Raymond DEVOS (1922-2006)« Il m'est arrivé de prêter l'oreille à un sourd. Il n'entendait pas mieux. » « Je suis adroit de la main gauche et je suis gauche de la main droite. » « On a toujours tort d'essayer d'avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu'ils n'ont pas tort ! » Mime, comédien, musicien, jongleur, équilibriste sur monocycle, prestidigitateur… l’humour de Raymond Devos frise souvent la métaphysiqu, voire la mathématique fondamentale, comme lorsqu’il explique que « trois fois rien, c’est déjà quelque chose ». Beaucoup le considèrent comme un génie des mots. Ses références littéraires sont Gaston Bachelard et Marcel Aymé. Ses inspirateurs et modèles sont Tristan Bernard, Alphonse Allais, Alfred Jarry, Boris Vian avec lequel Devos a travaillé, Raymond Queneau. Sans oublier Charlie Chaplin, Jacques Tati, Pierre Etaix et les grands clowns comme les légendaires Footit et Chocolat, Grock, les Fratellini ou Pipo. Raymond Devos est un humoriste belge, né le 9 novembre 1922 à Mouscron en Belgique, mort le 15 juin 2006 à Saint-Rémy-lès-Chevreuse dans les Yvelines (France). Il est resté célèbre pour ses jeux de mots, ses qualités de mime, son goût pour les paradoxes cocasses, le non-sens et la dérision. « Il m'est arrivé de prêter l'oreille à un sourd. Il n'entendait pas mieux. » « Je suis adroit de la main gauche et je suis gauche d ... |
@comiques/devos/devos - parler pour ne rien dire.mp4Mesdames et messieurs ... Je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire. Oh ! je sais ! Vous pensez : "S'il n'a rien à dire ... il ferait mieux de se taire !" Evidemment ! Mais c'est trop facile ! ... c'est trop facile ! Vous voudriez que je fasse comme tout ceux qui n'ont rien à dire et qui le gardent pour eux ? Eh bien non ! Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n'ai rien à dire, je veux qu'on le sache ! Je veux en faire profiter les autres ! Et si, vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n'avez à rien dire, eh bien, on en parle, on en discute ! Je ne suis pas ennemi du colloque. Mais, me direz-vous, si on en parle pour ne rien dire, de quoi allons-nous parler ? Eh bien, de rien ! De rien ! Car rien ... ce n'est pas rien. La preuve c'est qu'on peut le soustraire. Exemple : Rien moins rien = moins que rien ! Si l'on peut trouver moins que rien c'est que rien vaut déjà quelque chose ! On peut acheter quelque chose avec rien ! En le multipliant Une fois rien ... c'est rien Deux fois rien ... c'est pas beaucoup ! Mais trois fois rien ! ... Pour trois fois rien on peut déjà acheter quelque chose ! ... Et pour pas cher ! Maintenant si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien : Rien multiplié par rien = rien. Trois multiplié par trois = neuf. Cela fait rien de neuf ! Oui ... ce n'est pas la peine d'en parler ! Bon ! Parlons d'autres choses ! parlons de la situation, tenez ! Sans préciser laquelle ! Si vous le permettez, je vais faire brièvement l'historique de la situation, quelle qu'elle soit ! Il y a quelques mois, souvenez-vous la situation pour n'être pas pire que celle d'aujourd'hui n'en n'était pas meilleure non plus ! Déjà nous allions vers la catastrophe nous le savions ... Nous en étions conscients ! Car il ne faudrait pas croire que les responsables d'hier étaient plus ignorants de la situation que ne le sont ceux d'aujourd'hui ! Oui la catastrophe, nous le pensions, était pour demain ! C'est-à-dire qu'en fait elle devait être pour aujourd'hui ! Si mes calculs sont justes ! Or, que voyons-nous aujourd'hui ? Qu'elle est toujours pour demain ! Alors je vous pose la question, mesdames et messieurs : Est-ce en remettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour même que nos l'éviterons ? D'ailleurs je vous signale entre parenthèses que si le gouvernement actuel n'est pas capable d'assurer la catastrophe, il est possible que l'opposition s'en empare ! Mesdames et messieurs ... Je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire. Oh ! je sais ! Vous pensez : "S'il n'a rien à dire ... il ferait mieu ... |
