... avouons que c’est un pénible et triste travail de déterrer la Rome antique de dessous la moderne, et pourtant il faut le faire, et l’on finit par y goûter une satisfaction inestimable. On trouve les vestiges d’une magnificence et d’une destruction qui vont l’une et l’autre au delà de notre imagination. Ce que les barbares ont laissé debout, les architectes de Rome moderne l’ont dévasté. ... En d’autres lieux, il faut chercher ce qui est remarquable : ici il nous surcharge et nous accable. ... Je retourne très-volontiers à Venise, à cette grande création, sortie du sein de la mer comme Pallas du cerveau de Jupiter .. Quand on voit ce monument, tout le reste semble rapetissé. Il est si grand, que l’esprit ne peut en garder l’image ; on se le rappelle plus petit, et, quand on y retourne, on le retrouve plus grand. (le Colisee) .. nous nous sommes rendus à l’église de Saint-Pierre, qui recevait du ciel serein la plus belle lumière, et paraissait claire et brillante dans toutes ses parties. Enfin nous sommes montés sur le toit de l’église, où l’on trouve en petit l’image d’une ville bien bâtie : des maisons et des magasins, des fontaines, qui semblent jaillir, des églises et un grand temple, le tout en l’air et entremêlé de belles promenades. Nous sommes montés sur la coupole, et nous avons contemplé la contrée des Apennins brillante de lumière, le Soracte, les collines volcaniques de Tivoli, Frascati, Castel Gandolfo et la plaine, et plus loin, la mer ; à nos pieds, la ville de Rome, dans toute son étendue, avec ses palais sur les collines, ses coupoles, etc. Pas un souffle de vent, et, dans la lanterne de cuivre, il faisait chaud comme dans une serre. Après avoir bien observé tout cela, nous sommes descendus : on nous a ouvert les portes des entablements de la coupole, du tambour et de la nef ; on peut en faire le tour et observer d’en haut ces parties et l’église. Gomme nous étions sur la corniche du tambour, nous avons vu passer là-bas le Pape, qui allait faire ses dévotions de l’après-midi. C’était avoir vu au complet l’église de Saint-Pierre. Nous sommes redescendus tout de bon ; nous avons pris un joyeux et frugal repas dans une auberge voisine, puis nous sommes allés à Sainte-Cécile. ... la vue du plus admirable chef-d’œuvre dédommage de tout. Et je suis à celte heure tellement ravi de Michel-Ange que je trouve après lui la nature même insipide, parce que je ne puis la voir avec d’aussi grands yeux que lui. Si l’on avait seulement un moyen de bien fixer de telles images dans son âme I J’emporterai du moins tout ce que je puis amasser de gravures et de dessins de ses ouvrages. De là nous passâmes aux Loges de Raphaël, et j’ose à peine dire qu’on ne pouvait y arrêter ses regards. L’œil s’était accoutumé à des proportions si vastes, avec ces grandes formes et cette admirable perfection de toutes les parties, qu’il ne pouvait plus regarder les jeux spirituels des arabesques, et que les histoires bibliques, si belles qu’elles soient, ne soutenaient pas la comparaison avec les premières. Voir souvent ces ouvrages en face les uns des autres, les comparer avec plus de loisir et sans préjugé, doit procurer de grandes jouissances : car, au commencement, toute admiration est partiale. ... Goethe - Voyage en Italie ... Le regard égaré dans ce dédale oblique, De degrés en degrés, de portique en portique, Parcourt en serpentant ce lugubre désert, Fuit, monte, redescend, se retrouve et se perd. ... Lamartine Comme l'astre adouci de l'antique Elysée, Sur les murs dentelés du sacré Colysée, L'astre des nuits, perçant des nuages épars, Laisse dormir en paix ses longs et doux regards, Le rayon qui blanchit ses vastes flancs de pierre, En glissant à travers les pans fIottants du lierre, Dessine dans l'enceinte un lumineux sentier ; On dirait le tombeau d'un peuple tout entier, Où la mémoire, errante après des jours