J’ai invité quelques amis connaisseurs
de chair fraîche et alanguie, de chair chaude et permissive,
des amoureux de plats délicats et exotiques,
des esthètes de la cuisse ferme, de la fesse ronde,
des prédateurs pourvus d’une langue humide et douce,
d’une belle queue rigide et veloutée,
une vraie bénédiction pour corps affamé.
J’ai dressé une table royale, une grande nappe blanche,
un boutis de velours pour plus de confort,
un gros édredon de soie pour la légèreté de la plume d’oie,
quelques fleurs pour les senteurs de printemps.
Je t’ai installé le plus confortablement du monde,
vautré dans la tendresse des tissus, avec un joli coussin pour ta tête
et une belle écharpe de soie pourpre pour te bander les yeux.
Je te veux mets délicieux, savoureux,
aveugle pour ne pas savoir mais juste sentir
jusqu’au plus profond de toi l’imperceptible caresse.
Tu es donc là, couché, paisible ;
seule une veine de ton cou palpite un peu plus fort, un peu plus vite,
trahissant le désir et la légère angoisse mêlés.
Nous sommes tous là, autour de toi, à contempler nos futures agapes,
à finir notre coupe de champagne.
La musique est forte, entêtante, ensorcelante…
Les envies tactiles font leur chemin dans les cerveaux.
Les mains se délient, elles veulent toucher,
émouvoir ton corps offert à leurs yeux, à leurs doigts,
elles n’y tiennent plus. Il aura suffi d’un, plus impatient,
pour que le ballet incessant des mains entame sa danse sur ta peau.
Et le premier contact est somptueux, lorsque qu’on a longtemps attendu,
lorsque qu’on a entendu des sons de voix multiples,
à ne plus savoir à qui elles appartiennent, d’où elles viennent.
Le frisson de surprise et d’émoi qui te parcourt est si beau à voir.
Ils te lèchent les pieds, les mollets, le torse, les bras, les mains,
ils t’embrassent à pleine bouche,
ils sucent avec délectation la moindre parcelle de ton corps.
Pour connaître l’ivresse des sens, je verse doucement du champagne bien frais
sur ta peau bouillante des succions passées ;
j’aime le tressaillement que provoque la fraîcheur des bulles
et la ruée des langues avides sur le liquide ruisselant.
Tu bandes à n’en plus finir ton désir érigé, victorieux, suppliant.
Nous sommes un, deux puis trois à sucer avec délice ta belle queue,
les langues s’enroulent autour d’elle,
elles s’embrassent autour de ton membre turgescent,
elles vont et viennent dans un ballet
qui ne cessera pas de si tôt.
Tu te tortilles en tous sens, tu perds la tête,
tu nais ailleurs, tu deviens sensation, tu t’envoles, tu t’enroules et te déroules
sous la caresse multiple.
Les doigts deviennent audacieux, tes fesses se montrent, se donnent,
elles veulent plus et plus encore, elles veulent appartenir,
elles veulent s’évanouir
dans les plaisirs de la pénétration, des pénétrations répétées.
Mais ils vont prendre leur temps,
ils vont les faire hurler de désir,
ils vont te faire connaître le trouble d’être à supplier d’aller plus loin, plus vite…
Ils vont lécher avec lenteur, sucer avec saveur le goût suave de ton cul.
À plusieurs langues réunies, ils vont créer au fond de toi le gouffre du désir inassouvi.
Hurle que tu veux être possédé,
là, tout de suite, sans plus attendre une seconde !
Ils finissent par accéder à ta supplique.
Ils glissent en toi, avec vigueur pour certains,
avec plus de douceur pour d’autres.
Ils ne laissent jamais très longtemps ton beau cul en paix,
ils veulent t’émouvoir, ils veulent se perdre en toi,
ils veulent jouir en toi sur toi.
Leur sperme se répand sur tes fesses, sur le bas de tes reins,
d’autres s’empressent de goûter, de lécher, de boire, la bouche grande ouverte.
Tu gémis comme une prière lancinante celle du plaisir, de la douce extase.
Tu n’es plus qu’une immensité, un champ brûlant et charnel.
Tu es terriblement beau à cet instant-là,
ravagé de trop de caresses insistantes.
Et, chacun notre tour, nous allons sucer ta queue encore,
et encore faire durer ce moment, allonger les minutes à n’en plus finir,
étirer nos langues, agrandir nos bouches,
te faire jouir à ton tour, goûter ton sperme jusqu’à la dernière goutte,
profiter de ce si agréable repas jusqu’à la dernière miette,
lécher une ultime fois le bout de ta queue
pour te faire revenir sur terre dans toutes les douceurs possibles,
sur les ailes des fées de Noël.
Je retire ton bandeau, ils sont déjà repartis vers d’autres aventures,
nos compagnons de table, l’esprit calme et repu.
Il te restera le souvenir sublime de la caresse multiple,
toi qui pratiques le don de la caresse experte.
Tu te retrouves dans l’unique réception de la multiplicité,
dans le doux sentiment de naître différent
sous d’autre mains avides du suave de ta peau,
se donner à se perdre totalement,
devenir jaillissement, volcanique et féerique.
J’aime t’imaginer dans cette situation-là, dans l’abandon, le don de soi,
pour trouver les chemins des désirs exaspérants,
le trouble si émouvant de s’offrir pour, finalement, prendre !