Je te nomme Soir ô Soir ambigu, feuille mobile je te nomme. Et c’est l’heure des peurs primaires, surgies des entrailles d’ancêtres. Arrière inanes faces de ténèbre à souffle et mufle maléfiques ! Arrière par la palme et l’eau, par le Diseur-des-choses-très-cachées ! Mais informe la Bête dans la boue féconde que nourrit tsétsés stégomyas Crapauds et trigonocéphales, araignées à poison caïmans à poignards. Quel choc soudain sans éclat de silex ! Quel choc et pas une étincelle de passion. Les pieds de l’Homme lourd patinent dans la ruse, où s’enfonce sa force jusques à mi-jambes. Les feuilles les lient des plantes mauvaises. Plane sa pensée dans la brume. Silence de combat sans éclats de silex, au rythme du tam-tam tendu de sa poitrine Au seul rythme du tam-tam que syncope la Grande-Rayée à sénestre. Sorcier qui dira la victoire ! Des griffes paraphent d’éclairs son dos de nuages houleux La tornade rase ses reins et couche les graminées de son sexe Les kaïcédrats sont émus dans leurs racines douloureuses Mais l’Homme enfonce son épieu de foudre dans les entrailles de lune dorées très tard. Le front d’or dompte les nuages, où tournoient des aigles glacés, O pensée qui lui ceint le front ! La tête du serpent est son œil cardinal. La lutte est longue trop ! dans l’ombre, longue des trois époques, de nuit millésime. Force de l’Homme lourd les pieds dans le potopoto fécond Force de l’Homme les roscaux qui embarrassent son effort. Sa chaleur la chaleur des entrailles primaires, force de l’Homme dans l’ivresse Le vin chaud du sang de la Bête, et la mousse pétille dans son cœur Hê ! vive la bière de mil à l’Initié ! Un long cri de comète traverse la nuit, une large clameur rythmée d’une voix juste. Et l’Homme terrasse la Bête de la glossolalie du chant dansé. Il la terrasse dans un vaste éclat de rire, dans une danse rutilant dansée Sous l’arc-en-ciel des sept voyelles. Salut Soleil-levant Lion au-regard-qui-tue Donc salut Dompteur de la brousse, Toi Mbarodi ! seigneur des forces imbéciles. Le lac fleurit de nénuphars, aurore du rire divin. Leopold Sedar Senghor - Ethiopiques Je te nomme Soir ô Soir ambigu, feuille mobile je te nomme. Et c’est l’heure des peurs primaires, surgies des entrailles d’ancêtre ... |
C'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source Jean Jaures ... La Loire emporte mes pensées Avec les voitures versées Et les armes désamorcées Et les larmes mal effacées Ô ma France ô ma délaissée J’ai traversé les ponts de Cé Louis Aragon, Les Yeux d’Elsa C'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source Jean Jaures ... La Loire emporte mes pensées Avec ... |
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J’aime le son du Cor, le soir, au fond des bois, Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois, Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible accueille, Et que le vent du nord porte de feuille en feuille. ... Alfred de Vigny - le cor 1825 J’aime le son du Cor, le soir, au fond des bois, Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois, Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible ... |
Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. J'étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais. Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots ! Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres, L'eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin. Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d'astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l'amour ! Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes, Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir ! J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets ! J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ! J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l'assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs ! J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux ! J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces, Et les lointains vers les gouffres cataractant ! Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises ! Échouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants. - Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux... Presque île, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons ! Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ; Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d'azur ; Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l'Europe aux anciens parapets ! J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : - Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles, Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ? Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer ! Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai. Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons. Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant clou&e ... |
Tournez, tournez, bons chevaux de bois, Tournez cent tours, tournez mille tours, Tournez souvent et tournez toujours, Tournez, tournez au son des hautbois. ... Le gros soldat, la plus grosse bonne Sont sur vos dos comme dans leur chambre, Car en ce jour au bois de la Cambre Les maîtres sont tous deux en personne. ... Paul Verlaine, Romances sans paroles Tournez, tournez, bons chevaux de bois, Tournez cent tours, tournez mille tours, Tournez souvent et tournez toujours, Tournez, tournez au son des hautbois. ... ... |
Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d’automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s’en allant là-bas le paysan chantonne ... Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d’automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s’en ... |
Iles où l’on ne prendra jamais terre Iles où l’on ne descendra jamais Iles couvertes de végétations Iles tapies comme des jaguars Iles muettes Iles immobiles Iles inoubliables et sans nom Je lance mes chaussures par-dessus bord car je voudrais bien aller jusqu’à vous Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924 Iles où l’on ne prendra jamais terre Iles où l’on ne descendra jamais Iles couvertes de végétations Iles tapies comme des jaguar ... |
Tapi dans les rochers qui regardent la plage, Au pied de la falaise est le petit village. Sur les vagues ses toits ont l’air de se pencher, Et ses mâts de bateaux entourent son clocher. ... François Coppée, Poèmes modernes Tapi dans les rochers qui regardent la plage, Au pied de la falaise est le petit village. Sur les vagues ses toits ont l’air de se pencher, Et ses mâts de b ... |
