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15 tobie 02
Après cela, une fête du Seigneur étant venue, et un grand repas ayant été préparé dans la maison de Tobie,
il dit à son fils : « Va et amène quelques hommes de notre tribu, craignant Dieu, afin qu'ils mangent avec nous. »
Son fils partit ; à son retour, il lui annonça qu'un des enfants d'Israël, qu'on avait assassiné, gisait dans la rue. A l'instant, Tobie se leva de table et, laissant là le repas sans avoir rien mangé, arriva au cadavre,
le prit et le rapporta secrètement à sa maison, afin de l'inhumer avec précaution après le coucher du soleil.
Lorsqu'il l'eut caché, il prit son repas avec larmes et tremblement,
au souvenir de cette parole que le Seigneur avait dite par le prophète Amos : « Vos jours de fêtes seront changés en gémissements et en deuil. »
Puis, quand le soleil fut couché, il sortit et mit le corps en terre.
Tous ses voisins le blâmaient en disant : « On a déjà ordonné de te faire mourir pour ce sujet, et à peine as-tu échappé à cet arrêt de mort, que tu recommences à donner aux morts la sépulture ! »
Mais Tobie, craignant plus Dieu que le roi, enlevait les corps de ceux qui avaient été tués, les cachait dans sa maison et les inhumait pendant la nuit.
Un jour qu'il s'était fatigué à donner la sépulture aux morts, étant rentré à sa maison, il se jeta au pied de la muraille et s'endormit.
Pendant qu'il dormait, il tomba d'un nid d'hirondelles de la fiente chaude sur ses yeux, et il devint aveugle.
Dieu permit que cette épreuve lui arrivât, afin que sa patience, comme celle du saint homme Job, fût donnée en exemple à la postérité.
Car, ayant toujours craint Dieu dès son enfance et observé ses commandements, il ne s'attrista pas contre Dieu de ce que le malheur de la cécité l'avait atteint.
Mais il resta inébranlable dans la crainte de Dieu, lui rendant grâces tous les jours de sa vie.
De même que les chefs de tribu insultaient au bienheureux Job, ainsi les parents et les amis de Tobie raillaient sa conduite, en disant :
« Qu'est devenue ton espérance, pour laquelle tu faisais des aumônes et donnais la sépulture aux morts ? »
Tobie les reprenait en disant : « Ne parlez pas ainsi ;
car nous sommes enfants des saints, et nous attendons cette vie que Dieu doit donner à ceux qui ne lui retirent jamais leur fidélité. »
Anne, sa femme, allait tous les jours tisser de la toile et, par le travail de ses mains, elle rapportait, pour leur entretien, ce qu'elle pouvait gagner.
Il arriva ainsi qu'ayant reçu un chevreau, elle l'apporta à la maison.
Son mari, ayant entendu le bêlement du chevreau dit : « Voyez si ce chevreau n'aurait pas été dérobé, et rendez-le à son maître, car il ne nous est pas permis de rien manger qui provienne d'un vol, ni même d'y toucher. »
Alors sa femme répondit avec colère : « Il est manifeste que ton espérance est devenue vaine ; voilà ce que t'ont rapporté tes aumônes ! »
C'est par ces discours et d'autres semblables qu'elle l'injuriait.