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A L EST D EDEN, Elia Kazan 1955, James Dean, Julie Harris (sentimental)@@@
En 1917, Adam Trask exploite ses terres à Salinas Valley, aidé par ses deux fils jumeaux, Cal et Aaron. Cal, jeune homme troublé, est convaincu que son père ne l'aime pas et tente par tous les moyens de gagner l'affection de son père qui ne voit en lui que des défauts.

TELERAMA
La vieille Amérique chrétienne et puritaine étouffe les jeunes « rebelles sans cause » qui hurlent leur fureur de vivre et leur haine des carcans. Le beau roman de John Steinbeck, publié en 1952, s’inscrit dans cet air du temps, ce goût de liberté qui donne envie de s’affranchir des codes établis. Kazan, adaptateur fidèle, en profite pour rompre avec les règles du cinéma classique : décadrages révélant la haine à peine maîtrisée d’un père pour son fils, scènes d’hystérie dans l’obscurité d’une maison close, ou ce splendide arrêt sur image, saisissant au vol la folie d’une foule de lyncheurs — un homme tient dans sa main la barrière qu’il vient d’arracher, une vieille femme brandit le poing…

Mais, surtout, le cinéaste donne toute latitude à James Dean, dont c’est le premier rôle, pour improviser un personnage à la limite de l’autisme, dont la démarche inégale et enfantine, les yeux étranges et fous, la façon de marmonner ses phrases ou de relâcher sans prévenir sa brutalité restent inégalés. Kazan avait d’abord envisagé pour le rôle un autre débutant, du nom de Paul Newman. A quoi un mythe tient-il ?