Une trace ineffaçable n'est pas une trace Jacques DERRIDA - l'ecriture et la difference Une trace ineffaçable n'est pas une trace Jacques DERRIDA - l'ecriture et la difference ... |
... Ces beaux enfants gâtés, ainsi qu’on les appelle, Creusent gaîment, avec une petite pelle, Dans le fin sable d’or des canaux et des trous; ... Ils sont là, l’oeil ravi, les cheveux blonds au vent, Non loin d’une maman brodant sous son ombrelle, Et trouvent, à coup sûr, chose bien naturelle, Que la mer soit si bonne et les amuse ainsi. ... François Coppée, Le Cahier Rouge - aux bains de mer ... Ces beaux enfants gâtés, ainsi qu’on les appelle, Creusent gaîment, avec une petite pelle, Dans le fin sable d’or des canaux et des t ... |
J’aime le son du Cor, le soir, au fond des bois, Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois, Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible accueille, Et que le vent du nord porte de feuille en feuille. ... Alfred de Vigny - le cor 1825 J’aime le son du Cor, le soir, au fond des bois, Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois, Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible ... |
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... Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! L’un agace son bec avec un brûle-gueule, L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait ! ... Charles Baudelaire - l'albatros ... Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! L’un agace son bec avec un brûle- ... |
... Ces beaux enfants gâtés, ainsi qu’on les appelle, Creusent gaîment, avec une petite pelle, Dans le fin sable d’or des canaux et des trous; ... Ils sont là, l’oeil ravi, les cheveux blonds au vent, Non loin d’une maman brodant sous son ombrelle, Et trouvent, à coup sûr, chose bien naturelle, Que la mer soit si bonne et les amuse ainsi. ... François Coppée, Le Cahier Rouge - aux bains de mer ... Ces beaux enfants gâtés, ainsi qu’on les appelle, Creusent gaîment, avec une petite pelle, Dans le fin sable d’or des canaux et des t ... |
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C'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source Jean Jaures C'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source Jean Jaures ... |
Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais ... |
La ferme aux longs murs blancs, sous les grands arbres jaunes, Regarde, avec les yeux de ses carreaux éteints, Tomber très lentement, en ce jour de Toussaint, Les feuillages fanés des frênes et des aunes. ... Emile Verhaeren, Toute la Flandre La ferme aux longs murs blancs, sous les grands arbres jaunes, Regarde, avec les yeux de ses carreaux éteints, Tomber très lentement, en ce jour de Toussaint, ... |
Mais toi, ne veux-tu pas, voyageuse indolente, Rêver sur mon épaule en y posant ton front ? Viens du paisible seuil de la maison roulante Voir ceux qui sont passés et ceux qui passeront. [...] Nous marcherons ainsi ne laissant que notre ombre Sur cette terre ingrate où les morts ont passé ; Nous nous parlerons d'eux à l'heure où tout est sombre, Où tu te plais à suivre un chernin effacé, A rêver, appuyée aux branches incertaines, Pleurant, comme Diane au bord de ses fontaines, Ton amour taciturne et toujours menacé. gémir,pleurer,prier est également lâche, fais énergiquement ta longue et lourde tache dans la voie où le sort a voulu t'appeler, puis après, comme moi,souffre et meurt sans parler Alfred de Vigny Mais toi, ne veux-tu pas, voyageuse indolente, Rêver sur mon épaule en y posant ton front ? Viens du paisible seuil de la maison roulante Voir ceux qui ... |
... Sa figure gracieuse Avant le jour s’éveilla ; A la lueur des étoiles Elle déploya ses voiles, Leurs cordages et leurs toiles, Comme de larges réseaux, Avec ce long bruit qui tremble, Qui se prolonge et ressemble Aux bruits des ailes qu’ensemble Ouvre une troupe d’oiseaux. ... Alfred de Vigny, Poèmes antiques et modernes ... Sa figure gracieuse Avant le jour s’éveilla ; A la lueur des étoiles Elle déploya ses voiles, Leurs cordages et leurs toiles, |
Le silence des espaces infinis m'effraie ... Blaise Pascal - Pensées Le silence des espaces infinis m'effraie ... Blaise Pascal - Pensées ... |
... Un bus à impériale et son rouge ramage Croise une limousine aux fourreaux de noirs purs, L’un éteignant le jour et ses rêves d’azurs, L’autre incendiant la nuit d’une ivresse volage. ... Francis Etienne Sicard, Lettres de soie rouge, 2011 ... Un bus à impériale et son rouge ramage Croise une limousine aux fourreaux de noirs purs, L’un éteignant le jour et ses rêves d&rsqu ... |
Dans l’interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune, On croirait voir vivre Et mourir la lune. Comme des nuées Flottent gris les chênes Des forêts prochaines Parmi les buées. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune. On croirait voir vivre Et mourir la lune. Corneille poussive Et vous, les loups maigres, Par ces bises aigres Quoi donc vous arrive ? Dans l’interminable Ennui de la plaine La neige incertaine Luit comme du sable. Paul Verlaine, Romances sans paroles (1874) Dans l’interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune, On croirait voir vivre ... |
Le paysage dans le cadre des portières Court furieusement, et des plaines entières Avec de l’eau, des blés, des arbres et du ciel Vont s’engouffrant parmi le tourbillon cruel Où tombent les poteaux minces du télégraphe Dont les fils ont l’allure étrange d’un paraphe. Une odeur de charbon qui brûle et d’eau qui bout, Tout le bruit que feraient mille chaînes au bout Desquelles hurleraient mille géants qu’on fouette ; Et tout à coup des cris prolongés de chouette. - Que me fait tout cela, puisque j’ai dans les yeux La blanche vision qui fait mon coeur joyeux, Puisque la douce voix pour moi murmure encore, Puisque le Nom si beau, si noble et si sonore Se mêle, pur pivot de tout ce tournoiement, Au rythme du wagon brutal, suavement. Paul Verlaine, La bonne chanson, 1870 Le paysage dans le cadre des portières Court furieusement, et des plaines entières Avec de l’eau, des blés, des arbres et du ciel Vont s&rsqu ... |
