marchand de plageQuand je pense à la mer C'est à l'eau que je pense, verte et mouvante Pas au poisson, pas au bateau. Quand j'écoute la mer C'est bien l'eau que j'entends, sourde et roulante Et pas le coquillage et pas le vent. Quand j'entre dans la mer Froide et secrète comme un grand abreuvoir C'est moi le coquillage et le bateau Et la vague et le vent et l'eau Et je bois le soleil. Jacqueline DAOUD - Tunisie Traduit de l'abstrait Éditions Cérès productions, 1968 Quand je pense à la mer C'est à l'eau que je pense, verte et mouvante Pas au poisson, pas au bateau. Quand j'écoute la mer C'est bien ... |
femmes humiliéesComprenne qui voudra Moi mon remords ce fut La malheureuse qui resta Sur le pavé La victime raisonnable À la robe déchirée Au regard d’enfant perdue Découronnée défigurée Celle qui ressemble aux morts Qui sont morts pour être aimés Une fille faite pour un bouquet Et couverte Du noir crachat des ténèbres Une fille galante Comme une aurore de premier mai La plus aimable bête Souillée et qui n’a pas compris Qu’elle est souillée Une bête prise au piège Des amateurs de beauté Et ma mère la femme Voudrait bien dorloter Cette image idéale De son malheur sur terre. Paul Éluard Comprenne qui voudra Moi mon remords ce fut La malheureuse qui resta Sur le pavé La victime raisonnable À la robe déchirée Au re ... |
... Femme mure, femme noire Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté J'ai grandi à ton ombre; ... Leopold Sedar Senghor Femme nue, femme noire Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux Et voilà qu'au cœur de l'Eté et de Midi, Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l'éclair d'un aigle Femme nue, femme obscure Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d'Est Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée Femme noire, femme obscure Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau. Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux. Femme nue, femme noire Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie. Léopold Sédar Senghor, Chants d'ombre ... Femme mure, femme noire Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté J'ai grandi à ton ombre; ... Leopold Sed ... |
... La terre est le berceau de tout ce qui respire, De tout ce qui grandit De tout ce qui verdit Elle est le grand tombeau de l’homme et son empire. Années dont les échos vont jusqu’au noir antan. Fuyez, la terre attend ! ... Paul-Charles Atangana - La terre attend La nue, imbibée d’eau, lentement me tourmente Passant des faux azurs Aux tons dorés et purs Les feux brûlent les chants, le monde se lamente. Pluies qui regardez dans le ciel éclatant, Grondez, la terre attend ! Le mont, le vert coteau, la prairie et la lande, Au vent qui gronde et meurt Prêtent de gaies clameurs ; Le tronc du bénitier puissamment se rebande Arbres qui vous voûtez au souffle du beau temps, Montez, la terre attend ! Les champs couvrent le front des côtes et des plaines Bientôt les épis mûrs Seront rangés par neuf Au fond de lourds greniers ; les granges seront pleines Épis qui mûrissez près des chemins montants, Séchez, la terre attend ! Les fleuves de tous les tons émaillent les vallées ; Les bois sont pleins de champs, Les champs d’oiseaux, de chants, De blairs les mieux roulés les villes sont peuplées. Beautés qui profitez du soleil du printemps, Vivez, la terre attend ! La vie gonfle les jours de fêtes grandioses ; Les soirs de doux festins D’échos les gais matins Les fous se rient de tout, des pauvres et des choses. Amis qui vous moquez de la main qui se tend, Riez, la terre attend ! Le cœur de tous les grands qu’accable la fortune Pense trouver la paix Au bout des airs épais. Déjà, les oiseaux blancs se posent sur la lune, Humains qui voulez voir le trône de Satan, Allez, la terre attend ! La terre est le berceau de tout ce qui respire, De tout ce qui grandit De tout ce qui verdit Elle est le grand tombeau de l’homme et son empire. Années dont les échos vont jusqu’au noir antan. Fuyez, la terre attend ! Paul-Charles Atangana - La terre attend ... La terre est le berceau de tout ce qui respire, De tout ce qui grandit De tout ce qui verdit Elle est le grand tombeau de l’homme et son empire. ... |
