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dimanche 14 décembre 2025 - 15h41
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ANTI-SQUAT, Nicolas Silhol 2023, Louise Bourgoin, Samy Belkessa (societe)@@
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Inès est menacée de se faire expulser de chez elle avec Adam, son fils de 14 ans. À la recherche d'un emploi, elle est prise à l'essai chez Anti-Squat, une société qui loge des personnes dans des bureaux inoccupés pour les protéger contre les squatteurs. Son rôle : recruter les résidents et faire respecter un règlement très strict. Inès est prête à tout pour se faire embaucher et s'en sortir avec Adam.

TELERAMA
Inès, menacée d’expulsion avec son fils de 14 ans, est embauchée par Anti-Squat, une entreprise qui prône la protection de bâtiments vacants par l’occupation. Remarquablement interprété et mis en scène, ce film témoigne d’un monde ultralibéral qui prospère sur la misère.

Louise Bourgoin, impeccable Inès obligée d’agir à rebours des valeurs qu’elle défend. Kazak Productions
Menacée d’expulsion, Inès a besoin de décrocher un emploi stable pour ne pas se retrouver à la rue avec son fils de 14 ans, Adam. La trentenaire est prise à l’essai chez Anti-Squat, une entreprise qui, profitant d’une loi sur le logement bien réelle 1, héberge moyennant finances des résidents temporaires dans des immeubles vacants pour éviter qu’ils soient squattés. Son travail ? Être la gardienne d’un vaste ensemble de bureaux déserts dans la banlieue parisienne, recruter ses « locataires » et leur faire respecter un règlement draconien — pas d’enfants ni d’animaux, interdiction de recevoir plus de deux personnes ou de manger dans sa chambre, obligation de participer bénévolement à l’entretien des parties communes…

Inès est en quelque sorte la petite sœur d’Émilie, la responsable des ressources humaines incarnée par Céline Sallette dans Corporate (2017), le premier et déjà remarquable long métrage de Nicolas Silhol. Les deux jeunes femmes se révèlent les exécutantes plus ou moins zélées d’un système néolibéral qui prospère sur la misère et sur l’exploitation des précaires par moins précaires qu’eux. Deux salariées dont la réussite professionnelle dépend de leur capacité à refouler leurs scrupules — en d’autres termes, à être inhumaines, y compris quand des collègues ou des résidents sont dans la détresse…

L’étrangeté anxiogène des décors et la froideur assumée de la mise en scène, qui intègre avec habileté des images de vidéosurveillance, s’accordent parfaitement à la description d’un monde que l’on aimerait croire dystopique mais qui existe déjà ici et maintenant. Un monde où l’espoir viendra, peut-être, de la jeunesse : Adam a beau jeu de rappeler à Inès que son activité chez Anti-Squat bafoue les valeurs de solidarité qu’elle lui a inculquées. Les scènes de complicité puis d’affrontements entre l’adolescent révolté et sa mère sont particulièrement réussies, grâce au jeu ambivalent de Louise Bourgoin et à celui, plus explosif mais tout aussi convaincant, du nouveau venu Samy Belkessa. Deux beaux interprètes pour un thriller social qui secoue.
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