Je suis dur Je suis tendre Et j'ai perdu mon temps A rêver sans dormir A dormir en marchant Partout où j'ai passé J'ai trouver mon absence Je ne suis nulle part Excepté le néant Mais je porte caché au plus haut des entrailles A la place où la foudre a frappé trop souvent Un cour où chaque mots a laissé son entaille Et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement Pierre Reverdy Je suis dur Je suis tendre Et j'ai perdu mon temps A rêver sans dormir A dormir en marchant Partout où j'ai passé J'ai t ... |
La porte qui ne s'ouvre pas La main qui passe Au loin un verre qui se casse La lampe fume Les étincelles qui s'allument Le ciel est plus noir Sur les toits Quelques animaux Sans leur ombres Un regard Une tâche sombre La maison où l'on n'entre pas Pierre Reverdy La porte qui ne s'ouvre pas La main qui passe Au loin un verre qui se casse La lampe fume Les étincelles qui s'allument Le ciel est plus noir S ... |
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Furieuse, les yeux caves et les seins roides, Sappho, que la langueur de son désir irrite, Comme une louve court le long des grèves froides, Elle songe à Phaon, oublieuse du Rite, Et, voyant à ce point ses larmes dédaignées, Arrache ses cheveux immenses par poignées ; Puis elle évoque, en des remords sans accalmies, Ces temps où rayonnait, pure, la jeune gloire De ses amours chantés en vers que la mémoire De l’âme va redire aux vierges endormies : Et voilà qu’elle abat ses paupières blêmies Et saute dans la mer où l’appelle la Moire, - Tandis qu’au ciel éclate, incendiant l’eau noire, La pâle Séléné qui venge les Amies. Paul Verlaine, Parallèlement Furieuse, les yeux caves et les seins roides, Sappho, que la langueur de son désir irrite, Comme une louve court le long des grèves froides, Elle songe &a ... |
Nevers - la mini grotte de Lourdes... |
Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu’il m’en souvienne La joie venait toujours après la peine. Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe Des éternels regards l’onde si lasse Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure L’amour s’en va comme cette eau courante L’amour s’en va Comme la vie est lente Et comme l’Espérance est violente Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu’il m’en souvienne La joie venait toujours après la peine. Vienne la nuit sonne l&rs ... |
Dinard - meeting aerien... |
Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone Tout suffocant Et blême quand Sonne l'heure je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà delà Pareille à la Feuille morte Paul Verlaine Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone Tout suffocant Et blême quand Sonne l'heur ... |
Le ciel si pâle et les arbres si grêles Semblent sourire à nos costumes clairs Qui vont flottant légers avec des airs De nonchalance et des mouvements d’ailes. ... Paul Verlaine, Fêtes galantes Ayant poussé la porte étroite qui chancelle, Je me suis promené dans le petit jardin Qu’éclairait doucement le soleil du matin, Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle. Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle De vigne folle avec les chaises de rotin… Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle. Les roses comme avant palpitent ; comme avant, Les grands lys orgueilleux se balancent au vent, Chaque alouette qui va et vient m’est connue. Même j’ai retrouvé debout la Velléda, Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue, - Grêle, parmi l’odeur fade du réséda. Paul Verlaine, Poèmes saturniens ... Que ton vers soit la bonne aventure Éparse au vent crispé du matin Qui va fleurant la menthe et le thym… Et tout le reste est littérature. Paul Verlaine, Jadis et Naguère (1885) Le ciel si pâle et les arbres si grêles Semblent sourire à nos costumes clairs Qui vont flottant légers avec des airs De nonchalance et des mo ... |
Le soleil du matin doucement chauffe et dore Les seigles et les blés tout humides encore, Et l’azur a gardé sa fraîcheur de la nuit. L’on sort sans autre but que de sortir ; on suit, Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes, Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes. L’air est vif. Par moment un oiseau vole avec Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec, Et son reflet dans l’eau survit à son passage. C’est tout. ... Paul Verlaine, Le soleil du matin, 1870 Le soleil du matin doucement chauffe et dore Les seigles et les blés tout humides encore, Et l’azur a gardé sa fraîcheur de la nuit. L’o ... |
Voilà que j'ai touché les confins de mon age. Tandis que mes désirs sèchent sous le ciel nu, Le temps passe et m'emporte à l'abyme inconnu, Comme un grand fleuve noir, où s'engourdit la nage. Paul-Jean Toulet Voilà que j'ai touché les confins de mon age. Tandis que mes désirs sèchent sous le ciel nu, Le temps passe et m'emporte à l'abyme inconn ... |
vol de fou de bassan... Le ciel était gris de nuages Il y volait des oies sauvages Qui criaient la mort au passage Au-dessus des maisons des quais Je les voyais par la fenêtre Leur chant triste entrait dans mon être Et je croyais y reconnaître Du Rainer Maria Rilke. ... Louis Aragon, Le Roman inachevé ... Le ciel était gris de nuages Il y volait des oies sauvages Qui criaient la mort au passage Au-dessus des maisons des quais Je les voyais par la fen&e ... |
Dans l’azur de l’avril, dans le gris de l’automne, Les arbres ont un charme inquiet et mouvant. Le peuplier se ploie et se tord sous le vent, Pareil aux corps de femme où le désir frissonne. Sa grâce a des langueurs de chair qui s’abandonne, Son feuillage murmure et frémit en rêvant, Et s’incline, amoureux des roses du Levant. Le tremble porte au front une pâle couronne. Vêtu de clair de lune et de reflets d’argent, S’effile le bouleau dont l’ivoire changeant Projette des pâleurs aux ombres incertaines. Les tilleuls ont l’odeur des âpres cheveux bruns, Et des acacias aux verdures lointaines Tombe divinement la neige des parfums. Renée Vivien, Cendres et Poussières, 1902 Dans l’azur de l’avril, dans le gris de l’automne, Les arbres ont un charme inquiet et mouvant. Le peuplier se ploie et se tord sous le vent, Pareil a ... |
Des mains effacent le jour D'autres s'en prennent à la nuit. Assis sur un banc mal équarri J'attends mon tour. Souffles d'une moustache, Aciers à renifler, L'œil noir d'une arquebuse, Un sourire ébréché. On entre, on sort, on entre, La porte est grande ouverte, Seigneurs du présent, seigneurs du futur, Seigneurs du passé, seigneurs de l'obscur. Quand la fenêtre s'ouvrira Qui en vivra, qui en mourra ? Quand le soleil reviendra Comprendrai-je que c'est lui ? Jules SUPERVIELLE - Gravitations Des mains effacent le jour D'autres s'en prennent à la nuit. Assis sur un banc mal équarri J'attends mon tour. Souffles d'une moustache, |