Entends la voix de l’eau. Ecoute dans le vent, Le buisson en sanglots: C’est le souffle des ancêtres ... Birago Diop - leurres et lueurs Vogue ma pirogue. Vogue dans l'océan. Sa voile est une palme, Un balai lui sert de rame. Vogue ma pirogue. Ma pirogue sans haine, Ma pirogue sans chaîne Où je voudrais voir Tous les enfants du monde. Mbaye Gana KÉBÉ Rondes Les Nouvelles Éditions Africaines, 1979 Souffles « Ecoute plus souvent Les choses que les êtres , La voix du feu s’entend, Entends la voix de l’eau. Ecoute dans le vent, Le buisson en sanglots: C’est le souffle des ancêtres. » « Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire Et dans l’ombre qui s’épaissit. Les morts ne sont pas sous la terre : Ils sont dans l’arbre qui frémit , Ils sont dans le bois qui gémit, Ils sont dans l’eau qui coule, Ils sont dans l’eau qui dort, Ils sont dans la case, ils sont dans la foule, Les morts ne sont pas morts. Ecoute plus souvent Les choses que les êtres. La voix du feu s’entend ; Entends la voix de l’eau. Ecoute dans le vent Le buisson en sanglots : C’est le souffle des ancêtres morts, Qui ne sont pas partis, Qui ne sont pas sous la terre, Qui ne sont pas morts. Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : Ils sont dans le sein de la femme, Ils sont dans l’enfant qui vagit Et dans le tison qui s’enflamme. Les morts ne sont pas sous la terre : Ils sont dans le feu qui s’éteint, Ils sont dans les herbes qui pleurent, Ils sont dans le rocher qui geint, Ils sont dans la forêt, ils sont dans la demeure, Les morts ne sont pas morts. Ecoute plus souvent, Les choses que les êtres, La voix du feu s’entend, Entends la voix de l’eau Ecoute dans le vent Le buisson en sanglots, C’est le souffle des ancêtres. Il redit chaque jour le pacte, Le grand Pacte qui lie, Qui lie à la Loi notre sort , Aux actes des souffles plus forts Le sort de nos Morts qui ne sont pas morts. Le lourd pacte qui nous lie à la vie. La sourde Loi qui nous lie aux actes Des souffles qui se meurent Dans le lit et sur les rives du Fleuve, Des souffles qui se meuvent Dans le rocher qui geint et dans l’herbe qui pleure Des souffles qui demeurent Dans l’ombre qui s’éclaire et s’épaissit, Dans l’arbre qui frémit, dans le bois qui gémit Et dans l’eau qui coule et dans l’eau qui dort, Des souffles plus forts qui ont pris Le souffle des morts qui ne sont pas morts, Des Morts qui ne sont pas partis, Des Morts qui ne sont plus sous la terre. Ecoute plus souvent Les choses que les êtres La Voix du Feu s’entend. Ecoute la voix de l’eau. Ecoute dans le vent Le buisson en sanglots, C’est le souffle des ancêtres. Birago Diop Entends la voix de l’eau. Ecoute dans le vent, Le buisson en sanglots: C’est le souffle des ancêtres ... Birago Diop - leurres et lueurs ... |
... Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire Et dans l’ombre qui s’épaissit. Les morts ne sont pas sous la terre : Ils sont dans l’arbre qui frémit , Ils sont dans le bois qui gémit, Ils sont dans l’eau qui coule, Ils sont dans l’eau qui dort, Ils sont dans la case, ils sont dans la foule, Les morts ne sont pas morts. ... Birago Diop - leurres et lueurs ... Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire Et dans l’ombre qui s’épaissit. Les morts ... |
