Après avoir conquis Paris et Milan, la styliste Myrtle Dunnage, "Tilly" pour les intimes, revient dans son village natal, l'obscur Dunagatar, dans l'arrière-pays australien, nid de cupidité endémique, de préjugés tenaces et de perversions drapées de respectabilité. Les habitants ont du mal à reconnaître dans la jeune élégante la petite bâtarde crasseuse qu'ils chassèrent autrefois du village pour un meurtre qu'elle ne se souvient pas avoir commis. Enviée pour ses talents de couturière, la belle Tilly rhabille la partie féminine du village, tout en tissant sa vengeance à coup d'aiguille. L'amour fougueux de Teddy, son ami d'enfance, l'en détournera-t-il ?
TELERAMA
Une satire sociale déjantée, jubilatoire et amère, dans l’Australie des années 1950, admirablement servie par le duo fille-mère Kate Winslet-Judy Davis.
Lookée Dior de pied en cap, les lèvres ourlées d’un rouge carmin de star, « Tilly » Dunnage n’est pas revenue à Dungatar depuis vingt-cinq ans lorsqu’elle y débarque un beau matin de 1951. Retrouvant dans une maison-taudis sa mère, Molly, dégaine de Ma Dalton et esprit en charpie, Tilly ne cache pas son envie d’affronter la bande d’hypocrites et de frustrés peuplant ce coin paumé d’Australie. « J’ai besoin que tu m’aides à me souvenir, maman », implore la fille styliste, sa machine à coudre sous le bras. Si Tilly a dû quitter, encore gamine, son village, c’est parce qu’on l’accusait du meurtre d’un autre enfant, méfait dont elle ne conserve aucun souvenir.
Le mystère assez vite résolu n’est qu’un prétexte pour la réalisatrice Jocelyn Moorhouse à se livrer à une satire sociale admirablement servie par sa mise en scène esthétiquement soignée et une galerie de personnages typés (policier travesti, beau gosse futé, notable véreux), évoquant l’univers des frères Coen. À la fois femme fatale, fille perdue et magicienne, Tilly révèle les côtés sombres et lumineux d’une communauté dont on ne sait si elle cherche à s’en venger ou à s’en faire aimer. Remarquablement à l’aise dans ces différents registres, Kate Winslet forme avec l’impeccable Judy Davis un duo mémorable. Grâce à elles, Haute Couture, western féministe maquillé en tragi-comédie de mœurs, est d’une étoffe plutôt rare.
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