L'espace plein et blanc soutien le ciel qui penche L'eau tremble au moindre bruit L'oiseau sur le chemin La cage dans la chambre Et la main qui écrit Derrière le rideau Un visage Et l'ombre d'un nuage Au milieu du terrain La prairie s'étend jusqu'a la limite des arbres Du passage Et de la rivière Où elle déteint Pierre Reverdy L'espace plein et blanc soutien le ciel qui penche L'eau tremble au moindre bruit L'oiseau sur le chemin La cage dans la chambre Et la main qui écrit Der ... |
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... Le régiment défile, et l’enfant s’extasie. Craintif et se tenant à la jupe saisie De sa mère, il admire, avide et stupéfait, ... François Coppée, Poèmes modernes ... Le régiment défile, et l’enfant s’extasie. Craintif et se tenant à la jupe saisie De sa mère, il admire, avide et stup&eacut ... |
... Mais, l’œil tout ébloui des ors et des aciers, L’enfant cherche surtout à voir ces officiers Qui brandissent, tournés à demi sur la selle, Leur sabre dont la lame au soleil étincelle, ... Le régiment défile, et l’enfant s’extasie. Craintif et se tenant à la jupe saisie De sa mère, il admire, avide et stupéfait, ... François Coppée, Poèmes modernes - le défilé ... Mais, l’œil tout ébloui des ors et des aciers, L’enfant cherche surtout à voir ces officiers Qui brandissent, tournés à ... |
... Mais, l’œil tout ébloui des ors et des aciers, L’enfant cherche surtout à voir ces officiers Qui brandissent, tournés à demi sur la selle, Leur sabre dont la lame au soleil étincelle, ... Le régiment défile, et l’enfant s’extasie. Craintif et se tenant à la jupe saisie De sa mère, il admire, avide et stupéfait, ... François Coppée, Poèmes modernes - le défilé ... Mais, l’œil tout ébloui des ors et des aciers, L’enfant cherche surtout à voir ces officiers Qui brandissent, tournés à ... |
Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques, Jouant du luth, et dansant, et quasi Triste sous leurs déguisements fantasques. Tous en chantant sur le mode mineur L'amour vainqueur et la vie opportune, Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur Et leur chanson se mêle au clair de lune Au calme clair de lune triste et beaux Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres Et sangloter d'extase les jets d'eau, Les grands jets d'eau sveltes, parmi les marbres. Paul Verlaine Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques, Jouant du luth, et dansant, et quasi Triste sous leurs déguisements fantasques. ... |
... Ils s’arrêtent tous deux ; et le beau régiment, Sombre et pesant d’orgueil, défile fièrement. Ce sont des cuirassiers ; ils vont, musique en tête, Répandant à l’entour comme un bruit de tempête. Les casques sont polis ainsi que des miroirs ; Les sabres sont tirés. Tous les chevaux sont noirs ; Ils ont la flamme aux yeux et le sang aux narines. - Les cuirasses d’acier qui bombent les poitrines ... Mais, l’œil tout ébloui des ors et des aciers, L’enfant cherche surtout à voir ces officiers Qui brandissent, tournés à demi sur la selle, Leur sabre dont la lame au soleil étincelle, Et sont gantés de blanc ainsi que pour le bal, Et commandent, tandis que leur fougueux cheval, Se rappelant sans doute une ancienne victoire, Secoue avec orgueil son mors dans sa mâchoire. ... François Coppée, Poèmes modernes ... Ils s’arrêtent tous deux ; et le beau régiment, Sombre et pesant d’orgueil, défile fièrement. Ce sont des cuirassiers ; ils v ... |
Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais ... |
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Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais ... |
Il pleure dans mon cour Comme il pleut sur la ville Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cour ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits Pour un cour qui s'ennuie Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce cour qui s'écoure Quoi ! Nulle trahison ? Ce deuil est sans raison C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon cour a tant de peine Paul Verlaine Il pleure dans mon cour Comme il pleut sur la ville Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cour ? Ô bruit doux de la pluie Par ... |
La mère fait du tricot Le fils fait la guerre Elle trouve ça tout naturel la mère Et le père qu'est-ce qu'il fait le père? Il fait des affaires Jacques Prevert - paroles La mère fait du tricot Le fils fait la guerre Elle trouve ça tout naturel la mère Et le père qu'est-ce qu'il fait le père? Il ... |
... Du matin parfumé le souffle est moins suave, Le palmier moins charmant au milieu des déserts. ... François-René de Chateaubriand, Poésies diverses ... Du matin parfumé le souffle est moins suave, Le palmier moins charmant au milieu des déserts. ... François-René de Chateaubrian ... |
Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques, Jouant du luth, et dansant, et quasi Triste sous leurs déguisements fantasques. Tous en chantant sur le mode mineur L'amour vainqueur et la vie opportune, Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur Et leur chanson se mêle au clair de lune Au calme clair de lune triste et beaux Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres Et sangloter d'extase les jets d'eau, Les grands jets d'eau sveltes, parmi les marbres. Paul Verlaine Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques, Jouant du luth, et dansant, et quasi Triste sous leurs déguisements fantasques. ... |
... Sa figure gracieuse Avant le jour s’éveilla ; A la lueur des étoiles Elle déploya ses voiles, Leurs cordages et leurs toiles, Comme de larges réseaux, Avec ce long bruit qui tremble, Qui se prolonge et ressemble Aux bruits des ailes qu’ensemble Ouvre une troupe d’oiseaux. ... Alfred de Vigny, Poèmes antiques et modernes ... Sa figure gracieuse Avant le jour s’éveilla ; A la lueur des étoiles Elle déploya ses voiles, Leurs cordages et leurs toiles, |
Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. - Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or ; Le monde s'endort Dans une chaude lumière. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Charles Baudelaire Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. - Les ... |
