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RETOUR A COLD MOUNTAIN, Anthony Minghella 2003, Jude Law, Nicole Kidman, Renée Zellweger (saga)@@
Dans une Amérique déchirée par la guerre de Sécession, un homme et une femme vont accomplir l'un vers l'autre le plus extraordinaire des voyages. Fille de pasteur, Ada a consacré toute sa jeunesse à la musique, aux arts et au bien-être d'un père veuf, qu'elle aime plus que tout au monde. Simple ouvrier, Inman est un homme farouche, avare de paroles, étranger à la société policée, pétrie de culture et traditions sudistes, dont s'entoure Ada.

TELERAMA
Retour au mélodrame pour Anthony Minghella (Le Patient anglais) après un détour plutôt réussi par le polar de luxe (son Talentueux M. Ripley). La patiente est cette fois américaine, elle porte une pâleur délicieuse (c'est Nicole Kidman) et attend son soldat. A peine sont-ils tombés raides dingues l'un de l'autre que la guerre de Sécession les a séparés, lui brave charpentier sudiste envoyé au front, elle fille du pasteur de Cold Mountain. Fuyant les champs de bataille, le jeune homme n'a qu'une envie, revenir au bled, rude éden baigné de ruralité américaine bon teint, on allait dire ancestrale.

C'est la première chose qui frappe en voyant se dérouler ce film sans âge à la vitesse d'une charrette tirée par deux mules : on montre à présent les années 1860 étasuniennes comme certains réalisateurs français le Moyen Age. Avec force boue, sang, éructations et autres signes ostensibles de barbarie. Sans parler du véritable concours d'accent sudiste auquel se livrent avec entrain la plupart des acteurs. En ce domaine, la palme (l'oscar ?) revient haut la main à la pétulante Renée Zellweger, dans un numéro entre Bécassine et Calamity Jane.

On se distrait comme on peut, car Minghella pimente assez laborieusement les diverses épreuves que rencontre Jude Law sur son chemin ­ plus secouantes peut-être sur le papier du roman. Quand il s'essaie à l'humour (par exemple avec Philip Seymour Hoffman en curé burlesque), on a envie d'appeler au secours les frères Coen, qui eux n'hésitaient pas à découper leur Ulysse dans du carton-pâte (O Brother). Quand il dessine un vrai méchant de cinéma (Ray Winstone, alias Teague, la terreur du village), c'est un peu mieux. Pour le reste, on compte les jours à l'instar de Nicole Kidman qui, elle, passe le temps à se métamorphoser en belle des champs. Ce gros mélo qui tache laissera sur leur faim même les fans du Patient anglais. Au milieu, et un peu en dehors, Kidman en demeure la figure immaculée, emblème paradoxal d'un film qui ne décolle jamais vers les limbes de la légende.