-watteau - Pilgrimage to Cythera. 1718-1720 (HD) Oil on canvas. 129 x 194 cm. Schloss Charlottenburg, Berlin, Germany
Le Pèlerinage à l'île de Cythère est un tableau d'Antoine Watteau, réalisé en 1717, et présenté par le peintre comme morceau de réception à l'Académie royale de peinture1. Il est reçu à l'Académie, qui crée spécialement pour lui le genre de la fête galante. Le tableau est aujourd'hui exposé au musée du Louvre.
En 1718, Watteau en fit lui-même une réplique sensiblement différente, intitulée Embarquement pour Cythère, ayant appartenu à Frédéric II de Prusse et exposée aujourd'hui au Château de Charlottenburg à Berlin.
Dans l'Antiquité, l'île de Cythère, située dans les îles grecques de la mer Égée, abritait un temple dédié à Aphrodite, déesse de l'amour : ses eaux auraient vu naître la déesse. L'île représente donc le symbole des plaisirs amoureux.
Premier plan: Des couples s'apprêtent pour le départ, une statue d'Aphrodite se dresse devant des arbres. Deuxième plan: Suite de la procession. Arrière plan: Le côté gauche est envahi par le bleu de la mer et du ciel et le rose des montagnes lointaines. On y voit plusieurs signes mythologiques :
Une statue qui représente Aphrodite déesse de l'amour
Des Cupidons qui rappellent Éros, dieu de l'amour
La poupe de la barque est ornée d'un coquillage, un des symboles d'Aphrodite
La touche de peinture est si légère qu'on peut observer de près les dessins préparatoires et les repentirs2.
Watteau a établi un certain équilibre dans le tableau en distribuant avec succès ses éléments. Il a pu compenser le déséquilibre créé dans son tableau par les lignes verticales des arbres et l'axe de la statue. Il peint d'une manière rapide, fait des esquisses sans donner de lignes précises ou des masses. Ses couleurs chaudes (or-rose) sont accompagnées de vert ou de bleu. Il fait des contrastes et des dégradés de lumière pour représenter les rayons du soleil marquant la fin de la journée.
Pour Auguste Rodin, Watteau a réalisé une représentation des trois étapes successives de la séduction, exprimées selon les principes de la simultanéité médiévale, grâce aux trois couples du premier plan. Le tableau pourrait alors se lire ainsi, de droite à gauche :
Le compliment galant : au pied de la statue de Vénus, une jeune femme élégante, assise, écoute les paroles chuchotées par son admirateur agenouillé. Elle hésite tandis qu'un amour assis sur son carquois la tire par la jupe pour l'encourager.
L'invitation : la femme accepte la main que lui tend son cavalier pour l'aider à se lever, elle a été convaincue.
L'enlacement : les amants descendent sur la grève tout à fait d'accord (le couple est accompagné d'un petit chien, on l'a parfois interprété comme un symbole érotique ou un symbole de fidélité)
Le tableau ne tend pas à exprimer une réalité sociale, car la volonté de Watteau est avant tout une représentation poétique. Watteau était un poète rêveur. Par exemple, il n'y a pas de volonté d'opposition sociale dans la mise en parallèle des aristocrates et des gens populaires, mais une représentation de l'univers du théâtre, inspirée de la commedia dell'arte.