... Sa voilure toute blanche Comme un sein gonflé se penche ; Chaque mât, comme une branche, Touche la vague en pliant. ... Alfred de Vigny, Poèmes antiques et modernes ... Sa voilure toute blanche Comme un sein gonflé se penche ; Chaque mât, comme une branche, Touche la vague en pliant. ... Alfred de Vign ... |
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Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à coté d’eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid! L’un agace son bec avec un brûle-gueule, L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l’archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. Charles Baudelaire Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire ... |
... Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ; Une voix retentit sur le pont : « Ouvre l’œil ! » Une voix de la hune, ardente et folle, crie : « Amour… gloire… bonheur ! » Enfer ! c’est un écueil ! Verlaine ... Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ; Une voix retentit sur le pont : « Ouvre l’œil ! » Une voix de la hune, ardent ... |
... Le vent se lève chaud et lourd, un frisson passe Et repasse, toujours plus fort, dans l’épaisseur Toujours plus sombre des hauts chênes, obsesseur, Et s’éparpille, ainsi qu’un miasme, dans l’espace. ... Paul Verlaine, Poèmes saturniens ... Le vent se lève chaud et lourd, un frisson passe Et repasse, toujours plus fort, dans l’épaisseur Toujours plus sombre des hauts chênes, o ... |
Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais ... |
Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais ... |
Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais ... |
J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir. Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées. Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ; La vague en a paru rouge et comme enflammée. Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée... Respires-en sur moi l'odorant souvenir. Les roses de Saadi de Marceline Desbordes-Valmore J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir. Les noeud ... |
Sous le vent qui chasse Sous le vent qui chante Le vent de la mer Le cour lourd dépasse L'esprit qui le hante Le temps est amer Le ciel bas se masque Et l'espoir se lasse Dans mes yeux ouverts J'attends que tout passe Ma douleur plus basse Sous le front couvert Aucun secret dans les rides inextricables de tes mains Aucun regret dans ton regard qui ouvre le matin Même l'oubli du sang qui coule goutte à goutte des sources du destin Pierre Reverdy Sous le vent qui chasse Sous le vent qui chante Le vent de la mer Le cour lourd dépasse L'esprit qui le hante Le temps est amer Le ciel bas ... |
Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais ... |
Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres Et se mirant dans l’eau de poix et de salpêtre D’un canal droit, marquant sa barre à l’infini, . Face à face, le long des quais d’ombre et de nuit, Par à travers les faubourgs lourds Et la misère en pleurs de ces faubourgs, Ronflent terriblement usine et fabriques. Rectangles de granit et monuments de briques, Et longs murs noirs durant des lieues, Immensément, par les banlieues ; Et sur les toits, dans le brouillard, aiguillonnées De fers et de paratonnerres, Les cheminées. ... Emile Verhaeren, Les villes tentaculaires Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres Et se mirant dans l’eau de poix et de salpêtre D’un canal droit, marquant sa barre &agrav ... |
... Face à face, le long des quais d’ombre et de nuit, Par à travers les faubourgs lourds Et la misère en pleurs de ces faubourgs, Ronflent terriblement usine et fabriques. Rectangles de granit et monuments de briques, Et longs murs noirs durant des lieues, ... Emile Verhaeren, Les villes tentaculaires ... Face à face, le long des quais d’ombre et de nuit, Par à travers les faubourgs lourds Et la misère en pleurs de ces faubourgs, Ronfle ... |
... Au long du vieux canal à l’infini Par à travers l’immensité de la misère Des chemins noirs et des routes de pierre, Les nuits, les jours, toujours, Ronflent les continus battements sourds, Dans les faubourgs, Des fabriques et des usines symétriques. ... Emile Verhaeren, Les villes tentaculaires ... Au long du vieux canal à l’infini Par à travers l’immensité de la misère Des chemins noirs et des routes de pierre, Les ... |
... Reposent là des maîtresses de rois Dont le caprice et le délire Ont fait se battre des empires ; Des conquérants, dont les glaives d’effroi Se brisèrent, entre des doigts de femme ; Des poètes fervents et clairs De leur ivresse et de leur flamme, Qui périrent, en chantant l’air Triste ou joyeux qu’aimait leur dame. ... Emile Verhaeren - la crypte ... Reposent là des maîtresses de rois Dont le caprice et le délire Ont fait se battre des empires ; Des conquérants, dont les glaives d& ... |
Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais Il ne faut jamais faire de projets, surtout en ce qui concerne l'avenir. Alphonse Allais ... |
... Belle et divine es-tu, dans toute ta parure, Quand la nuit au harem je glisse un pied furtif ! Les tapis, l’aloès, les fleurs et l’onde pure, Sont par toi prodigués à ton jeune captif. ... François-René de Chateaubriand, Poésies diverses ... Belle et divine es-tu, dans toute ta parure, Quand la nuit au harem je glisse un pied furtif ! Les tapis, l’aloès, les fleurs et l’onde pure, |
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu’on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille Les feuilles Qu’on foule Un train Qui roule La vie S’écoule Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu’on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larm ... |
La neige tombe, indiscontinûment, Comme une lente et longue et pauvre laine, Parmi la morne et longue et pauvre plaine, Froide d’amour, chaude de haine. ... Emile Verhaeren - la neige La neige tombe, indiscontinûment, Comme une lente et longue et pauvre laine, Parmi la morne et longue et pauvre plaine, Froide d’amour, chaude de haine. |
Un vaste et tendre Apaisement Semble descendre Du firmament Que l’astre irise… C’est l’heure exquise. Paul Verlaine Un vaste et tendre Apaisement Semble descendre Du firmament Que l’astre irise… C’est l’heure exquise. Paul Verlaine ... |
Gloire au bel hippocampe, Cheval marin, cheval de trempe, Qu’aucun jockey n’a chevauché, Qu’aucun cocher n’a harnaché. Robert Desnos Gloire au bel hippocampe, Cheval marin, cheval de trempe, Qu’aucun jockey n’a chevauché, Qu’aucun cocher n’a harnaché. Ro ... |