sans nombre, Dans la nuit du passé viendrait chercher une ombre, Ici, de voûte en voûte élevé dans les cieux, Le monument debout défie encor les yeux ; Le regard égaré dans ce dédale oblique, De degrés en degrés, de portique en portique, Parcourt en serpentant ce lugubre désert, Fuit, monte, redescend, se retrouve et se perd. Là, comme un front penché sous le poids des années, La ruine, abaissant ses voûtes inclinées, Tout à coup se déchire en immenses lambeaux, Pend comme un noir rocher sur l'abîme des eaux ; Ou des vastes hauteurs de son faîte superbe Descendant par degrés jusqu'au niveau de l'herbe, Comme un coteau qui meurt sous les fleurs du vallon, Vient mourir à nos pieds sur des lits de gazon. Sur les flancs décharnés de ces sombres collines, Des forêts dans les airs ont jeté leurs racines : Là, le lierre jaloux de l'immortalité, Triomphe en possédant ce que l'homme a quitté ; Et pareil à l'oubli, sur ces murs qu'il enlace, Monte de siècle en siècle aux sommets qu'il efface. Le buis, l'if immobile, et l'arbre des tombeaux, Dressent en frissonnant leurs funèbres rameaux, Et l'humble giroflée, aux lambris suspendue, Attachant ses pieds d'or dans la pierre fendue, Et balançant dans l'air ses longs rameaux flétris, Comme un doux souvenir fleurit sur des débris. Aux sommets escarpés du fronton solitaire, L'aigle à la frise étroite a suspendu son aire : Au bruit sourd de mes pas, qui troublent son repos, Il jette un cri d'effroi, grossi par mille échos, S'élance dans le ciel, en redescend, s'arrête, Et d'un vol menaçant plane autour de ma tête. Du creux des monuments, de l'ombre des arceaux, Sortent en gémissant de sinistres oiseaux : Ouvrant en vain dans l'ombre une ardente prunelle, L'aveugle amant des nuits bat les murs de son aile ; La colombe, inquiète à mes pas indiscrets, Descend, vole et s'abat de cyprès en cyprès, Et sur les bords brisés de quelque urne isolée, Se pose en soupirant comme une âme exilée. Les vents, en s'engouffrant sous ces vastes débris, En tirent des soupirs, des hurlements, des cris : On dirait qu'on entend le torrent des années Rouler sous ces arceaux ses vagues déchaînées, Renversant, emportant, minant de jours en jours Tout ce que les mortels ont bâti sur son cours. Les nuages flottants dans un ciel clair et sombre, En passant sur l'enceinte y font courir leur ombre, Et tantôt, nous cachant le rayon qui nous luit, Couvrent le monument d'une profonde nuit, Tantôt, se déchirant sous un souffle rapide, Laissent sur le gazon tomber un jour livide, Qui, semblable à l'éclair, montre à l'oeil ébloui Ce fantôme debout du siècle évanoui ; Dessine en serpentant ses formes mutilées, Les cintres verdoyants des arches écroulées, Ses larges fondements sous nos pas entrouverts, Et l'éternelle croix qui, surmontant le faîte, Incline comme un mât battu par la tempête. Rome ! te voilà donc ! Ô mère des Césars ! J'aime à fouler aux pieds tes monuments épars ; J'aime à sentir le temps, plus fort que ta mémoire, Effacer pas à pas les traces de ta gloire ! L'homme serait-il donc de ses oeuvres jaloux ? Nos monuments sont-ils plus immortels que nous ? Egaux devant le temps, non, ta ruine immense Nous console du moins de notre décadence. J'aime, j'aime à venir rêver sur ce tombeau, A l'heure où de la nuit le lugubre flambeau Comme l'oeil du passé, flottant sur des ruines, D'un pâle demi-deuil revêt tes sept collines, Et, d'un ciel toujours jeune éclaircissant l'azur, Fait briller les torrents sur les flancs de Tibur. Ma harpe, qu'en passant l'oiseau des nuits effleure, Sur tes propres débris te rappelle et te pleure, Et jette aux flots du Tibre un cri de liberté, Hélas ! par l'écho même à peine répété. " Liberté ! nom sacré, profané par cet âge, J'ai toujours dans mon coeur adoré ton image, Telle qu'aux jours d'Emile et de Léonidas, T'adorèrent jadis le Tibre et l'Eurotas ; Quand tes fils