Mes villages ont peur de l’ombre Mais l’ombre les prévient Avant de les habiller de nuit Mallick Fall - crepuscule Mes villages ont peur de l’ombre Mais l’ombre les prévient Avant de les habiller de nuit Une mère avive le tison pâle Un enfant ramène les chèvres Un père bénit le soir hésitant Et l’ombre mord un pan du village Si doucement que la peur s’estompe Bonne nuit villages d’Afrique Mallick Fall - crepuscule Mes villages ont peur de l’ombre Mais l’ombre les prévient Avant de les habiller de nuit Mallick Fall - crepuscule ... |
... La terre est le berceau ... Elle est le grand tombeau de l’homme et son empire. Années dont les échos vont jusqu’au noir antan. Fuyez, la terre attend ! Paul-Charles Atangana [ce poème a paru dans Anthologie de la poésie camerounaise, Le Flambeau, 1972] ... La terre est le berceau ... Elle est le grand tombeau de l’homme et son empire. Années dont les échos vont jusqu’au noir an ... |
Tout son avenir est là ! Aggloméré Dans cette sphère Rétro-poussée Avec la puissance et le tact De l’araignée ... Paul Antoine - la traversée d'Elzear le scarabee bousier ... C’est un pays où la pierre Ecoute le vent Où l’argile rougit Devant la roche nue Ciselée Au temps des ammonites Déjà, dans la lumière humide Du matin Alors que le ciel attend Son aurore Un scarabée bousier façonne Rondement En maître pilulier il pratique Les travaux d’Hercule Mais c’est à Sisyphe Qu’il en démontre Son obstination paillée Est exemplaire Chevalier noir à l’armure Exocet Sa route dictée par le soleil Ou la Voie lactée Se trace en idée rectiligne Et digne En chemin, sa force S’épure Sa danse en quinconce Subtilement Atteindra la grâce Du geste pur A la cime d’un cyprès Où vivent les vents Un loriot deviné lance Son fidélio clair Pour l’heure il remplace L’astre solaire Viennent la lumière et Le réveil autour Une rassade sort d’un rocher Et s’expose Elle voudrait lui confier Le secret des couleurs Le bousier force son admiration, Elle songe encore : « Un si long chemin Ventre à terre C’est la fière victoire D’une âme blanche ! » Mais où le mène Son échappée belle ? A présent il s’engage au milieu Des myrtes et argelas D’où s’envole l’alouette Droit dans le ciel La couleuvre d’esculape Au regard droit, débat Avec un lièvre étonné De voir Cette incroyable fidélité A l’envers et l’endroit Tout son avenir est là ! Aggloméré Dans cette sphère Rétro-poussée Avec la puissance et le tact De l’araignée Nul ne sait que chaque pas Ebranle le sol ! Ce qui parfois fait jaillir Des sources de victoire La fraîcheur de sa force Flotte encore Dans un boqueteau De chêne Kermès Une grive musicienne observe Ce drôle d’escargot Un repas ou un cortège ? Sa discrétion polie l’emporte Alors qu’il tricote sa pelote Au rythme de Pénélope Une pente légère l’entraîne Vers une ravine bleuâtre Aussi profonde que les cuves Du Destel... Un buisson d’argyries sauve Boule et bousier, il songe À cette rose des bois Qui sans fictions ni feintes Arrime corps et âme A l’innocence végétale D’orphique, il devient Prométhéen Du seul silence Son intime compagnon Il advient Titan solidaire D’une nature dentellière Au couchant, parvenu au Beausset Il bloque au bord d’une mer ! Dans le ciel bleu rare il voit Suspendu aux serres du Bonelli Une ammonite vivante ! Preuve D’un parfait usage du temps Disparus, dans cette néo-sphère Sisyphe et son roc Ils n’ont pas su imiter L’austère hédoniste Dont l’ineffable discrétion Est la fine nuance D’un authentique Nouveau Monde Au Siou-Blanc Tout son avenir est là ! Aggloméré Dans cette sphère Rétro-poussée Avec la puissance et le tact De l’araign&eacu ... |