La roue dans toute sa gloire étale ses rayons, Ce vaste monument mis à la verticale Tourne dans un ballet aux allures bien réglées à la façon d’un automate musical Le manège enchanté qui tourne jours et nuits Invite les enfants à bord de ses nacelles A survoler la Seine et les toits de Paris Comme s’ils vivaient la scène en agitant des ailes Le vol ascensionnel est riche en sensations L’oreille est attentive les yeux sont en alerte L’esprit sollicité vit des choses nouvelles Sur la route étoilée que suit le père Noël La grande roue de la vie celle de la création Invite petits et grands à faire des découvertes Alain Hannecart La roue dans toute sa gloire étale ses rayons, Ce vaste monument mis à la verticale Tourne dans un ballet aux allures bien réglées à ... |
Louvre - hommage à Patrick Chereau... |
autoroute a10 dans la nuit brumeuseAutomne malade Automne malade et adoré Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n’ont jamais aimé Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu’on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille Les feuilles Qu’on foule Un train Qui roule La vie S’écoule Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 Automne malade Automne malade et adoré Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers Pau ... |
... Je vois déjà les arbres qui boutonnent En mille noeuds, et ses beautés m’étonnent, En une nuit ce printemps est glacé, ... Théodore Agrippa d’Aubigné ... Je vois déjà les arbres qui boutonnent En mille noeuds, et ses beautés m’étonnent, En une nuit ce printemps est glacé, ... |
... Comme les flots de murmure en murmure, Elle se mêle à toute la nature : Avec les vents, dans le fond des déserts, Elle gémit le long des bois sauvages, ... François-René de Chateaubriand, Tableaux de la nature ... Comme les flots de murmure en murmure, Elle se mêle à toute la nature : Avec les vents, dans le fond des déserts, Elle gémit le long ... |
Edam - magasin... |
... Briques et tuiles, O les charmants Petits asiles Pour les amants ! ... Guinguettes claires, Bières, clameurs, Servantes chères A tous fumeurs ! ... Paul Verlaine, Romances sans paroles - paysages belges ... Briques et tuiles, O les charmants Petits asiles Pour les amants ! ... Guinguettes claires, Bières, clameurs, Servantes chères |
... Ces beaux enfants gâtés, ainsi qu’on les appelle, Creusent gaîment, avec une petite pelle, Dans le fin sable d’or des canaux et des trous; ... Ils sont là, l’oeil ravi, les cheveux blonds au vent, Non loin d’une maman brodant sous son ombrelle, Et trouvent, à coup sûr, chose bien naturelle, Que la mer soit si bonne et les amuse ainsi. ... François Coppée, Le Cahier Rouge - aux bains de mer ... Ces beaux enfants gâtés, ainsi qu’on les appelle, Creusent gaîment, avec une petite pelle, Dans le fin sable d’or des canaux et des t ... |
Souvent sur la montagne à l'ombre du vieux chaîne, Au coucher de soleil, tristement je m'assieds ; Je promène au hasard mes regard sur la plaine, Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds. Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes, Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ; Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes Où l'étoile du soir se lève dans l'azur. Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres, Le crépuscule encor jette un dernier rayon, Et le char vaporeux de la reine des ombres Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizons. Cependant, s'élançant de la flèche gothique, Un son religieux se répand dans les airs, Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique Aux derniers bruits du jours mêle de saints concerts. Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente N'éprouve devant eux ni charme, ni transports ; Je contemple la terre, ainsi qu'une ombre errante : Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts. De colline en colline en vain portant ma vue, Du Sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant, Je parcours tous les points de l'immense étendue, Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. " Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières, Vains objets dont pour moi le charme est envolé? Fleuves, rochers, forêt, solitudes si chères, Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Que le tour du soleil ou commence ou s'achève, D'un oeil indifférent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur, qu'il se couche ou se lève, Qu'importe du soleil? je n'attends rien des jours. Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière, Mes yeux verrais partout le vide et les déserts ; Je ne désir rien de tout ce qu'il éclaire, Je ne demande rien à l'immense univers. Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère, Lieux où le vrai soleil éclaire d'autre cieux, Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre, Ce que j'ai tant rêvé paraîtra à mes yeux ! Là je m'enivrerai à la source où j'aspire, Là je retrouverai et l'espoir et l'amour, Et ce bien idéal que toute âme désire, Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour ! Que ne puis-je, porté sur le char de l'aurore, Vague objet de mes voux, m'élancer jusqu'à toi ! Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encor ? Il n'est rien de commun entre la terre et moi. Quand la feuille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons ; Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie : Emportez-moi comme elle, orageux aquilons ! Alphonse de Lamartine Souvent sur la montagne à l'ombre du vieux chaîne, Au coucher de soleil, tristement je m'assieds ; Je promène au hasard mes regard sur la plaine, Do ... |
Bicheno - concert aborigène... |
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Toute la face ronde au coin sombre du ciel L'épée la mappemonde sous les rideau de l'air Des paupières plus longues dans la chambre à l'envers Un nuage s'effondre La nuit sort d'un éclair Pierre Reverdy Toute la face ronde au coin sombre du ciel L'épée la mappemonde sous les rideau de l'air Des paupières plus longues dans la chambr ... |
fête à Ronce-les-bains... |
Senas - triangulation aerienne... |
sur la dune du Pyla... |
Brézé - tentures souterraines... |
brocante et bric-a-brac... |
Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid, Les yeux sur ton profil, je songe à l’infini… Immobile sur les coussins brodés, j’évoque L’enchantement ancien, la radieuse époque, Et les rêves au ciel de tes yeux verts baignés ! ... Albert Samain, Le chariot d’or Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid, Les yeux sur ton profil, je songe à l’infini… Immobile sur les coussins brodés, j’évo ... |
