arpoma  mardi 22 avril 2025 - 18h59 menu / actu

liste / rep

atlas / rech
THE SHAMELESS, Konstantin Bojanov 2024 (societe)@@



THE SHAMELESS, Konstantin Bojanov 2024 (societe)@@
(taille reelle)
THE SHAMELESS, Konstantin Bojanov 2024 (societe)@@ ()

Nadira s'échappe, au milieu de la nuit, d'un bordel de Delhi après avoir poignardé à mort un policier abusif. Elle trouve refuge temporairement dans une communauté de travailleuses du sexe Devadasi du Sud de l'Inde, où elle prend le nom indien de Renuka. Elle y tombe amoureuse de Devika, une jeune fille de 17 ans émotionnellement fragile. Sa rencontre avec Renuka va pousser Devika à affronter sa mère et à se rebeller contre l'institution séculaire et oppressive des consécrations religieuses.

"The Shameless" est le nouveau film du réalisateur bulgare de "Avé", Konstantin Bojanov. Film indien percutant, aussi chaleureux dans les couleurs qu’il arbore (les teintes rouges du bordel d’où le personnage s’enfuit, les couleurs chaudes de la nuit…) que glacial dans le traitement dont font l’objet les deux femmes dont la complicité va ici se développer au fil du récit. Incarnée avec puissance par Anasuya Sengupta, Renuka est une figure de femme indépendante, qui malgré son métier, aspire à se passer des hommes, introduisant ici le sujet encore tabou en Inde de l’homosexualité, la naissance d’une idylle entre les deux femmes déclenchant des réactions violentes de la part de la communauté comme des proches.

Au-delà de ce sujet, c’est en réalité la place de la femme, comme marchandise que l’on exploite, qui fait l’objet de toutes les maltraitances, et que même la famille vend au futur mari le plus offrant, qui est ici traité. La manière dont la jeune Devika, interprétée avec délicatesse par Omara Shetty, a tenté d’éviter un mariage arrangé est de ce point de vue hautement significative et fait froid dans le dos. En choisissant une tonalité proche du thriller, Konstantin Bojanov insuffle une certaine fièvre à cette tentative d’échappée d’un monde dominé par les hommes, sous l’ombre du contrôle social et d’une police et de politiques corrompus, et où des visions éprouvantes (les draps envahis peu à peu par le sang...) viennent rajouter au malaise. Une histoire résolument sombre et désenchantée qui vise à mieux souligner la nécessité d’émancipation de la femme.
Olivier Bachelard

TELERAMA