se levant contre la tyrannie, Tu teignais leurs drapeaux du sang de Virginie, Ou qu'à tes saintes lois glorieux d'obéir, Tes trois cents immortels s'embrassaient pour mourir ; Telle enfin que d'Uri prenant ton vol sublime, Comme un rapide éclair qui court de cime en cime, Des rives du Léman aux rochers d'Appenzell, Volant avec la mort sur la flèche de Tell, Tu rassembles tes fils errants sur les montagnes, Et, semblable au torrent qui fond sur leurs campagnes Tu purges à jamais d'un peuple d'oppresseurs Ces champs où tu fondas ton règne sur les moeurs ! " Alors !... mais aujourd'hui, pardonne à mon silence ; Quand ton nom, profané par l'infâme licence, Du Tage à l'Éridan épouvantant les rois, Fait crouler dans le sang les trônes et les Iris ; Détournant leurs regards de ce culte adultère, Tes purs adorateurs, étrangers sur la terre, Voyant dans ces excès ton saint nom se flétrir, Ne le prononcent plus... de peur de l'avilir. Il fallait t'invoquer, quand un tyran superbe Sous ses pieds teints de sang nous fouler comme l'herbe, En pressant sur son coeur le poignard de Caton. Alors il était beau de confesser ton nom : La palme des martyrs couronnait tes victimes, Et jusqu'à leurs soupirs, tout leur était des crimes. L'univers cependant, prosterné devant lui, Adorait, ou tremblait !... L'univers, aujourd'hui, Au bruit des fers brisés en sursaut se réveille. Mais, qu'entends-je ? et quels cris ont frappé mon oreille ? Esclaves et tyrans, opprimés, oppresseurs, Quand tes droits ont vaincu, s'offrent pour tes vengeurs ; Insultant sans péril la tyrannie absente, Ils poursuivent partout son ombre renaissante ; Et, de la vérité couvrant la faible voix, Quand le peuple est tyran, ils insultent aux rois. Tu règnes cependant sur un siècle qui t'aime, Liberté ; tu n'as rien à craindre que toi-même. Sur la pente rapide où roule en paix ton char, Je vois mille Brutus... mais où donc est César ? " Lamartine ... avouons que c’est un pénible et triste travail de déterrer la Rome antique de dessous la moderne, et pourtant il faut le faire, et l’on finit par ... |
sans têteRome, place Navone Rome, place Navone ... |
sans têteRome, place Navone Rome, place Navone ... |
graffitiRome Rome ... |
deux générationsRome, place Farnese Rome, place Farnese ... |
un ecclésiastiqueRome, Campo di fiori Rome, Campo di fiori ... |
... Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois, Et ces vieux murs, c’est ce que Rome on nomme. Vois quel orgueil, quelle ruine et comme Celle qui mit le monde sous ses lois, Pour dompter tout, se dompta quelquefois, Et devint proie au temps, qui tout consomme. ... Joachim du Bellay - Les Antiquités de Rome ... Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois, Et ces vieux murs, c’est ce que Rome on nomme. Vois quel orgueil, quelle ruine et comme Celle qui mi ... |
rateaux et parabolesRome, Rome, ... |
gelatiRome, parc du Pincio Rome, parc du Pincio ... |
... Comme une cloche au loin confusément vibrante, La cime des hauts pins résonne et pleure au vent : Seul bruit dans la nature ! on la croirait mourante ; Et, parmi ces tombeaux, moi donc, suis-je vivant ! ... Sainte-Beuve - Pensées d'août (1837) - À Madame de Staël. ... Comme une cloche au loin confusément vibrante, La cime des hauts pins résonne et pleure au vent : Seul bruit dans la nature ! on la croirait mourant ... |
poor lonesome cow-boyRome, chateau St-Ange Rome, chateau St-Ange ... |
le prélatRome, place St-Pierre, avant la messe pontificale Rome, place St-Pierre, avant la messe pontificale ... |
sous la pluieRome, place St-Pierre, messe pontificale Rome, place St-Pierre, messe pontificale ... |
prêtres et fidèlesRome, place St-Pierre Rome, place St-Pierre ... |