cadavres de vieilles bouteilles sur la loireC'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source Jean Jaures C'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source Jean Jaures ... |
croisement aerien... |
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Toulouse - vieilles affiches... |
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St-Tropez - la palette du peintre... |
Ramatuelle - parapente en duo... |
Toulon - publicité murale Dubonnet... |
Sur le terrain de foire, au grand soleil brûlé, Le cirque des chevaux de bois s’est ébranlé Et l’orgue attaque l’air connu : ” Tant mieux pour elle ! “ Mais la brune grisette a fermé son ombrelle, Et, bien en selle, avec un petit air vainqueur, Elle va se payer deux sous de mal de coeur. Elle rit, car déjà le mouvement rapide Colle ses frisons noirs sur son front intrépide, Et le vent fait flotter sa jupe et laisse voir Un gai petit mollet, en bas rouge à coin noir. François Coppée, Contes en vers et poésies diverses Sur le terrain de foire, au grand soleil brûlé, Le cirque des chevaux de bois s’est ébranlé Et l’orgue attaque l’air connu : &r ... |
La plage est lisse comme un œuf. L'enfant étrenne un ballon neuf Et le fait monter vers la lune. La lune tombe Et le ballon s'allume. Catherine Paysan La nuit tombe. De doux lampions s'allument. La plage est lisse comme un œuf. L'enfant étrenne un ballon neuf Et le fait monter vers la lune. La lune tombe Et le ballon s'allume. C'est toujours extraordinaire Que le spectacle d'un enfant A ras de digue, à la lisière D'un monde où s'engloutit le temps, En train de jouer comme si C'était une affaire d'État, Tenant la lune entre ses doigts Comme une médaille, un grigri Comme s'il était innocent Ou plus royal que l'Océan! Catherine Paysan La plage est lisse comme un œuf. L'enfant étrenne un ballon neuf Et le fait monter vers la lune. La lune tombe Et le ballon s'allume. Catherin ... |
De tous les group's d'Orphéonistes, On cit' parmi les plus fervents, Un' réunion de jeun's artistes, On ne peut plus intéressants. Si d'eux tous j'osais me permettre D' passer un rapide examen Nul ne pourrait plus méconnaître La vérité de mon refrain. Rien au monde n'est plus jovial Que l' petit cercle musical. Felix Galle De tous les group's d'Orphéonistes, On cit' parmi les plus fervents, Un' réunion de jeun's artistes, On ne peut plus intéressants. Si d'eux tou ... |
Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d’automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s’en allant là-bas le paysan chantonne Une chanson d’amour et d’infidélité Qui parle d’une bague et d’un coeur que l’on brise Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d’automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s’en ... |
Jean de LA FONTAINE (1621-1695) Le Lion devenu vieux Le Lion, terreur des forêts, Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse, Fut enfin attaqué par ses propres sujets, Devenus forts par sa faiblesse. Le Cheval s'approchant lui donne un coup de pied ; Le Loup un coup de dent, le Boeuf un coup de corne. Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne, Peut a peine rugir, par l'âge estropié. Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes ; Quand voyant l'Ane même à son antre accourir : "Ah ! c'est trop, lui dit-il ; je voulais bien mourir ; Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes. " Jean de la Fontaine Né dans une cage Il n'a jamais goûté l'étendue de la brousse Vient-il d'y songer ? Brusquement Secouant sa crinière Il gronde Il rugit Et frappe avec ses pattes A travers les barreaux Comment lui dire Que tant de " libertés " N'existent que dans les rêves des prisonniers ?... Dieuw SCHEPEL Captif, un jeune lion grandissait, et plus il grandissait plus les barreaux de sa cage grossissaient, du moins c’est le jeune lion qui le croyait… en réalité, on le changeait de cage pendant son sommeil. ... Jacques Prevert Jean de LA FONTAINE (1621-1695) Le Lion devenu vieux Le Lion, terreur des forêts, Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse, Fut enfin ... |
- Quels géants ? dit Sancho. - Ceux que tu vois là, répondit son maître, aux longs bras, et d'aucuns les ont quelquefois de deux lieues. - Regardez, monsieur, répondit Sancho, que ceux qui paraissent là ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et ce qui semble des bras sont les ailes, lesquelles, tournées par le vent, font mouvoir la pierre du moulin. - II paraît bien, répondit don Quichotte, que tu n'es pas fort versé en ce qui est des aventures : ce sont des géants, et, si tu as peur, ôte-toi de là et te mets en oraison, tandis que je vais entrer avec eux en une furieuse et inégale bataille.' - Quels géants ? dit Sancho. - Ceux que tu vois là, répondit son maître, aux longs bras, et d'aucuns les ont quelquefois de deux lieues. - Rega ... |
Dans la plaine les baladins S’éloignent au long des jardins Devant l’huis des auberges grises Par les villages sans églises. Et les enfants s’en vont devant Les autres suivent en rêvant Chaque arbre fruitier se résigne Quand de très loin ils lui font signe. Ils ont des poids ronds ou carrés Des tambours, des cerceaux dorés L’ours et le singe, animaux sages Quêtent des sous sur leur passage. Guillaume Apollinaire, Alcools Dans la plaine les baladins S’éloignent au long des jardins Devant l’huis des auberges grises Par les villages sans églises. Et les enfant ... |
... Vive la brise, enfin, d’automne Après tous ces simouns d’enfer, La bonne brise qui nous donne Ce sain premier frisson d’hiver ! “ Paul Verlaine, Poèmes divers ... Vive la brise, enfin, d’automne Après tous ces simouns d’enfer, La bonne brise qui nous donne Ce sain premier frisson d’hiver ! “ ... |
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits; Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris; Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement. - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Charles Baudelaire Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il n ... |
