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L ARMEE DES OMBRES, Jean-Pierre Melville 1969, Lino Ventura, Paul Meurice, Jean-Pierre Cassel, Simone Signoret (guerre)@@@
En octobre 1942, Philippe Gerbier est interné dans un camp français puis transféré au quartier général de la Gestapo de l'hôtel Majestic à Paris. Il s'en évade en tuant une sentinelle. À Marseille, il est chargé avec Félix et Le Bison d'exécuter Doinot, qui les a trahis.

TELERAMA
La vie clandestine des membres d’un réseau de la Résistance, magistralement mise en scène par Melville, qui a puisé dans le roman de Joseph Kessel et dans ses propres souvenirs. La distribution est époustouflante.
On parlerait de chef-d’œuvre si cette notion galvaudée ne renvoyait pas aussi souvent à l’art officiel. Officiel, le film se refuse à l’être, malgré son poids historique. Ancien résistant gaulliste, Jean-Pierre Melville l’a porté en lui vingt-cinq ans et n’a pu le réaliser qu’à la fin de sa carrière. C’est un regard démystifiant et grave à la fois sur la Résistance et ses hommes de l’ombre. Il montre un quotidien soumis à une tension permanente, où chacun doit se cacher, attendre, guetter, fuir, et parler le moins possible. Cette forme extrême d’engagement tend au cauchemar dépouillé. Elle exige de se salir les mains (l’exécution des traîtres) et surtout de se battre avec soi-même, ses doutes, sa lâcheté et sa peur.
Filmant ces combattants clandestins comme des fantômes, des morts en sursis, Melville loue leur courage et leur abnégation sans céder à l’imagerie héroïque. L’Armée des ombres est une épure funèbre et hypnotique dans laquelle les hommes et les femmes, bien que liés par des convictions très fortes, sont immanquablement seuls. Au bout du compte, c’est par le biais de cette solitude mélancolique que ces silhouettes souveraines rejoignent le mythe.