Il est des voix, il est des pas, il est des ondes; Tout se mêle : clameurs, rumeurs, vagues profondes, Foules blêmes, troupeaux pensifs, essaims joyeux ; Tout marche au but divin sous les éternels yeux. Victor Hugo - le pape Il est des voix, il est des pas, il est des ondes; Tout se mêle : clameurs, rumeurs, vagues profondes, Foules blêmes, troupeaux pensifs, essaims ... |
Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome Et rien de Rome en Rome n'aperçois, Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois, Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme. Vois quel orgueil, quelle ruine : et comme Celle qui mit le monde sous ses lois, Pour dompter tout, se dompta quelquefois, Et devint proie au temps, qui tout consomme. Rome de Rome est le seul monument, Et Rome Rome a vaincu seulement. Le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit, Reste de Rome. O mondaine inconstance ! Ce qui est ferme, est par le temps détruit, Et ce qui fuit, au temps fait résistance. Jochim du Bellay Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome Et rien de Rome en Rome n'aperçois, Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois, Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on ... |
Toi qui de Rome émerveillé contemples L'antique orgueil, qui menaçait les cieux, ... Juge, en voyant ces ruines si amples, Ce qu'a rongé le temps injurieux, ... Joachim du Bellay Toi qui de Rome émerveillé contemples L'antique orgueil, qui menaçait les cieux, Ces vieux palais, ces monts audacieux, Ces murs, ces arcs, ces thermes et ces temples, Juge, en voyant ces ruines si amples, Ce qu'a rongé le temps injurieux, Puisqu'aux ouvriers les plus industrieux Ces vieux fragments encor servent d'exemples. Regarde après, comme de jour en jour Rome, fouillant son antique séjour, Se rebâtit de tant d'oeuvres divines : Tu jugeras que le démon romain S'efforce encor d'une fatale main Ressusciter ces poudreuses ruines. Joachim du Bellay Toi qui de Rome émerveillé contemples L'antique orgueil, qui menaçait les cieux, ... Juge, en voyant ces ruines si amples, Ce qu'a rongé ... |
magie de rueRome - spectacle de rue Rome - spectacle de rue ... |
... Un esprit de tristesse immuable et profonde Habite dans ces lieux et conduit pas à pas ; Hors l'écho du passé, pas de voix qui réponde ; Le souvenir vous gagne, et le présent n'est pas. ... Sainte-Beuve - à Mme de Stael Au sein de Parthénope as-tu goûté la vie ? Dans le tombeau du monde apprenons à mourir ! Sur cette terre en vain, splendidement servie, Le même astre immortel règne sans se couvrir ; En vain, depuis les nuits des hautes origines, Un ciel inaltérable y luit d'un fixe azur, Et, comme un dais sans plis au front des Sept-Collines, S'étend des monts Sabins jusqu'à la tour d'Astur : Un esprit de tristesse immuable et profonde Habite dans ces lieux et conduit pas à pas ; Hors l'écho du passé, pas de voix qui réponde ; Le souvenir vous gagne, et le présent n'est pas. Accouru de l'Olympe, au matin de Cybèle, Là Saturne apporta l'anneau des jours anciens ; Janus assis scella la chaîne encor nouvelle ; Vinrent les longs loisirs des Rois Arcadiens. Et sans quitter la chaîne, en descendant d'Évandre, On peut, d'or ou d'airain, tout faire retentir : Chaque pierre a son nom, tout mont garde sa cendre, Vieux Roi mystérieux, Scipion ou martyr. Avoir été, c'est Rome aujourd'hui tout entière. Janus ici lui-même apparaît mutilé ; Son front vers l'avenir n'a forme ni lumière, L'autre front seul regarde un passé désolé. Et quels aigles pourraient lui porter les augures, Quelle Sibylle encor lui chanter l'avenir ? Ah ! le monde vieillit, les nuits se font obscures... Et nous venus si tard, et pour tout voir finir, Nous, rêveurs d'un moment, qui voulons des asiles, Sans plus nous émouvoir des spectacles amers, Dans la Ville éternelle, il nous siérait, tranquilles, Au bout de son déclin, d'attendre l'Univers. Voilà de Cestius la pyramide antique ; L'ombre au bas s'en prolonge et meurt dans les tombeaux Le soir étend son deuil et plus avant