Le soleil, par degrés, de la brume émergeant, Dore la vieille tour et le haut des mâtures ; Et, jetant son filet sur les vagues obscures, Fait scintiller la mer dans ses mailles d’argent. L’étendard déployé sur l’arsenal palpite ; Et de petits enfants, qu’un jeu frivole excite, Font sonner en courant les anneaux du vieux mur. Pendant qu’un beau vaisseau, peint de pourpre et d’azur Bondissant et léger sur l’écume sonore, S’en va, tout frissonnant de voiles, dans l’aurore. Albert Samain, Le chariot d’or Le soleil, par degrés, de la brume émergeant, Dore la vieille tour et le haut des mâtures ; Et, jetant son filet sur les vagues obscures, Fait scint ... |
Quand on ne veut plus voir, entendre, ou toucher un homme, il vaut mieux rompre les amarres. John Steinbeck - À l'est d'Éden Le temps passe et n’attend personne. Toutes les amarres du monde ne sauraient le retenir. Il n’a pas de port d’attache, le temps ; ce n’est qu’un coup de vent qui passe et qui ne se retourne pas. Yasmina Khadra - Cousine K Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu'au jour où, pas trop sûr de soi, on s'en va pour de bon. Nicolas Bouvier - L'usage du monde Quand on ne veut plus voir, entendre, ou toucher un homme, il vaut mieux rompre les amarres. John Steinbeck - À l'est d'Éden < ... |
... Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx Aboli bibelot d'inanité sonore, Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx Avec ce seul objet dont le Néant s'honore. ... Stephane Mallarmé - sonnet en x ... Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx Aboli bibelot d'inanité sonore, Car le Maître est allé puiser des pleurs au St ... |
Je souhaite dans ma maison : Une femme ayant sa raison, Un chat passant parmi les livres, Des amis en toute saison Sans lesquels je ne peux pas vivre. Guillaume Apollinaire Charles BAUDELAIRE (1821-1867) Le chat (2) I Dans ma cervelle se promène Ainsi qu'en son appartement, Un beau chat, fort, doux et charmant. Quand il miaule, on l'entend à peine, Tant son timbre est tendre et discret ; Mais que sa voix s'apaise ou gronde, Elle est toujours riche et profonde. C'est là son charme et son secret. Cette voix, qui perle et qui filtre Dans mon fonds le plus ténébreux, Me remplit comme un vers nombreux Et me réjouit comme un philtre. Elle endort les plus cruels maux Et contient toutes les extases ; Pour dire les plus longues phrases, Elle n'a pas besoin de mots. Non, il n'est pas d'archet qui morde Sur mon coeur, parfait instrument, Et fasse plus royalement Chanter sa plus vibrante corde, Que ta voix, chat mystérieux, Chat séraphique, chat étrange, En qui tout est, comme en un ange, Aussi subtil qu'harmonieux ! II De sa fourrure blonde et brune Sort un parfum si doux, qu'un soir J'en fus embaumé, pour l'avoir Caressée une fois, rien qu'une. C'est l'esprit familier du lieu ; Il juge, il préside, il inspire Toutes choses dans son empire ; Peut-être est-il fée, est-il dieu ? Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime Tirés comme par un aimant Se retournent docilement Et que je regarde en moi-même Je vois avec étonnement Le feu de ses prunelles pâles, Clairs fanaux, vivantes opales, Qui me contemplent fixement. Je souhaite dans ma maison : Une femme ayant sa raison, Un chat passant parmi les livres, Des amis en toute saison Sans lesquels je ne peux pas vivre. Guil ... |
Chamonix - sur l'aiguille du midi... |
la pleine luneLa lune blanche… La lune blanche Luit dans les bois ; De chaque branche Part une voix Sous la ramée… Ô bien-aimée. L’étang reflète, Profond miroir, La silhouette Du saule noir Où le vent pleure… Rêvons, c’est l’heure. Un vaste et tendre Apaisement Semble descendre Du firmament Que l’astre irise… C’est l’heure exquise. Paul Verlaine C'était, dans la nuit brune, Sur le clocher jauni, La lune Comme un point sur un i. Lune, quel esprit sombre Promène au bout d'un fil, Dans l'ombre, Ta face et ton profil ? Es-tu l'oeil du ciel borgne ? Quel chérubin cafard Nous lorgne Sous ton masque blafard ? N'es-tu rien qu'une boule, Qu'un grand faucheux bien gras Qui roule Sans pattes et sans bras ? Es-tu, je t'en soupçonne, Le vieux cadran de fer Qui sonne L'heure aux damnés d'enfer ? Sur ton front qui voyage. Ce soir ont-ils compté Quel âge A leur éternité ? Est-ce un ver qui te ronge Quand ton disque noirci S'allonge En croissant rétréci ? Qui t'avait éborgnée, L'autre nuit ? T'étais-tu Cognée A quelque arbre pointu ? Car tu vins, pâle et morne Coller sur mes carreaux Ta corne À travers les barreaux. Va, lune moribonde, Le beau corps de Phébé La blonde Dans la mer est tombé. Tu n'en es que la face Et déjà, tout ridé, S'efface Ton front dépossédé. Rends-nous la chasseresse, Blanche, au sein virginal, Qui presse Quelque cerf matinal ! Oh ! sous le vert platane Sous les frais coudriers, Diane, Et ses grands lévriers ! Le chevreau noir qui doute, Pendu sur un rocher, L'écoute, L'écoute s'approcher. Et, suivant leurs curées, Par les vaux, par les blés, Les prées, Ses chiens s'en sont allés. Oh ! le soir, dans la brise, Phoebé, soeur d'Apollo, Surprise A l'ombre, un pied dans l'eau ! Phoebé qui, la nuit close, Aux lèvres d'un berger Se pose, Comme un oiseau léger. Lune, en notre mémoire, De tes belles amours L'histoire T'embellira toujours. Et toujours rajeunie, Tu seras du passant Bénie, Pleine lune ou croissant. T'aimera le vieux pâtre, Seul, tandis qu'à ton front D'albâtre Ses dogues aboieront. T'aimera le pilote Dans son grand bâtiment, Qui flotte, Sous le clair firmament ! Et la fillette preste Qui passe le buisson, Pied leste, En chantant sa chanson. Comme un ours à la chaîne, Toujours sous tes yeux bleus Se traîne L'océan montueux. Et qu'il vente ou qu'il neige Moi-même, chaque soir, Que fais-je, Venant ici m'asseoir ? Je viens voir à la brune, Sur le clocher jauni, La lune Comme un point sur un i. Peut-être quand déchante Quelque pauvre mari, Méchante, De loin tu lui souris. Dans sa douleur amère, Quand au gendre béni La mère Livre la clef du nid, Le pied dans sa pantoufle, Voilà l'époux tout prêt Qui souffle Le bougeoir indiscret. Au pudique hyménée La vierge qui se croit Menée, Grelotte en son lit froid, Mais monsieur tout en flamme Commence à rudoyer Madame, Qui commence à crier. " Ouf ! dit-il, je travaille, Ma bonne, et ne fais rien Qui vaille; Tu ne te tiens pas bien. " Et vite il se dépêche. Mais quel démon caché L'empêche De commettre un péché ? " Ah ! dit-il, prenons garde. Quel témoin curieux Regarde Avec ces deux grands yeux ? " Et c'est, dans la nuit brune, Sur son clocher jauni, La lune Comme un point sur un i. Alfred de Musset La lune blanche… La lune blanche Luit dans les bois ; De chaque branche Part une voix Sous la ramée… Ô bien-aimée. |