arpoma  jeudi 07 novembre 2024 - 08h26 menu / actu

liste / rep

atlas / rech
(1297 sur 1355)   (liste)
◀◀         (1297 sur 1355)         ►►


























(grand format)   (taille reelle) (loupe: alt+cmd+8)
UN HOMME IDEAL, Yann Gozlan 2014, Pierre Niney, Ana Girardot (societe)@@
Mathieu, 25 ans, aspire depuis toujours à devenir un auteur reconnu. Un rêve qui lui semble inaccessible car malgré tous ses efforts, il n'a jamais réussi à être édité. En attendant, il gagne sa vie en travaillant chez son oncle qui dirige une société de déménagement. Son destin bascule le jour où il tombe par hasard sur le manuscrit d'un vieil homme solitaire qui vient de décéder. Mathieu hésite avant finalement de s'en emparer, et de signer le texte de son nom.

TELERAMA
Porté par le césar reçu par Pierre Niney, Un homme idéal caracole dans les hauteurs du box-office. Je ne sais pas si le film annonce le renouveau d'un cinéma de genre à la française, mais je sens bien que son réalisateur, Yann Gozlan, s'intéresse plus aux scènes d'action — une voiture file dans la nuit, un type vole des objets dans une maison silencieuse, etc. — qu'à la psychologie des personnages. La preuve : le nombre conséquent d'invraisemblances qui traversent cette histoire d'emprunt littéraire : un apprenti écrivain s'approprie le manuscrit d'un mort, rencontre le succès, jusqu'à ce que…

Les fans du comédien (dont, personnellement, je trouve le jeu un peu entravé par les flottements du scénario) et les amateurs de thriller particulièrement indulgents s'en contentent sans doute, mais la naïveté avec laquelle est montré (une fois de plus ?) le monde de l'édition fait souvent sourire, a fortiori qui n'est pas saisi par le suspense. Un thriller machiavélique n'a pas vocation à décrire scrupuleusement un milieu, mais j'ai tendance à croire qu'une bonne dose de crédibilité, même apportée par des touches légères, ne lui porte pas préjudice... En attendant, voici le point sur les huit (et demie) petites ou grosses invraisemblances qui m'ont choqué pendant le film. Et si vous en voyez d'autres, faites-moi signe !

1/ Le syndrome de la page blanche. En trois ans, Mathieu Vasseur (Pierre Niney) n'a rien écrit. Pas une ligne. Ce blocage est nouveau. Il se posait moins de questions quand il parachevait son premier roman non publié, L'Homme de dos. Pourquoi n'envisage-t-il pas d'autres solutions ? Les recherches qu'il a menées a posteriori sur la guerre d'Algérie — pour assumer la sortie de Sables noirs, ce premier livre qu'il s'est contenté de... recopier — le montrent en bon élève et gros bosseur. Qu'il choisisse un autre thème historique, s'y consacre entièrement, et quelque chose en sortira tout seul. Sinon, qu'est-ce qui l'empêche d'aller chercher un autre roman inconnu au bataillon (voire refusé aux éditions du Cercle, un manuscrit, ça se chipe facilement) et de le plagier allègrement ? Ou de piquer les confidences d'une admiratrice ? Il ne serait pas le premier à être quand même publié...

2/ L'avance somptuaire de l'éditeur. Outre qu'elles ont pompé leur couverture sur la collection blanche de Gallimard (ok, c'est un film sur le plagiat et l'imposture), les éditions du Cercle ont le chéquier généreux : quel éditeur multiplierait les avances pour un second roman sans avoir même discuté du projet avec l'auteur ? A fortiori après un premier ouvrage qui a frappé par sa véracité historique. Stéphane Marsan (Laurent Grévill) n'a pas pu ne pas demander à son jeune auteur s'il continuerait ou non dans la même veine... Un type qui signe plusieurs chèques les yeux fermés ? Présentez-le-moi, please !

3/ La conversation téléphonique du romancier avec sa banquière. Vous en connaissez beaucoup, des banquiers qui raccrochent au nez de leur client en gros découvert ?

4/ Le farniente absolu du personnage d'Ana Girardot. Mathieu Vasseur a rencontré Alice Fursac (Ana Girardot, donc) alors qu'elle donne une conférence sur la littérature en fac. Une grosse tête. Plus tard, au cocktail de sortie de Sables noirs, elle fustige l'hypocrisie du milieu, visant les pique-assiette qui sont là sans avoir lu le livre. Une moraliste. Mais pendant tout le reste du film, on ne la verra jamais avec un livre à la main ou évoquant le moindre projet personnel. Elle bronze en bikini, prépare le déjeuner, etc. Transformation d'une intello en potiche : moins soixante au test de Bechdel.

5/ Pourquoi l'ami menaçant de Léon Vauban, le véritable auteur du livre emprunté, ne s'est-il pas manifesté avant les trois longues années d'imposture de Mathieu Vasseur ? Il ne lit pas les journaux ? Il attend une séance de signature dans une librairie du Midi, proche de chez les Fursac. Mais une signature — et qui attire du monde —, trois ans après la parution d'un roman, c'est sérieux ?

6/ Pourquoi le héros cède-t-il d'emblée aux menaces de ce maître-chanteur, sans chercher à savoir de quelles preuves il dispose réellement ? Et même si ce dernier avouait à un journaliste (d'investigation) que Sables noirs pille le vécu d'un type ayant réellement existé, quel impact cela pourrait-il avoir ? L'imposteur pourrait dire l'avoir rencontré, avouer sa dette...

7/ Vitrine qui claque dans le salon, bruit mat d'un corps mort jeté dans le jardin (sans parler de son emmaillotage-ficelage préalable à son évacuation nocturne), le héros n'est pas adroit dans son entreprise criminelle. Sa chance : les Fursac, ses hôtes, dorment sans doute tous avec des boules Quies...

8/ Pierre Niney nage pendant des heures dans l'eau glacée, retrouve son chemin, arrive à la maison au petit matin. OK. Et il ne laisse pas de traces de boue dans le salon ?

8 (et demie)/ La police — déjà alerté par un car-jacking simulé et un vrai meurtre — peut-elle vraiment confondre les corps, même carbonisés, de Marc Barbé (le maître chanteur) et de Pierre Niney ?