Mon corps s'est réveillé au goût de tes caresses
Et le temps s'est figé au miel de nos baisers,
Le monde entier s'est tu à nos mots murmurés.
A l'éclat de tes yeux, je me suis crue déesse.
Mais je sais qu'au-delà des murs de cette pièce
La vie reprend ses droits t'emportant loin de moi
Et me livre à l'oubli, compagnon triste et froid.
Je sombre amèrement au puits de ma détresse.
Voici qu'au soir tombé mon amant tu reviens
Drapé des souvenirs et des élans du jour
Tu effleures mon grain d'un stylo plein d'amour.
Je m'abandonne alors à toi, mon écrivain.
Une beauté de quinze ans enfantine,
Un or frisé de maint crêpe anelet,
Un front de rose, un teint damoiselet,
Un ris qui l’âme aux Astres achemine ;
Une vertu de telles beautés digne,
Un col de neige, une gorge de lait,
Un coeur jà mûr en un sein verdelet,
En Dame humaine une beauté divine ;
Un oeil puissant de faire jours les nuits,
Une main douce à forcer les ennuis,
Qui tient ma vie en ses doigts enfermée
Avec un chant découpé doucement
Ore d’un ris, or’ d’un gémissement,
De tels sorciers ma raison fut charmée.