m'explique La scène d'alentour, sans voix et sans flambeaux. Comme une cloche au loin confusément vibrante, La cime des hauts pins résonne et pleure au vent : Seul bruit dans la nature ! on la croirait mourante ; Et, parmi ces tombeaux, moi donc, suis-je vivant ! Heure mélancolique où tout se décolore Et suit d'un vague adieu l'astre précipité ! Les étoiles au ciel ne brillent pas encore : Espace entre la vie et l'immortalité ! Mais, quand la nuit bientôt s'allume et nous appelle Avec ses yeux sans nombre ardents et plus profonds, L'esprit se reconnaît, sentinelle fidèle, Et fait signe à son char aux lointains horizons. C'est ainsi que ton œil, ô ma noble Compagne, Beau comme ceux des nuits, à temps m'a rencontré ; Et je reçois de Toi, quand le doute me gagne, Vérité, sentiment, en un rayon sacré. Celui qui dans ta main sentit presser la sienne, Pourrait-il du Destin désespérer jamais ? Rien de grand avec toi que le bon n'entretienne, Et le chemin aimable est près des hauts sommets. Tant de trésors voisins, dont un peuple se sèvre, Tentent ton libre esprit et font fête à ton cœur. Laisse-moi découvrir son secret à ta lèvre, Quand le fleuve éloquent y découle en vainqueur ! De ceux des temps anciens et de ceux de nos âges Longtemps nous parlerons, vengeant chaque immolé ; Et quand, vers le bosquet des pieux et des sages, Nous viendrons au dernier, à ton père exilé, Si ferme jusqu'au bout en lui-même et si maître, Si tendre au genre humain par oubli de tout fiel, Nous bénirons celui que je n'ai pu connaître, Mais qui m'est révélé dans ton deuil éternel ! ... Un esprit de tristesse immuable et profonde Habite dans ces lieux et conduit pas à pas ; Hors l'écho du passé, pas de voix qui ... |
... Comme une cloche au loin confusément vibrante, La cime des hauts pins résonne et pleure au vent : Seul bruit dans la nature ! on la croirait mourante ; Et, parmi ces tombeaux, moi donc, suis-je vivant ! ... Sainte-Beuve - à Mme de Stael Comme l'astre adouci de l'antique Elysée, Sur les murs dentelés du sacré Colysée, L'astre des nuits, perçant des nuages épars, Laisse dormir en paix ses longs et doux regards, Le rayon qui blanchit ses vastes flancs de pierre, En glissant à travers les pans fIottants du lierre, Dessine dans l'enceinte un lumineux sentier ; On dirait le tombeau d'un peuple tout entier, Où la mémoire, errante après des jours sans nombre, Dans la nuit du passé viendrait chercher une ombre, Ici, de voûte en voûte élevé dans les cieux, Le monument debout défie encor les yeux ; Le regard égaré dans ce dédale oblique, De degrés en degrés, de portique en portique, Parcourt en serpentant ce lugubre désert, Fuit, monte, redescend, se retrouve et se perd. Là, comme un front penché sous le poids des années, La ruine, abaissant ses voûtes inclinées, Tout à coup se déchire en immenses lambeaux, Pend comme un noir rocher sur l'abîme des eaux ; Ou des vastes hauteurs de son faîte superbe Descendant par degrés jusqu'au niveau de l'herbe, Comme un coteau qui meurt sous les fleurs du vallon, Vient mourir à nos pieds sur des lits de gazon. Sur les flancs décharnés de ces sombres collines, Des forêts dans les airs ont jeté leurs racines : Là, le lierre jaloux de l'immortalité, Triomphe en possédant ce que l'homme a quitté ; Et pareil à l'oubli, sur ces murs qu'il enlace, Monte de siècle en siècle aux sommets qu'il efface. Le buis, l'if immobile, et l'arbre des tombeaux, Dressent en frissonnant leurs funèbres rameaux, Et l'humble giroflée, aux lambris suspendue, Attachant ses pieds d'or dans la pierre fendue, Et balançant dans l'air ses longs rameaux flétris, Comme un doux souvenir fleurit sur des débris. Aux sommets escarpés du fronton solitaire, L'aigle à la frise étroite a suspendu son aire : Au bruit sourd de mes pas, qui troublent son repos, Il jette un cri d'effroi, grossi par mille échos, S'élance dans le ciel, en