Raymond DEVOS - sens dessus dessousMon immeuble est sens dessus dessous. Tous les locataires du dessous voudraient habiter au-dessus! Tout cela parce que le locataire qui est au-dessus est allé raconter par en dessous que l'air que l'on respirait à l’étage au-dessus était meilleur que celui que l'on respirait à l’étage en dessous! Alors, le locataire qui est en dessous a tendance à envier celui qui est au-dessus et à mépriser celui qui est en dessous. Moi, je suis au-dessus de ça! Si je méprise celui qui est en dessous, ce n'est pas parce qu'il est en dessous, c'est parce qu'il convoite l'appartement qui est au-dessus, le mien! Remarquez . . . moi, je lui céderais bien mon appartement à celui du dessous à condition d'obtenir celui du dessus! Mais je ne compte pas trop dessus. D'abord parce que je n'ai pas de sous! Ensuite, au-dessus de celui qui est au-dessus, il n'y a plus d'appartement! Alors, le locataire du dessous qui monterait au-dessus obligerait celui du dessus à redescendre en dessous. Or, je sais que celui du dessus n'y tient pas! D'autant que, comme la femme du dessous est tombée amoureuse de celui du dessus, celui du dessus n'a aucun intérêt à ce que le mari de la femme du dessous monte au-dessus! Alors, là-dessus ... quelqu'un est-il allé raconter à celui du dessous qu'il avait vu sa femme bras dessus, bras dessous avec celui du dessus? Toujours est-il que celui du dessous l'a su! Et un jour que le femme du dessous était allée rejoindre celui du dessus, comme elle retirait ses dessous ... et lui, ses dessus ... soi-disant parce qu'il avait trop chaud en dessous ... Je l'ai su .. parce que d'en dessous, on entend tout ce qui se passe au-dessus ... Bref! Celui du dessous leur est tombé dessus! Comme ils étaient tous les deux soûls, ils se sont tapés dessus! Finalement, c'est celui du dessous qui a eu le dessus! Mon immeuble est sens dessus dessous. Tous les locataires du dessous voudraient habiter au-dessus! Tout cela parce que le locataire qui est au-dessus est all ... |
Raymond DEVOS - A tort ou a raison (humour)On ne sait jamais qui a raison ou qui a tort. C'est difficile de juger. Moi, j'ai longtemps donné raison à tout le monde. Jusqu'au jour où je me suis aperçu que la plupart des gens à qui je donnais raison avaient tort ! Donc, j'avais raison ! Par conséquent, j'avais tort ! Tort de donner raison à des gens qui avaient le tort de croire qu'ils avaient raison. C'est-à-dire que moi qui n'avait pas tort, je n'avait aucune raison de ne pas donner tort à des gens qui prétendaient avoir raison, alors qu'ils avaient tort ! J'ai raison, non ? Puisqu'ils avaient tort ! Et sans raison, encore ! Là, j'insiste, parce que ... moi aussi, il arrive que j'aie tort. Mais quand j'ai tort, j'ai mes raisons, que je ne donne pas. Ce serait reconnaître mes torts !!! J'ai raison, non ? Remarquez ... il m'arrive aussi de donner raison à des gens qui ont raison. Mais, là encore, c'est un tort. C'est comme si je donnais tort à des gens qui ont tort. Il n'y a pas de raison ! En résumé, je crois qu'on a toujours tort d'essayer d'avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu'ils n'ont pas tort ! On ne sait jamais qui a raison ou qui a tort. C'est difficile de juger. Moi, j'ai longtemps donné raison à tout le monde. Jusqu'au jour où je me ... |