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hasek - le brave soldat Chveik (roman) 1920 (rep tcheque)


Jaroslav

Le soldat Chvéïk est aujourd'hui célèbrissime en Europe centrale. Il est un peu à la République Tchèque ce que Mr Hulot est à la France, Mr Bean au Royaume Uni ou Pac Man aux jeux vidéo : un personnage emblématique et salutaire.

Prague, 1914. Un archiduc vient d'être assassiné à Sarajevo, et la guerre est inévitable. Le récit commence donc sur des évènements graves qui pourraient laisser augurer d'un roman bien sombre… Que nenni ! C'était sans compter sur ce brave Chvéïk, nigaud patenté et fervent patriote, qui va - à son insu - transformer le funèste épisode de l'entrée en guerre en une superbe bouffonnerie. Ses pérégrinations, dans un monde que Kafka n'aurait certainement pas renié, sont l'occasion de moquer à qui mieux mieux la police, les médecins, l'église et bien sûr l'armée.

Le grotesque et la satire (qui valent à ce personnage d'être éternellement comparé à Don Quichotte) naît certainement du décalage entre le comportement du bonhomme et la situation à laquelle il est confronté. Chvéïk veut à tout prix défendre l'honneur impérial ; pourtant, il va risquer successivement une condamnation pour haute trahison, l'internement, la prison, quand il n'est pas considéré comme un simulateur souhaitant être réformé !

La bêtise de Chvéïk en fait surtout un succulent pince-sans-rire. A l'épouse du cafetier emmené, il répond : “c'est la première fois que je vois condamner un homme innocent à dix ans de prison. Cinq ans passent encore, mais dix, c'est un peu fort de café” (chapitre VI). Et à l'aumônier déprimé par le manque de ferveur religieuse parmi les soldats, “il y avait dans le temps un curé doyen qui, après que sa vieille gouvernante a eu décampé en emportant leur gosse et leur argent, a pris seulement une femme de ménage” (chapitre XII).