redescend, s'arrête, Et d'un vol menaçant plane autour de ma tête. Du creux des monuments, de l'ombre des arceaux, Sortent en gémissant de sinistres oiseaux : Ouvrant en vain dans l'ombre une ardente prunelle, L'aveugle amant des nuits bat les murs de son aile ; La colombe, inquiète à mes pas indiscrets, Descend, vole et s'abat de cyprès en cyprès, Et sur les bords brisés de quelque urne isolée, Se pose en soupirant comme une âme exilée. Les vents, en s'engouffrant sous ces vastes débris, En tirent des soupirs, des hurlements, des cris : On dirait qu'on entend le torrent des années Rouler sous ces arceaux ses vagues déchaînées, Renversant, emportant, minant de jours en jours Tout ce que les mortels ont bâti sur son cours. Les nuages flottants dans un ciel clair et sombre, En passant sur l'enceinte y font courir leur ombre, Et tantôt, nous cachant le rayon qui nous luit, Couvrent le monument d'une profonde nuit, Tantôt, se déchirant sous un souffle rapide, Laissent sur le gazon tomber un jour livide, Qui, semblable à l'éclair, montre à l'oeil ébloui Ce fantôme debout du siècle évanoui ; Dessine en serpentant ses formes mutilées, Les cintres verdoyants des arches écroulées, Ses larges fondements sous nos pas entrouverts, Et l'éternelle croix qui, surmontant le faîte, Incline comme un mât battu par la tempête. Rome ! te voilà donc ! Ô mère des Césars ! J'aime à fouler aux pieds tes monuments épars ; J'aime à sentir le temps, plus fort que ta mémoire, Effacer pas à pas les traces de ta gloire ! L'homme serait-il donc de ses oeuvres jaloux ? Nos monuments sont-ils plus immortels que nous ? Egaux devant le temps, non, ta ruine immense Nous console du moins de notre décadence. J'aime, j'aime à venir rêver sur ce tombeau, A l'heure où de la nuit le lugubre flambeau Comme l'oeil du passé, flottant sur des ruines, D'un pâle demi-deuil revêt tes sept collines, Et, d'un ciel toujours jeune éclaircissant l'azur, Fait briller les torrents sur les flancs de Tibur. Ma harpe, qu'en passant l'oiseau des nuits effleure, Sur tes propres débris te rappelle et te pleure, Et jette aux flots du Tibre un cri de liberté, Hélas ! par l'écho même à peine répété. " Liberté ! nom sacré, profané par cet âge, J'ai toujours dans mon coeur adoré ton image, Telle qu'aux jours d'Emile et de Léonidas, T'adorèrent jadis le Tibre et l'Eurotas ; Quand tes fils se levant contre la tyrannie, Tu teignais leurs drapeaux du sang de Virginie, Ou qu'à tes saintes lois glorieux d'obéir, Tes trois cents immortels s'embrassaient pour mourir ; Telle enfin que d'Uri prenant ton vol sublime, Comme un rapide éclair qui court de cime en cime, Des rives du Léman aux rochers d'Appenzell, Volant avec la mort sur la flèche de Tell, Tu rassembles tes fils errants sur les montagnes, Et, semblable au torrent qui fond sur leurs campagnes Tu purges à jamais d'un peuple d'oppresseurs Ces champs où tu fondas ton règne sur les moeurs ! " Alors !... mais aujourd'hui, pardonne à mon silence ; Quand ton nom, profané par l'infâme licence, Du Tage à l'Éridan épouvantant les rois, Fait crouler dans le sang les trônes et les Iris ; Détournant leurs regards de ce culte adultère, Tes purs adorateurs, étrangers sur la terre, Voyant dans ces excès ton saint nom se flétrir, Ne le prononcent plus... de peur de l'avilir. Il fallait t'invoquer, quand un tyran superbe Sous ses pieds teints de sang nous fouler comme l'herbe, En pressant sur son coeur le poignard de Caton. Alors il était beau de confesser ton nom : La palme des martyrs couronnait tes victimes, Et jusqu'à leurs soupirs, tout leur était des crimes. L'univers cependant, prosterné devant lui, Adorait, ou tremblait !... L'univers, aujourd'hui, Au bruit des fers brisés en sursaut se réveille. Mais, qu'entends-je ? et quels cris ont frappé mon oreille ? Esclaves et tyrans, opprimés, oppresseurs, Quand tes droits ont vaincu, s'offrent pour tes vengeurs ; Insultant sans péril la tyrannie absente, Ils poursuivent partout son ombre renaissante ; Et, de la vérité couvrant la faible voix, Quand le peuple est tyran, ils insultent aux rois. Tu règnes cependant sur un siècle qui t'aime, Liberté ; tu n'as rien à craindre que toi-même. Sur la pente rapide où roule en paix ton char, Je vois mille Brutus... mais où donc est César ? " Lamartine ... Comme une cloche au loin confusément vibrante, La cime des hauts pins résonne et pleure au vent : Seul bruit dans la nature ! on la c ... |
