sait vers quel lieu
Et moi, je reste sous le porche
Et quand passent d'autres gens
Je lève la tête pour chanter
Le dernier chant de Siset,
Le dernier qu'il m'a appris :