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MADAME DOUBTFIRE, Chris Columbus 1993, Robin Williams (societe)@@
Daniel, un doubleur de dessins animés au chômage, n'a aucune autorité sur ses trois enfants, Lydia, Chris et Natalie. Après quatorze années de vie commune, son épouse Miranda, une décoratrice ambitieuse, demande le divorce et obtient la garde des petits. Afin de continuer à les voir, Daniel se fait passer pour madame Doubtfire, une respectable gouvernante irlandaise, et entre au service de son ex-femme.

TELERAMA
'est l'histoire d'un monsieur qui se déguise en dame pour ne pas être séparé de ses enfants. Ce monsieur, Daniel, est un doubleur de dessin animé que son patron vient de virer. Pas de chance, sa femme, Miranda, le vire aussi : elle n'a pas supporté de le trouver en train de faire la java dans la maison familiale avec la moitié du zoo de San Diego. Ouste ! Dehors, le grand gamin !

Mais comme Miranda n'a pas le temps de s'occuper des enfants, elle décide d'embaucher une gouvernante. Ni une ni deux, Daniel va voir son frère maquilleur et son ami prothésiste : ils lui fournissent une enveloppe rembourrée, un masque et tout ce qu'il faut pour devenir Mme Doubtfire, nounou d'une soixantaine d'années.

Daniel, c'est Robin Williams, acteur chéri des jeunes, aimable cabotin survolté, une sorte de Louis de Funès à la mode américaine. On l'a vu gueuler des jeux de mots intraduisibles dans Good Morning Vietnam, monter sur un bureau dans Le Cercle des poètes disparus, tituber dans Fisher King. Le voici maintenant corseté sous la robe ringarde à souhait et la perruque de Mme Doubtfire. Et ce Robin Williams déguisé est si convaincant que Miranda (Sally Field) l'engage sans hésiter pour tenir son ménage.

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Le mari éconduit, changé en femme mûre, est donc réintégré ­ du moins, provisoirement ­ dans le foyer. Cette fable hollywoodienne, empruntée à une romancière britannique, aurait-elle une portée sociologique ? Apparemment, les pistes ne manquent pas : drame des pères divorcés, dévoiement des thèses féministes, recomposition des foyers... Tout cela dessinant un hommage au bon vieux matriarcat « made in USA », revu et corrigé.

La femme active et libérée (de son mari) s'active de plus belle, renoue avec un ancien amant (play- boy et libre lui aussi) et sourit de nouveau à ses chérubins. Tout est pour le mieux dans le meilleur des « home », où Mme Doubtfire veille : mamie à temps partiel, aide ménagère providentielle, si insolite dans ses vieilles nippes qu'elle en paraît extraterrestre. Et vive la nouvelle famille !

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De Certains l'aiment chaud à Tootsie et Victor, Victoria, des cinéastes ont utilisé le travesti pour illustrer leur vision de la société américaine. Alors pourquoi ne pas situer Madame Doubtfire dans cette brillante tradition ?

La réponse est d'abord dans la mise en scène : un simple enchaînement poussif de gags lourds et mécaniques. On est loin du rythme endiablé d'un Billy Wilder. Et la scène cruciale du restaurant, où Daniel/Mme Doubtfire doit se dédoubler en sautant d'une table à l'autre, aurait bien eu besoin d'un Blake Edwards. A l'évidence, Chris Columbus, réalisateur de Maman, j'ai raté l'avion, n'est ni l'un ni l'autre.

Mais n'est-ce pas Robin Williams en personne qui l'a commis à cette tâche ? Multiplié par deux à l'écran, l'acteur est aussi producteur. Et cette double casquette n'est pas la meilleure garantie contre le cabotinage. Il danse le boogie avec un aspirateur, se tartine la figure de crème, essaie de tirer une larme à Sally Field. Cela vire à un one-man show dont nous serions les spectateurs gagnés d'avance.

Car, ici, le partenaire est un comparse, le sujet un prétexte, et la star bouffe tout sur son passage. Y compris son personnage et toute la sociologie qu'on voudra lui coller.

Et voilà ce qui reste : un numéro prêt-à-consommer. Un acteur qui se déguise en dame pour amuser les enfants, petits et grands. La fable est en fait une farce. On peut lui trouver un goût fadasse, à moins d'être pris du genre d'appétit qui vous pousse dans un fast-food au milieu de l'après-midi.