soeurs en prièreRome, Oratoire Santissimo Crocifisso L'église a été construite pour accueillir les réunions de la Confraternité du Saint-Sacrement qui se tenaient alors dans l'église Saint-Marcel al Corso où fut miraculeusement sauvé d'un incendie un crucifix de bois en 1519. En 1562 la confraternité fait édifier l'église, suivant l'accord donné par le pape Clément VII en 1526, sur les plans de l'architecte Giacomo della Porta. Après six ans de travaux, financés par les subventions des cardinaux Ranuccio Farnèse et Alexandre Farnèse, l'église est finie en 1568. L'église possède une nef unique. Le plafond actuel a remplacé un plafond de bois de l'ébéniste Flaminio Boulanger datant de 1584 et détruit au xviie siècle. Il date du xixe siècle et représente le Triomphe de la Croix peint par Giovanni Gagliardi. Les murs possèdent également des fresques sur le thème de la croix d'après Tommaso de Cavalieri et réalisées entre 1578 et 1584 par Girolamo Muziano. Des peintres maniéristes ont également participé à l'œuvre comme Giovanni de Vecchi, Pomarancio, et Cesare Nebbia. Rome, Oratoire Santissimo Crocifisso L'église a été construite pour accueillir les réunions de la Confraternité du Saint-Sacrement qui s ... |
repos après le spectacleRome Rome ... |
made in ItalyRome Rome ... |
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épouillageRome, jardin zoologique Rome, jardin zoologique ... |
Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! Rome qui t'a vu naître, et que ton coeur adore ! Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! Puissent tous ses voisins ensemble conjurés Saper ses fondements encor mal assurés ! Et si ce n'est assez de toute l'Italie, Que l'Orient contre elle à l'Occident s'allie; Que cent peuples unis des bouts de l'univers Passent pour la détruire et les monts et les mers ! Qu'elle même sur soi renverse ses murailles, Et de ses propres mains déchire ses entrailles ! Que le courroux du Ciel allumé par mes voeux Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux ! Puissé-je de mes voeux y voir tomber ce foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre, Voir le dernier Romain à son dernier soupir, Moi seule en être cause et mourir de plaisir. Corneille - Horace, acte IV, scène 5 Imprécation de Camille, Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! Rome qui t'a vu naître, et que ton coeur adore ! Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! Puissent tous ses voisins ensemble conjurés Saper ses fondements encor mal assurés ! Et si ce n'est assez de toute l'Italie, Que l'Orient contre elle à l'Occident s'allie; Que cent peuples unis des bouts de l'univers Passent pour la détruire et les monts et les mers ! Qu'elle même sur soi renverse ses murailles, Et de ses propres mains déchire ses entrailles ! Que le courroux du Ciel allumé par mes voeux Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux ! Puissé-je de mes voeux y voir tomber ce foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre, Voir le dernier Romain à son dernier soupir, Moi seule en être cause et mourir de plaisir. Corneille - Horace, acte IV, scène 5 Imprécation de Camille, Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! Rome qui t'a vu naître, et que ton coeur adore ! |
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