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1727 bach (js) - passion selon st matthieu (complet)@@@ (Philippe Herreweghe) 1727
La compassion, la passion pour l'autre, et l'abandon à la douleur constituent l'idée maîtresse de l'œuvre. La Passion selon saint Matthieu (BWV 244), oratorio de Johann Sebastian Bach, exécutée probablement pour la première fois le Vendredi saint 1727, compte parmi les grandes œuvres de la musique baroque. La Passion, partition monumentale en deux parties, dure environ 2 heures 45,

La Passion, d'inspiration protestante luthérienne, est écrite pour des voix solistes, un double chœur (chœur divisé en deux groupes indépendants) et deux orchestres. Elle allie deux éléments : le texte de l'Évangile et les commentaires. La sobriété relative, très dynamique, de récitatifs chantés par l'Évangéliste, dans lesquels interviennent fréquemment les protagonistes du drame (les personnages impliqués dans l'action ainsi que la foule - turba -, représentée par le chœur, à l'antique), fait donc alterner comme sur une scène de théâtre, le chant soliste et des épisodes choraux très puissants et expressifs. Des arie da capo (airs à reprise), également chantés par les voix solistes, reviennent sur chaque moment important. De nombreux chorals luthériens, magnifiquement harmonisés par Bach, installent le tout dans la liturgie protestante du jour de la Passion (le Vendredi saint). Pour des raisons aussi bien dramatiques que liturgiques, Bach fait parfois s'entremêler ces éléments, dans une rencontre entre différents plans, ou comme des liens qu'il établit entre le ciel et la terre.

Qu'elles soient de joie ou de peine, amères ou libératrices, toute l'œuvre paraît baigner dans les larmes : cf. le célèbre air d'alto, très italien (Erbarme dich, mein Gott, « Aie pitié, mon Dieu », no 47), chanté après que l'apôtre Pierre, sous l'emprise de la peur, a renié trois fois le Christ, et s'est mis à « pleurer amèrement » (fin du récitatif de l'Évangéliste : « und weinete bitterlich »), au souvenir de l'annonce qui lui avait été faite, par le Christ, de ce reniement.

Bach a composé également une Passion selon saint Jean, qui est donnée plus fréquemment : elle est plus courte et ne nécessite qu'un seul chœur au lieu de deux. Bach avait apparemment le projet d'écrire quatre Passions correspondant aux différents récits, par les quatre Évangélistes, de la dernière Cène (repas) et de l'institution de l'Eucharistie, de l'arrestation, de la condamnation à mort et de la Crucifixion de Jésus.

(Philippe Herreweghe Collegium vocale)