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LA PASSION DE DODIN BOUFFANT



LA PASSION DE DODIN BOUFFANT
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LA PASSION DE DODIN BOUFFANT ()
En France vers 1885, Eugénie travaille depuis 20 ans comme cuisinière pour le célèbre gastronome Dodin. De leur amour commun pour la gastronomie naissent des plats uniques, si savoureux et délicats qu'ils attirent de nombreux clients du monde entier.

TELERAMA
POUR
Célébrer le prestige culinaire français mais faire aussi un pari de cinéma, voilà le menu de ce film où les plats sont innombrables et les mots comptés, la musique quasiment absente... Des personnages qui s’affairent dans une cuisine du XIXe siècle, on ne saura, hormis leur talent aux fourneaux, que le strict nécessaire. Sorti d’un roman de Marcel Rouff, Dodin Bouffant est un gastronome (en partie inspiré par le célèbre Brillat-Savarin, 1755-1826), un notable dont l’unique ambition est de briller à table. Eugénie, sa compagne, n’a jamais voulu devenir sa femme pour mieux rester, par-dessus tout, sa cuisinière. Au lieu d’enfants, le couple a deux apprenties marmitonnes. Et consacre sa vie à estomaquer un cercle d’amis en les régalant de mets extraordinaires.

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Dans cette monomanie culinaire, Tràn Anh Hùng a trouvé une richesse étonnante. Dodin, c’est la cuisine comme spectacle, et le réalisateur a su le traduire en images avec brio. Eugénie, dont Juliette Binoche fait vibrer la réserve, c’est l’art de cuisiner en secret, en s’effaçant. Salué, très justement, par le Prix de la mise en scène à Cannes, voici un film festif, gustatif, contemplatif et méditatif. D’une originalité savoureuse de bout en bout. — Frédéric Strauss

o CONTRE
« Savoureux » si on aime les repas à 6 000 calories, peut-être. Mais, après deux heures et quatorze minutes de cuisson à l’étouffée pour le spectateur, c’est plutôt le terme de « faisandé » qui vient en bouche. On ne va pas au cinéma pour voir un épisode interminable de Top chef, disposerait-il d’un « directeur gastronomique » aussi prestigieux que le chef multi-étoilé Pierre Gagnaire et serait-il photographié comme La Laitière, de Vermeer — ou, pour être plus précis, comme une vieille publicité qui s’inspirait du célèbre tableau du maître hollandais. Au moins, dans la télé-réalité culinaire de M6, les candidats nous dispensent-ils des platitudes pseudo-philosophiques sur l’art du bien manger et le « printemps de la vie » assénées par les héros aux fourneaux de Tràn Anh Hùng et leurs convives dodus et bouffis. Et que dire du Prix de la mise en scène reçu au Festival de Cannes, sinon qu’un réalisateur qui ose enchaîner une nature morte de poire pochée avec un plan sur les fesses nues de Juliette Binoche mériterait plutôt la Palme du mauvais goût ? — Samuel Douhaire